QELLES CAUSES ?
La cause la plus évidente et incontournable est la réputation du cancer, maladie certes curable une
fois sur deux globalement, mais la guérison n’étant jamais affirmable au niveau individuel, le mot
n’est jamais prononcé d’où l’anxiété résiduelle évoquée plus haut. C’est pourquoi la communication
entre le médecin référent et le patient est essentielle, doit être détaillée et transparente. De plus, les
traitements à visée curative ont également mauvaise réputation : chirurgie mutilante ou
handicapante, chimiothérapie à l’origine de complications comme les nausées et les surinfections, et
ainsi de suite.
Mais la réputation est loin d’être la cause unique des troubles psychologiques observés.
L’incertitude quant à son avenir de patient ou l’avenir de son proche, que nous avons déjà évoqué
génère de l’anxiété et peut aller jusqu’à la dépression et les troubles cognitifs.
Certains médicaments sont eux-mêmes directement responsables de ces troubles : la
chimiothérapie, par la fatigue induite inévitable, d’autres médicaments associés à la chimiothérapie
pour sa tolérance qui ont eux-mêmes des effets secondaires sur le psychisme comme les corticoïdes,
les médicaments neurotropes, les médicaments de l’hormonothérapie qui modifient l’équilibre
corporel via les hormones.
Enfin et surtout, la vie relationnelle, qui peut être modifiée, insatisfaisante peut contribuer à la
genèse de ces troubles. Les personnes potentiellement impliquées sont multiples. Le patient lui-
même peut s’isoler, par peur de gêner son entourage et pour ne pas transmettre son angoisse, mais
il se trouve alors seul. Le corps médical, dans sa pluridisciplinarité mais surtout le médecin référent,
peut être insuffisamment disponible et attentif aux troubles psychologiques et cognitifs de son
patient et son entourage. L’entourage peut choisir de soutenir la patient par hyper-optimisme ce qui
peut-être reçu comme non crédible par le patient ou au contraire trop montrer sa propre anxiété ce
qui aggrave celle du patient. Enfin, la réaction du milieu professionnel (hiérarchie ou collègues) peut
aussi être très mal perçue par le patient, être interprétée comme du harcèlement au lieu de la
solidarité et entrainer une déstabilisation à l’égard de son emploi.
QUI, QUAND ET COMMENT TRAITER ?
Un traitement n’est pas systématique.
Si la situation est bien expliquée, le patient bien accompagné, il peut ne pas être nécessaire d’ajouter
encore d’autres médicaments ou une prise en charge supplémentaire par un psychologue ou un
psychiatre, ce qui alourdira encore le parcours. Il est cependant important de savoir y avoir recours
et que le patient (y compris un proche si besoin) l’accepte si la situation n’est pas bien maîtrisée. Une
évaluation spécialisée peut être indispensable auprès du médecin traitant, de l’équipe oncologique,
du psychologue ou du psychiatre. Les traitements spécifiques peuvent être nécessaires mais aussi
associés ou remplacés par de l’activité physique ou sportive, de la psychothérapie, de la sophrologie,
du chant, etc… Une intervention tardive peut être nécessaire si le déséquilibre est tardif. Le
contrecoup retardé doit être dédramatisé.