LE CERVEAU, CET ARTISTE
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© Eyrolles
la cosmologie, la biologie ou la physique, mais nous-mêmes, et,
en nous-mêmes, l’organe qui a permis ces précédentes révolu-
tions. Je veux insister sur le fait que ces aperçus du cerveau
humain auront un impact profond non seulement sur les scienti-
fiques, mais aussi sur les intellectuels. Ils nous permettront
peut-être même de relier ce que C.P. Snow a appelé les deux
cultures — la science d’un côté et les arts, la philosophie et les
lettres de l’autre. Étant donnée la quantité impressionnante de
recherches sur le cerveau, tout ce que je peux faire ici est de
vous donner une vue d’ensemble impressionniste : je ne peux
pas prétendre à l’exhaustivité. Ces conférences couvrent un
large spectre de sujets, mais deux thèmes sont particulièrement
récurrents. D’abord, l’idée que l’étude des syndromes neurolo-
giques qui ont jusqu’à présent été ignorés et considérés comme
de simples bizarreries ou anomalies peut nous permettre
d’obtenir de nouvelles perspectives sur le fonctionnement du
cerveau normal. Ensuite, l’hypothèse selon laquelle on peut
comprendre de nombreuses fonctions du cerveau grâce à une
perspective évolutionniste.
Il a été dit que le cerveau humain était la structure organisée
la plus complexe de l’univers : pour apprécier cela, il vous suffit
de regarder quelques chiffres. Le cerveau est constitué de cent
milliards de cellules nerveuses ou « neurones », qui forment les
unités de base fonctionnelles du système nerveux (Figure 1.1).
Chaque neurone effectue environ mille à dix mille connexions
avec d’autres neurones, et on appelle synapses les points de
contact. C’est là que se passe l’échange d’informations. Sachant
cela, on a calculé que le nombre de permutations et combinai-
sons possibles de l’activité cérébrale, autrement dit le nombre
d’états cérébraux, était supérieur au nombre de particules élé-
mentaires de l’univers connu. Bien que ce soit maintenant un
fait acquis, je ne cesse de m’étonner de ce que toute la richesse