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Introduction
’après Joseph Stiglitz, « la crise financière actuelle est à l'économie libérale ce que la chute du
mur de Berlin fut au régime soviétique ». Financière, économique, sociale et écologique, la
crise a montré les limites du système actuel de mondialisation, de dérégulation et de
consommation.
Dans ce contexte tendu, on assiste à une montée de l’individualisme et du sentiment d’insécurité qui
se traduit dans les urnes par une adhésion aux idées développées par les partis d’extrême droite
dans une bonne partie des pays européens. Il nous revient à tous de veiller à ce que l’histoire ne se
répète pas.
Le terreau des valeurs humaines est encore riche d’initiatives. Il encourage la lutte contre cette
tendance au repli sur soi, car la période actuelle se caractérise également par la défense de valeurs
humanistes et environnementales, la construction d’une pensée altermondialiste, l’émergence de
nouveaux mouvements sociaux, de nouveaux concepts comme celui du développement durable qui
se concrétisent dans les instances politiques (agenda 21) et les structures économiques (RSE).
En cette période de crises, l’Economie Sociale et Solidaire (ESS) constitue une force majeure pour
l’économie française et apporte des réponses efficaces et concrètes aux besoins quotidiens des
citoyens et aux enjeux de société.
Un regain d’intérêt se fait donc ressentir autour de cette autre économie, plus humaine, plus
durable, plus responsable.
Porteuse d’innovations, de cohésion sociale, de nouveaux champs de développement économique,
l’économie sociale et solidaire attire de nouveaux mouvements qui viennent l’enrichir (émergence de
l’économie solidaire dans les années 80, par exemple), tandis que d’autres peuvent brouiller les
pistes, telle la création du mouvement des entrepreneurs sociaux en 2010.
Cette attirance indéniable à d’autres formes économiques est également partagée par les pouvoirs
publics, autant au plan national que dans les régions ; et si des partenariats se sont mis en place de
manière très constructive, il fallut et il faut toujours être vigilants à ce que les acteurs de l’économie
sociale et solidaire ne se réduisent pas à des prestataires au service de politiques territoriales.
Les enjeux sont donc immenses et les risques sont à la hauteur des enjeux : dans ce contexte tendu,
il est urgent de répondre aux besoins grandissants des populations tout en construisant la société de
demain. L’économie sociale et solidaire, par le projet politique qu’elle défend et les activités
qu’elle développe, offre une réponse à ces enjeux tout en favorisant le développement d’une
société plus juste et équilibrée.
La construction de cette société passe nécessairement par le partage des convictions qui sont celles
des acteurs de l’économie sociale et solidaire. Ceux-ci doivent donc se rendre plus visibles afin de
faire partager les valeurs, les approches, les concepts mais surtout les actions de l’ESS.
D’autre part, si la revendication de l’économie sociale et solidaire est aussi, en filigrane, une
contestation de l’économie capitaliste, elle est surtout une économie de proximité en phase avec ses
territoires, capable de répondre localement aux besoins, tout en contribuant à la richesse de notre
pays.
Les structures de l’ESS ont donc à jouer un rôle de catalyseurs des énergies des entreprises pour faire
valoir leur poids et leur capacité de mobilisation. N’oublions jamais que ces entreprises, par leur
proximité dans les territoires, par leur fonctionnement démocratique, peuvent mobiliser et impliquer
un nombre important de citoyens. Il nous appartient de poursuivre cette capacité de mobilisation
pour donner une autre société où la primauté de la personne puisse réellement se mettre en place.
Sans être une économie alternative ou une alternative à une économie, elle est une forme
d’entreprendre qui répond au besoin profond d’une relation humaine qui donne du sens à la vie et à
l’activité.