Cancer du testicule : quel rôle pour l`échographie?

Introduction
L’échographie scrotale occupe actuellement une place non négligeable dans le
diagnostic des tumeurs testiculaires. Si la palpation reste l’élément clef du dia-
gnostic clinique, cette technique d’imagerie est à l’origine de découvertes for-
tuites de ces tumeurs, notamment lors de bilans d’infertilité. Elle joue égale-
ment un rôle aux différentes étapes de la prise en charge de ces tumeurs, en
particulier lors du diagnostic initial où l’échographie scrotale a bénéficié de
l’apport des sondes haute résolution. Elle assure l’acquisition d’un document
pouvant avoir une valeur médico-légale lors de certaines indications de chi-
rurgie partielle. Elle participe au bilan d’extension de ces tumeurs. Elle peut
enfin s’avérer utile pour la recherche de tumeurs controlatérales après traite-
ment initial lors du suivi à plus ou moins long terme.
Impératifs techniques
La découverte fortuite de plus en plus fréquente de petites lésions testiculaires,
dans certains cas non accessibles à la palpation, justifie l’utilisation de sondes
performantes de haute résolution avec une fréquence au minimum de 10 Mhz,
au mieux variable de 10 à 13 Mhz. Si elle est en pratique courante réalisée
sans Doppler couleur, l’apport de cette technique devient indispensable lors
de la mise en évidence d’une lésion parenchymateuse afin d’en préciser les
caractéristiques. Cette imagerie peut également constituer dans certains cas
un document médico-légal. L’échographie ne se conçoit qu’au titre d’un
examen bilatéral et comparatif.
L’imagerie échographique de référence doit comprendre les clichés les plus
évocateurs sur support papier ou film portant le nom du patient et la date
de l’examen. Le compte rendu également daté et signé comportera les ren-
seignements cliniques et biologiques fournis par le médecin prescripteur, les
mensurations des deux testicules avec au mieux leur volume respectif ainsi
que la description détaillée des anomalies échographiques constatées.
Cancer du testicule :
quel rôle pour l’échographie ?
B. MARTIN
Aspects échographiques des tumeurs testiculaires
Ils diffèrent selon les circonstances de réalisation de cet examen. Il s’agit le
plus classiquement de la découverte d’un nodule induré palpable intrascrotal.
Il peut également s’agir d’une bourse aiguë atypique ou d’une grosse bourse
globalement indurée. L’échographie peut être l’élément révélateur lorsque
l’examen clinique s’avère normal mais qu’il s’agit de patients à risque, en par-
ticulier en présence d’une hyper-œstrogénie, d’une infertilité primaire chez
un patient aux antécédents de cryptorchidie, avec une azoospermie non obs-
tructive, ou une oligo asthéno-tératospermie sévère. Elle trouve également sa
place dans le bilan d’adénopathies rétropéritonéales ou de localisations secon-
daires pulmonaires.
Il faut également admettre que les douleurs scrotales persistantes et inex-
pliquées conduisent souvent le praticien à la réalisation de cette imagerie à
l’origine de la découverte fortuite de petites lésions non palpables.
Le nodule induré intrascrotal
Son diagnostic clinique peut s’avérer difficile, notamment dans certaines loca-
lisations hilaires ou sous-épididymaires en particulier lorsqu’il s’agit de petits
nodules (figs. 1a et b). Cette imagerie permettra dans ces circonstances de pré-
ciser la topographie voire la nature de certains de ces lésions. L’échographie
permettra également de préciser la situation extratesticulaire de certains de
ces nodules s’agissant dans ces cas de lésions bénignes à type de granulomes
ou de kystes de l’albuginé. Face à une lésion kystique, qu’elle soit intra- ou
extratesticulaire, l’image est caractéristique d’un nodule vide de tout écho avec
des contours à l’emporte-pièce associés à un net renforcement postérieur. Elle
plaide en faveur du diagnostic de kyste simple de nature bénigne.
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Fig. 1a et b – Tumeur sous-épididymaire en échographie (a), écho-Doppler (b) révélée par
une douleur scrotale persistante.
a b
Lorsqu’il s’agit d’un nodule solide intratesticulaire, il peut apparaître hypo-
ou hypervascularisé, en fonction de sa taille mais également de la qualité de
la sonde Doppler utilisée. L’hypothèse retenue sera avant tout celle d’un nodule
tumoral malin, bien qu’il n’existe pas d’éléments échographiques suffisamment
fiables pour distinguer avec certitude une authentique tumeur germinale d’un
leydigome. L’orientation est néanmoins possible avec une grande prudence vers
une tumeur à cellules de Leydig en présence d’une image hypoéchogène peu
contrastée, de petite taille au sein d’un testicule hypotrophique. À l’opposé
un nodule hypo-échogène plus contrasté avec quelques signaux vasculaires
internes conduira à évoquer plus fortement une tumeur germinale (figs. 2a et b).
Lorsqu’une chirurgie conservatrice est envisagée, en particulier chez un patient
monorchide, l’échographie constitue un élément fondamental d’orientation
topographique, la palpation de ces petits nodule s’avérant souvent difficile.
Le diagnostic différentiel échographique de ces nodules tumoraux de siège aty-
pique se fera en particulier avec la dilatation canalaire du rete testis, entité peu
connue, dont l’aspect ultrasonore est en général caractéristique, sous la forme
d’un réseau de fines structures millimétriques trans-sonores linéaires dans le
hile testiculaire. Il n’existe aucun signal vasculaire, cette lésion est de façon
quasiment constante bilatérale, plus ou moins symétrique. Elle survient chez
un homme d’âge mûr, ayant parfois des antécédents de chirurgie pelvienne.
Ce diagnostic classique entre les mains d’un échographiste entraîné utilisant
une sonde de haute fréquence correspond à une entité bénigne ne justifiant
pas d’un geste chirurgical.
Cancer du testicule : quel rôle pour l’échographie ? 57
La grosse bourse aiguë atypique
Il s’agit d’un tableau clinique inhabituel mais parfois rencontré chez le sujet
jeune compliquant parfois le diagnostic différentiel comparé aux autres patho-
logies scrotales aiguës et en premier lieu la torsion testiculaire, voire les tor-
sions d’hydatides, sans oublier certaines orchiépididymites. L’image échogra-
phique peut orienter vers le diagnostic de nécrose tumorale ou d’hémorragie
intratumorale en montrant la présence de formations tumorales hétérogènes
nécrotiques.
Fig. 2a – Nodule hypo-échogène. Fig. 2b – Même nodule avec signaux vascu-
laires.
a
b
58 Cancer du testicule
La grosse bourse indurée d’allure tumorale
L’échographie permet dans ce cas d’éliminer les diagnostics différentiels trom-
peurs, bien que rares, de tuberculose épididymaire et d’orchite granulomateuse.
La tuberculose peut être évoquée devant la présence en échographie de
nodules hypo-échogènes intratesticulaires plus ou moins confluents, généra-
lement peu vascularisés, toujours associés à une atteinte épididymaire siégeant
en général au niveau de la queue et souvent également à des anomalies pros-
tatiques et des vésicules séminales devant être recherchées lors de cette même
exploration. Une exploration échographique rénale est réalisée dans le même
temps.
L’orchite granulomateuse sera difficilement identifiée en l’absence d’élé-
ments caractéristiques. Le diagnostic sera souvent porté lors de l’analyse ana-
tomopathologique devant un tableau clinique trompeur.
Le plus souvent, cette imagerie ne fera en fait que confirmer le diagnostic
de tumeur testiculaire face à une grosse bourse indurée. La lésion apparaît
hétérogène, aux dimensions variables estimées en volume, le plus souvent
multinodulaire, hypo-échogène, plus ou moins vascularisée. L’échographie ne
peut cependant se substituer à l’analyse anatomopathologique mais ne fait que
confirmer la nécessité d’une exploration chirurgicale. Elle permet de vérifier
l’état du testicule controlatéral et pourra servir de document médico-légal, en
particulier dans un contexte d’évolution torpide infectieuse ou inflammatoire.
Le compte rendu de l’échographie devra préciser la taille de la lésion, celle-
ci pouvant constituer un facteur pronostique en particulier pour les sémi-
nomes. Sa localisation par rapport à la région hilaire, où le risque d’extension
locale est plus important, sera également indiquée. Le testicule controlatéral
sera également analysé, essentiellement la présence d’une microlithiase, son
importance pouvant conduire à une surveillance particulière ultérieure.
La recherche d’une tumeur testiculaire non palpable
La présence d’une hyper-œstrogénie biologique parfois associée à une gyné-
comastie ou une impuissance fera rechercher un nodule de petite taille, hypo-
échogène évoquant classiquement une petite tumeur à cellules de Leydig sans
pour autant pouvoir écarter formellement une petite tumeur germinale en
raison du manque de spécificité de cette imagerie. La bilatéralité possible de
ces leydigomes justifie d’une analyse minutieuse des deux glandes.
En présence d’adénopathies rétropéritonéales voire médiastinales et d’un tes-
ticule non tumoral à la palpation, l’échographie pourra révéler la présence
d’une cicatrice fibreuse ou d’une classique burn out lesion des Anglo-Saxons.
Elle peut se caractériser par la présence d’un nodule infracentimétrique arci-
forme parfois calcifié.
La présence de douleurs scrotales persistantes et inexpliquées permet dans
certains cas la découverte de tumeurs testiculaires de petite taille, notamment
de lymphomes.
En présence d’une infertilité primaire, surtout s’il existe une oligo-asthéno-
tératospermie sévère voire une azoospermie ou un antécédent de cryptorchidie,
l’échographie pourra mettre en évidence des petits nodules non palpables pour
lesquels il sera malheureusement difficile de différencier une authentique
tumeur à cellules de Leydig, d’un simple îlot d’hyperplasie à cellules de Leydig,
d’une petite tumeur germinale (figs. 3a et b).
Cancer du testicule : quel rôle pour l’échographie ? 59
Fig. 3a – Bilan d’infertilité. Petit nodule hypo-échogène. 3b) Même nodule en écho-Doppler
couleur.
a b
La microlithiase testiculaire
Elle se caractérise histologiquement par la présence de dépôts calciques lamel-
laires au sein des tubes séminifères. Sa prévalence est en fait sous-estimée par
les anatomopathologistes. Estimée entre 0,05 et 0,6 %, elle se rencontre plus
particulièrement dans le cadre de cryptorchidie, chez des sujets infertiles en
association avec certaines tumeurs testiculaires. Sa traduction échographique
est décrite pour la première fois en 1987 par Doherty (1). Les différentes études
de la littérature ont depuis conduit à une définition plus précise de cette entité.
Un minimum de cinq microcalcifications est nécessaire pour admettre ce dia-
gnostic, la bilatéralité étant possible. Mac Eniff (2) définit en fonction du
nombre de calcifications trois grades de I à III correspondant à de rares calci-
fications pour le grade I, plus abondantes pour le grade II et innombrables
pour le grade III (figs. 4a et b). L’utilisation de sondes de haute résolution
permet une meilleure définition de ces microlithiases, bien que celles-ci ne soit
pas toujours bien analysées par des échographistes mal entraînés.
Figs. 4a et b – Microlithiase de grade II (a) et de grade III (b).
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