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entreprit de dresser l’inventaire de l’Islam dans l’Afrique Occidentale Française
(A.O.F.): Études sur l’Islam au Sénégal (1917) , Études sur l'islam en Côte d'Ivoire
(1922), Études sur l'Islam et les tribus du Soudan (1920), Études sur l'islam et les tribus
maures : les Brakna (1921), Études sur l'islam maure : Cheikh Sidïa, les Fadelïa, les
Ida ou Ali (1916), Études sur l'islam en Guinée : Fouta Diallon (1921), etc.).
Pour mieux contrôler ce que certains avaient appelé « Le péril de l'Islam »
(c’est le titre de l’étude du gouverneur Louis-Gaston Binger en 1906), les français
avaient créé en Afrique de l'Ouest, au sein de leur Bureau Politique, une section
des Affaires Musulmanes dirigée par un officier. Celui-ci se devait de veiller, entres
autres, à la surveillance des marabouts sur lesquels pesait un soupçon de rébellion.
Un des premiers officiers chargés des Affaires Musulmanes était Robert Arnaud qui
écrivit par ailleurs Une politique musulmane de la France en AOF. Il est remplacé à
ce poste par Paul Marty. Ce dernier, arabisant, est considéré par certain comme
l'un des plus fins connaisseurs de l' « Islam noir » (Moriba Magassouba in L’islam au
Sénégal, demain les mollahs?). Dans son ouvrage, Études sur l’Islam au Sénégal
(publié aux Éditions Ernest Leroux, Paris, 1917, et en deux tomes. Le tome I est sous-
titré « Les personnes », le tome II, « Les doctrines et les institutions »), Marty consacre
une bonne partie à Ahmadou Bamba et à son mouvement (plus d'une centaine
de pages). Cette étude est une version légèrement remaniée d'un travail plus
ancien, Les Mourides D’Amadou Bamba (Paris, Leroux, 1913).
Son étude sur le « Mouridisme » quoique critiqué par quelques auteurs
postérieurs n'en continue pas moins d'influencer des auteurs récents au point que
l'on peut parler à la suite d'Edwar Saïd du problème du texte qui fait autorité; texte
qui acquiert plus d'autorité que la réalité qu'il décrit et que l'on ne peut écarter
parce qu'on lui donne une valeur d'expertise. Le discours de Marty est celui de
l'agent, de l'administrateur-expert, mandaté par sa hiérarchie, pour servir « l'oeuvre
civilisatrice de la France ». Il se confronte au mouvement d'Ahmadou Bamba en
tant qu'acteur d'un empire colonial. Son discours avait un usage politique certain.
C'était un discours de pouvoir. « Espion » de l'Administration coloniale, Marty avait
la tâche d'étudier les personnes, les doctrines et les institutions islamiques du
Sénégal, notamment le mouvement d'Ahmadou Bamba afin de mettre à nu ses