Orientation de l’attention dans l’espace
•Recherche spatiale
Lorsque l’on recherche une cible dans un dispositif
comprenant de nombreux éléments distracteurs, une
orientation de l’attention spatiale peut être requise.
Ainsi, rechercher un trait vert incliné à droite (cible)
parmi des traits verts inclinés à gauche et des traits
rouges inclinés à droite (distracteurs) requiert de l’at-
tention. Il s’agit d’une recherche séquentielle dont la
nature attentionnelle peut être mise en évidence en
variant le nombre d’items : plus le nombre d’items est
grand plus le temps de réponse est long [4]. On peut
opposer cette condition à une condition de recherche
plus simple dans laquelle la recherche de la cible de-
mande peu d’attention. Ainsi, lors de la recherche d’un
trait incliné à droite parmi des traits inclinés à gauche,
le temps de réponse est beaucoup moins influencé par
le nombre total d’items : la cible semble « sortir » auto-
matiquement du fond (phénomène de pop-out).
•
Modification de la taille de la fenêtre attentionnelle
Avec des tâches dirigées vers des stimulus hiérar-
chisés (par exemple, une grande lettre formée de peti-
tes lettres), plusieurs effets sont observés. L’effet le
mieux connu est le fait que l’on traite plus rapidement
l’information globale (la grande lettre) que l’informa-
tion locale (les petites lettres), ce que Navon a bien
décrit dans sa métaphore : « On identifie la forêt avant
les arbres eux-mêmes » [5]. Les conditions permettant
de mettre un tel effet en évidence sont variées : recher-
che d’une cible (une certaine lettre) pouvant apparaître
à l’un des deux niveaux (global ou local), congruence
entre les lettres de chaque niveau lors d’une tâche
d’identification des lettres d’un seul niveau, copie, etc.
L’attention peut être mise en jeu en « forçant » l’atten-
tion vers un niveau, par exemple en faisant en sorte
que la cible soit plus souvent rencontrée à un niveau
plutôt qu’à un autre. Des différences hémisphériques
ont été trouvées, avec l’hémisphère droit plutôt spécia-
lisé au niveau global et l’hémisphère gauche au niveau
local [6].
•Indiçage spatial
Lors d’une tâche de détection d’une cible simple
pouvant apparaître à différents endroits dans le champ
visuel, il est possible d’améliorer la vitesse de réponse
du sujet si un indice vient au préalable indiquer la
localisation de la cible à venir [7]. Cela peut se faire
grâce à un indice apparaissant dans la localisation
exacte de la cible ; dans ce cas, l’indice, dit périphéri-
que, attire l’attention exogène du sujet. L’effet est très
rapide et apparaît pour des SOA (stimulus onset asyn-
chrony : ici, le délai entre le début de l’indice et le début
de la cible) courts, situés entre 50 et 200 ms. Un indice
central ou symbolique (flèche), n’apparaissant pas né-
cessairement à l’endroit de la cible mais, par exemple,
au point de fixation, peut également avoir un effet, à
condition que la relation de probabilité entre la locali-
sation indiquée par l’indice et la localisation de la cible
soit forte (par exemple un indice dont l’indication sur la
localisation de la cible est valide à 80 %). Dans ce cas,
l’indice met en jeu l’attention endogène du sujet et
l’effet n’est pas immédiat, nécessitant des SOA d’au
moins 300 ms. L’effet bénéfique de l’indice valide (indi-
quant la localisation correcte de la cible) est dû, selon
Posner [7], au fait que le sujet a pu « engager » son
attention à l’endroit de la cible avant que celle-ci n’ap-
paraisse. Il existe aussi un coût attentionnel dans les
conditions où l’indice donne une fausse indication (in-
dice dit non valide) : dans ce cas, le sujet doit d’abord
désengager son attention de l’endroit indiqué par l’in-
dice afin de la diriger vers la cible, ce qui retarde la
réponse.
Contrôle général de l’attention
•Doubles tâches et variantes
La méthode des doubles tâches consiste à faire ef-
fectuer deux tâches simultanément à un sujet. Si les
deux tâches requièrent de l’attention, les performances
sont abaissées par rapport à une situation dans la-
quelle le sujet effectue chacune de ces tâches de ma-
nière isolée. Des variantes ont été développées, comme
la méthode de l’alternance des tâches (task switching)
dans laquelle le sujet doit effectuer une certaine tâche
pendant quelques essais puis une autre tâche pendant
quelques essais et de nouveau la tâche précédente et
ainsi de suite [8]. La mise en jeu de l’attention dans
chacune des tâches peut se mesurer par la baisse des
performances sur le(s) premier(s) essai(s) de chaque
nouvelle tâche : c’est comme si les sujets devaient
d’abord désengager leur attention de la tâche précé-
dente.
Certains tests utilisés en neuropsychologie repo-
sent sur une problématique très proche de celle qui est
sous-jacente à la méthode précédente. Ainsi, dans le
test d’assortiment de cartes du Wisconsin, le sujet doit
classer des cartes contenant différents nombres
d’items, eux-mêmes pouvant varier selon leur forme et
leur couleur. Le sujet doit classer selon un mode pen-
dant quelques essais (par exemple la couleur), puis il
doit changer de mode de classement au bout d’un
certain nombre d’essais. La demande attentionnelle est
forte surtout lors du changement de type de classe-
E
´. Siéroff, A. Piquard
Psychol NeuroPsychiatr Vieillissement 2004 ; vol. 2, n° 4 : 257-69260