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Le biofilm peut être comparé à une forteresse biologique. Dans la nature, les bactéries
sont des proies pour des organismes unicellulaires tels que les amibes ou les protozoaires. Le
fait de se développer en biofilms entourés de substances extracellulaires empêche leur
ingestion par des prédateurs car leur volume devient trop important. Il en est de même vis-à-
vis de l’attaque par des macrophages, cellules de défense des organismes supérieurs.
Fig. 7 : Représentation schématique de l’épaisseur d’un biofilm. Illustration provenant de P. S. Stewart
& J. W. Costerton. The Lancet 358 (2001)135-138.
2. Facteurs intervenant dans la formation de biofilms.
1° le Quorum Sensing (QS) qui est un système senseur de la densité de population
bactérienne basé sur l’émission et la détection de molécules chimiques telles que des
oligopeptides, des N-AcylHomosérine Lactones (AHL), des molécules AI-1 et 2 (AI pour
AutoInducer). Une concentration élevée de ces molécules déclenche l’expression coordonnée
de gènes nécessaires par ex. à l’émission de lumière par des bactéries du genre Pseudomonas
ou au passage en biofilm de la population bactérienne.
Certaines de ces molécules servent à la signalisation intra ou inter-espèces, d’autres sont
reconnues aussi bien par des bactéries Gram négatives que Gram positives.
2° Autre facteur intervenant dans la formation de biofilms: les appendices de surface
nécessaires à la mobilité de la bactérie et en particulier les flagelles. Toutefois, dès que la
bactérie élabore un biofilm sur une surface, elle y reste immobile et cesse la synthèse des ces
structures ou les met à l’arrêt par des mécanismes élaborés d’embrayage moléculaire (cas de
Bacillus subtilis).
L’action de la matrice vis-à-vis de
molécules biocides est également
multiple: elle peut les repousser ou au
contraire les séquestrer. Des gradients
de concentrations s’établissent au
sein du biofilm permettant aux
bactéries les plus proches du substrat
de survivre. Les bactéries enfouies
présentent un métabolisme ralenti par
manque d’accès aux nutriments ou à
l’oxygène et peuvent ainsi échapper à
l’action d’antibiotiques tels que les β-
lactamines qui ne touchent que des
bactéries en division ou en
élongation.
Les bactéries ayant survécu à un
traitement biocide (persister cells)
reconstruiront un biofilm lorsque les
circonstances seront à nouveau plus
favorables.