Relations intergroupes : Identité, culture et nationalisme

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Relations intergroupes : Identité, culture et nationalisme
Professeur Assaad E. AZZI
Le cours sera basé sur les théories de la psychologie sociale mais aussi sur celles qui proviennent de
l’anthropologie, la sociologie et les sciences politiques.
Lorsqu'on parle de relations intergroupes, la plupart des gens pense directement au conflit. Le cours
va essayer d'expliquer pourquoi les relations intergroupes sont conflictuelles et de trouver des
solutions à ces conflits. Quel que soit l'ouvrage sur le sujet, pour justifier le pourquoi de l'article,
l'auteur parle du nombre de conflits existants dans le monde et du nombre de morts causés par ces
conflits. Depuis la dernière guerre mondiale, les conflits ethniques ont causé plus de morts que la
guerre mondiale elle-même. Ce chiffre est impressionnant. On voudrait que les relations humaines
soient harmonieuses. Lorsqu'elles ne le sont pas, on a peur et on veut essayer de faire quelque chose
pour résoudre ce problème. Beaucoup de domaines scientifiques s'intéressent à ce sujet, des milliers
de livres ont été écrits. Malgré cela, les conflits continuent. Pourquoi ? Soit les politiciens ne
tiennent pas compte des découvertes de la science, soit une discipline seule ne permet pas de
trouver la solution. C'est pourquoi ce cours se veut interdisciplinaire. En effet, le conflit implique
les individus, les groupes, les structures sociales... Une discipline seule n'est pas capable de
proposer une solution suffisamment profonde.
Évaluation
Examen écrit : questions vrai-faux, petites questions ouvertes et une question de réflexion d'une
page.
Les niveaux d’analyse
Dans le cours, on ne va pas nier les sciences qui ont un niveau d'analyse plus réductionniste comme
la psychophysiologie. On s'intéresse à la façon dont les gens perçoivent les autres groupes. On
s'intéresse aussi à l'éthologie car les conflits intergroupes chez les singes ressemblent aux conflits
humains. Il y a peut-être des bases biologiques indirectes.
La psychologie sociale est peu influencée par la sociologie. Les premiers auteurs ont été inspirés par
les sciences sociales mais les recherches récentes se font uniquement en psychologie sociale, ce
qu'on ne ferra pas sur ce cours.
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Facteurs déterminants du comportement
Qu'est-ce qui peut intervenir dans un conflit ? Il y a trois cadres explicatifs possibles. L'être humain
est un corps construit par un système biologique. Le corps est conditionné à certains comportements
et pas à d'autres, y compris le comportement agressif. L'intervention est très indirect sauf pour le
conditionnement des soldats en bataille car l'effet est immédiat. On peut, par exemple, entraîner les
soldats à ne pas se sentir moralement incapables de tuer leur ennemi. Ils apprennent à ne pas inhiber
ce qu'un humain ne devrait pas faire par sa socialisation. On conditionne aussi les sportifs à la
compétition, cela influence la sécrétion d'hormone et donc le niveau biologique.
Les processus cognitifs sont directement impliqués dans le comportement. Lorsqu'un groupe est en
conflit avec un autre, on dit, par exemple, « Les américains ont envahi l'Irak ». Pourtant, seule une
partie des Américains est concernée. Il y a une variation interindividuelle très élevée à l'intérieur du
groupe mais on considère que tout le groupe agit de cette façon-là. Le silence de ceux qui n'agissent
pas implique leur accord avec leur groupe. Les Allemands pendant la seconde guerre mondiale
étaient-ils d'accord avec le nazisme ? Pourquoi sont-ils restés silencieux ? Le silence est un acte.
Les sociologues et les historiens étudient l'environnement global. L'environnement physique et
social immédiat est plus étudié par les psychologues sociaux. Le contexte immédiat influence ce
que l'on fait, ça ne veut pas dire que la culture n'intervient pas, on a appris à se taire en classe par
exemple par la socialisation.
On va voir comment les niveaux interviennent, on ne sait rien de leur interaction.
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Facteurs impliqués dans les relations intergroupes
Dans les conflits, l'acteur fondamental est l'individu car sans lui, il n'y a pas de conflit. Les
individus sont la base de tout. La catégorisation est une représentation dans la tête des individus,
tout comme les stéréotypes, même si, pour les expliquer, on doit aller au delà des individus. Les
stéréotypes sont des représentations qui ont été apprises. Un individu s'attribue ou se voit attribuer
une identité. Par exemple, on remarque directement la couleur de la peau. Tout comme les
minorités, ces personnes ont une identité saillante et on pense à la personne en tant qu'incarnant
cette identité. On ne verra pas beaucoup le rôle des émotions dans le conflit, les émotions sont des
états individuels physiologiquement ancrés. Elles ont un impact puissant et sont très faciles à
manipuler par les discours, le conditionnement et les situations de groupe.
Au niveau de l'interaction, on ne voit plus uniquement ce qui se passe dans la tête de l'individu. La
communication est importante car les stéréotypes se développent à travers elle, via les films, livres
et média. Elle produit l'affiliation, le besoin chez l'individu d'appartenir à un réseau social. C'est
impossible de vivre seul, l'individu est donc poussé à rejoindre des groupes. Quelqu'un insulte un
autre, quelqu'un décide de joindre une milice, ce sont des comportements, cela se passe dans un
espace public, c'est un comportement vis à vis de l'autre et c'est donc bien à l'extérieur de l'individu.
L'interdépendance se produit quand on interagit avec quelqu'un. Sur un plateau de télévision, on
invite un politicien flamand et un francophone, l'ambiance chauffe, les deux individus interagissent,
l'interdépendance est négative parce qu'il y a un conflit. Le politicien est aussi interdépendant avec
les membres de son parti politique, il représente l'opinion de son parti, il n'est pas libre, il dépend de
l'opinion de son groupe. Il y a une interdépendance à l'intérieur du groupe et à l'extérieur du groupe.
Le président américain Clinton, dans les années 90, a réuni les Palestiniens et les Israéliens. Ils sont
presque arrivés à un accord mais avant de donner son accord final, le leader palestinien a contacté
un président européen qui lui a dit de ne pas accepter l'accord et il n'y a pas eu l'accord qui aurait
mené à la paix. Même avec une pression énorme, la marge de manœuvre des leaders ne s'étend pas
à l'infini. C'est la même chose pour les partis flamands par rapport à leurs affiliés. La comparaison
est inévitable car dans les relations intergroupes, les identités veulent être positives, ce qui implique
un sentiment de supériorité envers les autres groupes. La territorialité est comprise en terme de
distance interpersonnelle, politique (souveraineté territoriale). Il faut, par exemple, un visa pour
aller dans un autre pays car les pays veulent protéger leur territoire. Chez les animaux, les conflits
sont souvent des conflits territoriaux car c'est une lutte pour les ressources. La territorialité est liée à
la sécurité. Quand on vit dans une société, on prend comme évident la manière avec laquelle on vit.
Si des extra-terrestres visitaient la terre, ils seraient étonnés de voir que les êtres humains vivent
cloisonnés entre quatre murs nommés maison. Celle-ci est aussi compartimentée pour que chaque
individu ait un espace à lui. Cet espace est protégé. Cette peur est universelle et explique pourquoi
la territorialité a évolué chez les humains.
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Les interactions entre groupes sont précises, on développe nos idées dans le groupe, nos objectifs et
on détermine comment agir en fonction des autres groupes. C'est ce que les états font. Les
gouvernements décident des objectifs du pays et de l'interaction avec les autres pays. On a donc une
dynamique du groupe restreint, comme le gouvernement. Les citoyens élisent un nombre restreint
d'individu pour prendre des décisions. La pression provient à la fois de l'électorat et des autres
membres du groupe. Au sein du groupe, existe une pression vers l'uniformité, les décisions doivent
être unanimes.
On peut aussi parler de l'influence de l'idéologie, de la culture... Ces concepts appartiennent aux
sciences humaines.
Le thème
Le nationalisme (ou le racisme ou le préjugé), qui se caractérise par une revendication collective
d'appartenance à la nation (la Palestine demande d'être reconnue comme un état), entraîne la
remise en question des structures existantes au niveau des relations intergroupes et provoque le
désir soit de se désengager d'une relation d'interdépendance avec d'autres groupes, soit d'y exercer
une hégémonie (suprématie politique, économique et sociale). Qui revendique ? Beaucoup de
personnes ne sont pas d'accord, donc un groupe prétendant représenter la population exprime la
revendication. On doit comprendre à travers quel processus se construit la revendication. Si
l'Europe vire vers l'extrême droite, beaucoup de questions se poseront : que ferra-t-on des immigrés,
que deviendra l'union européenne ? Lorsque la droite gouverne, les droits des femmes sont en
danger comme en Pologne, Hongrie ou en Suisse. Les droits acquis ne sont pas forcément acquis
pour toujours, les choses peuvent changer parce qu'il y a des conflits de pouvoir qui sont des
conflits inter-groupes. Lorsqu'on a des structures sociales, on a une interdépendance en équilibre. Il
existe des règles qui régissent les conflits : entre les pays de l'Europe, personne ne se bat. Si on met
en question cette structure, tout peut changer. L'équilibre créé par la structure peut tomber à l'eau et
on ne sait pas ce qui va se passer. Les pays arabes après leurs révolutions, n'ont pas encore rétabli
un équilibre.
En Belgique, les flamands demandent l'appartenance au peuple flamand, ils mettent en question la
structure de la Belgique, ils veulent se dégager de l'interdépendance avec les francophones et
veulent y exercer une hégémonie. La police, les banques, toutes les institutions sont contrôlées par
les Flamands. Un groupe veut avoir le contrôle sur l'autre groupe. Les Francophones ont eu
l'hégémonie tout un temps. Ce genre de dynamique existe dans tous les pays du monde mais à des
niveaux différents.
D'un point de vue psychologique, la revendication d'appartenance à la nation implique que « le
groupe constitue une entité sociale », ce qui … s'articule généralement dans le cadre d'une certaine
idéologie qui (a) rend plus ou moins explicites une définition et une légitimation subjective du
groupe et de ses frontières, basée sur l'interdépendance historique, territoriale, linguistique,
religieuse ou culturelle entre ses membres, (b) diffuse un message de distinction endogroupe et de
différenciation intergroupe et (c) avance des revendications territoriales.
Une entité sociale, qu'est-ce que c'est ? Au début du 20° siècle, c'était la mode de faire de
l'ethnographie à cause d'une industrialisation et d'une colonisation importante. On découvrait des
nouvelles populations qui n'avaient jamais eu de contact avec nos sociétés. Le débat a démarré en se
demandant si ces groupes étaient des sociétés. Les anthropologues créaient leur nom s'ils n'en
avaient pas. Aujourd'hui, le débat continue. Quelles sont les frontières entre les groupes ? Les
nations sont des créations artificielles. La France n'étaient pas une nation au départ, les populations
parlaient des langues différentes. Ce sont les institutions scolaires, les administrations, les tribunaux
qui ont forcé l'utilisation du français et les dialectes ont disparu faisant de la France une nation. En
Angleterre, des chercheurs ont étudié l'évolution du nombre de personnes parlant le Gallois. En
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1925, 100% des habitants parlaient le Gallois. Aujourd'hui, plus personne ne le parle, une langue
peut disparaître super vite. Les frontières intergroupes ne peuvent pas être définies, ce sont les
groupes qui décident de créer leur frontière et d'uniformiser les gens à l'intérieur des frontières.
Mais pourquoi faut-il qu'il y ait uniformité ?
Le concept d'identité
On va essayer de l'approcher sous deux niveaux, celui de l'individu et celui du groupe.
Au niveau de l'individu : nom, apparence, personnalité, statut, rôle… On identifie un être humain
par son nom, il est unique. Le nom nous identifie en tant qu'identité individuelle. Chacun a une
apparence unique.
Au niveau du groupe : culture, histoire, nationalité, langue, religion, genre, famille politique… la
définition a été créée par un groupe, elle n'est pas comprise si on regarde uniquement l'individu, il
faut la voir au niveau du groupe. On va au niveau du groupe pour répondre à la question, c'est quoi
être chrétien ? Tous les individus d'un groupe ont quelque chose en commun.
Il y a un lien avec le concept "soi" : Le soi englobe l'ensemble des caractéristiques individuelles qui
font qu'une personne est différente des autres ou semblable à eux. C'est le nœud du problème.
Quand on dit qu'on est une femme, ça veut dire qu'on se différencie des hommes et on partage les
caractéristiques des autres femmes.
La théorie de l'identité sociale
Tajfel (1981) définit le groupe psychologique en s’inspirant de la définition de « nation » proposée
par Emerson (1960) : « The simplest statement that can be made about a nation is that it is a body of
people who feel that they are a nation ». Un groupe est un ensemble d'individus qui disent qu'ils
sont un groupe.
Selon Tajfel, l’identité sociale associée à un groupe psychologique (tel qu'il est revendiqué par ses
membres, le groupe sociologique est défini par le sociologue) est constituée par au moins trois
composantes : composante cognitive, composante évaluative et composante émotionnelle. On va
les étudier l'une après l'autre
Les dimensions du soi (identité)
La dimension cognitive : ensemble de croyances qu'une personne entretient à propos de son
identité. Ce n'est pas facile à mesurer. Quand on fait des études, on a très peu de traits qui
différencient les deux groupes (Flamand et Francophone) et pourtant ils se trouvent différents.
Même si les différences sont peu nombreuses, elles sont super importantes. Comme entre les
hommes et les femmes, il y a très peu de différences et même de moins en moins de différences
comportementales mais celles qui restent constituent des choses importantes qui définissent les
deux groupes. Il ne faut pas beaucoup de différences pour créer une représentation de deux groupes.
La culture vient pour exagérer les différences anatomiques qui existent, l'identité de genre est une
des premières identités sociales chez les enfants, on se demande à quel point elles sont imposées.
Les jeux, les vêtements sont séparés. Objectivement, on ne sait pas où sont les différences mais les
individus s'emploient à agir de manière à ce que la différentiation existe dans les groupes. Si on
catégorise les gens en deux groupes, on essaie d'accentuer la différence entre les deux groupes et
diminuer les différences au sein des groupes. Cette différentiation est la conséquence de la
dimension évaluative. Elle résulte de la catégorisation.
La dimension évaluative : évaluation qu'une personne fait de chacune de ses identités. Si on crée
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une catégorisation, on a tendance à vouloir définir notre identité comme positive, distincte et un peu
meilleure que les autres catégories, on a tendance à avoir un biais pro-endogroupe. Notre groupe est
un petit peu supérieur à l'autre groupe. Les gens ont besoin d'une identité positive. On ne peut
arriver à une évaluation qu'à travers une comparaison sociale. On place notre identité sociale audessus de celle de l'exogroupe.
La dimension émotionnelle : émotions évoquées (fierté, patriotisme, honte, culpabilité, haine)
lorsqu'une identité est rendue saillante. Cette dimension n'a été étudiée que récemment.
La dimension cognitive
Il y a une distinction entre identités personnelles et identités sociales.
Si on agit par rapport à nos attributs personnels, on agit par rapport à l'autre personne dans un
comportement interpersonnel. De l'autre côté, on a un comportement intergroupe. Il y a un
continuum entre les deux.
Un homme et une femme sont collègues. Ils sont dans une réunion et doivent résoudre un problème.
Dans cette situation, il agissent avec leurs attributs personnels, leur compétence pour trouver la
solution. L'identité de genre n'intervient pas. S'ils sont tout deux célibataires et se rencontrent dans
un bar, ils agissent l'un vis à vis de l'autre de façon différente, leur action peut être guidée par leur
appartenance de genre, ils vont agir différemment mais ils ne le font pas de cette manière au bureau
sinon, ça pourrait être du harcèlement sexuel. Il n'y a pas une forme pure de comportement
interpersonnel et intergroupe, c'est un mélange, c'est pourquoi la ligne est continue.
Un soldat est envoyé sur le front d'une bataille, il doit combattre pour la première fois, c'est une
situation intergroupe, il agit pour son groupe, l'autre est l'ennemi. Dans certains cas, il peut être face
à l'ennemi qui le supplie de ne pas le tuer parce qu'il a un enfant. S'il hésite, il n'est plus dans une
situation intergroupe, un autre aspect inhibe le comportement intergroupe. Les nazis ont enlevé tous
les attributs humains des juifs pour les traiter autrement que comme des êtres humains.
On postule l'existence d'identités multiples. Chaque identité est activée dans un contexte particulier.
Il peut aussi y avoir un conflit entre deux identités. Par exemple, une doctorante provenait d'un
ghetto de la ville. Après sa thèse, elle présente ses recherches lors d'une conférence pour la première
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fois. Elle est très contente et lors de la réception après la conférence, elle va à la rencontre des
autres pour avoir de la reconnaissance. Quelqu'un l'appelle au téléphone et lui parle en Espagnole.
Cet appel a été difficile pour elle car elle ne voulait pas dévoiler qu'elle faisait partie de cette
société, elle a été rappelée à une identité qui n'était pas pertinente à ce moment-là.
Le schéma ci-dessus montre une structure cognitive dévoilée par des mesures en psychologie
sociale cognitive. Une femme se représente différemment en fonction de ses différents rôles.
Lorsqu'elle pense à elle-même en tant que mère, elle a certains attributs, lorsqu'elle pense à elle
comme femme, elle en a d'autres. Pour chaque rôle, elle a une série d'attributs qui la caractérisent.
La personne est donc multiple, les attributs peuvent ne pas être cohérents les uns avec les autres. On
pourrait être timide comme femme mais autoritaire comme professeur. Les attributs ne sont pas
activés en même temps et donc ne sont pas contradictoires. L'exemple démontre la complexité de la
personne et le cumul de plusieurs identités chez la même personne. Cependant, il n'y a pas de vécu
d'incohérence car la vie est compartimentée.
Chez les jeunes, le comportement vis à vis des parents est complètement différent de celui avec les
copains. Ça pourrait être difficile de se retrouver en présence à la fois de ses parents et de ses
copains.
Goffman explique comment les gens négocient les identités lorsqu'ils se trouvent en interaction et
les processus qui sous-tendent la mise en scène des identités. La marge de manœuvre est contrainte
par le contexte et par la reconnaissance de l'autre. Dans l'affaire DSK, il y avait des choses pas
correctement négociées dans la situation, elle est donc perçue de façon contradictoire par les deux
parties. En général, ce n'est pas le cas. Les gens subissent l'influence des autres et influencent les
autres.
Dans les relations intergroupes, les identités peuvent être imposées. Les membres des groupes
minoritaires n'ont pas le choix, ils ressentent cette identité comme imposée. C'est incontrôlable par
les individus, les catégories sociales minoritaires sont visibles à notre insu, on ne peut pas ne pas les
voir. Le premier choc est inévitable face à une personne handicapée car c'est très visible, on ne peut
pas être naturel.
La catégorisation
Le point de départ de l'identité personnelle est la distinction entre soi et autrui qui apparaît à l'âge
de 18 mois peut-être avant mais on n'en est pas certain car c'est difficile à mesurer. Si on compare le
développement de soi aux États-Unis et en Inde, on constate qu'au départ, il n'y a pas de distinction
entre soi et autrui. Au cours du temps, en Occident, ce sont les caractéristiques personnelles qui
deviennent les plus importantes alors qu'en Inde, les liens avec les autres restent dominants.
Le point de départ de l'identité sociale est la différenciation entre groupes sociaux qui est le
résultat du processus de catégorisation.
Le processus de catégorisation nous permet d'organiser notre monde en classes distinctes,
organisées d'une manière hiérarchique (Ross, 1973) dans des systèmes taxonomiques des objets
(tables et chaises), animaux (chiens et chevaux) et personnes (hommes, femmes ; noirs, blancs ;
timides, osés ; généreux, avares ; avocats, psychologues). On se catégorise et une fois que la
catégorisation est faite, elle domine nos activités quotidiennes. Le processus est naturel mais plus ou
moins influencé par le social. Il est clair dans notre tête qu'une table est différente d'une chaise
parce qu'on a des représentations. La forme est un peu différente et on ne peut pas les confondre
quelque soit la couleur et la forme de la chaise.
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La théorie de l'auto-catégorisation (Turner et al, 1987)
Lorsqu'on doit faire la différence entre un chat et un chien, on ne doit pas se placer dans le
classement, ce n'est pas le cas lorsqu'on doit catégoriser des être humains, par exemple les noirs et
les blancs. On fait nous-même partie d'une catégorie.
Les représentations cognitives du soi prennent la forme d’auto-catégorisations : des groupements
du soi avec d’autres stimuli considérés semblables ou identiques.
Il existe plusieurs catégorisations du soi, chacune étant accessible dans un contexte particulier.
Ces auto-catégorisations font partie d’un système hiérarchique de classification à différents
niveaux d’abstraction, les catégories les plus inclusives étant les plus abstraites. Nous sommes tous
des êtres humains, c'est la catégorie la plus abstraite sauf si on inclut les extra-terrestres. Les êtres
humains font partie des mammifères et au sein des êtres humains, on peut faire aussi des
catégorisations.
Trois niveaux de catégorisation sont pertinents pour les relations intergroupes : supraordonné
(humains qu'on ne différencie pas entre eux, on partage les mêmes caractéristiques), intermédiaire
(intergroupe, on sépare l'humanité en plusieurs sous-groupes : le genre, l'âge, la race, la langue...), et
personnel. Lorsqu'on se place dans un groupe, on se perçoit comme étant semblable aux autres
membres du groupe. On a une différenciation entre les groupes et une ressemblance dans le groupe.
Au niveau personnel, on pense à soi en fonction de nos caractéristiques qui nous différencient des
autres.
Niveaux de catégorisation
Le grand rectangle représente la Belgique. À l'intérieur, il y a une distinction entre a et b, les
Francophones et les Flamands. À l'intérieur des cercles, il y a des différences personnelles. En
fonction du contexte, on va penser à soi de façon différente. Il y a de la pression pour que les
membres de chaque groupe se conforment à leur groupe, le comportement intergroupe doit être le
plus présent.
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Niveaux d’inclusion
La réalité est plus complexe mais on observe bien les processus. Quand les gens pensent à euxmême à un certain niveau, c'est ce qui caractérise ce niveau qui est important dans leur tête.
Pour réduire les tensions, il faut trouver une identité qui regroupe les deux sous-groupe pour
pouvoir par exemple faire face à un ennemi commun. Au niveau individuel, on peut mobiliser ou
démobiliser des identités en jouant sur ce qui est important à un moment donné.
Les catégories sont formées et activées par le processus de comparaison sociale : les individus sont
comparés en fonction des différences et ressemblances entre eux ; mais ils sont comparables
seulement quand ils sont similaires à un niveau plus élevé de comparaison. Flamands et
Francophones partagent des milliers de caractéristiques et se séparent sur 2-3 caractéristiques mais
ce sont celles-là qui deviennent importantes si on pense à soi en tant que groupes différents.
Par exemple, la comparaison entre flamands et wallons est psychologiquement possible à partir du
moment où les deux groupes font partie d’une catégorie supra-ordonnée (la Belgique). On peut
comparer les flamand et les francophones car ils ont beaucoup de choses en commun et qu'ils font
tous deux partie de la Belgique.
La formation d’une catégorie et le classement d’un individu quelconque dans cette catégorie
dépendent du principe du méta-contraste.
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Antagonisme entre niveaux de catégorisation
On minimise les différences au sein des catégories et on met l'accent sur les différences entre
catégories. En haut, on met l'accent sur les caractéristiques communes.
Ce principe implique la maximisation des différences entre les membres de catégories différentes
(la différenciation) et la minimisation des différences entre les membres d'une même catégorie
(l'homogénéisation).
Un principe d’antagonisme fonctionnel marque les effets de la saillance d’un niveau par rapport
aux autres niveaux de catégorisation : seulement un niveau peut être saillant à la fois. Si, par
exemple, le niveau intergroupe est saillant, les ressemblances entre les deux catégories au niveau
supra-ordonné ainsi que les différences entre les individus au sein d'un même groupe deviennent
moins accessibles.
On remarque presque le même principe pour les objets quand on fait deux classes d'objet, on met
l'accent sur les différences et au sein de la catégorie, on donne de l'importance à la ressemblance.
On peut accepter que cet antagonisme ait un ancrage cognitif même si le prof a des difficultés avec
cela mais ce n'est certainement pas uniquement cognitif. Il y a des antécédents sociaux et des
conséquences cognitives.
Le problème de la généralité de l’accentuation dans la perception catégorielle.
La dépersonnalisation
Les facteurs qui accentuent la saillance des catégorisations intergroupes ont aussi tendance à
augmenter l'identité perçue (la similitude, l'interchangeabilité) entre le soi et les autres membres de
l'endogroupe. Il en découle une dépersonnalisation de la perception de soi chez l'individu :
l'individu s'attribue les caractéristiques stéréotypiques de son endogroupe.
Si on est francophone et qu'on écoute un débat à la télévision entre politiques, on réagit en tant que
francophone, on pense à nous même comme francophone et on réagit en tant que francophone et on
répond au député flamand, on ne peut pas rester indifférent et se détacher de son identité, d'autres
francophones font la même chose et on ressent le besoin que les autres francophones réagissent
comme nous, il y a une pression à se penser comme francophone et à vouloir une réaction
homogène et unie. C'est le point de départ de tout processus de groupe. Il faut aller à la
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manifestation, baigner dans la foule et écouter les discours, on a l'impression d'être comme les
autres et les émotions ressenties sont les mêmes, on est identique et on agit de la même manière. Le
moment du conflit, c'est lorsqu'il y a un mouvement soit de la foule, soit de la police qui est perçu
comme étant menaçant par l'autre groupe. On se perçoit comme un groupe de chaque coté avec une
frontière entre les deux, le potentiel de conflit à la frontière est réelle. La confrontation peut se faire
aussi avec un autre groupe, les émeutes peuvent tourner d'un groupe contre un autre. C'est le cas en
Irlande du nord, surtout quand il y a un mouvement de foule, une marche est l'occasion d'un conflit.
C'est très provocateur. Ce sont des circonstances physique où il est mentalement inévitable de rester
indifférent. Le comportement intergroupe est un comportement collectif. Les membres agissent de
la même manière vis à vis des membres de l'autre groupe.
La dépersonnalisation de la perception de soi est le processus fondateur des phénomènes de groupe.
Tout comportement de groupe découle d'un changement du niveau d'abstraction de la perception de
soi chez l'individu.
La dépersonnalisation ne doit pas être considérée comme une perte d'identité chez l'individu mais
plutôt comme un changement du niveau d'abstraction de l'identité impliquée dans une situation
particulière. Les différentes composantes de la perception de soi (les croyances relatives aux
diverses auto-catégorisations) se forment à travers les processus d'influence sociale. Ces autocatégorisations ont alors le même statut conceptuel que les attitudes et croyances, dans leurs
origines, formation et changement.
Si une personne ne veut pas être catégorisée, ne veut pas être affiliée, elle complique ses relations
avec les autres car les gens veulent nous classer dans différentes classes pour pouvoir interagir avec
nous. Lorsqu'il est arrivé comme étudiant aux USA, les gens étaient mobilisés pour les élections
présidentielles. Le premier thème d'intérêt était l'avortement, il n'avait pas d'avis et ne savait pas
pourquoi on discutait du sujet et les gens ne comprenaient pas qu'ils ne prennent pas position, c'est
comme s'il était contre eux, le monde veut dicotomiser les choses. Les individus doivent être classés
dans des classe sinon, on ne peut pas les connaître et interagir avec eux. C'est comme si on ne savait
pas si quelqu'un est un homme ou une femme. Dans l'impossibilité de classifier, on ne sait pas agir.
On a une auto-catégorisations ce qui conduit à la dépersonnalisation du soi. On attribue des
caractéristiques aux membres des groupes : stéréotypes et auto-stéréotype.
Critiques
Il est possible de trouver dans l'analyse de Turner l'implication selon laquelle les identités ethniques
et les identités nationales supra-ordonnées devraient s'exclure mutuellement, en ce sens que seule
l'une d'entre elles pourrait être saillante ou forte à un moment donné.
Beaucoup de sociologues (p. ex. Geertz, 1975 ; Gellner, 1987) et de responsables politiques
soutiennent ce point de vue. Ils estiment que le processus de formation d'une nation entraîne
l'éradication des identifications ethnoculturelles ou "primordiales" et leur substitution par
l'identification civique à l’État supra-ordonné. Ils pensent aussi que le processus de mondialisation
de la société entraîne la fin de l'"État-nation" lui-même (Hobsbawm, 1990) et la fin des identités
nationales, ethniques, culturelles. On peut débattre sur le processus de décolonisation, les états ont
pris leur indépendance dans les années 60-70, ils n'existaient pas avant, on ne sait pas ce qui existait
avant les colonies. Le débat était : pourquoi dans ce processus de décolonisation, les pays ont
sombré dans des conflits ethniques ? Comment construire une nation, une société où les individus
se sentent citoyens d'un pays, semblables les uns aux autres. Les langues sont différentes, c'est un
groupe de tribus, il faut quelque chose de commun entre les individus, des lois, une institution, une
culture partagée, au 16° siècle, les identités ont été construites en Europe, ça a pris 100 à 200 ans, ça
n'a pas encore était construit à certains endroits. Pour créer un état, il faut intégrer les populations
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qui y vivent et il faut des choses en commun comme la langue et la culture. Si les gens partagent les
mêmes valeurs, ils peuvent constituer une nation. Les citoyens doivent se considérer comme
appartenant à un état. Il faut une identification civique. Il faut de la solidarité. L'individu doit être
lié à l'état. Cela mène à un débat sur l'intégration ou la désintégration des nations. Il est presque
impossible de construire une nation à partir de plusieurs cultures d'un jour à l'autre, les cultures
doivent fusionner et construire une nouvelle culture qui unit tous les gens.
En France, à la fin du 19°siècle, peu de gens parlaient le français. Avec une administration
centralisée, des écoles, des tribunaux, ... tout le monde a fini par parler le français. La France a été
construite. Plusieurs langues et cultures ont disparu. Il s'est passé la même chose en Allemagne et en
Angleterre. Le pays de Galle, en 1925, a fait une enquête dans les établissements scolaires, la
majorité de la population parlait uniquement le Gallois. En 1975, personne ne parle plus
uniquement le Gallois. Il n'y a pas ces données pour la France, les intellectuels français sont très
nationalistes. Aucune autre langue n'est aussi protégée que le Français en France. En Chine, il y a
400-500 ethnies différentes que le système communiste essaie de détruire, avec la libéralisation, on
voit émerger des tendances culturelles différentes. Ça indique une problématique qui doit être
adressée, ce n'est pas que des processus cognitifs.
On crée une impression d'insécurité pour dire que l'intégration n'a pas marché alors que le taux de
sécurité augmente.
Étant donné que, dans la théorie de la catégorisation de soi, l'antagonisme fonctionnel entre les
différents niveaux de catégorisation est généralement lié aux mécanismes de saillance, il faudrait,
de toute évidence, distinguer le concept de "saillance catégorielle" du concept de "degré
d'identification" (la théorie semble confondre les deux termes). Ainsi, on pourrait considérer que,
alors que la "saillance catégorielle" active l'identité sociale liée à la catégorie saillante, le "degré
d'identification" détermine le seuil relatif à l'activation d'une catégorie particulière en plus des
conséquences émotionnelles et comportementales potentielles de cette activation. Plus
l'identification à un groupe est forte, plus bas est le seuil relatif à l'activation d'une catégorie et de
son identité et plus élevée est la valeur émotionnelle attachée à cette identité.
La saillance catégorielle est la présence à l'esprit d'une catégorie en fonction du contexte. Il faut
distinguer cette notion du concept de degré d'identification. On suppose que l'identité sociale
préexiste dans la tête de l'individu. L'attachement est indépendant de la saillance catégorielle. Par
exemple, pour certains Libanais, leur identité libanaise est importante et quand elle est rendue
saillante, il saute complètement dessus pour défendre cette identité et montrer son importance. La
saillance a activé l'identité et elle est utilisée pour démontrer l'attachement à cette identité. Lorsque
quelqu'un est fort attaché à son identité mais obligé de la dissimuler, cette identité ne doit pas être
saillante, est-ce pour autant qu'il s'identifie moins à cette catégorie ? Il la dissimule pour survivre. Il
y a donc deux concepts différents : la saillance et le degré d'attachement. Le degré d'identification
est quelque chose d'émotionnelle et pousse l'individu à agir. La saillance d'une catégorie ne
fonctionne pas uniquement par l’auto-catégorisation. Si on est fortement identifié à une catégorie,
n'importe quel stimulus peut l'activer. L'individu pense plus facilement à une catégorie s'il y est fort
attaché.
La notion de seuil appartient à la psychologie cognitive : qu'est-ce qui dans l'environnement va
automatiquement déclencher une pensée, faire appel à une pensée ?
Il faut donc complexifier la théorie pour prendre en compte les situations d'interaction entre les
différentes identités inscrites dans la mémoire.
Le fait que la catégorisation entraîne une accentuation des différences et des similitudes suppose
que les identités de groupe sont, du moins en partie, "construites" socialement. Cela ne signifie
cependant pas que les représentations catégorielles et les groupes eux-mêmes, d'ailleurs, soient le
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produit de l'imagination pure. Dans la tête et le discours d'un individu, quand il agit selon une
identité, il accentue les différences qui distinguent l'endogroupe et l'exogroupe. Les catégories sont
construites sur base de différences accentuées comme si ces différences n'existaient pas comme s'il
n'y avait qu'une construction imaginaire des groupes comme certains auteurs le pensent. On ne sait
pas délimiter les frontières exactes de chaque groupe.
Au contraire, il est probable que le processus de construction sociale s'appuie au départ sur les
différences réelles entre les catégories sociales. Ces différences pourraient être physiques (p. ex. la
couleur de la peau, la taille, les traits du visage), institutionnelles (les différentes institutions
religieuses, sociales ou politiques), linguistiques, territoriales, etc. Il existe parfois des différences
socioculturelles subtiles (dans les coutumes, les normes et les règles qui régissent l'interaction et la
communication sociales quotidiennes). Il peut avoir beaucoup de ressemblances entre deux groupes
mais les différences sont suffisamment importantes pour produire la perception de différence.
Le défi pour étudier les autres cultures est grands. Peut-on comprendre une culture qui n'est pas la
nôtre ? Qu'est-ce que les psychologues transculturels étudient ? Quand on compare l'Inde et les
États-Unis face à l'attribution, on attribue les résultats à une différence culturelle mais laquelle ? On
ne sait pas l'attribuer à quelque chose de précis dans la culture. Certains pensent que l’anthropologie
doit être purement comparative car les anthropologues ne seraient pas capables de comprendre
vraiment une culture. Pour d'autres, il faut s'immerger dans la culture pour la voir de l'intérieur. On
peut raconter plein de choses sur une culture, est-ce que ça reflète la réalité ou les biais qu'on a
appris à travers ce que d'autres ont raconté ? La majorité des éléments qui font une culture sont
vécus par l'individu mais pas représentés, c'est ce qui fait qu'on peut réagir de manière automatisée
avec des gens qui ont la même culture. Ensuite tout ce qui a été automatisé n'est plus valable. C'est
la confrontation qui lui fait penser sa culture en terme d'objet et qui fait sentir ce qu'est sa culture. Il
y a des différences réelles mais la science n'est pas capable de dire quelles sont ces différences
réelles. Les différences sont implicites et les frontières ne sont pas précises.
Les adolescents peuvent former un sous-groupe s'ils développent d'autres manières de parler, de
couper les mots par rapport à leurs parents. On peut imaginer que c'est comme cela que les groupes
culturels se sont formés. Pourquoi autant de langues sur terre alors que certaines se ressemblent ?
Malgré cela, les quelques différences sont des éléments culturels qui distinguent une population
d'une autre et qui leur permet de se construire et de voir qu'ils sont différents des autres et se donner
un nom.
Identités multiples
« J’ai constamment insisté jusqu’ici sur le fait que l’identité est faite de multiples appartenances ;
mais il est indispensable d’insister tout autant sur le fait qu’elle est une, et que nous la vivons
comme un tout. L’identité d’une personne n’est pas une juxtaposition d’appartenances autonomes,
ce n’est pas un ‘patchwork’, c’est un dessin sur une peau tendue ; qu’une seule appartenance soit
touchée, et c’est toute la personne qui vibre.
On a souvent tendance à se reconnaître, d’ailleurs, dans son appartenance la plus attaquée ; parfois,
quand on ne sent pas la force de la défendre, on la dissimule, alors elle reste au fond de soi-même,
tapie dans l’ombre, attendant sa revanche ; mais qu’on l’assume ou qu’on la cache, qu’on la
proclame discrètement ou bien avec fracas, c’est à elle qu’on s’identifie. L’appartenance qui est en
cause - la couleur, la religion, la langue, la classe… - envahit alors l’identité entière. » (Amin
Maalouf, Les identités meurtrières, 1998).
Ça va à l'encontre de toutes les recherches en psychologie sociale mais on a l'impression que ce
qu'il dit est vrai. La théorie dit que chacune des identités est saillante séparément. C'est un argument
philosophique. La psychologie sociale n'a pas estimé la façon dont on se sent toujours la même
13
personne. Il y a une perception de constance, d'entitativité malgré les identités multiples que les
gens ont. On ne doit pas l'expliquer par l'ensemble des identités. Mais l'individu évolue, il ne reste
pas le même. Il y a une évolution des entités.
Lorsqu'une identité est attaquée, elle peut devenir saillante tout le temps car on veut rehausser son
image, on a alors des stratégies qui peuvent par exemple être l'affichage de son identité. C'est
surtout en Occident que les Musulmans affirment leur identité. Donc il y a d'autres processus pour
qu'une identité soit saillante, le seuil devient très bas pour qu'elle soit activée. On interprète tout
mouvements des autres comme discriminatoires, les autres personnes deviennent suspectes.
Les identités multiples peuvent être représentées sur une toile d’araignée. Il y a plusieurs identités et
elles sont liées car ce sont les mêmes personnes. Si une identités est touchée, tous les liens sont
touchés en même temps, elles peuvent avoir des poids différents en fonction de leur importance
pour l'individu (le degré d'attachement à cette identité). On peut imaginer des nouvelles hypothèses
pas encore imaginées.
Degré d'identification : modèle
Il y a trois niveaux d'identification : humain, inter-groupe, inter-individu. L'identité Flamande est
imbriquée dans l'identité Belge qui est imbriquée dans l'identité Européenne. En fonction du degré
d'identification, on a des profils différents. Le a, c'est par exemple quelqu'un de la NVA, le b est
plus modéré pour son attachement à la Flandre.
Pourquoi a est-il séparatiste ? Il a peut-être été mobilisé par un discours, c'est un facteur sociopsychologique ou autre chose. La théorie n'a pas la capacité d'expliquer pourquoi certains ressentent
plus une identité que d'autres. On peut la mesurer via la théorie de John Berry mais on ne mesure
que le degré d'acculturation pour les immigrés, on devrait adapter le modèle pour mesurer les
identités.
On peut ainsi comprendre les gradations des comportements conflictuels. On sait qu'il y a des
conflits inter-groupes. Est-ce que c'est naturel ou pas ? Il se peut que ce soit comme une maladie en
médecine, les gens ne veulent pas tomber malade mais ce n'est pas possible de faire autrement. Le
conflit fait partie de la vie mais il ne fait pas toujours appel à la violence. Il faut donc séparer la
question du conflit à celle du conflit violent, ce n'est pas juste des gradations différentes, les
comportements ne sont pas les mêmes.
Si un immigré s'identifie un peu à la Belgique, il devrait moins participer à des émeutes provoquées
par des musulmans radicaux. Au départ, les gens veulent s'identifier aux deux identités mais ils sont
face à des refus comme si la Belgique ne voulait pas d'eux et les études ont montré que c'était ces
personnes qui devenaient intégristes ensuite à force d'être rejetées.
On n'a pas une confiance totale sur nos théories mais ce n'est pas pour cela qu'on ne doit rien dire
sur ce qu'on connaît.
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La dimension évaluative : La théorie de l’identité sociale (Tajfel et
Turner, 1986)
Les individus cherchent à s’affilier avec des groupes qui leur confèrent des identités sociales
positives.
L’évaluation d’une identité sociale ne peut être accomplie que par la comparaison sociale entre
l’endogroupe (le groupe auquel l’individu appartient) et un exogroupe particulier.
Plusieurs stratégies comportementales sont disponibles pour l’individu afin de parvenir à
améliorer la valeur d’une identité sociale.
Des facteurs sociologiques et psychologiques influencent l’accessibilité ou la disponibilité de ces
stratégies et, par conséquent, le choix qu’un individu fait entre ces stratégies.
Jusqu'à quel degré l'identité flamande a-t-elle été fabriquée avec la communauté française de
Belgique, c'est le seul contraste qui compte pour eux.
Stratégies comportementales
La discrimination : favoriser l'endogroupe par rapport à l'exogroupe dans la distribution des
ressources et dans l'évaluation des comportements, performances ou traits, constitue une stratégie
commune visant à affirmer l'identité positive de l'endogroupe.
Démonstration expérimentale : le paradigme des groupes minimaux vise à montrer que la
discrimination (favoritisme, ou biais pro-endogroupe) apparaît dans des conditions minimales.
L'ethnocentrisme mène à la discrimination, on se pense meilleure que les autres et donc on se donne
plus que ce qu'on donne à l'autre. Dans l'émergence des états, la distribution des ressources est un
enjeu important. C'est la clé de beaucoup de conflits. Mais il ne faut pas généraliser au niveau
collectif comme dans le cas d'une guerre, ce n'est pas un individu qui agit. Les individus du même
groupe ne vont pas forcément réagir de la même manière.
Lorsque certains Américains procédaient au lynchage des noirs, c'est parce que des normes le
permettaient et peu d'individus le faisaient, tous n'auraient pas été capables de la faire. Les lois ne le
permettaient pas, ça dépendait de normes implicites. La discrimination était différente, on ne leur
donnait pas d'emploi, ne les laissait pas travailler où ils voulaient. La discrimination est un
comportement qui peut mener à la violence mais il faut ajouter des conditions. Ces processus ne
mènent pas forcément à la guerre, il ne faut pas regarder que les individus, il faut voir quels
mécanismes ajouter.
Le paradigme des groupes minimaux (Tajfel et al., 1971)
Les chercheurs ont créé des groupes qui n'existent pas en réalité et ils se demandent quelles sont les
conditions minimales pour qu'il y a discrimination.
Ils ont montré des peintures à des élèves et en leur demandant s'ils aimaient. Avec la réponse, ils
créent deux groupes en fonction des préférences pour un artiste ou l'autre. Dans une autre
expérience, les élèves sont répartis aléatoirement. Les participants doivent partager des points entre
les membres des groupes. Il y a deux expériences différentes.
15
En haut, les participants peuvent choisir l'égalité 11/11, on donne la même chose à chacun. En
général, les gens ne s'éloignent pas trop de l'égalité mais il partage de façon favorable à
l'endogroupe.
Sur la deuxième échelle, plus on favorise l'endogroupe, plus on réduit la différence. Les gens font
des choix vers 10/7 pour donner un peu plus à l'endogroupe. Les gens sont prêts à sacrifier l'intérêt
absolu de leur groupe pour lui permettre de se différencier de l'exogroupe. Ça marche chez les
enfants. La quantité absolue ne compte pas. C'est la preuve de l'importance de la comparaison
sociale.
Est-ce qu'on défavorise forcément l'exogroupe ? Selon certain oui parce que ça favorise
l'endogroupe. Une deuxième approche est possible. On peut imaginer que cette différentiation soit
motivée par une recherche de la distinction mais pas du favoritisme, on veut montrer qu'on est
différent des autres mais pas forcément meilleurs. Il y a certainement des gradations en fonction de
l'importance des enjeux, si c'est possible, on cherche la distinction mais pas la supériorité mais
quand on se bat pour des ressources, c'est différent, ça ne peut aller que dans le sens de la
discrimination. Les deux comportements sont possibles et il faudrait trouver les conditions où
apparaissent l'un et l'autre et c'est là que le débat devrait se trouver. On ne peut pas nier l'existence
de la discrimination mais il faut l'expliquer.
La théorie de l'identité sociale distingue deux types de stratégies :
1. Les stratégies individuelles : quitter un groupe pour un autre (cf. mobilité sociale ;
émigration ; assimilation : être perçu comme les membres du groupe d'accueil ce qu'on peut
observer dans les États formés par l'immigration comme les États-Unis) ; mise en valeur
d'autres appartenances ou des caractéristiques individuelles ; la discrimination ; les
stéréotypes => négatifs pour l'exogroupe = positifs pour l'endogroupe. Les mouvements de
population ont toujours existé, quitter son groupe pour aller ailleurs. Quand on arrive dans
un pays, on est en bas de l'échelle sociale et on a tous envie d'y monter car c'est la manière la
plus direct d'arriver individuellement à améliorer son statut. L'individu peut se dé-identifier
de son groupe d'origine (comme la doctorante) pour affirmer une autre identité (celle de
chercheuse). Des individus accumulent des objets de valeur puis les distribuent gratuitement
à d'autres et ça leur donne beaucoup de valeur. C'est un rituel observé et qui est très
ostentatoire, on donne pour se donner de la valeur au regard des autres. Donc la
discrimination concerne aussi la valeur symbolique. On veut posséder des objets pour leur
valeur sociale comme les vêtements de marque. Les stéréotypes créent de la différentiation
mais ils ne sont pas d'origine individuelle mais d'origine sociale, ils sont construits et
partagés socialement. Mais l'adoption de stéréotype par un individu ou son utilisation a pour
but de se donner une valeur positive
2. Les stratégies collectives : redéfinition de l'identité du groupe (sur d'autres ou de nouvelles
dimensions : black is beautiful car ils percevaient aussi leur identité de façon négative donc
16
des leaders ont voulu créer une identité plus positive) ; conflit social avec revendications
pour un changement de la structure sociale (égalité des droits ; pouvoir ; etc.). Dans toutes
les cultures, les humains ont recherché un statut, l'accumulation des objets de valeur qui leur
permette de se définir un statut supérieur aux autres gens. Ce n'est pas pour la valeur
matérielle mais pour la valeur symbolique et sociale de la possession de ces objets. Les noirs
sont conçus comme étant paresseux, maintenant, ils mettent en avant leurs qualités dans le
domaine du sport, de la danse, de la musique. Cela permet de compenser la négativité. On
veut être le meilleur pour une certaine dimension. La plupart des recherches demandent à
l'individu s'il a l'intention de signer une pétition, participer à une manifestation... il n'y a pas
eu beaucoup de recherche sur la participation réelle à des manifestations collectives.
La légitimité et la mobilité sont étudiées en fonction de la perception de l'individu. Est-ce que
l'individu perçoit de la légitimité ? On ne veut pas savoir si la légitimité est là mais ce que l'individu
perçoit. C'est la même chose sur la perméabilité entre les groupes. Les stratégies dépendent de ces
deux facteurs.
Cela explique le paradoxe suivant : malgré un régime non démocratique et donc une grande
distinction entre les classes et l'absence de classes moyennes, il n'y a pas de révolution. Les paysans
étaient très très pauvres et ils n'avaient aucun espoir de changer de statut. Pourquoi ils ne se
révoltaient pas ? Parce qu'ils pensaient que c'était dans l'ordre des choses, que c'était leur destin et
donc que c'était légitime. Lorsqu'il y a une perception de perméabilité, tous les individus vont
vouloir quitter le groupe donc les noirs voudraient devenir blancs. Cela aboutirait à l'assimilation si
les frontières sont perméables. Tout le monde ne va pas se lancer dans cette stratégie individuelle.
Quand les frontières sont imperméables, les gens n'ont pas le choix. En Afrique du sud, il y avait
une interdiction et donc aucune possibilité d'action. Dans ce cas, il n'y a que l'action collective qui
peut mener à quelque chose.
Peut-on imaginer que si une opportunité s'ouvre, l'individu quitte automatiquement son groupe ?
Est-ce qu'ils veulent être traités comme tous les autres ? La théorie n'a pas tord dans la perception
américaine du « color blind », les Américains prétendent ne pas percevoir la couleur des personnes
et que les autres ne la perçoivent pas non plus, cette norme est très forte aux États-Unis, les gens ne
peuvent pas parler de la race ouvertement en public dans la rue. Par exemple, un chercheur affiche
qu'il a besoin de sujets pour une expérience d'appartenance Afro-américaine, ses affiches sont
automatiquement déchirées car ce n'est pas correct de parler de la couleur. Ces normes forcent à ne
plus être raciste. Elles sont dues à l'histoire du pays, au passage de l'esclavagisme à des droits
égaux. C'est à travers les normes implicites que la société a été transformée. Tous les noirs ne
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veulent pas forcément ne plus avoir d'attache à leur groupe. Ça vaut la peine de lire les discours de
Martin Luther-King. Il était pour la dé-catégorisation : on est tous les mêmes. En même temps des
mouvements culturels américains se sont développés et cela a touché la population. Les gens ne
veulent pas nier leur appartenance à leur groupe d'origine mais la théorie ne le permet pas. La
théorie de Berry explique mieux cela. 10 à 15% ont tendance à s'assimiler. 30-35% veulent
s'intégrer, être membres du pays d'accueil tout en maintenant leur identité d'origine. Les personnes à
tendances séparatistes refusent d'être attachées au pays d'accueil et pour la marginalisation, les
personnes ne s'attachent plus à personne, ils sont déconnectés de la société.
Extensions du Soi
Le modèle a été développé en critique à la TIS, il est inspiré de ce qui a été écrit en sociologie sur
l'évolution du nationalisme dans le monde. Comment la terre entre le 16 ème et le 20ème siècle s'est
transformée en zone géographique claire avec des frontières et donc des états ? Les humains sont
citoyens d'état, ça n'a pas toujours existé. L'état social a le droit d'exister et de diriger, on peut
étudier l'émergence de ce sentiment dans l'histoire. Ce modèle pourrait expliquer le lien entre
l'identité de l'individu, l'identité du groupe et cette représentation que les identités ont des frontières
donc on peut concevoir le soi sur deux dimensions, une spatiale et une temporelle.
Le cercle vert est le soi. Tous les humains ont développé une représentation de leur frontière
physique, l'individu est un corps et quand il meurt, on le voit mais on imagine que la personne a
maintenant une forme invisible sans frontière. On donne un nom au corps, il a une identité, on lui
donne un nom et un prénom, c'est universel. Pourquoi tous les individus ont un nom et un prénom ?
Avant les gens n'en avaient pas, on était identifié en fonction de l'identité familiale. Cela met
l'individu dans le spatial et le temporelle car il est associé à ses parents. L'individu n'est pas juste
représenté comme étant un objet qui vient de nul part et qui peut exister indépendamment de tout
attache. L'individu est identifiable en tant que attaché à sa famille et à une ligne d'ancêtres.
Il y a plusieurs identités et type d'identités possibles, est-ce qu'on peut les expliquer par les mêmes
processus ? Non, pour les identités sociales, comme celle du genre, c'est différent. Les
identifications sur le modèle sont celles qui forment la base du nationalisme, les identités
ethnoculturelles. On est identifiable physiquement et par notre nom mais aussi on nous conçoit
comme ayant une continuité dans le temps. On croit que l'individu, né il y a 30 ans est le même que
celui qui est là aujourd'hui. Cette croyance est universelle et c'est pour cela qu'on ne change pas de
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nom. Dans certaines cultures, on a des nouveaux noms en passant à l'âge adulte. Après la mort, la
représentation continue, on a notre nom sur la tombe. On enterre les morts, on ne les laisse pas par
terre. Les gens respectent les morts car on croit qu'il y a encore une essence. Il y a une notion de
sacré aussi, on n'a pas le droit de déterrer le mort. Les humains pensent aussi à leur progéniture, ils
ont de l'espoir pour elle. Chez les animaux, il y a une séparation totale après la puberté, l'animal doit
quitter son groupe d'origine pour éviter la reproduction entre individus avec les mêmes gènes. Les
groupes sociaux peuvent être décrits comme ontologique tout comme les groupes ethniques. Les
groupes sociaux ont développé des mythes d'origine et c'est universel.
Un squelette datant de 5000 ans a été trouvé en Angleterre, il était bien conservé. L'ADN du
squelette a été étudié ainsi que celui des habitants du village pour voir s'il y a eu une continuité. Un
type avait un ADN apparenté, il était super ému de cette découverte. Grâce à cette ligne vers les
ancêtres, le rapport avec le squelette est totalement différent, il a le droit de dire quelque chose sur
ce squelette. On se construit d'une manière particulière. Le soi englobe les ancêtres et on va les
défendre comme soi-même. Les humains ont un attachement fort à leur lignée. Toutes les identités
ne peuvent pas devenir meurtrières mais celles qui se construisent de cette manière le peuvent.
Par exemple, nous vivons dans des espaces contraints, soit une chambre, soit un appartement. Notre
sens de la sécurité fait que lorsqu'on rentre chez soi, on se sent à l'aise, on est « protégé ». Cela
semble évident, on ne le regarde pas d'un air critique. Pourquoi les gens exigent le droit de cet
espace qui est le leur ? Personne d'autre n'a le droit d'entrer, c'est universel (territorialité), ce sont
des espaces privés de la personne même un policier ne peut pas entrer sans un ordre. Tout comme
l'espace corporel que nous avons, le lieu où nous vivons est privé. On préserve aussi un espace
autour de nous pour parler aux gens. Lorsqu'on est seul dans l'ascenseur, si quelqu'un entre et se met
à côté de nous, on ressent de l'inconfort, on va peut-être bouger. Si la personne se met devant vous
frontalement, c'est encore pire. L'espace privé est plus grand devant que derrière. Pourquoi ne
pourrait-on pas généraliser à un espace plus large pour la famille ? L'espace de la famille est
protégé, l'espace de la patrie aussi. Ce n'est plus étonnant de voir que le principe fondamental de la
constitution des nations unies, est la constitution d'états souverains qui se reconnaissent comme tels.
L'état gère ce qui se passe entre ses frontières. Qui a le droit d'être violent ? Les policiers quand ils
représentent l'état pour protéger, l'armée pour protéger les frontières ou le peuple.
Le groupe ethnique est en pointillé car les gens s'identifient à un groupe ethnique et à un territoire
qui est amorphe, c'est avec l'émergence des nations que les territoires ont été déterminés. Les
nations ont créé des frontières arbitraires pour le besoin de créer des frontières, de protéger un
territoire et de réduire les tendances à aller envahir le territoire voisin. On a vu ça dans les guerres
mondiales. La territorialité sert la fonction de maintenir la paix sauf en cas d'envahissement. Est-ce
que les frontières ont toujours ces fonctions ?
19
La régulation de l’agression
Sur son territoire, le comportement est agressif pour protéger le territoire. L'autre sera le premier à
manifester des comportements de soumission et à se retirer.
La violence est contrôlée par un système hiérarchique. Quelle est la probabilité qu'une poule donne
un coup de bec à une autre poule ? A donne à tout le monde, B donne à C et D, C donne à D et D ne
donne à personne. Il peut y avoir du changement mais ça prend du temps et ça doit venir à un
moment donné où A n'est plus agressif. Les constructions sociales partent de certains modèles chez
les autres espèces.
La frontière de la famille est connue. Si des enfants sont issus de père inconnu, ils recherchent leur
père une fois adulte. On doit se définir les contours de la famille. Pour les groupes ethniques, les
frontières sont floues. Pourquoi on a besoin de créer des frontières ? Pour se sentir en sécurité, ce
concept est étudié tout le temps en politique.
Les institutions sont aussi des entités, l'ULB a une certaine territorialité même si elle n'a pas de
perspective ontologique. Quels sont les groupes qui ont le droit d'avoir leur entité reconnue ? Est-ce
qu'on veut vraiment avoir une Belgique ?
Les publicité sur les chaînes flamandes montrent qu'ils ne veulent pas d'une Belgique. Lors du
tremblement de terre à Haïti, il y a une pub pour demander des dons, sur les chaînes francophones,
on met la croix rouge de Belgique alors qu'en Flandre, on parle de la croix rouge flamande qui
n'existe pas. Pour une publicité sur le dentifrice, on dit qu'il est approuvé par les dentistes flamands,
les gens sont bombardés pour ne pas entendre le mot Belgique.
Territorialité : un animal A est sur son territoire et B est à l'extérieur du territoire. Les animaux
laissent des traces à l'extérieur du territoire. Le comportement agressif ou de soumission dépend de
ce facteur-là. Chez lui, A ne lâchera pas prise facilement ce qui n'est pas le cas à l'extérieur de son
territoire. Le comportement territorial peut se réaliser par groupe. Un groupe peut attaquer
collectivement un autre groupe qui entre sur son territoire. Le combat peut être fatal. La territorialité
semble servir au contrôle de la sécurité. La norme est reconnue par tout le monde : personne ne peut
entrer dans notre espace privé sans notre permission sinon on a le droit d'agresser. Il peut y avoir
une faible influence génétique de ce que doit être notre protection mais il y a une élaboration
importante du point de vue psychologique. La frontière du territoire est construite socialement car
les États d'aujourd'hui n'ont pas toujours existé. Les frontières peuvent gonfler ou se rétrécir donc
elles n'ont sans doute rien à voir avec la biologie.
La théorie de l'auto-catégorisation permettrait de penser qu'il faudrait créer une identité supraordonnée qui implique tout le monde afin de diminuer les conflits entre les groupes. C'est idéaliste
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et ça ne questionne pas de façon scientifique la question de l'identité pour les individus ou le
groupe. Est-ce qu'il y a une taille optimale pour un groupe ? Le groupe doit en effet répondre à
certains besoins des individus. Est-ce que s'identifier à un groupe large est utile ? On peut essayer
de comprendre les dynamiques identitaires en fonction des tailles des groupes. Jusqu'où peut-on
élargir des frontières pour que les gens se sentent en sécurité ? On a jamais pensé à la taille
nécessaire pour servir certaines fonctions.
De la communauté ethnique à la nation (A.D. Smith, 1986, 1991)
La communauté ethnique ou ethnie est définie comme une population nommée avec :
1. Une association avec un territoire historique spécifique
2. Un mythe sur l'ancestralité commune
3. Des mémoires historiques partagées
4. Un ou plusieurs éléments différenciateurs de culture commune
5. Un sentiment répandu de solidarité collective.
Où met-on les frontières ? Smith (politologue, historien) a étudié l'évolution dans le temps des
mythes des communautés ethniques. Dans un ouvrage, il explique comment les nations ont émergés
sur la base des noyaux communautaires (communautés ethniques). Elles se sont représentées
comme étant des nations voulant déterminer leur destin et pas assujetties à des envahissements de
toute part.
Nommée : les ethnologues ont découvert des sociétés qui ne s'attribuaient pas de nom et d'autres qui
s'en attribuaient un. Celles qui s'attribuaient un nom avaient des mythes d'origine. La nation se
construit comme un objet étendu dans l'espace et le temps. Est-ce que l'utilisation d'un nom propre
augmente l'entativité de ce groupe ? D'un point de vue géographique, on ne peut pas avoir
l'émergence de culture dans n'importe quelle condition. Les gens doivent être proches et il faut un
échange important entre les différents villages, en tout cas pour mettre la langue et les règles
culturelles en commun, c'est ce qui va permettre de donner un nom, il faut quelque chose en
commun. Il faut un lien avec le passé et une extension dans le temps. Dans les sociétés, on raconte
l'histoire du groupe. Les groupes se considèrent comme existants depuis toujours.
Groupe préindustriel : en Amazonie : les archéologues ont trouvé des traces d'un squelette humain
de moins d'un mètre. Ils lui ont donné le nom de Hobbit. Y a-t-il un lien entre cette espèce humaine
et les humains qui vivent là maintenant ? Ils ont découvert que les tribus indigènes de ces régions
parlaient de gens plus petit qu'eux, il y avait bien un tradition orale de la présence de personnes de
petite taille mais on ne sait pas depuis quand. Le débat est devenu plus chaud, peut-être que cette
espèce existait encore il y a 100 ans, le squelette datant de 1000 ans. Ont-ils pu coexister avec les
humains jusque maintenant ? Parfois, les constructions mythiques se basent sur quelque chose et ne
viennent pas de nul part, on ne peut pas les supprimer parce qu'on n'a pas les preuves aujourd'hui.
Est-ce que le mythe de la bible est correct point de vue timing ? Le débat est : qu'est-ce qui est
faux ? On sait que les humains existent depuis des centaines de milliers d'années, est-ce que
l'histoire de la bible est fausse ? Il y a des reconstructions mais il peut avoir des éléments qui ont eu
lieu. Par exemple, on a découvert dans une région de la Turquie, un lieu qui pourrait correspondre à
l'inondation durant l'épisode de Noé. À cet endroit, il y a une montagne qui se retrouve dans la
bible, ils ont découvert des villages enfuis en dessous de la base du lac. Donc il y avait bien des
gens qui ont été inondés et recouverts par la terre et par l'eau. Ça ne prouve pas l'histoire de la bible
mais ça veut dire qu'on ne doit pas prendre ces histoires à la légère.
Maintenant, ce sont des professeurs d'histoire qui réécrivent l'histoire, celle-ci peut être vue
21
différemment. Pour le groupe ethnique, il y a une construction de l'histoire pour des éléments
importants par les membres du groupe.
Lorsqu'il y a plusieurs groupes linguistiques, c'est la langue qui sépare le plus évidemment les
groupes, la langue est vraiment une frontière même quand on apprend la langue de l'autre. On ne
doit pas tout ramener à l'existence d'aujourd'hui.
Solidarité : concept important en psychologie sociale. Il était appliqué à des groupes restreints, on a
jamais élargi à des groupes plus grands. La taille maximale pourrait être définie par la taille qui
permet une solidarité entre les membres du groupe. Ce sentiment est mesuré pour l'interdépendance
entre les membres d'un groupe.
La nation émane de l’ethnie
La nation est définie comme une population nommée avec :
1. Un territoire historique spécifique
2. Des mythes et des mémoires historiques communes
3. Une culture publique de masse commune
4. Droits et devoirs légaux communs
5. Une économie commune
Le modèle de la nation se base sur celui de la communauté ethnique, qui le précède. Le modèle de
nation ajoute des éléments de la modernisation.
Il y a peu de différences entre la nation et l'ethnie. Pour les nations, l'histoire est plus formelle, les
jours fériés sont des moments clés de l'histoire. Une culture publique, c'est quelque chose de partagé
entre les gens qui peut être informel ou formel (ensemble de lois). La culture publique est connue.
Les anthropologues ont étudié comment les tribus étaient organisées politiquement avant le 19°
siècle. Dans les sociétés sans écriture tout doit être dit oralement. Il existe des règles de gouverance,
ça ne peut exister que si le groupe est retreint sinon il n'y a pas de possibilité de créer des règles en
commun parmi des gens qui ne se sont jamais rencontrés. Les lois sont écrites et transmises à tout le
monde simultanément. Sans l'écriture, les nations ne seraient jamais apparues.
Modernisation : la structure politique, l'économie et la technologie, la modernisation dans les idées,
la notion de démocratie. Le modèle de la nation qui s'est généralisé, c'est le modèle d'après la
révolution française, adopté par la révolution américaine puis par la république française. Ce
modèle a été adopté par certaine démocratie en Angleterre aussi depuis le 18° siècle. Les nations
telles qu'elles existent aujourd'hui ont des constitutions écrites avec des idées modernes telles que
les droits, la citoyenneté, la souveraineté, la démocratie.
Le nationalisme comme conséquence de la modernité (Gellner, 1983)
Le changement structurel des relations de production, et notamment la mobilité croissante des
produits et des travailleurs, fait pression en faveur de l'uniformisation culturelle à l'intérieur
d'espaces politiques.
Les unités politiques centralisent les moyens de reproduction culturelle, surtout linguistique, et
imposent l'uniformisation (par ex., systèmes d’éducation nationaux).
Des nouveaux candidats (groupes) suivent le modèle.
La caractéristique de modernité est due à l'industrialisation. Sans cela, on aurait pas vu apparaitre ce
modèle de nation et on n'aurait pas pu expliquer que ce soit arrivé en Europe et pas en Afrique. En
22
Asie, aucune nation moderne n'est née avant qu'ils ne reprennent le modèle occidental.
La migration des villages vers les villes a forcé l'uniformisation. À partir du moment où les gens ont
déménagé, ils doivent s'adapter et ils perdent leur propre culture. C'est la même chose que l'effet de
la globalisation, tout le monde devient uniforme. Il s'est passé la même chose avec la formation des
nations. Les historiens ont démontré que jusqu'à la fin du 19° siècle, la langue n'était pas parlée par
plus de 90% de la population. S'il y avait des études de comment les choses ont évalué, on l'aurait
vu partout. Tous les écrits d'histoire jusqu'au 19° siècle étaient en latin, les gens qui pensaient
écrivaient en latin et on a créé des langues écrites proches du peuple.
Les unités politiques sont les écoles, on uniformise dès le départ.
La nation comme communauté imaginée (Anderson, 1983)
Le nationalisme n'est pas une idéologie, mais un modèle culturel, comme la religion et la parenté,
dont il existe plusieurs variétés. Ce modèle définit la nation. Celle-ci est une communauté
politique imaginée (pas imaginaire ou fausse) d'une façon déterminée. Elle est imaginée dans le
sens que le sont toutes les communautés plus grandes que des villages (on ne connaît pas tous les
membres).
Qui le droit de dire ce qu'est un groupe ? L'antropologue, le sociologue ou le membre du groupe ?
Tout ces groupes sont le produit de la pure imagination, il y a des groupes parce qu'on les crée mais
ce n'est pas l'argument d'Anderson.
La communication est le fondement des sociétés, comment est-il possible qu'il puisse y avoir un
groupe où les membres n'ont pas l'opportunité de communiquer les uns avec les autres ? Dans le
village, on a une certaine connaissance des autres personnes du village et d'autres villages. Cela
permet la construction d'un mythe d'origine et d'une communauté.
Facteurs impliqués dans la genèse de la nation (Anderson, 1983)
L'interaction entre un système de production : le capitalisme ; une technologie : l'imprimerie ; et
la diversité linguistique humaine ; par :
1. La saturation du marché du latin car la plupart des gens ne connaissait pas le latin. L'église
catholique était en latin.
2. L'impact de la Réforme protestante. Au lieu d'avoir un empire par la force, les protestants
ont essayé de publier dans les langues locales et d'aller vers les gens. On a eu le début de la
publication bon marché dans la langue du peuple. Pour cela, il fallait que le peuple sache lire
mais les gens lisaient pour les autres. La plupart des écoles étaient des écoles religieuses.
Les protestants n'utilisaient pas le pouvoir pour contrôler mais l'accès direct au peuple.
3. Les éditions populaires bon marché en vernaculaire (propre à une région) ;
4. L'adoption de langues vernaculaires comme langues administratives (parfois avant
l'imprimerie).
Evolution de la nation (Anderson, 1983)
Chaque langue écrite unifie plusieurs langues vernaculaires. Les limites sont imposées par la
syntaxe, la grammaire, et le niveau d'abstraction de cette langue.
Les langues vernaculaires écrites créent un champ de communication possible qui s'étend sur un
territoire limité - ces champs formeront une des bases fondamentales du modèle de la communauté
nationale (cf Karl Deutsch).
23
Les langues écrites, en même temps qu'elles homogénéisent, fixent les langues temporellement :
ceci produit une continuité temporelle de la culture à l'intérieur de la communauté.
La langue écrite est artificielle, on doit la créer car c'est la langue parlée qui est naturelle. La langue
écrite n'évolue pas elle est contrôlée par une institution, elle impose l'uniformisation et
l'homogénéisation. On étend cela sur un territoire limité.
C'est parce que la France a forcé le Français qu'il y a une protection de la langue, elle n'a pas le droit
d'évoluer. En Anglais, on peut utiliser des termes novateurs, en Français, on ne peut pas créer de
nouveaux termes, c'est contrôlé par l'académie française. C'est une décision institutionnalisée.
L'anglais n'est plus fixé temporellement, il appartient à tout le monde. Il n'y a pas de contrôle
centralisé, elle va où les utilisateurs l'emmènent.
Deux grands éléments : les éléments structurels et l'idéologie.
Les éléments structurels : la différence est due aux différences géographiques des gens. Il y a eu une
évolution très rapide en Europe au 18°, 19° siècle avec le développement d'une interdépendance
politique (beaucoup de mouvements politiques) et aussi l'économie commence à changer. Ça a
commencé au 16° siècle par la Hollande, c'était une compagnie. Les ports deviennent les centres les
plus importants des échanges commerciaux.
On peut critiquer les journées du patrimoine. En effet, quand on visite un château et qu'on regarde
les objets, ils ont des inspirations anciennes d'origine autre que Française. Tous les rois étaient en
contact avec l'extérieur et ils ramenaient des objets par goût pour l'exotisme. L'architecture n'est pas
unique, il y a une influence des différents pays dans tous les sens. Et donc, la situation est
embrouillée sur les frontières. Il peut y avoir des ethnies différentes qui vivent sur le même sol et
une forte pression pour l'homogénéisation.
Mobilité sociale : les gens pensent que même si on n'est pas fils de roi, on peut améliorer sa
24
situation, cette idée n'existait pas avant mais elle se généralise avec le temps, c'est pour cela que les
gens ont commencé à bouger. De nos jours, c'est un droit de bouger, il en résulte l'augmentation des
salaires, l'indexation du salaire, la loi pour les promotions... Personne dans le monde n'accepte l'idée
de faire le même travail toute sa vie. L'espoir dans la vie, c'est que nos enfants aient un meilleur
avenir que nous et ailleurs.
C'est du à l'industrialisation, on a besoin que les gens bougent pour aller travailler. Il y avait des
incitants réels. Ensuite, il y a eu la formation d'états territoriaux.
Souveraineté : l'état nous définit. On est des individus avec des droits parce qu'on est né sur un sol
qui nous a donné la citoyenneté. Les gens doivent demander d'entrer dans le territoire pour avoir la
citoyenneté. On a des obligations aussi, l'état va contrôler la violence et les interactions au sein des
territoires, si on ne respecte pas les lois, on perd nos droits. On est libre tant qu'on respecte les lois
du pays. La souveraineté ne doit pas s'occuper de ce qui se passe dans le pays voisin. La
souveraineté est associée à la mise en marche des processus d'uniformisation. Il faut éduquer les
gens. La pression scolaire est exercée dès la maternelle, le niveau de stress est élevé chez les enfants
aux Japons, c'est le même niveau de stress que les adultes en l'occident. On apprend à devenir
comme les autres. On suit un chemin tracé vers une profession. Cette pression à l'homogénéisation
fait émerger deux tendances possibles. Elles n'apparaissent pas en même temps. La première
tendance est séparatrice, elle est due à l'existence de nation homogène avec des communautés
différentes, plein de groupes ethniques. En même temps, il y a la pression vers l'hégémonie. La
majorité essaie de contrôler les minorités, soit en les assimilant, soit en les chassant.
En Tchécoslovaquie, la séparation s'est faite à l'amiable. La république Tchèque dominait l'autre
culture donc ils ont voulu se séparer, la population était mobilisée. Le lendemain de la séparation, la
Slovaquie a interdit aux écoles du sud du pays d'utiliser le hongrois comme langue. Même chose
pour la Lettonie, le Russe est interdit comme langue.
Par quel processus, peut-on expliquer la coexistence des deux tendances ? Le groupe reste distinct
de l'autre groupe ou je ne veux pas que l'identité de mon groupe soit confuse par un manque de
clarté dans la définition des frontières. Qui définit les identités ? C'est un problème qui n'a pas été
adressé. Qu'est-ce que c'est la Belgique ? Qui est Belge ?
Théorie des conflits réels (Sherif, 1966)
Sherif a été influencé par des théories anthropologiques et donc par l'interdépendance. Ce concept
réfère à un état dans les relations ou les personnes ou les groupes dépendent les uns des autres et
donc ils agissent de manière coopérative ou compétitive. Les chercheurs ont développé une théorie
mathématique qui est la théorie des jeux. L'interdépendance est négative ou positive. Si elle est
négative, les intérêts des groupes sont incompatibles. Si la structure est positive, les groupes ne
peuvent atteindre leur intérêt que s'ils coopèrent ensemble.
Conflit = ƒ {structure d’interdépendance}
--> si intérêts incompatibles => compétition
--> si intérêts compatibles => coopération
Des études ont été faites dans des milieux naturels, ce qui ont pris du temps, ils ont organisé des
camps d'été pour des jeunes garçons de 11-12 ans. Auparavant, ils ont fait des enquêtes dans les
écoles pour mesurer la personnalité à différent moment de la vie de l'enfant pour vérifier qu'il n'y
avait pas de problème de troubles comportementaux. Ils organisent des camps d'été, les enfants sont
sélectionnés rigoureusement pour avoir de l’homogénéité et pour ne pas qu'il y ait d'autres
différences que celles créées. Les enfants ne doivent pas avoir des troubles comportementaux ou de
personnalité. Donc trois semaine de camp d'été sont organisées, personne ne sait que c'est une
25
expérience. Sherif a entraîné des moniteurs pour avoir de l'aide mais les enfants doivent développer
des comportements spontanés. Les activités sont conçues pour mener l'expérience. Les études ont
été faites sur plusieurs étés.
Lors de la première étape, on a formation du groupe. Les enfants arrivent dans un parc naturel où il
y a deux camps mais les enfants ne le savent pas. La première semaine, on laisse chaque groupe se
développer. Des activités sont organisées, des activité de camps d'été, jeux, feu de camp, sorties au
cinéma. On voit l'émergence d'une organisation informelle : émergence d’un leader, division du
travail, utilisation de surnoms. On observe cela dans les deux groupes. Un enfant devient, par
exemple, responsable d'allumer le feu, de faire la cuisine. Il y a des relations interpersonnelles assez
importantes. Chaque enfant doit donner son attitude par rapport à chaque autre enfant et ils
confrontent les réponses aux observations faites par les moniteurs. Ils peuvent voir qui est le leader,
c'est celui avec lequel tout le monde parle. Il y a aussi l'invention de surnoms pour chaque personne
au lieu d'utiliser les prénoms. Des relations d'amitié émergent. On a de l'attraction interpersonnelle
qui émerge en même temps que la structure du groupe, c'est ce qui crée des groupes cohésifs.
Lors de la deuxième étape, on induit une compétition intergroupe : les enfants apprennent qu'il y a
un autre groupe et les moniteurs organisent des jeux avec eux. On constate une solidarité
intragroupe, des symboles de groupe sont créés, on voit l'apparition d'une hostilité intergroupe et
des stéréotypes. On met les groupes en contact les uns avec les autres. Ils organisent des jeux dans
un contexte compétitif, par exemple, cacher des objets dans la forêt et les garçons doivent ramasser
le maximum de billes possible et le groupe où il y a plus de billes gagne. Cela dure toute une
semaine. La cohésion au sein de chaque groupe augmente, un solidarité intragroupe importante
apparaît au moment où la compétition apparaît. On produit la solidarité en introduisant un ennemi
commun au groupe. Chaque groupe a développé des symboles pour lui : un nom, un drapeau, des
dessins et a commencé à mettre des pierres autour de son camp pour indiquer son territoire. Si on
rentre dans le camp de l'autre, on voit de l'hostilité d'abord verbale puis non-verbal comme jeter les
vêtements des autres. On voit le développement spontané de stéréotypes, des traits sont attribués
aux enfants de l'autre groupe. Le chercheur doit maintenir le calme dans le camp, il ne faut pas de
comportement exagéré.
Lors de la troisième étape, on essaie d'instaurer une coopération intergroupe. Le contact implique
l'hostilité alors que des objectifs communs impliquent l'apaisement. C'est une semaine importante
car Sherif teste là les hypothèses principales pour la résolution de conflit. Il existait une ségrégation
importante entre les noirs et les blancs aux USA. Les premiers mouvements de révolte ont
commencé par des personnes noires qui ont décidé de s’asseoir à l'avant dans un bus, elle a été
emprisonnée et il y a eu beaucoup d'actions de ce genre là, les gens ont été mobilisés comme Martin
Luther-King.
Allport, dans les années 1950, a étudié les préjugés. Il passe en revue ce qu'on connaît du racisme et
ce qui a été développé en sociologie et psychologie. Parmi les résolutions de conflit se trouve l'idée
d'instaurer le contact entre les groupes. En effet, selon lui, les stéréotypes sont dus au manque de
contact car ce sont des idées fausses négatives. Donc il faut mettre les individus en contact les uns
avec les autres. Il y a un contraste entre l'idée de contact et l'idée d'intérêts compatibles car selon
Sherif, le contact ne suffit pas. Il faut donc instaurer une interdépendance positive. Comment le
faire ? Comment opérationnaliser les intérêts compatibles ? Ils ont démarré avec le contact. Ils n'ont
plus organisé des jeux compétitifs et ont créé des situations de contact comme un repas en commun
sans structure. Les enfants n'ont pas mangé ensemble mais se sont jetés la nourriture les uns sur les
autres. Ensuite, ils ont organisé une sortie pour aller nager, chaque groupe est resté séparé, sans être
forcé, ils ne se mélangeaient pas. Le contact n'a donc pas été suffisant, il faut des objectifs
communs. Ensuite, ils ont coupé l'eau des deux camps, ils ont réuni les deux groupes et ont informé
les enfants. Les moniteurs discutaient entre eux et à un moment, les leaders des deux groupes
parlent et trouvent la solution. Les deux groupes vont se répartir le long du tuyau pour trouver la
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fuite. Ils se sont entendus même s'ils étaient séparés pour faire la tâche, cela a créé un premier
contact positif.
La deuxième intervention a été faite lors d'un pique-nique ensemble dans un endroit que tous
voulaient voir. Ils s'y rendent en autobus qui tombe en panne en montée. Tout le monde attend, ils
essaient de pousser mais ce n'est pas possible. Les leaders proposent de transformer le jeu où on tire
de chaque coté pour gagner et proposent que les deux groupes se mettent ensemble pour tirer
l'autobus en haut de la pente et ça a marché. L'effort était commun pour tirer le bus.
Il y a un film au cinéma à proximité mais ils n'ont pas assez d'argent pour voir le film, les leaders
décident de faire une collecte pour aller au cinéma. Au bout de ces activités, les chercheurs ont
observé une modification dans le comportement. Les enfants commençaient à communiquer tous
ensemble. On a une diminution des stéréotypes et une vision positive des individus de l'autre
groupe. Les enfants ont initié des activités communes. Les buts communs produisent donc une
interdépendance qui force la coopération.
Les individus recherchent des bénéfices et luttent contre les obstacles. Chaque groupe veut gagner
donc la compétition est inévitable sauf si pour accomplir son but, on a besoin des autres. L'idée
d'avoir des buts compatibles permet de régler les conflits.
Durant les 10-20 dernières années, beaucoup de recherches ont été faites sur l'effet du contact,
celui-ci a de l'efficacité même sans interdépendance. Le contact ne mène pas à la résolution de
conflit mais à la réduction de l'expression des préjugés. Le contact semble réduire les préjugés chez
ceux qui en ont le plus. Dans un contexte sans conflit, les gens ne connaissent pas les gens de l'autre
groupe et cette méconnaissance peut conduire à une perception de menace, celle-ci entretient et
maintient les préjugés. Cette menace peut être induite par les discours politiques. Si on met les gens
en contact, il faut qu'il n'y ait pas de menace. Toutes ces recherches portent sur les préjugés des
individus, aucune recherche ne mesure les comportements. Sherif a étudié des groupes et pas des
individus, c'est là la différence !
Il a créé des groupes non structurés où les gens doivent décider ce qu'ils doivent faire. Lorsqu'on
met les gens ensemble de cette manière, il n'y a pas de solution au conflit, il peut avoir des relations
interpersonnelles entre les gens tant qu'ils ne parlent pas du conflit. Le conflit n'est pas résolu mais
les préjugés ont été réduits. Et si on ne parle pas du conflit, comment le résoudre ? C'est important
d'isoler les négociateurs dans une ambiance personnelle loin des média et de la population, on leur
offre à manger et pendant quelques jours, on laisse les personnes se connaître. Après suivent les
négociations. Le contact a permis aux personnes de s'accepter en tant qu'individu puis de se
confronter comme représentant de leur groupe. Les personnes sont des individus et des
représentants de groupe. Il y a plus de possibilités de parler de choses agréables en tant qu'individu.
En Belgique, on a trois communautés et un conflit entre les francophones et les néerlandophones,
un but commun serait de préserver le royaume de Belgique mais pour un groupe, ça ne rentre pas
dans leur objectif car ce n'est pas une priorité pour eux. Ici les buts communs ne sont pas faciles à
mettre en place. Un but commun serait un pays qui attaque la Belgique mais ce n'est pas une
solution envisageable car on crée un nouveau conflit à la place d'un autre. De toute façon, peut-être
que ça ne ferrait que mettre le conflit en veille.
Selon Sherif, la coopération implique des buts communs. Les buts communs sont réalisables
seulement si les deux groupes mettent leurs ressources en commun, ce qui implique une
interaction. La coopération implique la perception d’une interdépendance positive, d'un destin
commun.
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Coopération et dé-catégorisation (Worchel et al., 1986)
Ce modèle émerge du débat entre le lien entre la théorie de l'identité sociale et la théorie de Sherif et
une critique contre Sherif. Ce qui a été créé la deuxième semaine, c'est la catégorisation, on crée des
frontières intergroupes et on introduit la compétition au même moment. Quand on introduit la
coopération, on réduit aussi les frontières. De plus, les groupes ne vont plus exister à la fin de la
troisième semaine. Peut-être que les frontières entre groupes n'avaient plus d'importance. Les
frontières ont été réduites et cela a été amplifié car les groupes n'allaient plus exister. Donc ce n'est
pas une vraie résolution de conflit. On a une disparition des groupes. Ici la coopération a été testée
directement. La diminution de la saillance des frontières diminue les conflits. Le succès de la
coopération diminue le conflit aussi. Si on arrive pas au but alors le conflit augmente. Donc il ne
faut pas uniquement une interdépendance positive, il faut que les groupes arrivent à coopérer. Il faut
aussi éliminer les marqueurs visibles comme des badges avec le nom du groupe. La clé est de
combiner la dé-catégorisation, les gens ne doivent se voir que comme des individus. C'est
intéressant mais aussi artificiel, ici aussi les groupes sont artificiels et vont disparaître après
l'expérience. Les effets les plus importants arrivent si on fait disparaître les groupes.
Dé-catégorisation et ré-catégorisation (Gaertner et al., 1986)
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Il faut créer un groupe supra-ordonné qui inclut les deux autres, il faut donc une ré-catégorisation.
Les individus interagissent en tant qu’individus et non pas en termes de leurs appartenances aux
deux sous-groupes.
Dé-catégorisation et menace identitaire (Deschamps et Brown, 1986)
Les gens ne veulent pas que leur groupe disparaisse. Donc faire disparaître le groupe ne marche pas
forcément. Il faut améliorer l'idée de Sherif dans le sens où il faut des situations expérimentales ou
il faut une complémentarité des deux groupes pour arriver à la solution commune. Chacun des
deux groupes doit sentir que chacun a apporté quelque chose. Sinon chacun pense que c'est lui qui a
permit la solution. Ici on est plus proches des situations réelles.
Critique : La coopération dans son contexte temporel
Le coopération aboutit à la fin du groupe pour Sherif, ce n'est pas le cas dans la réalité, les groupes
peuvent s'unifier, gagner mais après, que ce passe t-il ? Ils n'ont pas résolu leur conflit ! Ils
retournent à leur conflit interne. Le conflit revient quand le but commun est atteint. La dimension
temps n'est donc pas prise en considération. Qu'est-ce qu'il faut pour résoudre le conflit ? Il faut
parler du conflit !
Le contact fonctionne dans la diminution des stéréotypes mais il ne résout pas le conflit. Sauf que
lorsque les Israéliens ont décidé de négocier, ce sont les personnes qui ont déjà été en contact qui
ont mené les négociations. Puis les chefs politiques ont décidé et finalisé les négociations.
Donc il faut inciter les gens à négocier, il faut de la médiation, des incitations. Ensuite il faut gérer
le processus de négociation.
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La théorie de l'interdépendance (Thibaut et Kelley, 1959; 1978)
On essaie de trouver les motivations à agir d'une certaine manière. Les individus sont égoïstes et
essaient donc de minimiser leur coût en maximisant les bénéfices. Ce n'est pas juste le résultat qui
est important mais la comparaison avec les attentes. Les sociologues ont expliqué pourquoi dans
beaucoup de pays pauvres, il y avait des groupes mais pas de mouvements collectifs, des révoltes,
les gens ne faisaient rien car ils ne pensaient pas qu'ils pouvaient changer la situation, leurs attentes
étaient faibles, si les résultats sont conformes à leurs attentes, ils ne font rien.
Gurr a beaucoup étudié cela en sociologie, il a observé que c'est lorsque les attentes augmentent
qu'on a une plus grande probabilité de violence dans ces sociétés. Les attentes sont fonction de
l'idéologie de la société, de sa situation économique. Dans la plupart des sociétés, les attentes sont
progressives comme un escalier, par exemple, l'augmentation de salaire chez les employés, quand
on a atteint un niveau, les attentes augmentent. Les attentes sont toujours au-dessus des résultats
mais elles augmentent, si les résultats n'augmentent plus et que les attentes augmentent, il y a une
forte probabilité de violence. Il faut regarder dans le temps et pas à un moment donné !
Il y a aussi des comparaisons avec d'autres personnes pour voir si on est satisfait ou pas. Quand un
secteur fait grève et obtient une augmentation, un autre groupe se compare et entame des grèves
aussi.
Théorie des jeux : L’interdépendance - Motivations mixtes
(Thibaut & Kelley, 1959)
30
L'interdépendance négative est rare dans la réalité sauf pour les compétitions sportives. On parle
d'interdépendance négative lorsqu'il y a un groupe gagnant et un groupe perdant. Ce sont des
situations artificielles. Dans la réalité, cette situation peut exister si elle est socialement construite
comme lorsque deux groupes sont en compétition pour des ressources rares comme le territoire.
En réalité, les éléments de compétition et de coopération se rassemblent pour créer une motivation
mixte. Dans la matrice, on a des chiffres, ce sont les bénéfices ou pertes nettes pour chaque individu
ou groupe. Si les deux concèdent, ils en sortent gagnants. S'ils sont tous les deux en compétition, ils
sont perdant. Le situation mixte mène à avoir des comportements compétitifs car l'individu peut
gagner plus mais uniquement si l'autre ne choisit pas la compétition. Lorsqu'ils doivent négocier
avec l'autre, les gens ne prendront pas la compétition.
Motivations mixtes et comportement de panique (Mintz, 1951)
Dans cette étude, un individu recevait une récompense s’il arrivait à sortir son triangle avant qu’il
ne soit mouillé. La bouche du récipient étant étroite, un seul triangle pouvait y passer à la fois. Afin
de réussir, les individus devaient s’arranger pour que chacun prenne son tour ; un embouteillage
des triangles empêchait la réussite dans la tâche.
Les participants perdent tous car ils essaient de
sortir leur triangle en même temps. La situation
empire si on crie qu'il faut sortir le plus vite
possible. Si un complice propose de négocier
comment faire, chacun prend son tour et tout le
monde peut sortir. Le premier gagne un peu plus
mais les trois sortent gagnants. Le choix le plus
évident est le plus égoïste et c'est le choix le plus
négatif pour eux car leur destin dépend aussi du
choix que les autres font.
Motivations mixtes et méfiance (Deutsch & Krauss, 1962)
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Les deux participants prennent la route à une voie mais ne peuvent passer en même temps. Ni l'un
ni l'autre n'accepte de reculer et ils perdent tous les deux car ils perdent trop de temps. Si un arrive à
passer sans être bloqué par l'autre, il gagne beaucoup. S'ils passent l'un après l'autre, ils sont tous
deux gagnants. Ils jouent plusieurs tours et donc peuvent gagner à tour de rôle. Personne ne pense à
négocier. S'ils peuvent utiliser des barrières, les pertes deviennent de plus en plus importantes, cela
a un effet pervers. L'attitude devient coopérative quand on dit aux individus qu'ils peuvent
communiquer l'un avec l'autre. Au bout de quelques essais, ils changent la manière de jouer. Durant
la guerre froide. La menace nucléaire a provoqué le développement des armes nucléaires.
Situation à motivations mixtes itérative : structure qui encourage la
coopération à long-terme (tit-for-tat) (Axelrod, 1984)
Théorie de l'évolution : les membres d'une espèce sont en compétition pour certaines ressources
limitées ce qui explique l'agressivité (défense du territoire). Cela n'explique pas l'apparition de
système de symbiose, de vie commune surtout chez les mammifères, l'organisation sociale avec
coopération. La théorie de l'évolution tente donc aussi d'expliquer la coopération et pas uniquement
la compétition.
Les recherches sont faites par simulation ou avec des humains. Elles ont permis d'écrire un livre
entier sur un seul postulat. La seule stratégies évolutionniste viable est la coopération et pas la
compétition. La coopération exige du donnant-donnant. On a deux situations différentes : chaque
individus A et B a un comportement plutôt compétitif ou plutôt coopératif. Celui branché pour la
coopération inconditionnelle ne va pas survivre et ce type de comportement disparaîtra. Celui qui
est compétitif va gagner au bout du chemin. Ces stratégies sont soit manipulées, soit on sélectionne
les participants en fonction de test de personnalité. Ces recherches ne montrent pas ce que la théorie
de l'évolution prédit. Les deux personnes compétitives sortent perdantes comme on l'a vu
précédemment. S'il faut vraiment un gagnant et un perdant, la stratégie de l'évolution a un perdant.
Dans la vie, les situations sont mixtes et un choix est à faire entre la compétition et la coopération.
Si le jeux prend beaucoup de temps, la stratégie tit-for-tat gagne : en imitant le comportement le
plus récent de B, A induit la coopération à long terme. Au départ, A cède. Au deuxième tour A
refuse puis cède à nouveau au tour suivant puis refuse. Au cinquième tour, B finit par céder. À long
terme, le fait que A essaie d'encourager le comportement de coopération de B est payant.
Pour la conduite de voiture, la règle générale est la priorité à droite. C'est la pire règle qu'on peut
instaurer. C'est une situation mixte car le trafic doit ralentir pour donner priorité à droite mais les
gens qui vont tout droit foncent pour ne pas attendre. Les gens à droite font la même chose pour ne
pas prendre leur priorité. Pourquoi cette règle reste ? Pour réduire le travail administratif suite à un
accident mais ça augmente le nombre d'accidents.
Là où il a observé un comportement coopératif, c'est à Tervuren, sur le chemin de l'université. Il y a
deux routes qui se rencontrent et arrivent sur un grand boulevard. Les conducteurs sont les mêmes
au même moment et une prise de tour a été mise en place naturellement. Ce qui a impliqué moins de
stress. Une expérience a été mise en place en Allemagne pour abolir toutes les règles de conduite
dans un village, après 2 ans, les statistiques ont montré que le taux d'accident était plus faible. En
effet, les gens développent leur propre règle qui sont des règles de coopération. Ce sont des
stratégies de survie qui ne sont pas des stratégies de compétition. La stratégie évolutionniste la
meilleure est la stratégie de coopération. Ce qui explique que toutes les espèces avant les humains
sont toujours là comme les bactéries, les virus... Cette théorie explique que la guerre n'est pas la
stratégie la plus utilisée, les périodes sans guerre sont beaucoup plus longues.
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La théorie de l'équité (Walster et Berscheid, 1973)
La théorie de l'équité explique comment les gens échangent entre eux, quels sont les principes de
ces échanges et comment on règle ces échanges pour ne pas avoir de conflit.
Les individus ont une tendance à maximiser leurs bénéfices et minimiser leurs coûts. Cette
tendance est nuancée par des normes sociales qui contraignent l'individu à considérer les intérêts
des autres. Une norme dominante est l'équité : le maintien d'un équilibre entre notre intérêt et
l'intérêt de l'autre. La comparaison sociale des contributions et résultats des deux partenaires nous
permet d'évaluer l'équité.
C'est l'égalité de proportion et pas l'égalité de résultat qui compte pour l'équité. Ce sont des normes
méritocratiques qui sont devenues évidentes dans le milieu du travail. Il peut y avoir plusieurs
façons d'avoir des proportions inégales. Pour comparer les résultats, ils font de la comparaison
sociale. La théorie a été adoptée par la sociologie et des recherches ont été faites. Si on parle de
résultats positifs, ça marche mais que se passe-t-il quand les gens doivent payer (taxe), comment
doit être la distribution ? Ce n'est pas clair.
Deutsch a fait une série d'étude où il a montré que lorsqu'on étudie les dyades ou les petits groupes,
on remarque trois règles, la règle de l'équité pour le travail, la règle de l'égalité pour les échanges
affectifs et la règle du besoin, si quelqu'un a besoin d'aide, on lui donne sans attendre de retour de
sa part. Si on impose l'égalité dans le monde du travail, les groupes vivent des conflits aiguës et ne
produisent plus rien. Par contre dans les relations sociales, une relation d'équité casse l'entente du
groupe. Dans plusieurs cultures, il y a quatre règles qui régissent les échanges humains : la règle de
l'échange marchand (équité), règle de l'égalité (familiale, communautaire, affective), devant un
repas, les portions sont équivalentes, respect hiérarchique (plus de privilège si statut plus élevé)
(Fiske). Fiske a fait des études ethnographiques dans plusieurs tributs isolées. Le mode de calcul est
plus précis dans le monde occidental. Un cadeau est l'indication d'une appréciation affective sauf
quand ça devient une obligation, on calcule la valeur du cadeau qu'on donne et qu'on reçoit.
Réactions face à l'iniquité
33
L'égalité équitable est ce que les gens vont chercher. La paresse sociale a été démontrée depuis
1913, on la trouve dans tous les phénomènes de la vie et cela aboutit à une égalité inéquitable, les
gens ne sont pas satisfaits et les groupes ne veulent pas travailler ensemble. Il y a des stratégies
psychologiques mais qui ne résolvent pas le problème. Avec le temps, les gens commencent à
percevoir la discrimination. Mais pas au départ car les gens n'ont pas suffisamment d'informations
pour juger qu'ils ont été victimes de discrimination. De plus, les personnes victimes de
discrimination préfèrent ne pas y penser car ça peut diminuer leur estime de soi. L'angoisse peut
être surmontée par la présence d'institutions et la croyance qu'elles sont efficaces (centre pour
l'égalité des chances). On revendique alors le rétablissement de l'équité, la personne qui a
discriminé doit réparer de façon symbolique. Les victimes portent plainte pour empêcher que
d'autres soient discriminés après eux mais ce n'est pas la seule raison. Le fait de contribuer pour les
autres permettent aussi d'augmenter l'estime de soi. On parle plus de perception de justice plutôt que
d'équité.
Justice distributive et justice procédurale
La justice distributive implique une évaluation de la distribution des ressources limitées en termes
de justice ou d’injustice. Elle se base sur une comparaison entre les ressources attribuées à un
individu par rapport à un autre et par rapport à une norme pertinente (égalité, équité, ou besoin).
Pour l'égalité c'est plus facile car on est capable de voir ce que l'autre a eu. Par contre, comparer nos
besoins et nos contributions est plus difficile. Donc c'est moins claire pour les normes de besoin et
d'équité. Par exemple, la sécurité sociale est basée sur la norme du besoin, dans la négociation, il y a
un conflit entre le principe d'équité et le principe de besoin, celui qui contribue le moins a besoin le
plus, il y a donc conflit et on ne sait pas comment le résoudre. Surtout que tous les politiciens sont
dans une logique gauche-droite et pas dans des solutions originales. Même les recherches sont
inscrites dans une idéologie ou une autre, ce n'est pas satisfaisant.
La justice procédurale implique une évaluation de la justice des transactions avec les autorités et
institutions, et de la neutralité, impartialité et justice des processus de prise de décision impliquant
les intérêts de plusieurs individus.
Des recherches ont comparé le système juridique français et américains. Ils ont étudié la perception
des gens qui ont recours au système et le niveau de satisfaction, les procédures sont-elles justes ?
Les résultats montrent que les gens qui utilisent le système français trouvent que le système est
injuste par rapport à l'américain, ils ne sont pas contents et les chercheurs ont trouvé pourquoi.
Qu'est-ce qui différencie les deux systèmes ? Il n'y avait pas de jury dans le système français et les
juges n'écoutent pas les personnes impliquées, les juges prenaient la décision. En Amérique, les
avocats se confrontent et c'est un jury qui décide. Ils ont simulé les systèmes.
Le degré de contrôle dans le processus de prise de décision est un facteur principal pour
l’évaluation de la justice (Thibaut et Walker, 1975 ; Tyler et el., 1987 ; Azzi, 1992). On fait une
distinction entre participation consultative (voix) et effective (vote) et on observe la suffisance de la
première dans la majorité des situations étudiées (décisions juridiques, administratives, politiques ;
Tyler et al., 1997). Il suffit que notre voix soit entendue pour qu'on soit satisfait par le système
quelle que soit la décision qui a été prise. Les gens veulent être écoutés, c'est suffisant pour qu'ils
soient satisfaits.
Indirectement, les recherches indiquent que la norme en vigueur est l’égalité (égalité des droits =>
égalité du traitement ou de la participation des individus intéressés). Les gens ne se comparent pas
avec les juges mais regardent s'ils ont la même opportunité de voix que leur rival. Le principe de
base est donc l'égalité. S'il y a conflit d'intérêts, si la prise de décision a été biaisée par la
discrimination, ils ne croient pas à la justice mais s'ils sont traité de façon égale, les gens sont
contents. Avec le système de jurys, ils sont jugés par des personnes qui leur ressemblent.
34
Quand les groupes sont récipiendaires…
Comme les gens n'ont jamais étudié la distribution des ressources, on peut remarquer que dans la
plupart des sociétés, il y a une organisation hiérarchique.
Organisation hiérarchique des processus de distribution :
1. Le contrôle suprême de la distribution des ressources appartient aux individus et groupes qui
se trouvent au sommet de la pyramide décisionnelle (conseil de ministres, conseil
d’administration). Ils ont le contrôle suprême du budget qui est divisé en domaines et en
régions.
2. Prépondérance des distributions dont les récipiendaires sont des groupes ; néanmoins, au
quotidien, saillance plus importante des distributions dont les récipiendaires sont des
individus.
L’évaluation de la justice peut se centrer sur la justice au niveau des individus ou sur la justice au
niveau des groupes.
Il y a peu de recherches sur la distribution des ressources au niveau du groupe. Quand il y a des
revendications collectives à ce niveau-là, on ne les comprend pas. En Belgique, cette distribution est
mise sur la table, en Suisse aussi.
La plupart des états sont organisés de manière géographique et politique. Par exemple aux USA, il y
a une cinquantaine d'états. Comment on distribue les taxes entre les états puis entre les communes ?
Il y a une reconnaissance légale de groupes de nature ethnolinguistique en Belgique et en Suisse.
Ces groupes sont en confrontation en ce qui concernent les ressources. Quelle règle leur semble la
plus juste comme distribution entre eux ? Quand les groupes font des revendications, sur quoi se
basent-ils ? Avec quoi est-ce qu'ils se comparent ?
Exemple : en 1982 : perception de la discrimination par les femmes, enquêtes démontrant que pour
le même niveau de compétence, la même ancienneté, les femmes reçoivent moins de salaire que les
hommes au niveau statistique. Les femmes ne perçoivent pas cette différence et ne se considère pas
de façon individuelle comme victime de discrimination. Les gens n'ont pas accès à des informations
au niveau du groupe.
Justice individuelle et justice collective
La justice individuelle : traitement égalitaire des individus, quelles que soient leurs appartenances
ou identités de groupe. Il y a donc un principe de non-discrimination. Le vote des femmes n'a été
permis que plus tard. Des lois ont été changées. En Europe, les lois européennes doivent être
inscrites dans les lois nationales concernant la discrimination.
La justice collective : traitement égalitaire des groupes quel que soit leur statut numérique ou leur
prestige.
Les deux niveaux de justice, sont-ils incompatibles ?
1. Sur le plan idéologique, il semble que les deux soient incompatibles. Les groupes qui
revendiquent l’égalité des droits civils, par exemple, le font au nom de la justice individuelle
et se positionnent explicitement contre tout traitement des individus selon leurs
appartenances (anti-discrimination). Par contraste, les groupes qui revendiquent les droits
collectifs (séparatisme, autonomie) s’opposent aux implications culturelles de la justice
individuelle (menace d’assimilation et de non-reconnaissance des identités culturelles).
2. Sur le plan pratique, des compromis sont possibles quand les ressources en question sont
tangibles (quantifiables), y compris les ressources procédurales. Néanmoins, elles sont
35
incompatibles lorsque des éléments symboliques sont attachés aux ressources, ou lorsque
ces dernières ne sont pas quantifiables (dans le sens précis de non-divisibles entre les
membres individuels d’un groupe - cf. public goods).
Les deux revendications ont été conduites en même temps aux USA. Certains ont développé un
racisme à l'envers, la race africaine serait supérieur à la race blanche, ils demandent alors la
séparation alors que d'autres demandent l'égalité des individus sans tenir compte de la race. Les
indiens vivent dans des territoires précis avec un certain type d'autonomie. Ce genre de demande
exige la reconnaissance de l'égalité entre groupes et pas forcément entre individus. Les cultures
veulent être reconnues comme étant égales. Au départ, les groupes n'étaient pas reconnus. C'est ce
qui se passe chez les flamands qui se sentent inférieurement au niveau culturel. Cela ne montre pas
qu'il y a compatibilité entre les deux types de justice, on observe que les revendications sont soit
d'un côté soit de l'autre mais pas les deux et il y a des frictions entre les deux types de mouvement
(Martin Luther-King et les panthères noires).
La nature des ressources n'est pas la même dans le cas du groupe ou de l'individu. On peut avoir des
ressources quantifiables, distribuées dans les groupes puis aux individus à l'intérieur des groupes.
Le deuxième type de ressource est le pouvoir sur la prise de décision. Le pouvoir est au centre des
conflits dans le monde. C'est comme si le pouvoir n'était pas partageable. Ici, il le considère comme
une ressource procédurale. La Belgique est un exemple de compromis. La constitution est
innovatrice pour dire comment distribuer le pouvoir entre deux groupes qui ne sont jamais satisfaits.
Il y a un troisième type de ressources, les ressources symboliques qui ne sont pas divisibles entre les
groupes car elles ne sont pas quantifiables. Elles touchent à l'identité des groupes concernés, ce sont
des biens publiques comme par exemple, les jours fériés légaux qui sont liés à des fêtes religieuses.
S'il y a plusieurs religions, il y aurait des conflits. Par exemple au Liban, il y a des fêtes qui ne
tombent pas toujours le même jour, les jours principaux sont considérés comme des jours légaux,
les entreprises ne sont pas obligées de fermer mais elles doivent respecter l'appartenance des
membres du groupe. Pour les ressources symboliques destinées à reconnaître le groupe en tant
qu'égaux, ça reflète la justice collective et la distribution sera revendiquée au niveau collectif. Pour
la reconnaissance de la langue au niveau national, c'est la même choses quel que soit le caractère
numérique du groupe. On revendique l'égalité entre les groupes même s'il y a une différence
numérique ce qui n'est pas le cas pour les ressources tangibles destinées aux individus.
Hypothèse principale : saillance du niveau de justice = ƒ {unité de comparaison ; type de
ressource ; taille du groupe d’appartenance}. Les trois facteurs vont interagir entre eux.
Quand les groupes sont récipiendaires (on distribue entre les groupes)...
1. les ressources tangibles seraient distribuées en fonction du nombre d’individus dans chaque
groupe afin d’assurer la justice au niveau des individus (JUST_IND). Par exemple, pour
distribuer le budget entre les différentes unités, on tient compte du nombre de personnes qui
travaillent dans l'unité car ce sont les individus les destinataires principaux de la ressource.
2. les ressources symboliques seraient distribuées d’une manière égalitaire sans attention aux
différences numériques afin d’assurer l’égalité au niveau des groupes (JUST_COLL). Ces
ressources ne peuvent pas être distribuée à l'intérieur du groupe.
Qu’en est-il pour les ressources procédurales ?
Qu'en est-il de la distribution du pouvoir ? Le
pouvoir donne du pouvoir sur la distribution des
autres ressources.
36
Pour les ressources procédurales, on a soit le principe d'équité, soit le principe d'égalité pour les
individus, tout dépend de la taille des groupes. La minorité demande l'égalité et la majorité la
proportionnalité.
Justice dans le contexte d’identités emboîtées
Lorsqu'il y a des revendications, c'est qu'on est dans un système démocratique. La justice reconnaît
des droits égaux pour les individus avec entre autre le droit de vote. Il y a d'autres processus pour
déterminer comment le gouvernement va être formé qui varient d'un pays à l'autre. On peut avoir un
système proportionnel, un autre où le parti gagnant garde tout ou, comme en Belgique, il peut y
avoir des négociations pour former un gouvernement.
Dans les sociétés modernes, majorités et minorités coexistent dans le contexte d’une organisation
socio-politique supra-ordonnée dont l’identité est souvent définie à l’image de l’identité de la
majorité. Il n'y a pas de problème pour les majorités.
Pour les minorités, des soucis d’identité fondamentaux émergent : doivent-ils sacrifier leur identité
distincte dans le but de s’intégrer dans la société ? Peuvent-ils maintenir des identités multiples ?
Les pays démocratiques sont des pays individualistes où il n'y a qu'un groupe. L'appartenance à des
groupes identitaires n'est pas prise en compte sauf pour la Suisse, la Belgique et le Liban. Les
groupes identitaires ont été reconnus, ils doivent être représentés. Les minorités ont peur que le
principe individualiste mène à l'exclusion de la minorité du pouvoir, ils revendiquent donc l'égalité
entre les deux groupes. En Belgique, il faut une majorité et si le sujet concerne les intérêts des
groupes linguistiques, il faut un nombre majoritaire de votes de chaque coté. Donc il faut une
majorité dans chaque groupe. Au Liban, il y a les deux systèmes, le président est d'une religion, le
premier ministre d'une autre et il y a une distribution au sein des ministres entre toutes les religions.
La perception de l’interdépendance (intra- et intergroupe) et de la possibilité d’un vote homogène
guidé par l’appartenance au groupe suscitent les soucis et les choix de la minorité. Après
l'indépendance des colonies, souvent, les groupes majoritaires prenaient le pouvoir et la minorité
avait difficilement quelque chose à dire, elle était exclue de tout, elle était vouée à disparaître. Cela
a conduit à des guerres civiles interminables.
L’enjeu : la distribution des ressources doit-elle privilégier les droits et intérêts des individus ou des
communautés ?
L’Angola est un des pays où la guerre civile a duré très longtemps. Tout le monde a loué
l'intervention des nations unies. Ils ont réussi à avoir un accord entre les groupes pour faire des
élections. Le pays contient des ressources minérales très importantes. Il y a eu des élections
démocratiques avec un système emprunté à l'occident. Les individus ont chacun un vote donc le
groupe ethnique majoritaire a gagné et la guerre a recommencé. Si les groupes ne sont pas reconnus,
il n'y a pas de solution. La minorité ne doit pas être exclue du pouvoir. Pour la minorité, il est
cruciale de négocier du pouvoir.
37
Azzi (1992)
Au départ, il voulait étudier des groupes réels mais quand ils sont en conflit, il est difficile de
mesurer le type de justice donc l'étude a été faite par simulation sur une île imaginaire. Les groupes
n'étaient pas égaux en nombre, en religion et en langue. On a demandé aux gens de s'imaginer dans
l'un ou l'autre groupe.
Une région de l'île n'était pas habitée et était très fertile, le gouvernement voulait demander
l'installation des gens, comment distribuer le droit à avoir une terre là-bas. Comment construire les
canaux pour irrigué les villages ?
Dans une situation idéale (simulation), une ressource tangible (reçue par un groupe mais divisible
entre individus) serait distribuée au niveau des groupes en respectant la justice individuelle (norme
de proportionnalité) ; une ressource symbolique (reçue par un groupe mais non-divisible entre
individus) serait distribuée en respectant la justice collective (norme d’égalité entre groupes). Pour
une ressource procédurale (le pouvoir décisionnel) la minorité préférerait la justice collective (EG
ou égalité au niveau des groupes) et la majorité la justice individuelle (PR ou égalité au niveau des
individus). Il fallait faire le gouvernement et faire une commission pour rédiger la constitution. Le
seul moyen de voir ce qui est juste, c'est de demander aux humains d'oublier qui ils sont et de
décider ensuite car sinon, ils choisissent le système de justice par rapport à ce qui est mieux pour
eux. Il n'y a pas une justice sur laquelle tout le monde va s'accorder sauf derrière un voile
d'ignorance. Ce qu'ils vont choisir, c'est ce qui est le moins défavorables pour les personnes qui sont
les moins avantagées. La divergence serait motivée par un raisonnement instrumental (saillance des
aspects tangibles du pouvoir décisionnel) lié, au moins pour la minorité, à la saillance des aspects
symboliques et des implications identitaires du pouvoir. S'ils ne savent pas encore dans quel groupe
ils sont (majorité ou minorité), ils décident comme s'ils étaient dans la minorité car c'est la position
la plus défavorable.
600 participants sud-africains et américains lisent un scénario décrivant l’histoire d’une île avec
deux groupes : ils sont répartis aléatoirement dans deux conditions (chacun s’imagine comme
membre d’un des deux groupes, majorité ou minorité). Le scénario les mènent à travers plusieurs
étapes historiques où des décisions doivent être prises concernant la distribution de ressources de
trois types : tangible (eau d’irrigation), symbolique (jours fériés religieux), et procédurale
(représentation dans le gouvernement). Les réponses (avec des formats différents) sont codées EG
(égalité entre groupes) ou PR (à tendance proportionnelle ou favorisant la majorité).
38
À Gauche, on voit le résultat pour les blancs d'Amérique et à droite les blancs, métis (d'origine
asiatique) et noirs d'Afrique du Sud. L'expérience a été faite avant l'abolition de l’apartheid en
Afrique du sud. Les gens pouvaient répondre en Afrikaans ou en Anglais. Ils sont répartis
aléatoirement dans les groupes majorité et minorité. 100% : proportionnalité, 0% : égalité. La
différence entre les ressources tangibles et symboliques est grande et il y a un consensus entre les
majorités et les minorité. Par contre, pour les ressources procédurales, il n'y a pas d'accord entre
majorité et minorité. L'appartenance réelle a aussi eu son impact donc la majorité ou minorité de
leur groupe réel dans leur pays.
Distribution de 10 positions dans une commission par des néerlandophones et
francophones : l’effet du statut numérique du groupe (Klein & Azzi, 2001)
Plus on dépasse 5 plus on est proche de la proportionnalité.
On montre que pour le même groupe, il n'y a pas un système de justice, ils changent de perspective
de justice. Les gens jugent ce qui est juste par rapport à leur intérêt. Mais ce n'est pas aussi simple.
Pourquoi la minorité n'a pas favorisé leur propre groupe, pourquoi y a t-il une contrainte d'égalité ?
La majorité a été contrainte dans les choix.
Azzi (1993)
Dans la constitution, on a des règles explicites de votes. Or le pouvoir décisionnel n'est pas
simplement le nombre de représentant mais aussi la règle de vote.
Justice procédurale collective = pouvoir décisionnel = ƒ{nombre de représentants, règle de vote)
Si n = 20 (total représentants) et PR (majorité = 13, minorité = 7), le pouvoir de la minorité
dépendra de la règle de vote. Si le vote exigé est l’unanimité (20 voix), alors la minorité possède 7
voix effectives. Si le vote exigé est par majorité simple (11 voix), alors la majorité peut décider sans
considérer les voix minoritaires. Le soucis existe si la minorité est vraiment exclue du pouvoir, si on
ne les entend pas, si la majorité a les votes suffisants. Les gens sont-ils sensibles à ces implications
des procédures ?
Azzi (1993) : postulats
La perception d’un conflit d’intérêt et de la possibilité d’un vote homogène au sein de chaque
groupe rend saillante les implications des procédures pour la minorité. Sans cette suspicion, il
n'aurait plus ce soucis de la justice procédurale.
Création de deux groupes expérimentaux minimaux (Tajfel) à partir de choix de photos d’art. Les
participants sont amenés à croire que les groupes sont constitués sur base de préférences cognitives,
un (A) étant dominant dans la population générale (champs de vision droite : préférer des photos où
les objets se situent à droite de l'image) par rapport à l’autre (B - champs de vision gauche). Un
groupe contrôle (voile d’ignorance) est ajouté.
39
Les participants (18 par séance, présumés 13A et 5B) apprennent que l’objectif est de déterminer si
ces différences sont corrélées avec les comportements impliquant un travail en groupe (résolution
de problèmes - dans ce cas anagrammes de 12 lettres). Les gens sont arrivés par 18 dans plusieurs
salles pour créer des groupes de 13 et 5. La première tâche était de regarder les photos et dire ce
qu'ils aiment ou pas. Ils analysent les résultats et disent à quel groupe ils appartiennent. On leur dit
qu'il y a 2/3 des gens pour le champ de vision droite donc ils savent qu'il y a un groupe plus petit
que l'autre. Et ils disent qu'ils veulent voir s'il y a une autre différence point de vue psychologique
en fonction de l'orientation du champ visuel. Le dernier tiers, on leur dit qu'on n'a pas pu déterminer
les résultats suite à un problème.
Ils font une tâche de résolution d'anagramme de 12 lettres. Chaque groupe aura 15 minutes pour en
résoudre 10, le groupe qui en résout le plus aura 200 €. Pour les aider, on leur donne des indices
mais il y a un indice par anagramme et on ne donne pas les indices aux deux groupes, comment
distribuer les indices ? C'est eux qui doivent décider, on réunit les deux groupes pour décider.
Quelle règle de vote voulez-vous pour décider, on mesure donc la justice procédurale.
Effet de la saillance du conflit sur le choix d’une règle de vote
Nombre de votes, choisis par personne entre 10 (majorité simple) et 18 (unanimité).
On manipule aussi la saillance du
conflit en leur demandant d'estimer
la décision de l'autre groupe. C'est
comme si on réveillait leur anxiété
pour un biais pro-endogroupe.
L'autre moité n'a pas répondu à ce
questionnaire à ce moment-là mais
ensuite. On observe que le choix
varie à partir du moment où on
suspecte un conflit possible.
Le participant doit choisir une
seule case et choisir le vote le
plus juste. Le quadrant jaune
donne le pouvoir à la minorité.
Là où il y a le 13, c'est la
majorité dans chaque groupe,
c'est ce qui est fait en Belgique.
40
Distribution d’une ressource tangible (20 indices) entre les groupes : évidence
d’utilisation spontanée d’une règle de besoin (equal opportunity) (Azzi, 1993)
L'égalité n'a pas été utilisée non plus. La plupart des sujets donne plus à la minorité qu'à la majorité.
C'est difficile à savoir pourquoi. Ces récompenses sont individuelles. Le groupe contrôle fait des
choix plus proches de ceux de la minorité. Ce principe serait le principe le plus juste si on veut être
juste et ne pas défendre les intérêts de notre groupe.
Les membres de la majorité sont partagés entre une distribution égale et une distribution favorisant
la minorité.
Les membres de la minorité et les participants qui ne sont pas encore au courant de leur
appartenance (voile d’ignorance) favorisent la minorité en expliquant que « le groupe qui a le moins
de cerveaux au départ doit être compensé pour ce désavantage dans la compétition ».
Jost & Azzi (1996) % de choix favorisant la minorité
Soit on distribue par individu ou par groupe.
47% favorise la minorité pour l'utilisation de
l'outil « calculatrice », pour l'argent, c'est
proportionnel.
Jugements de la justice d’une procédure (commission représentant deux groupes)
en fonction de la règle de représentation et de la règle de vote (1=injuste, 11=
juste) (Azzi & Jost, 1997)
On propose la construction d'une route dans un quartier, cette proposition est positive pour les
commerçants et source de nuisance pour les habitants. On a formé deux groupes qui devaient
s'imaginer comme représentant d'un des groupes. On leur a demandé une discussion qui a été
enregistrée. Une des VI est la taille du groupe et les deux autres représentent les deux éléments de la
justice procédurale, le nombre de représentants par groupe et la règle de vote pour arriver à une
décision.
41
Les répartitions proposées pour la commission sont soit 15 pour le grand groupe et 5 pour le petit
groupe, soit 10 personnes dans chaque groupe. Ensuite, une règle de vote doit être décidée. Soit on
doit arriver à une majorité simple (11/20), soit il faut l'unanimité (20/20).
Dans le cas d'une majorité simple, la majorité gagne toujours, c'est la solution qui exclut la minorité
du pouvoir. Les membres de la minorité sont présents, ils ont une voix mais pas un pouvoir
décisionnel, on peut ne pas entendre leur voix, personne n'a besoin de leur vote. Lorsqu'on exige
l'unanimité, la minorité a un pouvoir, ils peuvent bloquer une décision.
On fait une mesure individuelle et on demande jusqu'à quel degré la constitution de la commission
parait juste ou injuste. Pour la minorité, c'était prévisible. Elle va exiger que sa voix compte dans la
prise de décision. Seule la première condition est perçue comme injuste.
Ce qui n'était pas prédit, ce sont les résultats pour la majorité. Elle trouve juste une répartition
proportionnel mais elle trouve injuste une représentation égalitaire avec une règle de vote de simple
majorité. La réaction des participants n'étaient pas influencée par des idéologies. Pour comprendre,
il faut savoir ce qui s'est dit lors de la discussion. La minorité est sur-représentée dans ce cas, elle
pourrait l'emporter en convertissant une seule voix de la majorité. On aurait la tyrannie de la
minorité.
On définit le pouvoir de veto (V – R(o)) comme le nombre de votes provenant de l’endogroupe que
l’exogroupe a besoin de convertir. Par exemple, pour EG/maj => P(maj) = P(min) = 11 - 10 = 1 ou
PR/maj => P(min) = 11 - 15 = -4; P(maj) = 11 - 5 = 6. La majorité n'a pas besoin de la minorité. Les
préférences de la majorité vont être ancrées dans la justice individuelle, donc elle est juste pour la
majorité des individus.
En fonction du nombre de représentants dans la majorité et dans la minorité et de la règle de vote,
on peut avoir beaucoup de choix possibles. Certains choix impliquent un contrôle unilatérale de la
majorité, un autre, un contrôle unilatérale de la minorité. Au milieu, il y a un triangle où le contrôle
est mutuel, aucun groupe ne peut gagner sans convertir des votes de l'autre. On peut garantir le
pouvoir des deux groupes. La minorité ne demande pas une représentation égale. Dans les pays
démocratiques, on serait dans la partie supérieur du triangle mais en général, on ne reconnaît pas les
groupes donc il n'y a que les individus qui comptent. Il y a des solutions pour le partage du pouvoir
mais ce n'est pas discuté partout. Le problème se trouve dans le fait de reconnaître l'existence des
minorités, les groupes ne sont pas représentés.
Aux USA, il y avait 13 états au départ, l'histoire montre que les USA auraient pu ne pas exister s'il
n'y avait pas eu d'accord car il y a des petits et des grands états. Les petites demandaient que le sénat
soit divisé en sièges égalitaires, les grands états voulaient une représentation proportionnelle. La
solution trouvée est qu'au sénat, il y a égalité et à la chambre, la représentation est proportionnelle.
On retrouve ce système pour des groupes régionaux mais pas pour des groupes identitaires. C'est la
même chose pour la communauté européenne, est-ce que les grands états doivent avoir plus de voix
42
que les petits états comme le Luxembourg ? Ce sont des questions fondamentales sans lesquelles, il
n'y a pas de stabilité dans les états.
Il y a un soucis de justice dans le raisonnement des gens. Ils développent des distributions de
pouvoir qui respectent les deux niveaux de justice : individuelle et collective.
L'Angola, au sud du Congo est un pays riche en diamant qui a passé 30 ans dans une guerre civile
entre des rebelles représentés par un groupe ethnique minoritaire contre le gouvernement qui
représentent un autre groupe ethnique. Les Nations Unies sont intervenues et il y a eu des élections,
ils ont rédigé une constitution mais ils n'ont pas pris les groupes en considération et donc la majorité
a gagné les élections et ont pris le pouvoir et ça n'a rien changé, la minorité était légitiment exclue.
Les Nations Unies n'avaient pas pensé à faire reconnaître les groupes. On prend comme exemple les
pays comme la France qui ne reconnaissent pas les groupes ethniques et ceux-ci ne veulent pas être
exclu du pouvoir.
Lors d'une conférence, ça a provoqué des débats, l'Inde a pris des positions critiques mais s'ils
imaginent de proposer cela, c'est la fin de notre pays, ils trouvent ça dangereux car ça remet en
question la nation qui a été construite. Il faudra débattre de l'identité de la nation. Le vrai débat,
personne n'ose le faire. Seuls les francophones s'identifient à la Belgique, les Flamands ne se sentent
pas belges car leur culture n'est pas reconnue.
Reconnaître l'existence des minorités, n'est pas reconnaître qu'il faut créer des systèmes qui sont
entièrement calqués sur la justice collective car c'est dangereux. Si on regarde les discours
nationalistes, ces discours contiennent l'idée de l'homogénéisation de la culture. Il y a une idée que
la nation est à eux, le groupe majoritaire. Il est difficile d'imaginer la société comme multiculturelle.
On ne reconnaît pas l'existence de différents groupes culturels. Pour beaucoup de catégorisation, on
n'a pas de nom propre mais pour certain groupe oui et ici on parle de ces groupes. La France, c'est
une entité géographique et sociale. On pense aux Français, cette association dans le langage entre
nom propre et population est une illustration de l'existence de la pression subtile vers
l'homogénéisation, des images qu'on veut donner de cette entité-identité. Dans ce cas, comment
accepter l'idée que la société est multiculturelle ?
Quand les gens se mettent ensemble dans un groupe, qu'est-ce qui se passe ? La pression vers
l'uniformité, les gens vont converger vers des normes communes, des objectifs communs sinon ils
ne se voient pas comme un groupe. À une échelle plus large, on a la même manifestation de ce
problème. Quand on vit dans des sociétés avec plusieurs groupes (reconnus ou pas), le groupe
43
majoritaire va donner sa coloration au groupe. Le sujet est sensible ! L'étude a pris 4 ans pour être
publiée. Au lieu de recevoir des critiques d'ordre scientifique, il y avait des remarques politiques.
Les extrêmes ont été testés. Et si on devait laisser choisir les gens ? On leur donne le tableau cidessus. Les participants doivent choisir une case, discuter et donner une réponse collective. Chaque
individu est caractérisé par un 1 dans une case. Beaucoup on choisit la majorité mais aussi
beaucoup ont choisi une distribution qui donne le pouvoir de veto à la minorité. Si les gens doivent
choisir, ils font un compromis, ils s'écartent de l'égalité. Il n'y a pas de favoritisme pro-endogroupe.
Il n'y a pas de préférence biaisée pour que leur groupe aie la majorité. Il n'y a pas de favoritisme
pro-minorité.
Enjeux identitaires
Pour la majorité, l’identité du groupe d’appartenance est souvent fusionnée avec celle du groupe
supra-ordonné (blanc et américain). Pour la minorité, l’identité du groupe supra-ordonné est
souvent perçue comme excluant l’identité de leur groupe d’appartenance.
Justice individuelle : égalité des droits aux citoyens identifiés au groupe supra-ordonné sans
considération de leurs appartenances particulières (préférée par les majorités).
Justice collective : égalité des droits des différentes communautés au niveau de leur représentation
(pouvoir et symbolique) dans les institutions supra-ordonnées (y compris dans la définition de
l’identité de celles-ci).
Les scientifiques disent qu'il faut préserver les espèces sur la terre, il y a la même idée chez les
anthropologues, il faut préserver les groupes culturels. Est-ce quelque chose d'important ? Certaines
personnes portent cette cause. Il y a des groupes qui s'ils se retrouvent trop en interdépendance avec
d'autres groupes vont disparaître. Ils existent dans un groupe supra-ordonné, tous les individus
doivent être égaux. Pour la majorité, le plus simple c'est tout le monde avec la même langue, les
mêmes lois, ça fonctionne mieux car si pas de cohésion dans le groupe, le futur du groupe est
menacé. On ne sait pas ce que ça a comme conséquence la scission d'un pays. Est-ce qu'on peut
rejeter les revendications des groupes minoritaires qui veulent être reconnus ? Pour la Belgique, un
groupe a le droit de revendiquer son droit d'exister, mais qu'est-ce que le droit d'exister ? L'Afrique
du Sud a mis une zone géographique fermée où on mettait les noirs, ils n'étaient pas citoyens et ne
pouvait pas voter. Les valeurs démocratiques sont fondées sur une justice individuelle, la justice du
groupe échoue sauf si on essaie d'ajouter une clause pour la protection des minorités dans les droits
de l'homme. Ils ont peur de susciter l'espoir chez les petits groupes qui ne disent pas encore grand
chose. Il y a des dynamiques identitaires qu'on ne peut pas balayer.
À quel groupe on doit donner des droits ? Ça risque d'être la pagaille ! Les groupes sont des
constructions. C'est quoi un groupe ? Une construction sociale et c'est pour cela qu'on n'est pas
capable de trouver des solutions. On doit trouver des solutions au sein des nations. La capacité à
pouvoir trouver des solutions, ça doit donner l'exemple. Les seules entités reconnues sont les
personnes morales mais pas les groupes.
An injury to one is an injury to all
L'étude n'a pas été publiée pour des raisons politiques.
Évaluation par les noirs (n=91) de la justice d’un verdict en fonction de la race de l’accusé et de la
règle de vote exigée par le juge dans un jury composé de 8 blancs et 4 noirs.
44
En 1992, il y a eu des émeutes très importantes à Los Angeles, une grosse partie de la ville a été
brûlée, plus personne n'osait entrer dans cette partie de la ville.
Un conducteur noir a été arrêté et violenté par la police, la scène a été filmée. Il y a eu un procès des
policiers. Le procès a innocenté les policiers. LA était en feu. Est-ce la justice procédurale qui est en
jeu ou autre chose ? L'étude a été difficile car il est difficile de recruter des américains noirs. Le
verdict concerne un meurtre dont la victime appartient à l’autre groupe racial.
Deux avocats travaillent dans la même boite, ils sont en concurrence. Les avocats se bagarrent et
par accident, un des deux meurent. Ils ont repris l'histoire en utilisant des prénoms pour indiquer
que la victime est noir et l'accusé blanc ou l'inverse. Ils ont créé un jury de 12 personnes pour juger
l'accusé (noir ou blanc). Soit la décision est unanime ou à la majorité à 2/3. On a dit que le jury était
fait de manière proportionnelle à la population. Avec 4 noirs, ils n'ont rien à dire avec une majorité
2/3. On demande d'estimer la justice de la décision.
L'hypothèse était que les gens allaient prendre en considération les votes des noirs s'ils étaient
effectifs ou pas dans la prise de décision. Donc une décision unanime devait être acceptée quel que
soit le cas mais pas la majorité 2/3. Ce qu'on a oublié c'est que les gens acceptent une décision
comme légitime si la procédure leur semble juste. Mais il faut que les gens aient confiance dans le
système sinon ils acceptent pas les décisions. Les gens devaient expliquer leur jugement, pourquoi
ils pensent que c'est juste.
Les résultats montrent un biais pro-endogroupe. Dans les deux premières colonnes, il y a une
différence due au type de justice, c'est le seul endroit où ça joue. Les membres noirs du jury ne sont
écoutés que dans le premier cas. Les jurys noirs ne sont pas biaisés. Les gens crient coupable si
l'endogroupe est coupable. La mémoire collective ne pense à soi qu'en tant de victime. Lorsque
l'accusé est blanc, le verdict est injuste car c'est tout le temps que ça arrive, on a blessé un noir, les
noirs sont tous blessés, ils prennent la mesure de la victime. (accusé blanc --> victime noire). On
célèbre ses propres morts, on ne célèbre pas les mauvaises choses que notre groupe a fait. Ici
l'exogroupe ne manifeste pas sa culpabilité, les noirs sont souvent sujets à discrimination, c'est un
cas en plus, les noirs sont toujours victimes. Il y a une méfiance vis à vis du système. Les sujets de
l'expérience était l'élite noir.
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Profils d’identification et justice
Le degré d'identification influence-t-il le jugement ? Une échelle de 1 à 15 a été utilisée.
On mesure de façon subtile l'identification à leur groupe, l'autre groupe et le super-groupe. Jusqu'à
quel degré trouvez-vous important de connaître l'histoire des afro-américains, ou l'histoire
européen-américain, pensez-vous qu'il est important de connaître l'histoire américaine ? Pour tous
les sujets, l'histoire américaine se situe entre les deux autres moyennes. La moyenne est en dessous
de la moyenne de l'échelle donc c'est encore positif. Qui a rejeté l'exogroupe ? Ils disent non à
l'apprentissage de l'histoire européenne-américaine. Demande sur la composition du jurys : noir et
blanc ? On a le pourcentage de gens qui ont choisi l'égalité puis proportionnalité puis ceux qui ont
favorisé les noirs. Ce qui est indicateur est le rejet de l'exogroupe.
Évaluation par les noirs et les blancs de la justice d’un procès où l’accusé appartient
à l’endogroupe, et où celui-ci est dans la minorité dans le jury (4/12) et la
règle de vote exigée par le juge est la majorité à 2/3 (soit 8 sur 12 jurés)
L'étude a été réalisée avec autant de sujets noirs
que blancs. La règle de vote est toujours
majoritaire. Les blancs reçoivent l'histoire où
l'accusé est blanc. Chaque groupe est dans la
même situation et ne réagit pas de la même
manière. On rajoute une situation où le verdict
n'a pas encore été prononcé. Les blancs ont
confiance dans le système quelle que soit la
décision. Pour le noir, c'est injuste qu'il soit
coupable ou pas. Même quand la décision n'est
pas connue, il y a une absence de confiance. Ils
ont dû justifier leur jugement. Est-ce qu'ils ont
mentionné la composition raciale du jury dans
leur remarque ? 100% des noirs en ont parlé et
0% des blancs, ils vivent dans un monde
différent, pour les bancs, on ne parle pas de la
race, les noirs y sont sensibles.
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Profils d’identification : importance d'enseignements sur l'histoire afro-américaine,
européenne-américaine et américaine (1-15)
L'identification la plus forte est caractérisée par le plus petit chiffre. Les noirs ne s'identifient pas
avec l'autre groupe. Chez les blancs, l'identification est très grande au groupe supra-ordonné et on
observe un rejet de l'exogroupe et de leur propre identité. L'identité est fusionnée avec l'identité du
super groupe, c'est leur groupe. Du fait qu'ils s'identifient fortement au super groupe, ils se
permettent de ne pas s’identifier à l'endogroupe, cela leur permet de rejeter les revendications de
l'exogroupe.
Par exemple, les francophones s'identifient avec la Belgique, au plus ils s'identifient au moins ils
s'identifient comme francophones et pensent que les flamands doivent faire la même chose donc on
est moins tolérant avec les revendications de l'autre.
Dans le tableau ci-dessous, on compte le nombre de répondants indiquant une identification plus
importante au groupe ethnique (IG>SG), un même degré d’identification (IG=SG) et une
identification plus importante au groupe supra-ordonné (SG>IG).
Dans le premier cas, ce sont les noirs qui s'identifient à leur propre groupe, pour eux, ils ne sont pas
représentés par l'identité super. Sur cette ligne, il n'y a aucun blanc donc il y a une différence assez
importante. Sur la dernière ligne, c'est clairement les blancs. Les blancs rejettent le plus l'identité de
l'exogroupe car ils ont rejeté l'identité endogroupe au profit du groupe supra-ordonné.
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Profils d’identification et attitudes intergroupe
Évaluation de l’importance de
l’histoire de « l’autre » groupe (OG) et
de l’endogroupe (IG).
On compare l'identification pour
chacune des catégories. Pour IG=SG,
il n'y a pas de différence entre les
noirs et les blancs. L'identification au
groupe supra ordonnée implique une
attitude « color blind », c'est une
attitude assimilatrice. Tout le monde
doit s'assimiler au groupe principale.
Conclusions
Vue de la perspective de la majorité, la justice individuelle est justifiée par une appartenance
commune à un groupe supra-ordonné ; dans ce contexte les identités “subordonnées” ne devraient
pas avoir une incidence sur les normes qui règlent la distribution des ressources.
Vue par la minorité, la justice collective pourrait être le seul moyen d’extraire une reconnaissance
de leur identité par les institutions du groupe supra-ordonné ; leur préférence pour cette justice
émane d’une perception de menace quant à leurs intérêts, y compris la place et la survie de leur
identité dans le contexte de leur relation avec les institutions du groupe supra-ordonné, perçues
comme représentants les intérêts et identité de la majorité.
Au sein de la minorité : le paradoxe d’une double inquiétude
Nécessité de garantir la justice individuelle par des moyens qui ne permettent pas à la
discrimination d’avoir lieu dans des situations où les individus sont les récipiendaires (emploi,
travail, police, autorités administratives, juridiques et politiques).
Nécessité de garantir (en même temps ?) la justice collective dans le but d’assurer la survie et la
reconnaissance de l’identité culturelle de la minorité dans un contexte social et institutionnel qui a
tendance à fusionner la culture et l’identité de la société et de ses institutions avec celles de la
majorité communautaire.
L’identité est-elle un obstacle à la paix ?
La paix : approche comportementale
Qu'est-ce que c'est la paix ? Ce n'est pas un concept facile à définir car le contraire est un acte alors
que la paix semble l'absence de cet acte plutôt que quelque chose d'actif. Comment la définir d'une
façon comportementaliste ?
La paix est un état de relations sociales qui permet la co-existence entre individus et groupes, ce qui
implique la régulation des comportements conflictuels et/ou violents, qu’ils soient individuels ou
collectifs.
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Contrastée à la guerre, la paix est difficile à cerner d’une manière précise, hormis qu’elle implique
l’absence de violences.
Dans les relations entre groupes, elle implique la co-existence harmonieuse entre communautés (ou
groupes) au sein d’une entité institutionnelle et territoriale qui les englobe => la paix dans les
relations au sein d’une nation.
Du point de vue des sciences du comportement, on suppose un continu en spirale des
comportements collectifs dont les extrémités sont la coopération ou la violence extrême.
Dans les attitudes, on réduit la tendance à utiliser l'agression contre un autre groupe. Les
comportements peuvent être individuels ou collectifs, il suffit qu'un individu agisse de manière
différente pour susciter une remise en question des actions paisibles. Les actions ne sont pas
forcément collectives, ce sont des petits groupes qui ne sont pas forcément représentatifs d'une
collectivité.
La paix est définie par contraste avec la guerre. En science politique et relation internationale quand
on parle de paix et de guerre on en parle au niveau international et on oublie que la paix est une
condition d'existence pour les nations elles-mêmes.
Comportements collectifs : entre coopération et violence
Il y a une continuité entre les attitudes et comportements individuels, collectifs et institutionnels
positifs et coopératifs. Le conflit peut escalader jusqu'à des sommets parfois élevés mais sans conflit
violent. On a déstabilisé la nation, la Belgique était sur le point de disparaître. À l'extrême, on a des
comportements compétitifs, pas moyen d'avoir un accord. L'escalade nécessite deux groupes. Un
groupe agit d'une manière positive, l'autre un peu moins. Si la réaction est plus grande, l'autre
augmente son niveau d’agressivité. Il y a une réciprocité négative. On a donc des attaques en
spirale. On ne sait pas comment redescendre les escaliers. En Israël et Palestine, on est tout en haut.
Les stéréotypes sont omniprésents. Ils n'arrivent jamais à un niveau suffisamment bas de tension
pour que la population diminue aussi sa tension.
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La problématique de l’identité : Qui suis-je? Qui es-tu ?
« Depuis que j’ai quitté le Liban en 1976 pour m’installer en France, que de fois m’a-t-on demandé,
avec les meilleures intentions du monde, si je me sentais “plutôt français” ou “plutôt libanais”… »
« Lorsqu’on me demande ce que je suis “au fin fond de moi-même”, cela suppose qu’il y a, “au fin
fond” de chacun, une seule appartenance qui compte, sa “vérité profonde” en quelque sorte, son
“essence”… et lorsqu’on incite nos contemporains à “affirmer leur identité” comme on le fait
souvent aujourd’hui, ce qu’on leur dit par là c’est qu’ils doivent retrouver au fond d’eux-mêmes
cette prétendue appartenance fondamentale, qui est souvent religieuse ou nationale ou raciale ou
ethnique, et la brandir fièrement à la face des autres. » A. Maalouf (1998). Les identités meurtrières.
Paris : Grasset.
On peut trouver un exemple dans un mémoire de MA2 qui étudie l'acculturation des personnes
sénégalaise vis à vis d'un immigré sénégalais lorsqu'il affiche une tendance vers l'intégration ou une
position d'assimilation. Elle a eu des réactions violentes des personnes qui l'ont approché. Ce n'est
pas acceptable cette position. Les pressions ne viennent pas seulement de la société d'accueil mais
aussi de la communauté d'origine, ce qu'on a tendance à oublier car on a une idéologie dans le sens
que le groupe coupable est le groupe majoritaire.
Les critères définissant l’identité
Similitude : identifier un objet ou individu c’est le placer dans une catégorie (catégorisation ; par
ex., femmes, hommes).
Distinction : identifier un objet ou individu c’est le distinguer d’autres objets ou individus
(individualisation).
Unité : caractère de ce qui est UN, le même (perception holistique).
Permanence : l’objet social identifié (individu ou groupe) est représenté comme constant dans le
temps.
Entité : la distinction et la perception d’unité impliquent une perception d’une entité avec des
frontières. L'individu comme entité spatiale avec le corps comme noyau, et un espace psychosocial
qui l’entoure comme étant le territoire personnel ; le groupe (famille, culture, nation) comme une
entité spatiale plus ou moins confiné dans l’espace (le territoire, ça peut être la maison, la nation, la
frontière peut être la porte de la maison, la table dans un restaurant, les frontières sociales
deviennent physiques), lié à un territoire et avec des frontières sociales et parfois physiques ;
utilisation de noms propres pour nommer les entités (la France, la Russie... en Afrique, il y a des
noms de famille qu'on associe à une maison, ici, chaque maison a une adresse qui est complément
individualisante, on utilise l'adresse pour montrer la place et une frontière, on découpe le monde en
espace physique qui ont un sens social d'identification).
Éléments constituant les identités individuelles et collectives
Au niveau de l'individu : un individu est identifié par son nom, son apparence, sa voix, etc. ; il est
représenté (et se représente) en termes de sa personnalité, statut, rôle, valeurs, goûts, opinions, etc.
Au niveau du groupe : un groupe est identifié par sa culture, histoire, nationalité, langue, religion,
etc. ; il est représenté en termes de certaines caractéristiques “stéréotypiques” (c-à-d, traits de
personnalité attribués à “tous” ou à une “majorité” de ses membres).
Lorsqu’un individu est identifié par son appartenance à un groupe social, on lui attribue (et il
s’attribue) les caractéristiques de l’identité de ce groupe, caractéristiques communes avec les autres
membres du groupe.
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Représentation psychologique de l’identité
La dimension cognitive
C’est l’ensemble de croyances qu'une personne (ou groupe) entretient à propos de son identité. On
observe des influences sociales sur la définition des identités individuelles mais aussi des
influences individuelles sur la définition des identités collectives. Par exemple, un leader très
charismatique qui fait de la propagande pour redéfinir l'identité d'un groupe et en quelque années,
un groupe s'est redéfini, c'est ce qui s'est passé fin du 19° siècle chez les flamands.
Mais comment un consensus se construit-il dans la définition de ces identités ? Il y a négociation
des identités collectives : aux niveaux individuel, de l’interaction face-à-face, et au niveau collectif,
institutionnel, médiatique.
Le point de départ est le processus cognitif de catégorisation et le point d’arrivée est le stéréotype
(pour le groupe) et l’impression (pour l’individu).
La catégorisation implique une représentation sur base de stéréotypes. La catégorisation peut avoir
un effet immédiat sur le comportement. On veut demander de l'aide et on voit un type avec plein de
tatouages, et on traverse la rue et si on rencontre une vieille dame on lui demandera de l'aide.
Auto-catégorisation = identités multiples contenus dans le soi
Des identités multiples sont contenues dans le soi.
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Identité de l’individu vue par autrui
L'identité est composées de plusieurs identités. De l'extérieur, il y a d'autres choses : visage, corps,
apparence et la voix tout d'abord, ça permet d'identifier un individu. On observe des
comportements, on communique avec elle, les gens nous racontent des trucs et avec cela, on forme
une impression sur les traits de caractère. On oublie les observations originales qui ont mené à cela.
L'appréciation globale est positive ou négative. Il y a l'effet des stéréotypes sur les traits de caractère
ou directement sur l'appréciation globale de la personne. L'individu se perçoit comme une unité, une
identité.
Multiplicité et unité de l’identité : Au niveau de l’individu
La multiplicité des identités au niveau de l’individu est un constat scientifique.
Toutefois, l’individu se perçoit et est représenté par les autres comme une unité, une entité
permanente à travers le temps (depuis sa naissance jusqu’à sa mort, et ce malgré les changements
physiques et psychologiques) ; et intégrée dans l’espace : le corps et l’esprit sont perçus comme
UN : visage, voix, nom, traits sont « intégrés » dans une représentation unie de la personne.
Multiplicité et unité de l’identité : Au niveau collectif
Les sociétés sont constituées de groupes multiples.
La diversité ou multiplicité des entités collectives est inscrite dans une organisation sociale et
institutionnelle où les groupes (et identités) sont emboîtés. La nation dans laquelle se trouvent
plusieurs groupes. Pour une identité groupale, ce n'est pas évident. Si on perçoit plusieurs groupes,
est-ce qu'on peut avoir une unité à partir de ces groupes-là ?
Cette organisation d’identités emboîtées soulève la question de l’unité et de l’entitativité du groupe
supra-ordonné inclusif.
La construction de l’unité du groupe se fait dans un contexte d’inclusion ou d’exclusion à différents
niveaux d’organisation.
Est-ce que la communauté française est une unité ? Est-ce la même chose pour la Belgique et
l'union européenne, unité veut dire qu'on vit paisiblement, si on y arrive pas c'est qu'il n'y a pas
unité.
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Identités inclusives
Les multiples déterminants des conflits intergroupes
Sources cognitives des conflits intergroupes
L’auto-catégorisation: source cognitive de l’incompatibilité entre identités sociales
multiples
La catégorisation = classement des objets ou organismes dans des catégories selon des critères de
ressemblance.
L’auto-catégorisation = placement du soi dans une catégorie prédéterminée => attribution au soi
des caractéristiques de cette catégorie.
Catégorisation ≠ auto-catégorisation => implication du soi => enjeux affectifs et émotionnels.
Il existe 3 niveaux de catégorisation: individuel (différenciation interpersonnelle), intergroupe
(différenciation intergroupe) et supra-ordonnée (groupes inclus dans une entité inclusive).
Opération d’un principe de contraste perceptif différent en fonction du contexte et du niveau de
catégorisation : focalisation sur l’individu distinct des autres individus (au sein d’un groupe) =>
différences interpersonnelles ; focalisation sur les groupes => différences inter-groupes ;
focalisation sur le supra-groupe => similarités intergroupes.
Percevoir les similarités peut être une menace pour l'identité des petits groupes. La problématique
se pose et il n'a pas de solution clair. Quand on focalise sur la Belgique, on se perçoit comme Belge.
Les flamands, en revendiquant l'identité flamande, ils la construisent dans la perspective de rejet de
l'identité belge, c'est une identité séparatrice. Elles sont construites de manière de dire qu'ils sont
une nation aussi. Ils peuvent être une nation à part entière. Est-ce que ce sont de processus purement
cognitif ? Étant donné le discours séparateur qu'on sent au niveau de la société flamande, des
médias, des politiques, est-ce que ce discours va jouer sur les dynamiques cognitives et mener à un
conflit entre penser à soi comme flamand et penser à soi comme belge ? Il n'y a pas beaucoup
d'études sur ce sujet. La théorie de l'identification laisse la place au contexte. Quelle identité
constitue l'essence de la nation ? La Belgique pour qui ? Les francophones ou les flamands ?
Historiquement, les flamands essaient d'imposer une Belgique néerlandophone alors qu'avant, c'était
les francophones.
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La langue par défaut pour beaucoup de situation est le flamand (Par exemple sur google.be). C'est
comme si on ne pouvait pas imaginer une Belgique qui serait flamande et francophone en même
temps, ce n'est pas possible et c'est ça la question !
Identités emboîtées : Enjeux et dynamiques
Une identité supra-ordonnée et inclusive peut-elle survivre si elle est en concurrence avec les
identités subordonnées et englobées en son sein ?
Conflits psychologiques en rapport avec la saillance perceptive des identités à des niveaux
différents de catégorisation : incompatibilité si saillance simultanée.
Conflits politiques en rapport avec la diversité culturelle au sein d’une seule nation: quelle identité
constitue l’essence de la nation ?
Sources émotionnelles des conflits intergroupes
L’auto-catégorisation : entrée en jeu des dimensions évaluative et émotionnelle
L’implication du soi implique un processus de comparaison sociale qui dirige l’évaluation de son
identité d’une manière (comparativement) positive => stéréotypes, discrimination, et
ethnocentrisme (permettent de percevoir son propre groupe positivement).
Les processus d’identification au groupe engendrent des variations entre individus dans le
sentiment d’attachement, et selon les contextes, des émotions ressenties :
•
fierté, patriotisme, honte, culpabilité (pour l’endogroupe),
•
rancœur, hostilité, mépris, colère, admiration (pour l’exogroupe).
La perception des différences n'est jamais neutre. Les flamands se pensent plus compétents que les
francophones. Les francophones sont plus chaleureux. Chaque groupe affiche des différences qui
comptent et met l'accent sur la positivité de son identité par rapport à l'autre. Les gens essaient de ne
pas mettre en relief des manques de leur groupe. Lors de l'expression du sentiment de culpabilité, le
pardon est octroyé et les relations s'améliorent mais pour arriver là, c'est très difficile.
Identifications et identités emboîtées
a est fort identifié avec la Flandre. Il aura de la haine vis à vis des francophones de Belgique. Le
cognitif est associé à l'émotionnel.
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Identités et Comportements
On voit la distinction entre les deux directions qu'on peut prendre face à un autre organisme : soit
l'approche, soit l'évitement. Si l'endogroupe ne nous plaît pas, on le quitte (dissimilation de son
identité). Les gens de l'autre groupe peuvent ne pas accepter de nous intégrer. Au niveau
institutionnel, on veut de la séparation. On est dans un système violent, ce qui est intéressant, c'est
que la violence, ce n'est pas de l'éloignement, il faut s'approcher. On cherche et attaque
l'endogroupe. La guerre et la paix, c'est plus compliqué que ce qu'on pense. Les gens veulent une
paix dans l'approche et pas dans l'évitement. Dans la guerre, des comportements d'évitement
peuvent constituer les comportements illustrant l'escalade du mépris, on peut commencer à ne pas
se mélanger puis on discrimine puis on veut se séparer et après, on passe à la violence.
Sources socio-psychologiques des conflits intergroupes
Perspective socio-historique
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Perspective socioanthropologique
Pour coexister, il faut accepter l'interdépendance et partager les ressources, en Belgique, on essaie
de minimiser l'interdépendance en donnant de plus en plus de droit à la Flandre, il reste de moins en
moins à la Belgique.
Coexistence : le canada considère l'anglais et le français comme faisant partie de la culture
canadienne. Le Canada a une optique multiculturelle.
L'édifice que nous avons construit sur terre avec des états-nation est instable car la plupart des états
n'ont pas réussi à arriver à imaginer un état avec une identité unie mais composée de plusieurs
identités culturelles.
Ça tourne mal quand il y a de l'inégalité dans le partage des ressources. Les guerres civiles
apparaissent car il y a l'égalité dans la loi et une redistribution des richesses en Europe, les
différences ne sont pas aussi énorme qu'en Afrique, ceux qui prennent le pouvoir prennent tout, les
autres n'ont rien.
Conclusion
L’identité n’est pas un obstacle à la paix, mais elle peut le devenir si elle est menacée, elle n’est pas
reconnue, elle est confondue avec des conflits matériels et économiques non-résolus, l’identité de
l’entité supra-ordonnée ne tient pas compte de la diversité des identités englobées en son sein.
Coexistence = acceptation de l’interdépendance, partage des ressources et du pouvoir
Coexistence = acceptation des identités multiples et emboîtées, et leur reconnaissance et inclusion
dans la définition de l’identité de l’entité socio-politique qui les contient.
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