Résumé de la conférence sur les troubles psychologiques et

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Résumé de la conférence sur les troubles psychologiques et cognitifs
chez les patients traités pour un cancer
Le 7 février 2017, le docteur Mario Di Palma, Chef du département ambulatoire de l’Institut Gustave
Roussy a donné une conférence d’une heure sur « Les troubles psychologiques et cognitifs : quelle
prise en charge ?».
DE QUOI PARLE-T-ON ?
Quels types de troubles ?
Les troubles psychologiques sont dominés par l’anxiété, associée au diagnostic de cancer, même
lorsque les chances de guérison sont élevées, et que l’arrière-pensée sur la maladie persiste en
permanence, et la dépression, liée aux incertitudes sur l’avenir qui pèsent sur la vision du futur et les
raisons de vivre.
Les troubles cognitifs concernent les capacités de concentration, la recherche des mots et des
références, la capacité de s’adapter à des situations.
La fatigue, ou la fatigabilité sont très fréquemment signalées. Il n’est pas toujours possible de savoir
s’il faut la considérer comme d’origine psychologique ou médicale par dysfonctionnement de tel
appareil ou métabolisme. Il faut donc parfois l’explorer, malgré l’absence de traitement spécifique de
la fatigue.
Ces troubles peuvent aboutir à une situation de Handicap invisible.
Quelles personnes ?
Au pluriel ? Eh oui, les troubles psychologiques et cognitifs peuvent toucher non seulement le ou la
personne qui est ou a été traitée pour un cancer, mais toute personne de son entourage, conjoint,
frère ou sœur, parents ou enfants, proches amicaux. Cela peut relever de l’anxiété quant à l’avenir
plus ou moins prédictible favorable ou défavorable ou au changement du mode de vie ou du mode
relationnel à l’initiative du patient, changement éventuellement très mal perçu par une personne de
l’entourage. Le monde médical doit être attentif à tout accompagnant du patient sur ce point.
Quand ?
Y a-t-il une ou des périodes où l’on est à l’abri de ces troubles ? Hélas non; si les troubles cognitifs, la
fatigue et les troubles psychologiques sont fréquents lors du traitement initial à visée curative,
notamment sous chimiothérapie, ils peuvent persister alors que le programme curatif est achevé
dans de bonnes conditions. Il est classique qu’ils peuvent durer jusqu’à deux années voire, plus
rarement, davantage après la fin du traitement initial (éventuellement sous poursuite de
l’hormonothérapie adjuvante). La pratique des examens de surveillance par l’imagerie et/ou la
biologie peut réveiller périodiquement l’anxiété sans contexte de sécurité sur ce point tout
simplement compte tenu du risque de rechute tardive qui n’est jamais égal à zéro. Enfin en cas de
rechute la situation est encore pire car la rechute est associée à une chance de guérison nulle ou
faible, et requiert la reprise des traitements avec effets secondaires. L’attention du corps médical à
l’égard de ces troubles doit être continue pendant tout le suivi.
QELLES CAUSES ?
La cause la plus évidente et incontournable est la réputation du cancer, maladie certes curable une
fois sur deux globalement, mais la guérison n’étant jamais affirmable au niveau individuel, le mot
n’est jamais prononcé d’où l’anxiété résiduelle évoquée plus haut. C’est pourquoi la communication
entre le médecin référent et le patient est essentielle, doit être détaillée et transparente. De plus, les
traitements à visée curative ont également mauvaise réputation : chirurgie mutilante ou
handicapante, chimiothérapie à l’origine de complications comme les nausées et les surinfections, et
ainsi de suite.
Mais la réputation est loin d’être la cause unique des troubles psychologiques observés.
L’incertitude quant à son avenir de patient ou l’avenir de son proche, que nous avons déjà évoqué
génère de l’anxiété et peut aller jusqu’à la dépression et les troubles cognitifs.
Certains médicaments sont eux-mêmes directement responsables de ces troubles : la
chimiothérapie, par la fatigue induite inévitable, d’autres médicaments associés à la chimiothérapie
pour sa tolérance qui ont eux-mêmes des effets secondaires sur le psychisme comme les corticoïdes,
les médicaments neurotropes, les médicaments de l’hormonothérapie qui modifient l’équilibre
corporel via les hormones.
Enfin et surtout, la vie relationnelle, qui peut être modifiée, insatisfaisante peut contribuer à la
genèse de ces troubles. Les personnes potentiellement impliquées sont multiples. Le patient luimême peut s’isoler, par peur de gêner son entourage et pour ne pas transmettre son angoisse, mais
il se trouve alors seul. Le corps médical, dans sa pluridisciplinarité mais surtout le médecin référent,
peut être insuffisamment disponible et attentif aux troubles psychologiques et cognitifs de son
patient et son entourage. L’entourage peut choisir de soutenir la patient par hyper-optimisme ce qui
peut-être reçu comme non crédible par le patient ou au contraire trop montrer sa propre anxiété ce
qui aggrave celle du patient. Enfin, la réaction du milieu professionnel (hiérarchie ou collègues) peut
aussi être très mal perçue par le patient, être interprétée comme du harcèlement au lieu de la
solidarité et entrainer une déstabilisation à l’égard de son emploi.
QUI, QUAND ET COMMENT TRAITER ?
Un traitement n’est pas systématique.
Si la situation est bien expliquée, le patient bien accompagné, il peut ne pas être nécessaire d’ajouter
encore d’autres médicaments ou une prise en charge supplémentaire par un psychologue ou un
psychiatre, ce qui alourdira encore le parcours. Il est cependant important de savoir y avoir recours
et que le patient (y compris un proche si besoin) l’accepte si la situation n’est pas bien maîtrisée. Une
évaluation spécialisée peut être indispensable auprès du médecin traitant, de l’équipe oncologique,
du psychologue ou du psychiatre. Les traitements spécifiques peuvent être nécessaires mais aussi
associés ou remplacés par de l’activité physique ou sportive, de la psychothérapie, de la sophrologie,
du chant, etc… Une intervention tardive peut être nécessaire si le déséquilibre est tardif. Le
contrecoup retardé doit être dédramatisé.
Il est important de ne pas oublier les causes associées, comme une douleur non contrôlée, une
fatigue médicalement expliquée, un dysfonctionnement thyroïdien, une maladie d’Alzheimer.
Personne, ni le patient ni ses proches ni le médecin ne doit se sentir culpabilisé.
NB. A noter que la discussion avec les personnes présentes a duré plus d’une heure après l’exposé du
docteur Di Palma !
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