La paracha de la semaine est la section hebdomadaire de la Torah, lue rituellement chaque Chabbat, dans toutes les synagogues à travers le monde
à la mémoire du regretté Grand Rabbin de Paris David Messas (zatsal)
© Consistoire de Paris
PARACHAT MIKETS
Rabbin Moché Elbaz *
«C’est avec beaucoup d’émotion, que je prends la parole aujourd’hui, à la mémoire de Rabbi David Messas,
de qui j’étais très proche, au quotidien.
Dans parachat Mikets, on trouve le verset (44, 16)
Yéhouda dit : « Que pouvons-nous dire à notre maître ? Et comment nous justifier ? (en hébreu : ma
nitsdadak) Hachem a dévoilé la faute de vos serviteurs. Nous voici esclaves de mon seigneur, nous, ainsi
que celui dans la main duquel la coupe a été trouvée ! »
A première vue, Yéhouda semble reconnaître la culpabilité de son frère Binyamin, soupçonné d’avoir dérobé
la coupe du roi. Et pourtant, Yéhouda défend avec acharnement Binyamin, afin que ce dernier puisse
repartir libre.
Que signifie le terme « ma nitstadak » comment nous justifier ?
En quoi Yéhouda cherche-t-il à se justifier ?
La Guémara Chabbat (105a) cite l’enseignement de Rabbi Nahman bar Itshak qui voit dans ce verset un
« notarikon ». (Un « notarikon » est un commentaire allégorique d’ordre acronyme, où chaque lettre d’un
mot représente un mot entier : par exemple, le mot Israël est composé des lettres youd, chin, rech, aleph
et lamed : le youd fait allusion à Yaacov et Itshak, le chin à Sara, le rech à Rivka et Rahel, le aleph à
Avraham et le lamed à Léa.)
Le mot «nitstadak » composé par les lettres N – Ts – T – D- K.
Son Notarikon est :
« Némoukhim anahnou » : nous sommes humbles,
« Tsadikim anahnou » : nous sommes justes,
« Téhorim anahnou » : nous sommes purs,
« Dékhim anahnou » : nous sommes innocents et
« Kédochim anahnou » : nous sommes saints.
A travers ce notarikon, il semble que Yéhouda insiste sur les grandes qualités de ses frères, et donc sur leur
innocence. Ceci va à l’encontre du sens littéral du verset qui indique que Yéhouda reconnaît les fautes de
ses frères.
Comment comprendre cette contradiction ?
En fait, comme l’explique Rachi, les frères de Joseph déclarent fermement leur innocence au sujet de la
coupe volée, mais devant une telle conjoncture, ils se sentent coupables de fautes différentes, comme le
dit Yéhouda : « Hachem a dévoilé la faute de vos serviteurs. »
Cette situation est certainement liée à une faute antérieure. L’homme a tendance à chercher l’explication
des évènements de son vécu par le strict minimum imposé par le moment.
En effet, il est difficile de reconnaître que certaines épreuves peuvent avoir pour origine des fautes que
l’on a longtemps voulu oublier. Il est vrai que l’homme préfère les raisonnements linéaires simples, de
cause à effet.
La Torah établit que les actions des êtres humains sont enregistrées et ont toutes leur incidence. Ainsi,
l’impact d’une action passée peut ressurgir bien plus tard, et parfois de manière subtile.