Fonctions attentionnelles
Les troubles de l’attention sont les conséquences les plus fréquentes d’un dysfonctionnement cérébral, tout
comme les troubles de la mémoire.
On peut compter parmi ceux-ci:
- Les troubles de la vigilance
- Un ralentissement moteur et/ou idéatoire
- Une incapacité à se maintenir sur une tâche et une distractibilité exagérée
- Une gestion déficitaire des doubles tâches ou de la transition entre tâches
- Une certaine fatigabilité
- Etc.
Qu’est-ce que l’attention?
C’est une fonction de base impliquée dans toutes les performances intellectuelles ou comportementales tant
dans la vie quotidienne que lors de l’intervention thérapeutique.
L’attention est le « confound » classique lors de toute évaluation!
Selon Lezak (1987):
« l’analyse détaillée des déficits attentionnels d’un candidat à la revalidation est de
première importance tant lorsqu’on évalue les potentialités du sujet à pouvoir bénéficier d’une prise en
charge, que lorsqu’il s’agit de déterminer l’ordre dans lequel les techniques de réentraînement seront
programmées. Lorsque les problèmes attentionnels sont marqués, il est impératif de les aborder de manière
prioritaire faute de quoi toute tentative de réentraînement d’autres aspects cognitifs sera vouée à l’échec. »
L’attention est requise quel que soit le type d’activité cognitive.
Il est difficile d’isoler les phénomènes attentionnels les uns des autres.
Les difficultés attentionnelles ne sont pas toujours accompagnées de manifestations
cliniques observables.
En conclusion, il faut toujours les évaluées lors de l’examen neuropsychologique.
« Composantes » de l’attention
L‘«
attention
» est un terme générique à
décliner (Posner & Boies, 1971):
alerte (tonique et phasique),
sélectivité, attention focalisée, capacité de traitement, attention soutenue, flexibilité, distractibilité
(8) L’effort mental
(9) La vitesse de traitement
(…) Etc.
Lors de l’examen neuropsychologique, il faut évaluer les composantes déficitaires et préservées des
fonctions attentionnelles car elles représentent une ressource importante de compensation pour dans le cas
d’autres déficits.
Cadre théorique
- Van Zomeren et Brouwer (1994) font la distinction entre deux « composantes » spécifiques de
l’attention: l’intensité et la lectivité.
Selon eux, la tâche attentionnelle varie en fonction (1) de la difficulté et de la nature de la sélection à
opérer parmi les informations présentées et, (2) de l’intensité de l’activité mentale requise.
L’intensité englobe l’alerte, la vitesse de traitement de l’information, l’attention soutenue et la vigilance tandis
que la sélectivité englobe (a) la focalisation et la flexibilité, et, (b) la capacité de traitement (qui renvoit aux
notions
d’empan attentionnel
et d’
attention divisée).
Lors de l’évaluation, il est important de tenir compte des fluctuations importantes de performance
que l’individu subit en une journée (contexte, rythmes circadiens, …)
Les « composantes » de l’attention et leur évaluation
(1) L’alerte tonique
Elle est également
appelée « arousal » et
correspond au niveau
d’activation cortical
recouvrant les
fluctuations diurnes du
niveau d’éveil et des
performances. Elle sous-
tend la capacité à réagir
de manière adéquate à
une
sollicitation/exigence
environnementale. Elle
gère les changements
graduels, généralisés,
lents et involontaires de
l’attention. Elle est
sensible au changement
du cycle circadien et ses
fluctuations se font sur
base physiologique.
L’alerte tonique dépend
du
système réticulé
activateur
ascendant
.
Ce dernier est composé
d’un groupe de cellules
que l'on trouve dans le
bulbe rachidien
(medulla), le pont (pons)
ainsi que le
mésencéphale
(midbrain).
Traumatisme
crânien en phase
aiguë:
(*) Diminution de
l’alerte tonique et
obnubilation de la
conscience.
(*) Signes
connexes:
désorientation
spatio-temporelle
et
lenteur diffuse
aspécifique (X
lenteur spécifique).
L’alerte tonique est évaluées
à l’aide de tâches sous
contrainte de temps et/ou la
vitesse d’exécution
(variable critique)
Tests:
(*) Papier/crayon: le subtest
Code de la WAIS-III
(pas
d’erreur mais lenteur)
(*) Informatique: TR simple
(médiane sur 30-40 essais)
(2) L’Alerte phasique
Elle consiste en une
facilitation instantanée
et généralisée de la
performance
(intersensorielle) induite
par un signal avertisseur
(Posner et Rafal, 1987)
.
Elle optimise l’état de
préparation
(réceptivité/réactivité)
et permet des
changements volontaires,
soudains et transitoires
(> 100 ms = effet
maximal > 500 ms < 1000
ms).
Plus précisément, l’alerte
phasique est la durée
d’intervalle pendant
laquelle l’état de
préparation du sujet est
optimale.
Ex.: athlète dans un
starting block.
Des effets
paradoxaux
peuvent néanmoins
être observés:
(*) Distractibilité:
le signal
avertisseur
entraîne
une augmentation
du TR.
(*) Dans les
pathologies
frontales, il peut y
avoir des
difficultés à
inhiber/contrôler
une réponse
motrice sur base
d’un signal
avertisseur.
[!] (3) L’attention
soutenue
est
traitement actif
ininterrompu d’un flux
d’informations,
nécessitant le maintien
continu d’un niveau
adéquat et stable
d’efficience et de
contrôle attentionnel
pendant une certain
temps.
Lorsque le flux est
trop
rapide, il y a
surcharge du système
et dépassement des
capacités
attentionnelles menant
à l’interruption de
l’activité.
Ex.: traduction
simultanée.
Causes déficit:
(*) Surcharge de
traitement
(*) Implication
d’une ou plusieurs
fonctions
cognitives
déficitaires
(*) Incapacité à
mobiliser les
ressources
attentionnelles
nécessaires à la
réalisation de la
tâche
Le déficit peut
également être
associé à l’état de
fatigue chez le
patient traumatisé
crânien et peut
durer plusieurs
mois
L’attention soutenue est
évaluée à l’aide de tâches
avec enregistrement
prolongé et continu de la
qualité ainsi que de la
rapidité des performances.
Le niveau d’exigence
cognitive est relativement
élevé, ce qui permet de
trouver la limite des
possibilités de
fonctionnement.
Une diminution progressive
de l’efficience attentionnelle
est le signe d’une
fatigabilité mentale
(augmentation TR en fin de
tâche + détérioration de la
qualité des réponses).
Test:
(*) PASAT
(Gronwall, 1977)
:
Paced Auditory Serial
Addition Task
(*) VISUAL-PASAT
(*) “N-Back 3”
[!] (4) La vigilance
est le maintien d’un état
de préparation à la
détection
d’évènements/de
changements
occasionnels, discrets,
dans un environnement
monotone (“surveillance”)
et à la réactions.
Évaluation de la capacité à
maintenir un niveau suffisant
d’efficience attentionnelle
dans des tâches monotones,
de longue durée, où
un faible nombre de stimuli
est présenté.
Ex.: vidéo-surveillance.
L’efficience attentionnelle
est estimée sur base du taux
de détections correctes, de
fausses alarmes et
d’omissions en fonction du
décours temporel (chute
normale de performance
jusqu’à un certain point).
Tests:
(*) Batterie de Zorglub
(Seran et al., 1987):
évaluation possible selon
plusieurs modalités.
(*) PVT: Psychomotor
Vigilance Task
(Dinges et al.
1987; Dorran et al. 2005)
(5) Attention
sélective
C’est le domaine de
l’attention le plus étudié,
il correspond à la
définition populaire de
l’attention: “fixer ou
porter son attention
vers…” X être distrait,
dissipé, etc.…
A. L’attention
sélective, focale et
distractibilité
Capacité à centrer son
attention sur un
stimulus tout en
négligeant les
stimulations non
pertinentes.
La focalisation est un
aspect central du
système attentionnel.
Elle se fait sous
contrôle volontaire ou
peut être
déclenchée par des
stimuli externes
(e.g.:
réflexe d’orientation)
La distractibilité est
liée à la focalisation et
consiste en une
difficulté à maintenir
le focus attentionnel en
présence d’éléments
interférents (stimuli
internes ou externes).
(*) Modèle du filtre
précoce
(Broadbent, 1958):
Face aux
situations
complexes et au
flux d’information à
gérer, il faut:
- Prendre en
compte certains
éléments
- Ignorer les
autres
(*) Effet “cocktail-
party”: le
traitement des
informations d’un
l’interlocuteur peut
être le sélectif
malgré un grand
nombre de
conversations
simultanées
(ex.:
lecture en
environnement
bruyant)
L’attention
sélective et focale
permettent investir
les ressources de
traitement sur
certains éléments
pertinents en
ignorant les
éléments
distracteurs
C’est un double
mécanisme:
activation et
inhibition
simultanée
d’éléments
différents.
Attention sélective peut être
évaluée à l’aide de
(*) épreuves de « barrage »
et/ou du
(*) “d2” de Brickenkamp
(1966,1981)
(*) tâches informatisées
telles que le paradigmes
go/no go sur temps de
réaction à choix
(*) la batterie de
Zimmermann et Fimm (1994)
(*) priming négatif/effet de
suppression
(Tipper et al.
1991)
(*) Stroop (1935)
B. Déplacement du
foyer attentionnel et
flexibilité°
Capacité à désengager
son attention d’un focus
spécifique
pour la réallouer à un
autre stimulus.
La flexibilité est la
souplesse avec laquelle
le déplacement est
exercé. Elle est
essentielle dans toutes
les situations.
Un déficit de
flexibilité peut
provoquer:
(*) des
comportement. de
persévération
(*) un manque de
souplesse mentale
en général
Dans le cas d’un
dysfonctionnement
cérébral le déficit
est toujours lié à
une héminégligence
visuelle.
Cas extrême (lésion
bilatérale pariéto-
occipitale):
syndrome de
Balint
1. Paralysie
“psychique” du
regard
2. Ataxie optique
3. Asimultagnosie
déficit dans les
habiletés de
lecture/écriture
+ risque élevé de
heurts, chutes, etc.
+ conduite
automobile
interdite
Évaluation de la flexibilité:
(*) tâches de “set shifting”,
avec passage
e.g.: Winsconsin Card Sorting
Test (WCST)
(*) Trail Making test (TMT;
Reitan, 1971)
(6) Capacités de
traitement
sont la
quantité de ressources
attentionnelles
disponibles. Elles sont
imitées et
problèmes de
gestion font surface au-
delà du seuil limite.
A. …mais s’il y a
surapprentissage, des
actions élaborées et
complexes
peuvent être
effectuées de manière
automatique
, routinière,
(Shiffrin & Schneider,
1977)
ce qui libère des
ressources de
traitement.
Les activités
automatiques sont
rapides, rigides, et
non adaptatives,
contrairement aux
activités
contrôlées, qui
elles, sont lentes,
souples et
adaptatives
Perte des automatismes:
(*) Fréquente après un TC
(*) Dans le cas d’un effort
accru d’attention volontaire
(*) Lorsqu’il y a diminution
des ressources disponibles
(
e.g.: marcher ET parler)
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !