La sélection naturelle sur les marchés financiers

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Avril 2009 – N° 2425 – 82e année
INGBulletin
PUBLICATION TRIMESTRIELLE ING BELGIQUE SA
La sélection naturelle sur les marchés financiers
Les marchés financiers célèbrent l’année
Darwin à leur manière en nous offrant
une illustration de la «sélection naturelle».
Quelles classes d’actifs résisteront le mieux
à la crise en 2009 ? Dans un portefeuille
bien diversifié, les actions américaines, les
secteurs de la pharmacie, de l’énergie, des
télécoms et des technologies de l’information, mais aussi les obligations «investment grade» semblent avoir les meilleures
chances de survie.
Nous célébrons cette année le bicentenaire de la naissance de Charles Darwin,
naturaliste anglais né le 12 février 1809, à qui l’on doit l’un des ouvrages
majeurs de la science moderne : «L’origine des espèces». Bien que contestée
par quelques illuminés, sa théorie de l’évolution et de la sélection naturelle
constitue un apport fondamental aux sciences du vivant. En effet, elle a permis
à la communauté scientifique, d’une part, de retracer «l’arbre généalogique»
de nombreuses espèces, dont l’homme, et, d’autre part, de comprendre les
mécanismes de la sélection naturelle et de l’adaptation des espèces aux modifications de leur environnement.
Mais la portée de l’œuvre de Darwin ne se limite pas à la biologie et peut, dans
une certaine mesure, s’appliquer aux sciences humaines telles que l’économie.
En effet, nous pouvons considérer que l’évolution de notre organisation économique a quelque chose de «darwinien», en ce sens que du «bouillon de
culture économique originel», deux courants de pensée majeurs ont émergé,
en l’occurrence le socialisme et le capitalisme, et que la sélection naturelle n’a
permis qu’à ce dernier de s’imposer.
Par la suite, le capitalisme triomphant a cependant traversé de nombreuses
crises qui ont chaque fois engendré de nouvelles évolutions, notamment en
matière de régulation, sans pour autant remettre en question la pérennité du
système. Ainsi, même si la crise que nous traversons actuellement est l’une
des pires d’après-guerre d’un point de vue économique, et l’une des pires de
l’histoire d’un point de vue financier, elle ne devrait pas rompre le lien «héréditaire» qui nous lie au capitalisme. Toutefois, les évolutions qu’elle engendrera
seront à son image : sans précédent ! Les mentalités changent d’ailleurs rapidement puisque même les adeptes d’un libéralisme pur et dur estiment à
présent qu’une intervention massive des Etats est indispensable pour juguler la
crise, tandis que les capitaines d’industrie, autrefois si prompts à défendre leur
indépendance, sollicitent aujourd’hui l’argent du contribuable pour assurer la
survie de leurs entreprises.
W WW.ING.BE
On peut donc estimer qu’il y aura désormais un
«avant» et un «après» 2008 dans l’histoire économique et financière, mais aussi dramatiques que
sont et seront les ajustements, ne doit-on pas finalement se réjouir que la flexibilité de notre système
économique nous permet encore d’envisager un
«après» ? La force de notre système réside dans le
fait que, à l’instar de l’être humain, il est capable
de se réinventer sans cesse pour faire face aux modifications de son environnement… qu’il a parfois
lui-même induites.
Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Dans ce contexte, nous devons impérativement
garder confiance dans la capacité à «rebondir» de
notre système économique et, même si celui-ci dysfonctionne, nous garder de jeter le «bébé avec l’eau
du bain» comme seraient parfois tentés de le faire
certains observateurs plus ou moins avisés qui, à la
«faveur» de la crise, se sont lancés dans de violentes
diatribes à l’égard du capitalisme financier.
2
S’il est vrai que des adaptations, notamment en
matière de régulation, sont indispensables, il faut
éviter de tirer des conclusions simplistes et d’avoir
une vision binaire de la situation qui opposerait,
d’un côté, les «gentils travailleurs bienveillants qui
épargnent en bon père de famille» et, de l’autre,
«les méchants banquiers et investisseurs mus par
la cupidité».
Alors que jadis il était de bon ton de critiquer les
banques parce qu’elles ne «prêtaient qu’aux riches»,
voilà qu’aujourd’hui on les accuse de «prêter aux
pauvres» pour s’enrichir. Certes, la quête de performances a été poussée jusqu’à l’excès dans le monde
bancaire, mais n’y avons-nous pas tous contribué
en cherchant la meilleure rémunération pour notre
épargne ou en exigeant de beaux dividendes sur
nos participations ? Ne souffrons-nous pas d’une
certaine forme de schizophrénie en nous infligeant
à nous-mêmes les tourments dont nous nous plaignons ? N’avons-nous pas, lorsqu’il s’agit du rendement de nos investissements ou de la rémunération
de notre épargne, oublié l’un des principes les plus
élémentaires de la finance : «there’s no such a thing
as a free lunch» ?
Il ne s’agit pas ici de critiquer l’appât du gain ; en
effet, il est vital pour l’économie car sans lui, plus de
projets, plus d’investissements… et inévitablement
un appauvrissement général. C’est le principe de la
main invisible d’Adam Smith qui établit que «des
actions guidées par notre seul intérêt peuvent davantage contribuer à la richesse et au bien-être com-
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
mun que des actions jugées plus altruistes ou vertueuses». Le développement des marchés financiers
mondiaux a généré plus de bien-être qu’il n’a fait de
tort, et tirer profit de ces investissements n’est pas
plus immoral que tirer profit de son travail.
L’investisseur indispensable
Comme les entrepreneurs, les investisseurs sont des
agents économiques indispensables au bien-être
commun. Ceux-ci sont d’ailleurs interdépendants
car, sans entrepreneurs, il n’y aurait pas d’opportunités d’investissement, tandis que sans investisseurs,
nombre d’entreprises ne verraient pas le jour, faute
de financement.
L’appel aux marchés et aux investisseurs permet
en effet aux entreprises de financer leur développement, de manière flexible et à moindre coût, en
«émettant» soit des actions, soit des obligations. En
échange, les investisseurs se voient rémunérés pour
le risque qu’ils encourent par l’octroi d’un coupon
ou d’un dividende. Ceci n’est bien entendu pas un
scoop, il s’agit du «b.a.-ba» de l’investisseur, mais
en ces temps agités, il est bon de rappeler certains
principes fondamentaux.
La crise que nous traversons a échaudé plus d’un investisseur et ceux-ci se sont détournés des actifs jugés plus risqués au profit des classes d’actifs les plus
sûres telles que les dépôts ou les bons d’Etat. Cette
stratégie s’est révélée payante en 2008 puisque,
alors que les marchés d’actions mondiaux perdaient
près de 40%, les obligations gouvernementales
européennes signaient une performance de 6,6%,
tandis que le rendement moyen affiché par la plupart des comptes d’épargne en Belgique s’établissait
à plus de 4%.
Cependant, si en 2008, dans un environnement de
taux nominaux relativement élevés, les dépôts et les
bons d’Etat étaient rois, ces classes d’actifs devraient
être nettement moins rémunératrices en 2009 en
raison des multiples assouplissements monétaires
consentis par les banques centrales.
Quelle stratégie?
L’effondrement de la rémunération des dépots va
obliger les investisseurs à prendre davantage de
risques pour maintenir leur objectif de rendement.
Il ne s’agit toutefois pas de jouer les «kamikazes»
mais plutôt de se concentrer sur les fondamentaux
économiques afin de détecter les actifs offrant la
meilleure espérance de rendement compte tenu du
risque réellement encouru.
A ce stade du cycle économique, et malgré la récession que nous traversons, nous estimons chez
ING Investment Management que, paradoxalement,
la situation actuelle offre des opportunités, tant en
matière d’actions que d’obligations pour les investisseurs qui disposent d’un horizon d’investissement
d’au moins 12 mois. La règle d’or restant bien entendu la diversification, nous recommandons actuellement aux investisseurs de conserver une parité
entre actions et obligations dans leur portefeuille.
2009 promet d’être une année difficile, tant sur le
plan économique que sur le plan financier, et si nous
estimons qu’un remake de la dépression de 1929 est
peu probable, nous sommes en revanche convaincus que nous allons au devant d’une «Grande Récession».
Cela signifie, concrètement, qu’en 2009 la plupart
des économies développées devraient afficher une
croissance négative de leur PIB. La croissance mondiale devrait quant à elle rester positive grâce à la
résilience des pays émergents qui représentent aujourd’hui plus de 30% du PIB mondial et devraient
afficher un taux de croissance de l’ordre de 3% cette
année.
Dans cet environnement économique difficile, il
convient donc de rester prudent, de ne pas se laisser distraire par les mouvements souvent irrationnels
des marchés et, au contraire, de se concentrer sur
les fondamentaux.
Si la croissance économique reste un bon indicateur
de la santé d’un pays, elle n’est pas le seul élément
à prendre en compte pour juger de l’attrait qu’il
exerce en matière d’investissements, et ce d’autant
plus que croissance économique ne rime pas automatiquement avec bonne gouvernance et bonnes
performances boursières.
Les Etats-Unis restent attrayants
Dans son dernier rapport1 sur la compétitivité des
pays, le World Economic Forum estimait que, malgré la contraction attendue de son PIB, les Etats-Unis
restent le pays le plus attrayant en matière de climat
des affaires et d’investissements, sur un total de 134
pays étudiés.
C’est également notre conviction puisque nous
surpondérons les Etats-Unis dans nos portefeuilles
d’actions au détriment de l’Europe, tandis que nous
sommes neutres vis-à-vis des pays émergents et du
Japon. Ceci peut paraître paradoxal, dans la mesure
où c’est aux Etats-Unis qu’est «née» la crise que
nous traversons actuellement, mais nous estimons,
d’un point de vue fondamental, que les Etats-Unis
sont le pays qui dispose des meilleurs atouts pour
résister à la «Grande Récession» que nous traversons. En outre, en guise de «cerise sur le gâteau»,
les investisseurs européens devraient pouvoir compter cette année sur un renforcement du dollar par
rapport à l’euro.
Il est vrai que les Etats-Unis traversent une période difficile à laquelle s’ajoute une profonde crise
d’identité dans un monde devenu multipolaire. Cependant, l’image de délabrement total de la société
américaine, véhiculée par certains médias, relève de
la caricature, voire de la malhonnêteté intellectuelle.
2009 promet d’être une année difficile, tant sur
le plan économique que sur le plan financier
En effet, les Etats-Unis ne sont pas la grande puissance déchue vouée à un déclin économique et moral inexorable, comme certains le prétendent. Malgré l’importance croissante des pays émergents dans
l’économie mondiale, ils restent de loin la première
économie mondiale, avec un PIB estimé à 14.334
milliards de dollars en 2008 (source : FMI 2008) ainsi
qu’une démocratie exemplaire qui illumine et inspire
les nations du monde entier.
Les Etats-Unis demeurent un pays résolument
tourné vers l’avenir et non pas sur sa gloire passée.
L’importance des investissements en matière de recherche et développement ainsi que d’éducation en
est une parfaite illustration. Le pays de l’oncle Sam
est, à lui seul, responsable de plus 40% des investissements mondiaux en matière de recherche et
développement, tandis que les trois quarts des prix
Nobel encore vivants y travaillent. En matière d’éducation, rappelons que les Etats-Unis abritent 6 des
10 meilleures universités au monde2 et que depuis
2000 ils ont «produit» davantage de prix Nobel en
sciences que tous les autres pays du monde réunis.
3
Loin de se reposer sur leurs lauriers, les américains
sont également réputés pour leur productivité qui,
une fois de plus, a été mise en exergue dans le dernier rapport de l’Organisation Mondiale du Travail
qui concluait que les Etats-Unis restaient le champion du monde en matière de productivité des travailleurs et que l’écart avec le reste du monde ne
cessait de se creuser.
L’économie américaine bénéficie également de l’efficacité de ses marchés financiers et singulièrement
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
du développement du NYSE Euronext qui est devenu le plus grand groupe boursier mondial et surtout
le plus liquide3. Ce détail est loin d’être anodin dans
la mesure où la liquidité est un élément indispensable au bon fonctionnement d’un marché financier
et où elle tend malheureusement à diminuer dans
une période de crise telle que celle que nous traversons actuellement. L’excellente liquidité des marchés
financiers américains leur confère ainsi un caractère
défensif fort apprécié par les investisseurs et les entreprises. Plus de 3900 sociétés sont d’ailleurs cotées
sur NYSE Euronext, représentant une capitalisation
totale de plus de 30 000 milliards de dollars et générant des volumes d’échanges de l’ordre de 140
milliards de dollars par jour. Les qualités des marchés
financiers américains sont par ailleurs reconnues par
les investisseurs du monde entier qui n’hésitent pas
à y investir compte tenu du cadre juridique relativement protecteur et de la stabilité politique qu’offrent les Etats-Unis.
Flexibilité exemplaire
Enfin, l’attitude des autorités et des agents économiques face à la crise actuelle a en outre permis de
révéler une autre caractéristique essentielle de la société américaine : sa flexibilité. Celle-ci confère également un caractère défensif au marché américain,
dans la mesure où la survie des agents économiques
en temps de crise dépend bien souvent de la rapidité
avec laquelle ils s’adaptent aux modifications de leur
environnement. A cet égard, l’attitude des agents
économiques américains (entreprises, banque centrale, gouvernement, consommateurs, …) face à la
crise constitue presque un cas d’école.
4
Une législation sociale accommodante et un marché
du travail plus flexible permettent aux entreprises
américaines d’ajuster rapidement leur masse salariale
en fonction de l’évolution de leurs activités. Certes,
le lien entre emploi et activité économique est un
phénomène universel mis en exergue dès les années
soixante par Arthur Okun4, mais la corrélation entre
ces deux variables est plus importante aux Etats-Unis
qu’en Europe. En effet, les dynamiques d’emploi
aux USA et dans la zone Euro sont légèrement différentes5 (voir graphique 1) puisque l’on observe que le
cycle de l’emploi américain suit de très près le cycle de
l’activité (corrélation de 0,75) tandis que dans la zone
Euro, cette corrélation est moins forte.
Ceci explique pourquoi depuis un an le taux de chômage américain a déjà augmenté de 2,7%, alors
qu’en Europe il n’a augmenté que de 0,7%. Les
européens ne doivent pas pour autant se réjouir de
ce découplage, car si la rigidité de notre marché du
travail et le recours plus fréquent au chômage temporaire nous ont permis de retarder l’impact social
de la crise, les forces récessives sont telles qu’une
accélération du rythme des suppressions d’emplois
semble inévitable en 2009. Par ailleurs, si le découplage de notre marché du travail peut être perçu
positivement en cas de ralentissement conjoncturel,
il constitue en revanche un handicap lorsqu’apparaissent les premiers signes de reprise.
De manière générale, le fait que les entreprises américaines aient pu adapter rapidement leur structure
de coûts (masse salariale, stocks, charges, …) au
contexte économique renforce leur compétitivité et
donc leur attrait pour les investisseurs potentiels.
Graphique 1 : cycle de l’emploi aux USA et en Europe
ZONE EURO
USA
6%
3,5%
3,5%
6%
3,0%
5%
2,5%
2,0%
4%
1,5%
3%
1,0%
0,5%
2%
0,0%
-0,5%
1%
-1,0%
0%
1997
1999
2001
2003
2005
2007
-1,5%
2009
Feb-96Feb-97Feb-98Feb-99Feb-00Feb-01Feb-02Feb-03Feb-04Feb-05Feb-06Feb-07Feb-08Feb-09
PIB (YoY - échelle de gauche)
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
emploi
3,0%
5%
2,5%
2,0%
4%
1,5%
1,0%
3%
0,5%
2%
0,0%
-0,5%
1%
-1,0%
0%
1997
1999
2001
2003
PIB (YoY - échelle de gauche)
2005
2007
emploi
-1,5%
2009
Politique monétaire offensive
La Réserve Fédérale américaine a pris conscience très
tôt de l’ampleur de la crise et de la nécessité d’intervenir rapidement pour la juguler. Dès septembre
2007, la FED a commencé à assouplir sa politique
monétaire de manière drastique, alors que dans le
même temps la plupart des autres banques centrales, à l’instar de la Banque Centrale Européenne,
maintenaient une politique restrictive pour lutter
contre l’inflation. On observe ainsi qu’entre la première intervention de la Fed et celle de la BCE, il s’est
écoulé pas moins d’un an (graphique 2), tandis que
la baisse cumulée du taux directeur américain atteignait 5% en mars 2009 contre 2,75% en Europe.
Il ne s’agit pas ici de juger du bien-fondé de l’une
ou l’autre politique monétaire, mais bien d’illustrer
la liberté d’action et donc la flexibilité de la Fed par
rapport à ses consœurs.
Cette flexibilité ne se manifeste d’ailleurs pas uniquement dans le cadre de sa politique monétaire
«classique», mais également dans la mise en œuvre
de mesures non-conventionnelles telles que les «assouplissements quantitatifs». En effet, la Fed a été
la première à envisager ce genre de mesures après
avoir constaté la faible transmission de ses assouplissements monétaires (phénomène de trappe à liquidités) aux agents économiques en raison du blocage
des marchés du crédit. Concrètement, la banque
centrale américaine s’est mise à injecter des liquidités directement dans l’économie en soulageant
le bilan des banques par le rachat de leurs actifs
devenus illiquides et/ou en acceptant ces derniers
comme collatéraux lors d’opérations de refinancement. Ceci s’est traduit par un quasi triplement du
total du bilan de la Fed en l’espace de quelques semaines (graphique 3).
Yes we can
Tant l’administration Bush que celle du nouveau
président élu, Barack Obama, ont affiché leur détermination et fait preuve de beaucoup de créativité
pour tenter de venir à bout de la crise, sinon d’en
atténuer les effets. Dès le début de l’an dernier, le
gouvernement américain fut le premier à prendre
des mesures «anticrise» avec, notamment, la mise
en œuvre d’un stimulus fiscal de 168 milliards de
dollars (1,17% du PIB) en avril 2008 ou le lancement
de programmes d’aides au secteur financier comme
le TALF (Term Asset-Backed Securities Loan Facility)
et le TARP (Troubled Asset Relief Program).
Depuis l’arrivée de Barack Obama au pouvoir, force
est de constater que le rythme s’est encore accéléré. Pour preuve, moins de deux mois après son
Graphique 2 : chronologie des assouplissements monétaires
6%
5,5%
5%
4,5%
4%
3,5%
3%
2,5%
2%
1,5%
1%
0,5%
0%
2007
2008
FED
2009
BCE
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
Graphique 3 : taille du bilan de la Fed (en milliards de dollars)
2.200
2.000
1.800
1.600
1.400
5
milliards 1.200
de
1.000
dollars
800
600
400
200
0
2002
2004
2006
2008
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
Même à l’échelle des Etats-Unis, ce plan peut être qualifié
d’ambitieux puisqu’il représente pas moins de 5,5% du
PIB américain.
entrée en fonction, il est parvenu à convaincre le
congrès de voter l’ «American Recovery and Reinvestment Act» (ARRA), son plan de relance économique d’un montant de 789 milliards de dollars.
Même à l’échelle des Etats-Unis, ce plan peut être
qualifié d’ambitieux puisqu’il représente pas moins
de 5,5% du PIB américain. Vu d’Europe, ceci laisse
bien entendu rêveur car les plans de relance les plus
ambitieux lancés chez nous atteignent difficilement
les 1,5% du PIB et la Commission Européenne peine
à fédérer les pays membres autour d’un plan de relance commun, de l’ordre ici aussi de +/- 1,5% du
PIB de la zone Euro.
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
pour alléger la pression fiscale de l’ordre de 400$
pour les individus gagnant moins de 75.000$ par
an et de 800$ pour les couples mariés déclarant
moins de 150.000$ de revenus annuels. Conscients
du risque de voir ces montants épargnés par leurs
bénéficiaires s’ils étaient payés en une fois, il a été
décidé de procéder à ces réductions d’impôts par
l’intermédiaire de diminutions de précomptes afin
d’en ventiler les effets dans le temps et de favoriser
ainsi la réinjection de ces sommes dans l’économie
plutôt que leur thésaurisation.
Graphique 4 : ventilation du plan Obama
Investissements
publics:
24%
Aides
directes:
38%
Baisses
d’impôts:
38%
Source: American Senate Finance Committee – ING Investment Management
Bien entendu, le plan de relance américain n’est pas
parfait, en ce sens qu’il ne satisfait pas à toutes les
attentes mais, compte tenu du niveau de celles-ci,
peut-on considérer pour autant qu’il s’agit d’un
mauvais plan ? Certainement pas !
S’il est vrai que, comme l’a modélisé Ray Fair, économiste de l’université de Yale, un grand nombre de
mesures ne devraient avoir un effet sur l’économie
qu’à partir de 2010, l’ ARRA n’en est pas moins un
excellent compromis entre baisses d’impôts, aides
directes et investissements publics (graphique 4).
6
Différentes mesures de baisses d’impôts et d’aides
directes devraient en outre avoir un impact rapide
sur la consommation et donc sur l’économie. Une
enveloppe de 116 milliards de dollars a été prévue
Graphique 5 : stratégie sectorielle d’ING Investment Management
SOUS-PONDERER
SURPONDERER
Services aux collectivités
Télécoms
Matières premières
Informatique
Industrie
Soins de santé
Finance
Energie
Biens de consommation
courante
-4%
-3%
-2%
-1%
Source: ING Investment Management
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
Biens de consommation
durable
0%
1%
2%
3%
4%
En matière d’aides directes, notons l’enveloppe de
27 milliards de dollars prévue pour prolonger de
20 semaines (33 dans les états ayant un taux de
chômage important) la période durant laquelle les
américains peuvent prétendre à des allocations de
chômage. Ici aussi, l’impact sur l’économie se fera
sentir rapidement car il y a peu de chances que cet
argent soit thésaurisé, étant donné que l’utilité marginale d’un dollar est plus importante pour les gens
bénéficiant d’allocations de chômage que pour les
individus plus aisés.
A côté de cela il y a bien entendu un grand nombre
de projets d’envergure qui n’auront un impact sur
l’économie qu’à moyen et long terme, mais dont
l’effet multiplicateur sera important. Les constructions/rénovations d’infrastructures en sont probablement l’un des meilleurs exemples puisque l’on estime, d’une part, que chaque dollar investi rapporte
1,59$ de croissance additionnelle à l’économie et,
d’autre part, que chaque milliard de dollars investi
entraîne la création de +/-35.000 emplois directs
et indirects. Or, le plan Obama prévoit notamment
d’allouer 29 milliards de dollars aux infrastructures
autoroutières dont l’état de délabrement important
avait été mis à jour en août 2007 avec l’effondrement d’un viaduc enjambant le fleuve Mississippi à
Minneapolis, qui coûta la vie à plusieurs personnes.
A l’annonce de ces mesures, certaines entreprises,
à l’instar de Caterpillar, ont même annoncé qu’elles
allaient pouvoir réembaucher une partie des travailleurs licenciés pour cause de récession.
Au total, les baisses d’impôts, les aides directes et
les investissements publics pourraient contribuer à
la création de près de 3,5 millions d’emplois d’ici
le quatrième trimestre 2010 si l’on en croit les estimations réalisées par Ray Fair sur la base de son
modèle économétrique. Mais que l’on croie ou non
en la pertinence du plan de relance américain et en
sa capacité à remettre l’économie sur la voie de la
croissance, une chose est sûre : il créera inévitablement des opportunités pour un certain nombre de
secteurs économiques.
Les investisseurs se doivent par conséquent de rester
particulièrement attentifs à la mise en œuvre non
seulement du plan de relance américain mais aussi
de ceux lancés en Europe et ailleurs dans le monde
s’ils veulent faire profiter leur portefeuille des opportunités que ceux-ci dégageront. Ainsi, si à court
terme un positionnement défensif reste de rigueur,
nous estimons en revanche qu’à moyen terme il
faudra réinvestir graduellement dans des secteurs
plus cycliques, susceptibles de profiter des investissements publics (graphique 5).
Graphique 6 : valorisation du secteur des soins de santé par rapport au
marché
130%
125%
120%
115%
110%
105%
100%
Notre stratégie sectorielle
95%
Les valeurs pharmaceutiques sont celles que
nous surpondérons le plus largement dans nos portefeuilles. En effet, lorsque la volatilité augmente sur
les marchés financiers, les investisseurs ont tendance
à privilégier des secteurs qui, comme le secteur
pharmaceutique, sont peu sensibles au cycle économique en raison de l’inélasticité de la demande pour
les produits qu’ils commercialisent.
90%
Le caractère défensif des valeurs pharmaceutiques
leur permet de maintenir des cash-flows ainsi qu’un
rendement du dividende relativement stables. En
outre, à l’heure où les prévisions de croissance bénéficiaire sont globalement négatives, il est intéressant
de souligner que les annalistes du réseau I/B/E/S s’attendent à une progression de 7,6% des bénéfices
du secteur pharmaceutique en 2009 en raison de
l’impact conjugué du vieillissement de la population
sous nos latitudes et du boom démographique observé dans les pays émergents.
Compte tenu de ces différents éléments, on pourrait
légitimement s’attendre à ce que la valorisation du
secteur s’envole, et pourtant il n’en est rien puisque
le secteur se négocie aujourd’hui avec un «discount» de près de 10% (graphique 6) par rapport
au reste du marché. Il s’agit donc, à notre avis, d’une
anomalie dont il convient de profiter.
85%
80%
2006
2007
2008
2009
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
valorisation actuelle du secteur (P/E ratio de 9,4), on
peut raisonnablement estimer que cette baisse de
bénéfices est déjà largement intégrée dans les cours.
Dans ce contexte, il convient de se focaliser davantage sur les perspectives à moyen et long terme du
secteur qui restent relativement «porteuses».
7
En effet, les besoins énergétiques de la planète augmentent inexorablement (graphique 7), ce qui devrait entraîner une appréciation graduelle du prix du
pétrole vers un niveau plus cohérent, d’un point de
vue fondamental, de l’ordre de 70$ le baril.
Graphique 7 : importations de pétrole chinoises et prix du baril
$148
2.650
$128
2.150
$108
Depuis le début de l’année, le secteur énergétique surperforme par rapport au marché, tout en
affichant une valorisation inférieure à celui-ci. On
peut cependant légitimement s’interroger quant à la
capacité bénéficiaire du secteur dans un environnement de prix pétroliers bas tels que nous le connaissons actuellement. Il est vrai qu’à court terme la
récession maintiendra une pression à la baisse sur
les cours pétroliers, ce qui devrait affecter les bénéfices des majors pétrolières. Les annalistes du réseau
I/B/E/S s’attendent d’ailleurs à une contraction de
près de 36% des bénéfices de l’ensemble du secteur
pétrolier en 2009. Cependant, compte tenu de la
1.650
$88
$68
1.150
$48
650
$28
$8
150
1998
1999
2001
2003
2005
2007
2009
Importations de pétrole chinoises (en 10.000 tonnes - moyenne mobile sur 24 mois)
(échelle de gauche)
Prix du baril de pétrole (échelle de droite)
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
A long terme, cette augmentation pourrait même
se révéler plus importante étant donné que l’augmentation de la demande de pétrole va de pair avec
un déclin de la production mondiale de pétrole. Ce
déclin s’explique par le fait qu’un certain nombre de
champs pétroliers géants, comme le «Ghawar» en
Arabie Saoudite ou le «Cantarell» au Mexique, ont
atteint leur «pic d’exploitation» et que leur production diminue désormais à raison de 5 à 12% par an
sans que celle-ci ne soit compensée par la découverte de nouveaux gisements équivalents.
Les spécialistes évoquent d’ailleurs de plus en plus
l’imminence du «pic global du pétrole», c’est-à-dire
le moment où la demande de pétrole dépassera
l’offre, mais se querellent encore lorsqu’il s’agit de
définir le moment exact où celui-ci sera observé.
Ainsi, dans son dernier rapport, l’Agence Internationale de l’Energie estimait que les marchés pourraient
être au bord de la pénurie aux alentours de 2012,
tandis que le président de Total estimait l’an dernier
que le pic du pétrole serait atteint à l’horizon 2020.
8
Le pétrole n’est donc peut-être plus une solution
d’avenir, mais cela n’empêche pas le secteur énergétique d’envisager le futur avec sérénité. En effet,
les réserves actuelles devraient lui assurer une rente
importante pendant quelques années encore, d’autant plus que les prix resteront à la hausse en raison
de la voracité des pays émergents. Ces profits devraient permettre aux groupes pétroliers de financer
petit à petit leur «reconversion» dans les nouvelles
énergies, secteur en pleine expansion qui devrait largement profiter du plan de relance américain.
Le pétrole n’est donc peut-être plus une solution d’avenir,
mais cela n’empêche pas le secteur énergétique
d’envisager le futur avec sérénité.
Le secteur des télécoms présente également des
caractéristiques intéressantes pour l’investisseur.
Après avoir connu tous les excès à la fin des années
nonante (endettement, diversification erratique,…),
il est revenu à davantage de rigueur et a retrouvé
son état «interphasique», c’est-à-dire un secteur traditionnellement défensif qui octroie des dividendes
largement supérieurs à la moyenne du marché
(5,8% en 2009 selon les annalistes I/B/E/S).
Depuis l’éclatement de la bulle internet, le secteur a
en outre retrouvé le chemin de la croissance grâce à
l’explosion de la téléphonie mobile qui, en quelques
années, a réussi à afficher un taux de pénétration
de plus de 80% dans les pays développés. L’élargis-
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
sement de l’offre de services mobiles a largement
favorisé ce phénomène, à tel point que l’on estime
aujourd’hui qu’entre 7 et 20% du chiffre d’affaires
des opérateurs mobiles est généré par le transfert de
données comme les SMS, dont plus de 200 milliards
sont envoyés chaque année.
Le développement d’internet a également stimulé le secteur et la généralisation des accès à haut
débit a permis aux opérateurs d’étoffer, ici aussi,
leur gamme de services en proposant, outre le
«simple» accès à Internet, des services de messagerie instantanée, de la téléphonie (Voice Over Internet
Protocol), du téléchargement de musique et même
récemment des programmes de télévision ou des vidéos à la demande.
Les valorisations des entreprises du secteur sont
attrayantes pour l’instant car, après les pics observés à la fin de l’année 2001, elles sont à présent
inférieures à celles du marché. Le secteur bénéficie
en outre de bonnes perspectives de croissance. En
effet, il devrait continuer à tirer parti de la diversification de son offre de services dans les marchés
télécoms «matures» et devrait surtout profiter de la
croissance des pays émergents où le taux de pénétration de la téléphonie mobile est encore très faible,
comme en Inde, où il n’est que de 15%.
Signalons enfin que les Etats-Unis – qui n’occupent
plus que la 15ème place du classement de l’OCDE
en matière de pourcentage de la population ayant
accès à l’internet à haut débit – ont décidé de réaliser d’importants investissements en matière de télécoms afin de déployer un réseau de fibres optiques
dans l’ensemble du pays. Ceci devrait assurément
doper le volume d’activités du secteur.
Le secteur informatique n’est bien entendu pas
épargné par la crise actuelle - il est confronté, d’une
part, à la baisse des investissements IT des entreprises et, d’autre part, à un ralentissement de la
consommation des particuliers - mais il y résiste cependant mieux que le marché dans son ensemble.
Depuis le début de l’année, l’indice MSCI World IT
a gagné 4,5%% (en euros au 25 mars) alors que
l’indice MSCI World perdait dans le même temps
6,7%. Plusieurs raisons expliquent cet écart de performance. D’un point de vue fondamental, il est important de souligner que les valeurs technologiques
ont un niveau d’endettement largement inférieur
à celui des autres secteurs - ce qui est appréciable
dans un contexte de crise du crédit - tandis que les
valorisations sont retombées à leurs niveaux de la fin
des années nonante.
Malgré la crise, le secteur devrait pouvoir compter
sur une croissance organique importante dans les
prochaines années, en raison de l’évolution de la
démographie mondiale conjuguée à l’augmentation
du taux de pénétration des ordinateurs personnels,
qui, au niveau mondial, devrait passer de 560 PC
pour 1.000 habitants aujourd’hui à près de 660 en
2011 (soit 18% d’augmentation).
Enfin, le secteur pourrait aussi profiter du plan de
relance américain qui prévoit notamment d’importants investissements IT pour digitaliser les données
médicales de l’ensemble des américains et pour
générer des gains de productivité dans nombre
d’autres secteurs.
Graphique 8 : évolution des rendements obligataires
5%
4,5%
4%
3,5%
3%
2,5%
2%
2008
Bunds à 10 ans
2009
Treasuries à 10 ans
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
Investir en obligations
Si la dislocation des marchés financiers crée certaines opportunités sur les marchés d’actions, c’est
encore davantage le cas sur les marchés obligataires
dont plusieurs segments se révèlent actuellement
particulièrement attrayants.
Durant le deuxième semestre de l’année 2008, les
rendements des obligations d’Etat ont connu une
chute vertigineuse de part et d’autre de l’Atlantique
(graphique 8). Aux Etats-Unis, le rendement des
Treasuries à 10 ans est ainsi passé de 4,15% le 23
juillet 2008 à 2,18% le 31 décembre 2008, tandis
que le rendement des bunds allemands à 10 ans
passait lui de 4,7% à 2,9% dans le même laps de
temps. Ceci s’explique, d’une part, par l’augmentation de l’aversion pour le risque des investisseurs qui,
échaudés par la chute des marchés d’actions, ont fui
massivement vers les obligations gouvernementales
et, d’autre part, par les nombreux assouplissements
monétaires réalisés tant par la Fed que par la BCE.
Depuis le début de l’année 2009, on observe cependant un léger retournement de cette tendance
dans la mesure où les Etats, à l’instar de la Belgique,
multiplient les émissions obligataires afin de financer leurs divers plans de relance économique. On
estime ainsi qu’au niveau mondial, ce sont près de
3.000 milliards de dollars qui devront être levés par
les Etats cette année, dont 800 milliards rien qu’en
Europe. Cela étant, nous restons convaincus que les
rendements obligataires resteront sous pression durant le premier semestre 2009 en raison de l’impact
conjugué du niveau élevé d’aversion pour le risque,
de la poursuite des baisses de taux (en Europe) et
des assouplissements quantitatifs (aux Etats-Unis, au
Japon et au Royaume-Uni). Le surcroît d’offre devrait, selon nous, être absorbé par l’augmentation
du taux d’épargne (graphique 9). Dans ce contexte,
nous estimons qu’il est opportun d’augmenter la
duration6 de son portefeuille obligataire durant le
premier semestre.
Durant la seconde partie de l’année, il conviendra toutefois de rester prudent puisque l’on peut s’attendre
à une lente amélioration de l’environnement macroéconomique qui pourrait conduire à un retour graduel
des taux vers leurs niveaux actuels. Cette hausse probable des taux au second semestre pourrait encore
être renforcée par l’anticipation d’une hausse de l’inflation lorsque les divers plans de relance commenceront à produire leurs premiers effets. Il conviendra dès
lors d’adapter la duration de son portefeuille conformément à la nouvelle donne économique.
9
Graphique 9 : augmentation du taux d’épargne et fuite vers la qualité
aux Etats-Unis
1.600
4,5%
1.400
4%
3,5%
1.200
3%
1.000
2,5%
800
2%
600
1,5%
400
1%
2008
2009
S&P 500 (échelle de gauche)
Rendement des treasuries à 10 ans (échelle de droite)
Taux d'épargne en % du revenu disponible (échelle de droite)
Source: Thomson Datastream – ING Investment Management
ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
1Global Competitiveness Report,
2008-2009, World Economic
Forum
2Times Higher Education Supplement
3La liquidité d’un marché financier représente la capacité à
acheter ou à vendre rapidement
les actifs qui y sont cotés sans
que cela n’ait un effet majeur
sur les prix. Plus un marché est
liquide, plus il est aisé, rapide
et peu coûteux d’y réaliser des
transactions.
4La loi d’Okun décrit une relation
linéaire entre le taux de croissance du PIB et la variation du
taux de chômage
5Philippe Ledent, ING Fixed Income Hotline n°555
6Sensibilité aux variations de taux
d’intérêts
10
Si les obligations d’Etat méritent notre attention
à court terme, elles ne doivent cependant pas
détourner notre attention des obligations d’entreprises qui revêtent, quant à elles, un intérêt à
moyen et long terme tant leurs valorisations ont
été mises à mal par l’aversion pour le risque indiscriminée de la plupart des investisseurs. En effet,
lorsque l’on se concentre sur les obligations d’entreprises disposant d’un bon rating crédit, on
observe que le surcroît de rendement, octroyé par
ces dernières par rapport aux bons d’Etat se situe
à un niveau historiquement élevé puisqu’il s’établit
à +/- 4% pour les obligations «investment grade»,
alors que la moyenne historique est de 1%. Certes,
les risques de défaut ont augmenté en raison de la
crise, mais les différentiels de taux actuels les compensent plus que largement.
crédits aux agents économiques locaux), l’on peut
supposer qu’elles réduiront d’abord la «voilure»
dans les marchés jugés moins stratégiques comme
les pays émergents.
Eu égard à ces différents éléments et malgré des valorisations que l’on peut qualifier d’attrayantes, nous
déconseillons cette classe d’actifs pour l’instant.
Grave mais pas désespéré
Au fil de ces pages, nous avons tenté de décrire le
contexte économique actuel dans toute sa complexité. Nous avons bien entendu mis l’accent sur
la gravité de la situation, mais aussi sur les raisons
qu’il y a d’espérer. Nous avons ainsi dressé une liste
non-exhaustive d’opportunités que nous exploitons
dans le cadre des mandats de gestion qui nous sont
confiés et qui nous semblent pouvoir également être
saisies par la communauté des investisseurs.
D’un point de vue risque/rendement, les obligations
Investment Grade représentent donc actuellement
l’une des classes d’actifs les plus séduisantes pour
autant que l’on veille à sélectionner les émetteurs
Même si nous ne privilégions pas le scénario d’une
de manière stricte, en ne redépression économique actenant par exemple que des
compagnée d’une spirale
Nous sommes convaincus que nous
entreprises actives dans des
déflationniste, nous resortirons de cette crise renforcés
secteurs défensifs, qui afficommandons toutefois un
chent des bilans sains et ont
positionnement défensif à
démontré par le passé leur capacité à maintenir un
court terme compte tenu de la gravité de la récescertain niveau de cash-flow en période de ralentission que nous traversons.
sement conjoncturel.
Nous sommes convaincus que nous sortirons de
Si, sur le long terme, nous restons positifs à l’égard
cette crise renforcés, mais nous sommes également
des obligations des pays émergents et en parconscients que nous devons absolument mener une
ticulier de l’Asie, en revanche à court terme nous
réflexion fondamentale quant à notre développenous montrons plus prudents, dans la mesure où
ment futur. La crise actuelle a clairement mis en évinous estimons que ceux-ci pourraient souffrir d’une
dence les limites de notre système économique, et
certaine «déglobalisation» de l’économie. On sait en
il nous faudra impérativement repenser les notions
effet que nombre de pays émergents dépendent de
de croissance et de développement si nous voulons
capitaux occidentaux pour financer leur développeêtre en mesure de faire face aux chocs économiques
ment et que la crise que traversent actuellement les
à venir tels que les changements climatiques, la déinstitutions financières oblige ces dernières à assaimographie, la fin de l’économie liée au pétrole, …
nir de manière drastique leurs bilans, en procédant
notamment à des réductions importantes de leurs
Comme le disait justement Kenneth Boulding, écoportefeuilles crédits. Dans ce contexte, et compte
nomiste anglais, «Pour croire qu’une expansion infitenu de l’aide reçue par ses institutions financières
nie est possible dans un monde fini, il faut soit être
de leur gouvernement (subordonnée à l’octroi de
fou, soit être économiste».
ING Bulletin
Vincent Juvyns
ING Investment
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Editeur responsable :
Marc Bihain
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