FONDATION LOUISE GRENIER Les biofertilisants : La clé d’une agriculture biologique accessible et rentable dans le canton Guano, Équateur Cooperativa de servicios multiples « Agro-Vida » (COOSEMAV) Rapport final Janvier 2014 à Février 2015 FONDATION LOUISE GRENIER 1. Résumé du projet Le projet « Biofertilisant : la clé d’une agriculture biologique accessible et rentable dans le canton Guano », visait l’amélioration de la sécurité alimentaire, la production propre et le développement durable des communautés du Canton Guano. Il a été réalisé par la Cooperativa de servicios multiples « Agro-Vida » (COOSMEAV). Au total, ce sont 283 familles qui ont été touchées directement par le projet et 1132 personnes touchées indirectement. La production de « bokashi » et l’enseignement sur sa fabrication et ses bienfaits furent au centre du projet. Ce type d'engrais est riche en matière organique, macro et micronutriments, essentiels pour les cultures et respectueux de l'environnement. La Coosemav forme les agriculteurs et agricultrices des communautés dans le besoin et le vend à un prix raisonnable au niveau local et provincial comme une alternative pour une production « propre », c'est-à-dire respectueuse de l’environnement. Accompagnement des communautés dans le besoin Dans les réalisations, notons la formation, lors du premier semestre, de 6 groupes d’intérêts dans les communautés de Chocaví, Guampac, Langos La Inmaculada, San Isidro, Yuigán Jesús del Gran Poder y Yuigán Los Elenes. Dans le deuxième semestre, ce sont 9 groupes qui ont été formés dans les communautés d’Artesa, Langos La Inmaculada, Tahualag, Tuntatacto, Tunsalao, Pulingui, Santa Lucia de Chuquipogyo, Yuigan Los Elenes et Guampac. Les formations traitaient de la production d'engrais biologique produit à partir du concept de « micro-organisme efficace » (EM), entre autre, un compost de type Bokashi, la production de biofertilisant pour la prévention des maladies et des insectes et la fabrication d’un engrais liquide (EM) pour l’agriculture ainsi que pour les animaux de fermes. Les bénéficiaires ont reçu une visite technique tous les 15 jours, où ils ont été formés et ont mis en pratique les connaissances acquises. S’organisent aussi les activités qui seront réalisées dans la prochaine formation, à savoir les outils et le matériel nécessaires. À la suite de chaque atelier, s’établissait un délai de 15 jours durant lesquels les bénéficiaires mettaient en pratique les connaissances acquises durant les ateliers. Les participantes et participants aux ateliers ont reçu un document avec toute l’information en lien avec le thème. De plus, la COOSEMAV a distribué de la semoule de blé, de la mélasse, de la levure et des micro-organismes efficients pour la fabrication de leur propre biofertilisant. Il est important de mentionner que les résultats obtenus a court terme ont permis d’avoir la confiance des communautés qui se sont vues motivées à appliqué ces nouvelles technologies de façon du autogérée dans leurs parcelles. Le projet a fourni une partie des intrants (mélasse et réservoir de plastique pour la fabrication de l’engrais) qui a permis la production de 36,790 litres d’engrais liquide EM activé, prêt à être utilisé tant dans les parcelles que pour les animaux. En plus des ateliers dans les communautés, deux visites d’échanges et d’observation ont été organisées avec les groupes de bénéficiaires. Les objectifs étaient de motivés les gens en leur faisant connaître des expériences réussies d’agriculture utilisant les biofertilisants. La première eut lieue le 25 septembre 2014, à la ferme agroécologique de Francisco Gangotena à Pifo. Monsieur Gangotena a donné une formation technique et de motivation aux personnes présentes. Par la suite, elles ont visité les lieux et ont pu observer une production agricole et animale à 100% biologique. La deuxième visite, cette fois à Salinas de Guaranda, eut lieu le 29 décembre 2014 et avait pour objectifs l’observation des projets d’entreprenariat communautaire dans plusieurs domaines (transformation de produits laitiers, chocolats, herbes médicinales, etc.). Afin d’améliorer leur alimentation et celle de leurs enfants, un total de 1 312 poules pondeuse de la race « pio pio » ont été données aux familles bénéficiaires. De plus, 242 réservoirs de plastiques ont été remis aux familles afin qu’elles puissent être autosuffisante dans la production d’engrais liquide EM. Production et promotion des biofertilisants Parallèlement aux ateliers et formations dans les communautés, la COOSEMAV a travaillé dans la production de ce type d’engrais dans la pépinière de l’organisation. Pour la production de 2 100 sacs de 35 kg de compost de type bokashi, 600 heures (main d’œuvre) furent nécessaires (tendre et mélanger les intrants sur les lits de production, brassage et couvert des lits de production, emballage, transport et stockage). De plus, la Coosemav a produit 3 600 litres d’engrais liquide EM pour lesquels 104 (main d’œuvre) furent nécessaires (culture des micro-organismes solides, activation des microorganismes efficaces). La mise en marché du biofertilisant a débuté. Sa promotion a été faite dans les foires agricoles, à la radio, par des affiches, dans les journaux locaux, etc. La COOSEMAV continue de produire le bokashi et d’en vendre dans l’objectif de s’autofinancer et de faire la promotion de l’agroécologie. À l’intérieur de ce projet, on a favorisé la sécurité alimentaire, la production agricole propre et le développement durable des communautés dans le canton de Guano. 2. Tableau des activités et des résultats Voici un tableau résumant les activités prévues au projet (suite aux modifications effectuées en août 2014) et les résultats atteints à la fin du projet. Résultats immédiats 1. Fabrication et vente de biofertilisant Activités Objectifs 1.1 Préparation de l’infrastructure pour l’élaboration du biofertilisant 50 x 8 mètres de membrane géotextile 1 tracteur 1 râteau 1 moulin 2 brouettes 3 pelles 5 réservoirs 2 seaux 1 tuyau Résultat final 50 x 8 mètres de membrane géotextile 1 tracteur 1 râteau 1 moulin 2 brouettes 6 pelles 5 réservoirs 2 seaux 1 tuyau 3 paires de gants 3 paires de lunette de sécurité 3 ceintures anti lumbago L’infrastructure et la machinerie est en bon état pour la production efficiente du Bokashi 1.2 La production de biofertilisant est effective grâce à l’achat des ingrédients adéquats 1.3 Fabrication du biofertilisant 1.4 Le biofertilisant est ensaché 5 camions de bouse de vache 172 sacs de semoule blé 11 réservoirs de mélasse 100 paquets de levure 1 camion de coquilles de riz 200 réservoirs de plastiques Production de 2 300 sacs de 35 kg de bokashi Production de 2 100 sacs de 35 kg d’engrais de type bokashi Production de 3 600 litres d’engrais liquide EM 1.5 Vente du biofertilisant 5 camions de bouse de vache 194 sacs de semoule blé 6 réservoirs de mélasse 200 paquets de levure 2300 sacs de plastiques 2 cônes de fils 1 machine à coudre pour les sacs 1 dramatisation 1 contrat d’émissions de la dramatisation a la radio 1 contrat de publicité dans le journal 2 100 sacs de plastiques 2 cônes de fils 1 machine à coudre pour les sacs On compte sur un processus adéquat pour l’ensachage du Bokashi. 1 dramatisation réalisée 1 contrat d’émissions de la dramatisation a la radio 1 contrat de publicité dans le journal Affiches dans le canton et à Riobamba Visite des magasins agricoles On compte sur un système de commercialisation adéquat 2. Formation sur l’agroécologie et sur l’utilisation des biofertilisants Activités Objectifs Résultat final 2.1 Ateliers de formation théorique sur les bienfaits de l’agriculture 12 ateliers réalisés dans chaque communauté (120 familles) 8 ateliers réalisés dans chaque communauté pour un total de 283 familles 2.2 Réaliser 2 voyages d’échange et d’observation pour les 120 familles bénéficiaires 2.3 Effectuer des ateliers de formation pratique portant sur la fabrication de fertilisants naturels 2 voyages d’échange 2 voyages d’échange 6 corvées collectives d’élaboration 4 ateliers de production dans les parcelles des groupes d’intérêt 8 ateliers sur comment évaluer une matière organique 8 corvées collectives d’élaboration 4 ateliers de production dans les parcelles des groupes d’intérêt 8 ateliers sur comment évaluer une matière organique 4 réunions de suivi et d’évaluation du projet 2.5 Effectuer 4 rencontres d’évaluation et de gestion du projet avec les producteurs et productrices Résultat imprévu 2 réunions de suivi et d’évaluation du projet Production de 10.000 plantes et arbustes dans la pépinière de Coosemav pour reforestation et haies brise-vent. Résultats intermédiaires : Accessibilité accrue des biofertilisants agricoles Atteint : Grâce à la formation, aux ateliers et à la production pour la vente de biofertilisant Bokashi, les productrices et producteurs de la zone du projet ont maintenant un meilleur accès au biofertilisant et améliorent ainsi la qualité des produits qu’ils consomment. Capacité locale accrue à produire de façon agroécologique Atteint : Grâces aux ateliers de sensibilisation, aux visites d’échanges, aux formations et aux ateliers de production, 283 familles de la zone du projet ont vu leur production agricole améliorée grâce à l’utilisation des biofertilisant. Témoignages recueilli lors de la mission de la chargée de projet : « L’impact positif est fondamental pour notre communauté. Il y a beaucoup de maladies, beaucoup de chimique dans la production et ce sont les enfants les plus vulnérables. L’appui de Coosemav est très important pour de nouvelles alternatives. » « Je suis très contente de l’engrais liquide EM. Je le produit chez moi et je vois déjà les résultats. » « Maintenant, nous ne voulons plus utiliser de produits chimiques! » 3. Leçons apprises Premièrement, le temps désigné pour chaque activité résulta trop court. C’était la première fois que la COOSEMAV s’impliquait dans un projet de production et de formation en même temps. Ils n’avaient pas bien calculé la quantité de travail et le temps requis pour produire versus le temps nécessaire pour les formations et l’encadrement des groupes d’intérêt. L’expérience nous apprend qu’il faut mieux estimer le temps requis et la main d’œuvre pour le processus de production versus le temps requis pour les ateliers et les formations avec les groupes d’intérêts. Deuxièmement, les objectifs étaient trop élevés en termes de production de bokashi au départ. C’est pourquoi à la mi-projet les objectifs ont été réajustés. Les techniciens et techniciennes, de leurs propres mains, ont produit le Bokashi prévu à la vente, mais il ne fût pas possible de produire la quantité prévue. Le temps s’est fait court, l’effort physique demandé étant très grand pour le processus (processus 75% humain) et d'autres imprévus tels que le peu d’entrée de matière organique qui arrive à temps et les travaux réalisés sur la voie. Il en est ressorti comme apprentissage qu’il faut mieux estimer le temps de production et la quantité possible de produire en un temps donné. Troisièmement, il ne fût pas possible d’atteindre le nombre de bénéficiaires prévus au départ, entre autre aux résistances face à l’agriculture biologique. Plusieurs producteurs et productrices se tournent davantage vers la production de façon chimique et non biologique. Seulement quelques groupes d’intérêt suivent la ligne de l’agriculture biologique, il est donc difficile de capter l’intérêt de plus de groupes. De plus, ceux-ci n’ont pas une grande disponibilité pour assister à des ateliers dû à leur surcharge de travail. Malgré le fait que le premier semestre fût difficile à ce sujet, la COOSEMAV a réussi, dans le deuxième semestre, à atteindre plus de bénéficiaires que prévu au départ. Ce fut donc un apprentissage qui mena à une réussite! Quatrièmement, la COOSEMAV possède seulement un véhicule, ce qui oblige à visiter seulement une communauté à la fois. Cela augmenta les difficultés en termes de gestion du temps. De plus, il faut donner l’entretien nécessaire du véhicule pour assurer le bon fonctionnement du projet. Cinquièmement, la commercialisation requiert du temps et des ressources qui ne furent pas bien planifiée au départ. Entre autres, une étude de marché auraient pû être faite au départ et par la suite, un plan marketing aurait du être planifié au projet. Au premier semestre, il y eut un peu d’investissement dans une publicité à la radio et dans la presse écrite, par contre cela donna peu de résultat. Dans le deuxième semestre, les efforts en termes de communication et promotion ont été plus importants. 4. Conclusions et recommandations Le projet « Biofertilisant : la clé d’une agriculture biologique accessible et rentable dans le canton Guano », encourage la production et l’utilisation d’engrais écologique de type Bokashi. Il y eut des interférences dans la production de Bokashi, en raison de la météo dans la région côtière de l'Équateur et par les travaux effectué par la municipalité sur les rues de Guano. Le projet a aidé la COOSEMAV à renforcer son organisation à travers la production et la commercialisation de Bokashi, il est maintenant essentiel d'améliorer le processus de commercialisation. L'intervention dans les communautés a été renforcée par la livraison de matériaux pour les pratiques de production Bokashi. L'implication de toute l'équipe dans la production de Bokashi fût bénéfique pour les résultats en termes de production, par contre cela a affecté le volet formation. L’utilisation de cette nouvelle technologie dans la zone du projet a apporté des bénéfices en termes de production propre et de développement durable. Les compétences enseignées et répliquées par les bénéficiaires sont utilisées de manière positive. Il est recommandé, pour les projets futurs, de mesurer adéquatement la demande de travail et les activités de travail prévues car cela affecte de manière significative les résultats du projet. Les bénéficiaires du projet ont augmenté au deuxième semestre en raison de l'absence de fortes organisations dans le canton Guano. Cela devrait contribuer à renforcer les organisations de base pour de futurs projets. Ing. Abrahan Velasteguí C. Coordonateur du projet – Équateur Cooperativa de servicios multipes « Agro-Vida » Sabrina Gauvreau Responsable des projets et des stages – Amérique Latine Centre de solidarité internationale du Saguenay-Lac-Saint-Jean