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L’expérience ainsi menée, à montré que le fait de ne
pas lancer le disque directement pendant cette période
d’apprentissage exige beaucoup de tact et de savoir-
faire pédagogique, ceci afin que les futurs lanceurs ne
perdent pas l’intérêt qu’ils montrent à l’égard de leur
spécialisation. L’exécution régulière de ces exercices, en
suivant strictement le rythme du geste, discipline
l’habitude motrice et crée les conditions propices à sa
bonne fixation.
L’emploi d’exercices d’introduction, ou éducatifs
d’initiation, effectués à l’aide de sandows, de bâtons
lestés, d’haltères et d’autres charges additionnelles
permet, dans une mesure, de résoudre la question de
l’action réciproque de la formation de l’habitude
technique et du développement de la force.
Outre le perfectionnement technique des jeunes
lanceurs, il faut accorder une grande attention au
développement de la vitesse, de la force et à la faculté
de mobilier sa volonté. A cette fin, il est indispensable
de faire largement appel au sprint et aux haies, aux
sauts en longueur et en hauteur et à un nombre
considérable d’exercices de sauts.
Le travail effectué par le groupe expérimental de
Smolensk n’exerça pas d’influences rapides sur les
résultats pendant la période initiale d’apprentissage, ce
qu’on ne peut dire du groupe qui suivait la méthode
orthodoxe. Au bout d’une année, le groupe de contrôle
venait largement en avant de l’expérimental quant aux
performances en lancer du disque. La seconde année
égalisa les performances des groupes. La troisième
année vit se modifier considérablement le rapport entre
les résultats, cela en faveur du groupe expérimental.
L’observation du troisième groupe révéla la présence de
défauts dans le travail des jambes ce qui est la cause de
la progression ralentie des athlètes.
En conclusion, il faut signaler que cette expérience
réalisée à la fin des années soixante est, depuis,
devenue la seule méthode d’enseignement du disque
de l’école soviétique. Les résultats ne se sont pas fait
attendre : les Soviétiques trustent les titres et les
records de la discipline.
Sources : - LIEGKAYA ATHLETIKA n°5
- DOCUMENT INS 780
COMMENTAIRE DE TECHNICATH
Cette expérience soviétique rapportée par Robert VAN
SCHOOR constitue, en fait, un réquisitoire contre
l’utilisation de la méthode globale pour enseigner les
lancers.
Le problème posé est essentiellement pédagogique. Il
s’agit de faire admettre à un enfant de 12 à 14 ans
(voire moins), pour lequel l’aspect ludique de toute
activité est fondamental, qu’il ne progressera que …
trois ans plus tard !
La réalisation d’un tel objectif pédagogique,
indépendamment de la qualification indispensable de
l’entraîneur, nécessite, à notre avis, quatre conditions
préalables :
1. Il faut que l’apprentissage se déroule dans un
contexte qui mette plus particulièrement en
valeur les performances des lanceurs ;
2. Le groupe d’initiation ne peut se composer que
de débutants peu nombreux disposant des
qualités morphologiques, neuromusculaires et
psychologiques requises ;
3. Chaque débutant faisant partie du groupe doit
avoir la conviction qu’il possède les qualités
nécessaires et le gabarit adéquat ;
4. Chaque débutant doit, en plus, avoir acquis la
certitude que c’est en se spécialisant dans les
lancers qu’il finira par s’exprimer au mieux au
travers de l’athlétisme.
Ces quatre conditions préalables sont rarement réunies
en Belgique. Au contraire, nous constatons que c’est la
réalisation immédiate d’une performance qui amène
généralement les jeunes à notre sport. Or, il est
clairement démontré ici que l’exploitation pédagogique
de cette satisfaction précaire, consistant à mettre
l’accent sur les mouvements qui favorisent une
progression rapide engendre des défauts techniques
irrécupérables au moment de la maturité du lanceur.
Cette situation pédagogique défavorable ne se retrouve
qu’à un degré moindre dans d’autres disciplines. La
régression due à l’acquisition d’un geste technique
nouveau n’y dure que quelques semaines ou mois au
maximum, pour certaines spécialités, et pour autant
qu’on ait à s’occuper d’éléments doués, il peut même y
avoir progression immédiate sans risque d’acquisition
ou défauts ultérieurs.
Ceci explique en grande partie, selon nous, le retard des
lancers dans notre pays.