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ING Bulletin ING Belgique SA Avril 2009
On peut donc estimer qu’il y aura désormais un
«avant» et un «après» 2008 dans l’histoire écono-
mique et financière, mais aussi dramatiques que
sont et seront les ajustements, ne doit-on pas fina-
lement se réjouir que la flexibilité de notre système
économique nous permet encore d’envisager un
«après» ? La force de notre système réside dans le
fait que, à l’instar de l’être humain, il est capable
de se réinventer sans cesse pour faire face aux mo-
difications de son environnement… qu’il a parfois
lui-même induites.
Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Dans ce contexte, nous devons impérativement
garder confiance dans la capacité à «rebondir» de
notre système économique et, même si celui-ci dys-
fonctionne, nous garder de jeter le «bébé avec l’eau
du bain» comme seraient parfois tentés de le faire
certains observateurs plus ou moins avisés qui, à la
«faveur» de la crise, se sont lancés dans de violentes
diatribes à l’égard du capitalisme financier.
S’il est vrai que des adaptations, notamment en
matière de régulation, sont indispensables, il faut
éviter de tirer des conclusions simplistes et d’avoir
une vision binaire de la situation qui opposerait,
d’un côté, les «gentils travailleurs bienveillants qui
épargnent en bon père de famille» et, de l’autre,
«les méchants banquiers et investisseurs mus par
la cupidité».
Alors que jadis il était de bon ton de critiquer les
banques parce qu’elles ne «prêtaient qu’aux riches»,
voilà qu’aujourd’hui on les accuse de «prêter aux
pauvres» pour s’enrichir. Certes, la quête de perfor-
mances a été poussée jusqu’à l’excès dans le monde
bancaire, mais n’y avons-nous pas tous contribué
en cherchant la meilleure rémunération pour notre
épargne ou en exigeant de beaux dividendes sur
nos participations ? Ne souffrons-nous pas d’une
certaine forme de schizophrénie en nous infligeant
à nous-mêmes les tourments dont nous nous plai-
gnons ? N’avons-nous pas, lorsqu’il s’agit du rende-
ment de nos investissements ou de la rémunération
de notre épargne, oublié l’un des principes les plus
élémentaires de la finance : «there’s no such a thing
as a free lunch» ?
Il ne s’agit pas ici de critiquer l’appât du gain ; en
effet, il est vital pour l’économie car sans lui, plus de
projets, plus d’investissements… et inévitablement
un appauvrissement général. C’est le principe de la
main invisible d’Adam Smith qui établit que «des
actions guidées par notre seul intérêt peuvent da-
vantage contribuer à la richesse et au bien-être com-
mun que des actions jugées plus altruistes ou ver-
tueuses». Le développement des marchés financiers
mondiaux a généré plus de bien-être qu’il n’a fait de
tort, et tirer profit de ces investissements n’est pas
plus immoral que tirer profit de son travail.
L’investisseur indispensable
Comme les entrepreneurs, les investisseurs sont des
agents économiques indispensables au bien-être
commun. Ceux-ci sont d’ailleurs interdépendants
car, sans entrepreneurs, il n’y aurait pas d’opportu-
nités d’investissement, tandis que sans investisseurs,
nombre d’entreprises ne verraient pas le jour, faute
de financement.
L’appel aux marchés et aux investisseurs permet
en effet aux entreprises de financer leur dévelop-
pement, de manière flexible et à moindre coût, en
«émettant» soit des actions, soit des obligations. En
échange, les investisseurs se voient rémunérés pour
le risque qu’ils encourent par l’octroi d’un coupon
ou d’un dividende. Ceci n’est bien entendu pas un
scoop, il s’agit du «b.a.-ba» de l’investisseur, mais
en ces temps agités, il est bon de rappeler certains
principes fondamentaux.
La crise que nous traversons a échaudé plus d’un in-
vestisseur et ceux-ci se sont détournés des actifs ju-
gés plus risqués au profit des classes d’actifs les plus
sûres telles que les dépôts ou les bons d’Etat. Cette
stratégie s’est révélée payante en 2008 puisque,
alors que les marchés d’actions mondiaux perdaient
près de 40%, les obligations gouvernementales
européennes signaient une performance de 6,6%,
tandis que le rendement moyen affiché par la plu-
part des comptes d’épargne en Belgique s’établissait
à plus de 4%.
Cependant, si en 2008, dans un environnement de
taux nominaux relativement élevés, les dépôts et les
bons d’Etat étaient rois, ces classes d’actifs devraient
être nettement moins rémunératrices en 2009 en
raison des multiples assouplissements monétaires
consentis par les banques centrales.
Quelle stratégie?
L’effondrement de la rémunération des dépots va
obliger les investisseurs à prendre davantage de
risques pour maintenir leur objectif de rendement.
Il ne s’agit toutefois pas de jouer les «kamikazes»
mais plutôt de se concentrer sur les fondamentaux
économiques afin de détecter les actifs offrant la
meilleure espérance de rendement compte tenu du
risque réellement encouru.