Relations intergroupes : Identité, culture et nationalisme
Professeur Assaad E. AZZI
Le cours sera basé sur les théories de la psychologie sociale mais aussi sur celles qui proviennent de
l’anthropologie, la sociologie et les sciences politiques.
Lorsqu'on parle de relations intergroupes, la plupart des gens pense directement au conflit. Le cours
va essayer d'expliquer pourquoi les relations intergroupes sont conflictuelles et de trouver des
solutions à ces conflits. Quel que soit l'ouvrage sur le sujet, pour justifier le pourquoi de l'article,
l'auteur parle du nombre de conflits existants dans le monde et du nombre de morts causés par ces
conflits. Depuis la dernière guerre mondiale, les conflits ethniques ont causé plus de morts que la
guerre mondiale elle-même. Ce chiffre est impressionnant. On voudrait que les relations humaines
soient harmonieuses. Lorsqu'elles ne le sont pas, on a peur et on veut essayer de faire quelque chose
pour résoudre ce problème. Beaucoup de domaines scientifiques s'intéressent à ce sujet, des milliers
de livres ont é écrits. Malgré cela, les conflits continuent. Pourquoi ? Soit les politiciens ne
tiennent pas compte des découvertes de la science, soit une discipline seule ne permet pas de
trouver la solution. C'est pourquoi ce cours se veut interdisciplinaire. En effet, le conflit implique
les individus, les groupes, les structures sociales... Une discipline seule n'est pas capable de
proposer une solution suffisamment profonde.
Évaluation
Examen écrit : questions vrai-faux, petites questions ouvertes et une question de réflexion d'une
page.
Les niveaux d’analyse
Dans le cours, on ne va pas nier les sciences qui ont un niveau d'analyse plus réductionniste comme
la psychophysiologie. On s'intéresse à la façon dont les gens perçoivent les autres groupes. On
s'intéresse aussi à l'éthologie car les conflits intergroupes chez les singes ressemblent aux conflits
humains. Il y a peut-être des bases biologiques indirectes.
La psychologie sociale est peu influencée par la sociologie. Les premiers auteurs ont été inspirés par
les sciences sociales mais les recherches récentes se font uniquement en psychologie sociale, ce
qu'on ne ferra pas sur ce cours.
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Facteurs déterminants du comportement
Qu'est-ce qui peut intervenir dans un conflit ? Il y a trois cadres explicatifs possibles. L'être humain
est un corps construit par un système biologique. Le corps est conditionné à certains comportements
et pas à d'autres, y compris le comportement agressif. L'intervention est très indirect sauf pour le
conditionnement des soldats en bataille car l'effet est immédiat. On peut, par exemple, entraîner les
soldats à ne pas se sentir moralement incapables de tuer leur ennemi. Ils apprennent à ne pas inhiber
ce qu'un humain ne devrait pas faire par sa socialisation. On conditionne aussi les sportifs à la
compétition, cela influence la sécrétion d'hormone et donc le niveau biologique.
Les processus cognitifs sont directement impliqués dans le comportement. Lorsqu'un groupe est en
conflit avec un autre, on dit, par exemple, « Les américains ont envahi l'Irak ». Pourtant, seule une
partie des Américains est concernée. Il y a une variation interindividuelle très élevée à l'intérieur du
groupe mais on considère que tout le groupe agit de cette façon-là. Le silence de ceux qui n'agissent
pas implique leur accord avec leur groupe. Les Allemands pendant la seconde guerre mondiale
étaient-ils d'accord avec le nazisme ? Pourquoi sont-ils restés silencieux ? Le silence est un acte.
Les sociologues et les historiens étudient l'environnement global. L'environnement physique et
social immédiat est plus étudié par les psychologues sociaux. Le contexte immédiat influence ce
que l'on fait, ça ne veut pas dire que la culture n'intervient pas, on a appris à se taire en classe par
exemple par la socialisation.
On va voir comment les niveaux interviennent, on ne sait rien de leur interaction.
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Facteurs impliqués dans les relations intergroupes
Dans les conflits, l'acteur fondamental est l'individu car sans lui, il n'y a pas de conflit. Les
individus sont la base de tout. La catégorisation est une représentation dans la tête des individus,
tout comme les stéréotypes, même si, pour les expliquer, on doit aller au delà des individus. Les
stéréotypes sont des représentations qui ont été apprises. Un individu s'attribue ou se voit attribuer
une identité. Par exemple, on remarque directement la couleur de la peau. Tout comme les
minorités, ces personnes ont une identité saillante et on pense à la personne en tant qu'incarnant
cette identité. On ne verra pas beaucoup le rôle des émotions dans le conflit, les émotions sont des
états individuels physiologiquement ancrés. Elles ont un impact puissant et sont très faciles à
manipuler par les discours, le conditionnement et les situations de groupe.
Au niveau de l'interaction, on ne voit plus uniquement ce qui se passe dans la tête de l'individu. La
communication est importante car les stéréotypes se développent à travers elle, via les films, livres
et média. Elle produit l'affiliation, le besoin chez l'individu d'appartenir à un réseau social. C'est
impossible de vivre seul, l'individu est donc poussé à rejoindre des groupes. Quelqu'un insulte un
autre, quelqu'un décide de joindre une milice, ce sont des comportements, cela se passe dans un
espace public, c'est un comportement vis à vis de l'autre et c'est donc bien à l'extérieur de l'individu.
L'interdépendance se produit quand on interagit avec quelqu'un. Sur un plateau de télévision, on
invite un politicien flamand et un francophone, l'ambiance chauffe, les deux individus interagissent,
l'interdépendance est négative parce qu'il y a un conflit. Le politicien est aussi interdépendant avec
les membres de son parti politique, il représente l'opinion de son parti, il n'est pas libre, il dépend de
l'opinion de son groupe. Il y a une interdépendance à l'intérieur du groupe et à l'extérieur du groupe.
Le président américain Clinton, dans les années 90, a réuni les Palestiniens et les Israéliens. Ils sont
presque arrivés à un accord mais avant de donner son accord final, le leader palestinien a contacté
un président européen qui lui a dit de ne pas accepter l'accord et il n'y a pas eu l'accord qui aurait
mené à la paix. Même avec une pression énorme, la marge de manœuvre des leaders ne s'étend pas
à l'infini. C'est la même chose pour les partis flamands par rapport à leurs affiliés. La comparaison
est inévitable car dans les relations intergroupes, les identités veulent être positives, ce qui implique
un sentiment de supériorité envers les autres groupes. La territorialité est comprise en terme de
distance interpersonnelle, politique (souveraineté territoriale). Il faut, par exemple, un visa pour
aller dans un autre pays car les pays veulent protéger leur territoire. Chez les animaux, les conflits
sont souvent des conflits territoriaux car c'est une lutte pour les ressources. La territorialité est liée à
la sécurité. Quand on vit dans une société, on prend comme évident la manière avec laquelle on vit.
Si des extra-terrestres visitaient la terre, ils seraient étonnés de voir que les êtres humains vivent
cloisonnés entre quatre murs nommés maison. Celle-ci est aussi compartimentée pour que chaque
individu ait un espace à lui. Cet espace est protégé. Cette peur est universelle et explique pourquoi
la territorialité a évolué chez les humains.
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Les interactions entre groupes sont précises, on développe nos idées dans le groupe, nos objectifs et
on détermine comment agir en fonction des autres groupes. C'est ce que les états font. Les
gouvernements décident des objectifs du pays et de l'interaction avec les autres pays. On a donc une
dynamique du groupe restreint, comme le gouvernement. Les citoyens élisent un nombre restreint
d'individu pour prendre des décisions. La pression provient à la fois de l'électorat et des autres
membres du groupe. Au sein du groupe, existe une pression vers l'uniformité, les décisions doivent
être unanimes.
On peut aussi parler de l'influence de l'idéologie, de la culture... Ces concepts appartiennent aux
sciences humaines.
Le thème
Le nationalisme (ou le racisme ou le préjugé), qui se caractérise par une revendication collective
d'appartenance à la nation (la Palestine demande d'être reconnue comme un état), entraîne la
remise en question des structures existantes au niveau des relations intergroupes et provoque le
désir soit de se désengager d'une relation d'interdépendance avec d'autres groupes, soit d'y exercer
une hégémonie (suprématie politique, économique et sociale). Qui revendique ? Beaucoup de
personnes ne sont pas d'accord, donc un groupe prétendant représenter la population exprime la
revendication. On doit comprendre à travers quel processus se construit la revendication. Si
l'Europe vire vers l'extrême droite, beaucoup de questions se poseront : que ferra-t-on des immigrés,
que deviendra l'union européenne ? Lorsque la droite gouverne, les droits des femmes sont en
danger comme en Pologne, Hongrie ou en Suisse. Les droits acquis ne sont pas forcément acquis
pour toujours, les choses peuvent changer parce qu'il y a des conflits de pouvoir qui sont des
conflits inter-groupes. Lorsqu'on a des structures sociales, on a une interdépendance en équilibre. Il
existe des règles qui régissent les conflits : entre les pays de l'Europe, personne ne se bat. Si on met
en question cette structure, tout peut changer. L'équilibre créé par la structure peut tomber à l'eau et
on ne sait pas ce qui va se passer. Les pays arabes après leurs révolutions, n'ont pas encore rétabli
un équilibre.
En Belgique, les flamands demandent l'appartenance au peuple flamand, ils mettent en question la
structure de la Belgique, ils veulent se dégager de l'interdépendance avec les francophones et
veulent y exercer une hégémonie. La police, les banques, toutes les institutions sont contrôlées par
les Flamands. Un groupe veut avoir le contrôle sur l'autre groupe. Les Francophones ont eu
l'hégémonie tout un temps. Ce genre de dynamique existe dans tous les pays du monde mais à des
niveaux différents.
D'un point de vue psychologique, la revendication d'appartenance à la nation implique que « le
groupe constitue une entité sociale », ce qui s'articule généralement dans le cadre d'une certaine
idéologie qui (a) rend plus ou moins explicites une définition et une légitimation subjective du
groupe et de ses frontières, basée sur l'interdépendance historique, territoriale, linguistique,
religieuse ou culturelle entre ses membres, (b) diffuse un message de distinction endogroupe et de
différenciation intergroupe et (c) avance des revendications territoriales.
Une entité sociale, qu'est-ce que c'est ? Au début du 20° siècle, c'était la mode de faire de
l'ethnographie à cause d'une industrialisation et d'une colonisation importante. On découvrait des
nouvelles populations qui n'avaient jamais eu de contact avec nos sociétés. Le débat a démarré en se
demandant si ces groupes étaient des sociétés. Les anthropologues créaient leur nom s'ils n'en
avaient pas. Aujourd'hui, le débat continue. Quelles sont les frontières entre les groupes ? Les
nations sont des créations artificielles. La France n'étaient pas une nation au départ, les populations
parlaient des langues différentes. Ce sont les institutions scolaires, les administrations, les tribunaux
qui ont forcé l'utilisation du français et les dialectes ont disparu faisant de la France une nation. En
Angleterre, des chercheurs ont étudié l'évolution du nombre de personnes parlant le Gallois. En
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1925, 100% des habitants parlaient le Gallois. Aujourd'hui, plus personne ne le parle, une langue
peut disparaître super vite. Les frontières intergroupes ne peuvent pas être définies, ce sont les
groupes qui décident de créer leur frontière et d'uniformiser les gens à l'intérieur des frontières.
Mais pourquoi faut-il qu'il y ait uniformité ?
Le concept d'identité
On va essayer de l'approcher sous deux niveaux, celui de l'individu et celui du groupe.
Au niveau de l'individu : nom, apparence, personnalité, statut, rôle… On identifie un être humain
par son nom, il est unique. Le nom nous identifie en tant qu'identité individuelle. Chacun a une
apparence unique.
Au niveau du groupe : culture, histoire, nationalité, langue, religion, genre, famille politique… la
définition a été créée par un groupe, elle n'est pas comprise si on regarde uniquement l'individu, il
faut la voir au niveau du groupe. On va au niveau du groupe pour répondre à la question, c'est quoi
être chrétien ? Tous les individus d'un groupe ont quelque chose en commun.
Il y a un lien avec le concept "soi" : Le soi englobe l'ensemble des caractéristiques individuelles qui
font qu'une personne est différente des autres ou semblable à eux. C'est le ud du problème.
Quand on dit qu'on est une femme, ça veut dire qu'on se différencie des hommes et on partage les
caractéristiques des autres femmes.
La théorie de l'identité sociale
Tajfel (1981) définit le groupe psychologique en s’inspirant de la définition de « nation » proposée
par Emerson (1960) : « The simplest statement that can be made about a nation is that it is a body of
people who feel that they are a nation ». Un groupe est un ensemble d'individus qui disent qu'ils
sont un groupe.
Selon Tajfel, l’identité sociale associée à un groupe psychologique (tel qu'il est revendiqué par ses
membres, le groupe sociologique est défini par le sociologue) est constituée par au moins trois
composantes : composante cognitive, composante évaluative et composante émotionnelle. On va
les étudier l'une après l'autre
Les dimensions du soi (identité)
La dimension cognitive : ensemble de croyances qu'une personne entretient à propos de son
identité. Ce n'est pas facile à mesurer. Quand on fait des études, on a très peu de traits qui
différencient les deux groupes (Flamand et Francophone) et pourtant ils se trouvent différents.
Même si les différences sont peu nombreuses, elles sont super importantes. Comme entre les
hommes et les femmes, il y a très peu de différences et même de moins en moins de différences
comportementales mais celles qui restent constituent des choses importantes qui définissent les
deux groupes. Il ne faut pas beaucoup de différences pour créer une représentation de deux groupes.
La culture vient pour exagérer les différences anatomiques qui existent, l'identité de genre est une
des premières identités sociales chez les enfants, on se demande à quel point elles sont imposées.
Les jeux, les vêtements sont séparés. Objectivement, on ne sait pas sont les différences mais les
individus s'emploient à agir de manière à ce que la différentiation existe dans les groupes. Si on
catégorise les gens en deux groupes, on essaie d'accentuer la différence entre les deux groupes et
diminuer les différences au sein des groupes. Cette différentiation est la conséquence de la
dimension évaluative. Elle résulte de la catégorisation.
La dimension évaluative : évaluation qu'une personne fait de chacune de ses identités. Si on crée
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