Les consultations pré-anesthésiques délocalisées : conduite à tenir Alors que la délocalisation de la consultation pré-anesthésique n’est pas expressément prévue par le code de la santé publique, cette pratique s’est pourtant développée dans les établissements de santé, conduisant la Société Française des Anesthésistes Réanimateurs (SFAR) à réagir au travers de recommandations encadrant et sécurisant cette pratique dans l’intérêt du patient (1). La consultation pré-anesthésique répond à une triple exigence tenant à la sécurité du patient : - Evaluer et réduire les risques de complications per et post opératoires relatifs à l’anesthésieréanimation. - Informer le patient. - Communiquer avec les autres professionnels impliqués dans la prise en charge du patient. C’est au regard de cette triple exigence que le Comité Vie Professionnelle de la SFAR a rappelé que la délocalisation d’une consultation pré-anesthésique doit rester exceptionnelle en dehors d’un réseau de soins et implique le respect de certaines règles de bonne pratique. Les recommandations de la SFAR En premier lieu, la SFAR insiste sur le fait que la délocalisation d’une consultation préanesthésique doit demeurer exceptionnelle dans la mesure où la multiplication injustifiée des intervenants dilue les responsabilités, nuit à la cohésion des équipes et augmente les risques de défaut de communication. Ainsi, la délocalisation de la consultation doit répondre à une demande du patient et en aucun cas relever d’une commodité de service. La SFAR impose également le respect des conditions suivantes : • • • • L’équipe d’anesthésie qui prendra en charge le patient pour l’intervention prévue doit donner son accord préalable à la délocalisation de la consultation pré-anesthésique. Le médecin anesthésiste réanimateur (MAR) doit pouvoir être libre de refuser de pratiquer cette consultation. Le MAR pratiquant la consultation pré-anesthésique délocalisée doit informer le patient aussi complètement et clairement que possible sur les procédures anesthésiques envisagées. Dès lors, il est indispensable que le MAR connaisse les conditions techniques de l’anesthésie et de l’intervention projetées dans l’établissement où sera opéré le patient. Le consentement éclairé du patient doit être recueilli : le patient doit être clairement informé que le MAR qui pratiquera l’anesthésie reste le seul juge, en définitive, de la conduite à tenir, du report éventuel de l’intervention si un élément nouveau et/ou fortuit apparaissait ou si une différence d’appréciation du risque survenait. Ces éléments doivent bien apparaitre dans le compte rendu écrit de la consultation. La traçabilité de l’information délivrée au patient est essentielle. • • Le dossier d’anesthésie, renseigné de façon complète et claire, doit être transmis dans les meilleurs délais à l’équipe de médecins anesthésistes-réanimateurs qui réalisera l’anesthésie. Tout risque particulier doit être signalé et faire l’objet d’une discussion s’il est susceptible de remettre en cause la procédure prévue. Toutes les données recueillies ainsi que les résultats des examens complémentaires et des éventuelles consultations spécialisées doivent être consignées dans un compte rendu écrit inséré dans le dossier médical du patient. En tout état de cause, lorsque le caractère très spécialisé ou très lourd de la procédure d’anesthésie ne permet pas au MAR consultant d’en maîtriser les conditions de réalisation la SFAR exclut toute délocalisation de la consultation pré-anesthésique. Enfin, la SFAR souligne l’importance que revêt la visite pré-anesthésique (VPA) pratiquée dans l’établissement réalisant l’intervention, lorsque la consultation pré-anesthésique a été délocalisée. Elle est en effet le premier contact avec le patient pour le médecin anesthésiste réanimateur qui va pratiquer l’acte d’anesthésie. C’est alors l’occasion pour ce dernier de prendre connaissance du dossier d’anesthésie et de vérifier que le patient a bien été informé des avantages, inconvénients et risques de la procédure envisagée, de compléter éventuellement cette information et de confirmer le consentement du patient. Au regard des recommandations de la SFAR qui viennent d’être évoquées, il est donc recommandé aux établissements de santé pratiquant les consultations pré-anesthésique délocalisées de sensibiliser les praticiens à la possibilité qu’ils ont de refuser de pratiquer ce type de consultation dès lors que la délocalisation comporte un risque pour la sécurité du patient. La responsabilité des médecins anesthésistes en cas de consultation pré-anesthésique délocalisée Dans l’hypothèse d’une consultation pré-anesthésique délocalisée, chaque médecin anesthésiste intervenant dans la prise en charge du patient, à savoir celui pratiquant la consultation pré-anesthésique délocalisée et celui effectuant la visite pré-anesthésique puis l’acte d’anesthésie, reste responsable de son intervention. Ainsi, le médecin anesthésiste réalisant la consultation pré-anesthésique délocalisée pourra voir sa responsabilité recherchée dans l’hypothèse par exemple d’un défaut d’information du patient et/ou du confrère MAR qui réalisera ensuite la VPA et l’anesthésie. Quant au médecin anesthésiste qui réalisera la visite pré-anesthésique puis l’acte d’anesthésie, il demeure responsable de l’usage qu’il fait des informations issues de la consultation préanesthésique ainsi que de l’acte d’anesthésie en lui-même. Claire LAURIA Juriste SHAM 02/08/12 (1) www.sfar.org/article/14/recommandations-concernant-la-periode-preanesthesique www.sfar.org/article/54/dossier-anesthesique-sfar-2001 (paragraphe 3.4). Source : news lettre de