LYCEE JEAN MERMOZ, BEZIERS. Fiche architecture Fiche d’identité technique : - Le lycée professionnel régional, ancien centre d’apprentissage pour garçons est une propriété de l'Etat. Classé au titre des Monuments historiques au patrimoine régional le 13 février 2002, ouvert aux journées européennes du patrimoine. - Date de la construction : 1951-1959, l’essentiel de la réalisation date des années 19561959, bien que le lancement de la première tranche de travaux remonte à 1951. - Nom des architectes : plans de 1950 de Pierre Jeanneret, architecte en collaboration avec Jean Prouvé, ingénieur et Charlotte Perriand, architecte d’intérieur. Architecte d’opération : le Biterrois Dominique Escorsa. - Maître d’ouvrage : la Région Languedoc-Roussillon. - Appels d’offre : Languedoc-Roussillon Aménagement, agissant au nom et pour le compte de la Région Languedoc-Roussillon. - Construction du plateau d'éducation physique : projet, plan (1959), procès-verbal de réception définitive. 1959-1966. - Construction du gymnase : 1964 -1967. - Internat : 1997, architectes Nicolas & Maurin. - Réfection de la cour de récréation : août 2009 - Rénovation des ateliers : bâtiments D et E, 2010 - Réaménagement des ateliers : budget 11.017.098€, Surface : 3500 m² pour le pôle automobile et bois ainsi que 700 m² pour le pôle bateaux. J’observe Une architecture scolaire des années cinquante : Insérer Photo 1Façade C’est un type novateur de construction scolaire des années cinquante. Les principes constructifs de Le Corbusier, (1887-1965) ont été appliqués par son cousin Pierre Jeanneret dans l’architecture du lycée. -Cette architecture scolaire est classée car le lycée, construit par Pierre Jeanneret en 1955 sur des plans datant de 1950, présente des qualités remarquables d’une architecture moderne qui reprend les « cinq points de l’architecture nouvelle » de Le Corbusier. Le bâtiment des classes est particulièrement original : une ossature portante en béton armé s’appuie sur deux files de pilotis dont la forme est celle employée pour les « cités radieuses » de Le Corbusier. insérer photo pilotis J’observe et je repère Les caractéristiques esthétiques Une architecture ouverte, sa linéarité, l’orthogonalité des formes des bâtiments. Leurs volumes jouent avec différentes échelles et rompent la monotonie. Les toits avec leurs couvertures en « aile d’avion » sont caractéristiques des recherches de Jean Prouvé. Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés insérer photo vue générale insérer photo toit « aile d’avion » insérer photo détail toit Le traitement des façades - L’ossature de béton armé et le traitement des façades : la façade n’a plus de fonction porteuse grâce à l’ossature en béton. C’est une simple surface de contact entre l’intérieur et l’extérieur, c’est le principe de la « façade libre » qui est appliqué avec des pans de verre et des fenêtres en bandeau. Les façades sont donc, conceptualisées avec des baies devenues ouvertures à principe horizontal basculant. - Les pilotis, du simple poteau porteur au volume plus puissant, permettent une distanciation par rapport au sol et dégagent des espaces fonctionnels de circulation. - La lumière, les ouvertures : les traditionnelles fenêtres verticales sont ici, remplacées par le principe de la « fenêtre bandeau », des baies vitrée continues, horizontales qui ouvrent le bâtiment. Ainsi la lumière pénètre plus largement à l’intérieur des bâtiments et module l’espace. insérer photo fenêtre en bandeau -Une protection solaire déjà prise en compte dans les années cinquante. insérer photo : la galerie du premier étage du bâtiment général Les brise-soleils sur les façades sont complémentaires du « mur de verre ». Ils n’ont pas une forme définie une fois pour toutes et sont conçus selon les exigences changeantes des lieux. Associés aux loggias, ils régulent l’éblouissement, servent de transition entre l’espace extérieur et intérieur, créent des jeux d’ombre et de lumière et permettent d’amortir le heurt climatique entre l’intérieur et l’extérieur. Les loggias en prolongement des espaces pédagogiques créent un confort supplémentaire et proposent de nouveaux espaces. insérer photo toit terrasse - Le pan de verre, inclinable du sol au plafond dans les salles de classe, permet une pénétration généreuse de la lumière pour un ensoleillement maximum. De conception datée des années cinquante, il présente néanmoins au-delà de son innovation, des inconvénients liés à la surchauffe et à une moindre résistance aux chocs thermiques. De plus, leur ouverture dans les salles de classe ne correspond pas aux normes actuelles de sécurité. insérer 2 photos détail pan de verre et salle de classe - Le traitement des façades, la qualité des matériaux employés : du béton brut de décoffrage aux pierres caractéristiques de la région. insérer photo matériaux - Les volumes des bâtiments jouent avec différentes échelles et rompent la monotonie. - La qualité architecturale des passages, la distribution harmonieuse des masses et des vides entre les bâtiments, l’organisation des axes de circulation et des perspectives. - Les cours à l’aspect minéral, adouci par la présence de pins et d’un choix d’arbres et de plantes d’essence méditerranéenne. insérer 3photos passage et rampe et cour - L’entrée peu monumentale qui se caractérise par un portail au dessin de grille et aux murs arrondis recouvert de parement de pierres noires. La qualité esthétique des matériaux Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés - Le déploiement de techniques et de matériaux modernes tels que le fer-acier, le béton et le verre. - Le béton brut de décoffrage : le béton laissé apparent crée un contraste de matière entre le brut et le fini et évoque la texture du bois, un élément naturel, grâce à l’empreinte du bois de coffrage. Combiné au verre il oppose ainsi le transparent et l’opaque, le mat et le lumineux. insérer photo : béton brut de décoffrage - Les pilotis : dans leur construction formelle, on remarque la qualité des matériaux employés, du béton brut de décoffrage. - Les panneaux de béton gravillonné, les effets de matière, la qualité de textures insérer photo béton gravillonné - Les ouvertures aux formes diverses, arrondies, comme dans les cages d’escalier, rendues possibles par l’utilisation du béton coffré. - Les bacs en gargouille en béton brut pour l’écoulement des eaux. insérer photo BAC : 2696JPG - L’emploi de la couleur dans les cages d’escalier, une palette restreinte : contrastes des couleurs primaires peintes sur le béton brut avec les monochromes picturaux. insérer photo béton peint L’interpénétration des espaces : -Le « toit-terrasse » sur le réfectoire et la rampe d’accès qui, en plan incliné, permet d’accéder de l’extérieur au bâtiment d’enseignement général. insérer photo rampe L’architecture prolonge l’urbanisme. Le toit devient place, lieu de rencontre et la rampe devient rue. - Les rampes d’accès permettent une circulation libre. Cette conception est celle d’une architecture « ouverte », le contraire d’une architecture dite de surveillance avec des coursives donnant sur une cour fermée. - Les toitures « en ailes d’avion » sur les ateliers associés à un éclairage zénithal pour éviter l’éblouissement et les baies vitrées basculantes sur les bâtiments d’enseignement général, réalisés par les ateliers de Jean Prouvé. L’entreprise Prouvé est une entreprise innovante dans le domaine de la tôle pliée et l’emploi de toutes les nouvelles matières : acier, inox, aluminium. Les évolutions des aménagements successifs. Le projet de rénovation consiste à restituer la composition d’ensemble, à adapter les bâtiments à leurs nouvelles fonctions tout en préservant leur caractère et en tentant de restituer aussi fidèlement que possible les principes de fonctionnement des bâtiments à l’origine tel que les avait imaginés Jeanneret. - L’internat. Ce projet s’inscrit et respecte le plan masse composé par Pierre Jeanneret en 1950. Il s’y réfère tant du point de vue de la rationalité du parti d’aménagement que de l’implantation du bâtiment. L’architecture renvoie de façon implicite à la modernité des bâtiments et à la tradition rationaliste. On y use d’une volumétrie simple et d’un vocabulaire Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés formel emprunté aux existants et réinterprété. Le bâtiment de l’internat, réalisé par la région Languedoc-Roussillon a été inauguré le 2 octobre 1997. Il est constitué de deux étages, composés de dix chambres. L’internat a une capacité d’accueil de 60 élèves. insérer photo internat - La Région a décidé, dans le cadre du programme pluriannuel d’investissement (PPI), de rénover les ateliers des pôles- automobile, bois et électronique du lycée professionnel Jean Mermoz à Béziers dont les équipements ne correspondaient plus aux normes de sécurité. - La réfection de la cour de récréation livrée en août 2009. - L’atelier D d’une surface de 3 746 m2 et de l’atelier E d’une surface de 700 m2 consacré à la maintenance nautique. - L’aménagement des pôles maintenance des véhicules automobiles. - L’aménagement de locaux du pôle vente (un atelier, une salle de cours, une salle informatique et un bureau de chef de travaux). - L’aménagement du pôle bois. - La création d’une salle polyvalente de 150 m 2. - L’aménagement du pôle artistique avec la fourniture du mobilier et l’équipement informatique. - La mise aux normes de la cage d’escalier avec l’installation d’un ascenseur et d’un escalier destinés aux personnes à mobilité réduite. - L’aménagement de l’atelier de soudure. - L’aménagement du laboratoire polyester / peinture. - L’aménagement des abords du bâtiment avec la réfection des façades et la mise en valeur extérieure. J’observe et je photographie - Les espaces intérieurs, les ambiances, le traitement de l’espace. - Depuis les salles de classe, les points de vue panoramiques sur le paysage et les toits. J’analyse Les contextes historique et politique des années soixante : Il est marqué par l’augmentation des naissances après la Deuxième Guerre mondiale (babyboom) et la venue des rapatriés d’Algérie en Languedoc-Roussillon. Contexte historique : Fondateur de la revue Esprit Nouveau, Charles Edouard Jeanneret dit Le Corbusier, architecte et théoricien français d’origine suisse (1885-1965), établit les « 5 points de l’architecture nouvelle ». Pierre Jeanneret, architecte, Jean Prouvé, ingénieur et Charlotte Perriand, architecte d’intérieur, designer ont travaillé avec Le Corbusier, figure du modernisme en architecture et ont été marqués par sa personnalité, ses théories et ses œuvres. Dans l’atelier de Le Corbusier, Pierre Jeanneret, son cousin, des projets d’écoles « volantes » (mobiles) ont été conçus, après-guerre. De 1940 à 1950, date des premiers plans du lycée, il travaille dans sa propre agence avant de retrouver son cousin pour les projets de Chandigarh en Inde en 1951. La construction du centre d’apprentissage pour garçons date de 1951-1956 (classement en 2002). Ce programme qui comprend ateliers, un internat, des bâtiments administratifs et Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés sportifs ainsi que des logements de fonction est antérieur à l’adoption par l’administration d’une politique de modèles industrialisés. Il s’agit de la plus importante réalisation de Pierre Jeanneret en France, durant la période où il a quitté l’agence conçue par lui à partir de la commande de 1950, juste avant son départ pour Chandigarh. L’essentiel de la réalisation date des années 1956-1959, bien que le lancement de la première tranche de travaux remonte à 1951. Pierre Jeanneret se consacre ensuite à son œuvre en Inde mais il suit la construction et reste en liaison avec les ateliers Prouvé à Maxeville qui travaillent d’abord sur le projet général puis, à partir de 1952, plus spécifiquement sur les toitures et les baies des classes. Le chantier s’effectue en collaboration avec l’architecte biterrois d’origine catalane Domenec Escorsa. Cet architecte, réfugié en France, était proche de Lluis Sert particulièrement connu en Catalogne. Contextes socio-économique Face à la demande sociale de scolarisation, le ministère de l’Education nationale développe une conception architecturale des constructions scolaires et définit ses caractéristiques générales liées, d’une part aux besoins de construction, et d’autre part à la situation du marché du bâtiment. Contexte technique Les principes, les techniques et les méthodes mis en place dans le secteur scolaire après la Seconde Guerre mondiale sont les suivants : l’intervention de Le Corbusier dans l’étude des décors de façade, de Charlotte Perriand pour le dessin du mobilier et des ateliers Prouvé pour la structure des coques de toiture en profil d’« ailes d’avion » des salles de classe, des sheds des ateliers et de la façade constituée d’un ensemble exceptionnel de 14 châssis de 4.00 mètres de largeur par 4.30 mètres de hauteur font de ce bâtiment un témoignage important de l’architecture moderne. Pierre Jeanneret applique dans les bâtiments du lycée les grands principes constructifs qu’il partage avec son cousin depuis le début de leur association. 1. Fenêtre bandeau 2. Brise-soleil 3. Pan de verre 4. Pilotis 5. Béton brut de coffrage 6. Toit-terrasse et rampes d’accès L’entreprise Prouvé est une entreprise innovante dans le domaine de la tôle pliée et dans celui de toutes les nouvelles matières : acier, inox, aluminium, Jean Prouvé, ferronnier de formation, constructeur, c'est-à-dire architecte et ingénieur, est un pionnier de l’architecture industrialisée et de la préfabrication. Il consacre sa vie à la recherche essayant d’intégrer la technologie à l’architecture. Il expérimente les techniques de pointe de l’époque : soudure électrique, pliage, et les possibilités offertes par les nouvelles matières : tôle mince, acier inoxydable, aluminium. Il exploite entre autre les possibilités de pliage du métal et est un pionnier des murs rideaux. Il conçoit « les couvertures en aile d’avion » débordants pour les toits des ateliers et des bâtiments d’enseignement général du lycée en 1953 ainsi que les 14 baies des salles de classe munies d’ouvrants basculants de grandes dimensions. Il collabore avec Le Corbusier et Pierre Jeanneret dès 1926. Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés La situation géographique : Adresse du lycée : rue Ferdinand de Lesseps, 34500 BEZIERS Le lycée se situe dans un quartier des années cinquante, aux petits pavillons et maisons de ville accolées, aux façades sur rue à un étage, des immeubles et des résidences de logement social. Son entrée ne manifeste aucun signe ostentatoire de monumentalité, elle ne dévoile pas entièrement l’architecture mais invite à pénétrer dans un espace ouvert. Elle s’inscrit dans l’identité urbanistique du quartier des années cinquante, au cœur d’une rue étroite, et annonce par les courbes de son mur les caractéristiques formelles des rampes d’accès au bâtiment de classe. insérer photo entrée J’approfondis mes recherches - L’histoire du lycée, de ses réaménagements successifs depuis le XXe siècle et de ses différentes signatures architecturales. - D’autres réalisations de l’architecte Pierre Jeanneret, dans l’atelier de Le Corbusier, comme des projets d’écoles « volantes » (mobiles) qui seront conçus, après-guerre. - D’autres réalisations de l'ingénieur Jean Prouvé, créateur et architecte des plus novateurs et audacieux. - Je recherche et je photographie les éléments des grands principes constructifs modernes et je les compare à ceux des constructions récentes dans le lycée. - Je compare l’architecture du lycée avec d’autres architectures scolaires de ma ville, de ma région. - Je recherche d’autres réalisations architecturales des architectes de la modernité, des années cinquante, classées au label « Patrimoine du XXe siècle » créé en 1999 par le ministère de la culture. Sitographie http://www.lr-amenagement.fr/construction/batiments-denseignement/lycees/herault/beziers/lycee-jean-mermoz http://www.archicontemporaine.org/RMA/p-8-lg8-Restructuration-du-lycee-JeanMermoz.htm?fiche_id=1803 http://patrimoine-de-france.com/herault/beziers/ancien-centre-d-apprentissage-pourgarcons-actuel-lycee-professionnel-jean-mermoz-2.php Sur la base mémoire du ministère de la culture : http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/memoire_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_5=LBAS E&VALUE_5=PA34000026 Fiche réalisée par : Chantal Sériex – chargée de mission – DAAC Rectorat de Montpellier. En partenariat avec le réseau Canopé de l’Académie de Montpellier, la DRAC Languedoc Roussillon et le Conseil Régional Languedoc Roussillon Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés Kit Parcours culturel © DAAC académie de Montpellier – Tous droits réservés