quantique sont difficilement conciliables pour des raisons impossibles `a vulgariser), mais la th´eorie
quantique sous sa forme compl`ete compatible avec la relativit´e restreinte (th´eorie quantique des
champs) s’av`ere, au niveau fondamental, d’une complexit´e quasi-insondable manquant d’un fonde-
ment math´ematique bien clair sur lequel reposer, et le travail de reformulation `a la recherche d’un
meilleur fondement demeure actif.
Aspects philosophiques
Mˆeme si on supposait que les objets physiques aient une nature, nous ne pourrions de toute
mani`ere pas la connaˆıtre par l’exp´erience car toutes nos perceptions passent par une traduction
des ph´enom`enes ext´erieurs en la conscience qu’on peut avoir d’eux. Donc, le mieux qu’on puisse
faire est d’´etudier le monde physique en tant que syst`eme math´ematique, ce qui nous laisse libres
de nous le repr´esenter sous des formes sans rapport avec celles sous lesquelles nous le percevons
habituellement. Expliquons cela en d´etails:
Au moins jusqu’`a maintenant, il semble que toute pr´etention `a dire qu’un ´el´ement de l’ima-
gination serait plus qu’un autre ressemblant `a la “vraie nature” d’un certain ´el´ement de la r´ealit´e
physique est vaine, parce qu’il n’existe aucun moyen de comparer ces natures : toutes nos percep-
tions du monde ext´erieur sont indirectes, traduites par notre corps en impulsions nerveuses, que le
cerveau retraite pour en distinguer les formes globales. Donc, du monde physique ext´erieur, seules
les structures, c’est-`a-dire les relations entre les choses, sont accessibles `a nos sens et peuvent faire
l’objet de nos discours, non une quelconque nature ontologique. Et de toute mani`ere, comment
esp´erer qu’un objet physique puisse avoir une quelconque identit´e de nature avec un ph´enom`ene
mental ?
Par exemple il n’y a aucune ressemblance de nature entre le sentiment d’une couleur et les
qualit´es des objets vus, qui sont responsables de cette couleur. Cette qualit´e consiste en des
coefficients d’absorption de diff´erentes fr´equences d’ondes ´electromagn´etiques par ces objets, qui
d´eterminent la composition en fr´equences de la lumi`ere que l’oeil re¸coit. Puis, ce n’est qu’une faible
partie de l’information sur cette composition que les cellules de l’oeil peuvent transmettre (suivant
les propri´et´es des mol´ecules dans la r´etine qui font ce travail).
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Egalement, nous pouvons `a peine imaginer le temps, mˆeme juste conform´ement `a la mani`ere
dont nous le vivons, qui montrerait la nature de cette exp´erience vivante du temps au-del`a de la
seule forme de la droite qui le repr´esente math´ematiquement : en aucun instant nous ne pouvons
imaginer une dur´ee en tant que telle, puisqu’un instant ne contient aucune dur´ee; il n’y a que
les dur´ees futures qui n’existent pas encore, et les dur´ees pass´ees, que nous percevons dans notre
souvenir. Mais d´ej`a, un souvenir d’une dur´ee n’est plus une dur´ee, car il ne fait que repr´esenter
cette dur´ee par une certaine autre sensation instantan´ee.
Ainsi, la pr´etention de d´ecrire les choses “comme elles sont” serait vaine, ou alors, ce n’est
plus de la physique mais de la m´etaphysique, ce qui peut ´eventuellement se d´efendre `a condi-
tion de l’annoncer clairement. Eventuellement, cela peut ˆetre utile lorsqu’on travaille avec une
th´eorie provisoire qu’on est en train de remettre en question pour tenter d’en construire une autre
plus pr´ecise comme explicitation de structures sous-jacentes `a une structure donn´ee (par exemple,
cela est pertinent pour passer des moles aux mol´ecules, et de la thermodynamique classique `a la
m´ecanique statistique). Mais cela n’a lieu que de mani`ere relative et non absolue, et n’est pas le
cas g´en´eral.
L’objet de la Physique est donc de d´ecrire les lois physiques, c’est-`a-dire l’expression sous
forme de th´eorie math´ematique des relations constat´ees entre les r´esultats de nos observations du
monde physique, puisque c’est une caract´eristique g´en´erale des math´ematiques que de s’int´eresser
aux structures, relations entre les objets, et non `a leur nature. Alors, entre plusieurs pr´esentations
math´ematiquement ´equivalentes (ou traductions) d’une th´eorie, faisant diff´erents choix de formes
d’imagination pour repr´esenter tel ou tel aspect de la r´ealit´e, la meilleure est celle qui permet de
saisir cette th´eorie math´ematique de la mani`ere la plus facile ou efficace.
L’intuition quotidienne du monde physique est adapt´ee `a la compr´ehension des probl`emes de
la vie quotidienne. Mais lorsqu’on veut passer `a l’´etude des structures de la r´ealit´e qui apparaissent
dans d’autres contextes, il peut ˆetre judicieux de modifier ce choix. Mais de toute mani`ere, un
discours s’appuyant ainsi judicieusement sur un syst`eme inhabituel de correspondances entre objets
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