Au-delà de cette polémique un peu formelle, restent les bénéfices
postopératoires indiscutables de cette technique qui accélère la reprise du transit et
limite les risques inhérents à un remplissage vasculaire prolongé chez ces patients à la
compliance circulatoire limitée. Les patients souffrant d'une pathologie coronaire
doivent faire l'objet d'une évaluation préopératoire tenant compte des conditions
hémodynamiques particulières imposées par la cœliochirurgie. Les bénéfices
postopératoires de la cœliochirurgie doivent être mis en balance avec les risques
peropératoires. Une exploration préopératoire appréciant les réserves cardiaques,
particulièrement la contractilité myocardique et la fraction d'éjection en situation
d'effort, est nécessaire quand la coronaropathie n'apparaît pas parfaitement stable et que
la voie cœlioscopique est malgré tout la meilleure solution chirurgicale. C'est à partir
des données de ces examens que l'on décidera également de l'indication d'un monitorage
spécifique.
Pathologie respiratoire
La distension de la cavité abdominale, obtenue dans les conditions normales de
travail du chirurgien, a un effet direct sur la cinétique diaphragmatique. Il en résulte une
chute de la compliance pariétale, celle-ci n'étant altérée que dans sa composante
diaphragmatique, sa composante costo-intercostale n'étant pas modifiée, voire améliorée
s'il y a myorésolution [3, 19, 22]. Bien que la compliance pulmonaire (en dehors de la
survenue d'un pneumothorax) soit elle-même peu altérée, on observe une réduction de la
compliance pulmonaire totale d'un tiers environ [3]. La conséquence pratique est un
risque augmenté d'atélectasies basales (déjà favorisé par la ventilation en pression
positive, à l'origine d'une stase sanguine et un effet shunt), ce qui peut justifier l'usage
d'une pression expiratoire positive (en l'absence d'hypovolémie) [5]. De même, cela
implique l'insufflation de volumes courants normaux ou élevés, ce qui conduit à une
nette élévation de la pression des voies aériennes supérieures, aggravée par la chute de
la compliance et de l'augmentation des résistances des voies aériennes.
Hypertension intracrânienne
Les études de débits régionaux par microsphères marquées montrent un maintien
du flux sanguin cérébral malgré la diminution de débit cardiaque [16]. Dans le même
temps, le drainage veineux cérébral est limité par l'augmentation de pression
intrathoracique et, le cas échéant, par la position de Trendelenburg. Les conditions sont
donc remplies pour favoriser une augmentation de la pression intracrânienne. Celle-ci
est retrouvée aussi bien lors d'études animales [11] que dans des situations cliniques
chez l'homme [4].
La contre-indication classique à la cœliochirurgie que constituent les lésions
expansives intracrâniennes reste parmi les dernières qui doivent être respectées de
manière stricte. Ceci est vrai pour la pathologie neurochirurgicale tumorale, mais aussi
pour les cœliochirurgies réalisées dans le contexte d'urgence traumatique abdominale
chez un patient ayant par ailleurs un traumatisme crânien [23].