ni aux mêmes tensions lors des différentes
séquences de courses. Les insertions sous
le genou et les plans respectifs des ischio-
jambiers dans la loge postérieure de la cuisse
nous rappellent que l’implication fonctionnelle
de notre musculature n’est pas uniforme
au plan segmentaire. Ainsi, par exemple, au
cours d’un démarrage, suivi d’une course en
virage, puis d’un freinage ou d’une inversion
(course en arrière), on peut imaginer l’activité
"différentielle" assurée par l’ensemble de la
musculature, pour que le coureur réalise ces
différentes phases avec équilibre dans ses
placements (sa géométrie de course), fl uidité
dans ses enchaînements d’appuis (maîtrise
rythmique). Ces phénomènes exigent une
adaptation fonctionnelle (voir tableau).
Des muscles à contraction
lente fatigables
Les ischio-jambiers supportent mal le travail
en état de fatigue et ils accusent rapidement
des problèmes de récupération locale,
lorsque les séances intenses se succèdent au
sein d’un même microcycle (stage). Il est donc
acquis que la pratique du sprint suppose un
relatif état de fraîcheur. Dans ce domaine, les
procédures de récupérations actives (aérobie
en fi n de séance, étirements de retour au
calme et massage si possible…) permettent
l’enchaînement de séance souvent mieux
que le seul repos passif.
Par ailleurs, en plus de proscrire toute séance
ou effort anaérobie lactique précédant un
travail de vitesse (la veille ou dans la séance),
il faut porter la réfl exion sur les déviations
et agressions de la région sacro-lombaire
susceptibles de provoquer des spasmes et
contractures des ischio-jambiers, en "réso-
nance" depuis des racines nerveuses (nerf
sciatique notamment) pincées ou irritées.
C’est pourquoi, concernant la réalisation des
exercices pliométriques (bondissements,
sauts de haies, etc.), il faut non seulement
s’assurer de la tonicité abdominale des
sportifs, mais vérifi er la qualité et la justesse
des réalisations (alignements, gainage et
forme de contact avec le sol). Faute de quoi, il
est préférable d’évacuer tout travail pliomé-
trique important la veille d’une séance de
vitesse ou précédant ce type d’effort dans la
même séance. Dans le même ordre d’idée,
soulignons qu’il est risqué de faire réaliser
aux joueurs des séries de sprint plat après
un travail de pliométrie au sein d’une même
séance…
Dépasser ces paradoxes
par la préparation physique
Dans la pratique, nous constatons souvent
que les ischio-jambiers sont les muscles
oubliés des programmes de renforcement
musculaire. En réponse à leurs paradoxes
physiologiques évoqués précédemment, il
faut accéder au concept d’entraînement des
ischio-jambiers pour les préparer à supporter
les contraintes de la course à pleine vitesse :
- les entraîner à la vitesse gestuelle (activité
physique à haute fréquence), leur apprendre
la fréquence cyclique.
- effectuer des étirements systématiques
après l’effort, pour restituer leur longueur
initiale et les "dé-spasmer" post-exercice.
- veiller à la rétroversion du bassin (comme
point fi xe) pour assurer la coordination
intermusculaire qui "pilote" le circuit de pied,
comme le sprinter peut le faire au travers de
ses gammes de course.
- les faire travailler en utilisant tous les régimes
de contraction.
En conclusion, considérons que les para-
doxes physiologiques de nos ischio-jambiers
sont un héritage de notre érection à la
station debout et du statut de bipède de
l’espèce humaine. Diminuer les risques de
blessures chez le sportif dans la pratique du
sprint relève d’un refus de la fatalité et d’une
réponse adaptative : l’entraînement des
ischio-jambiers est une préparation physique
locale, et spécifi ée à ce groupe musculaire, et
répond à des contraintes que ne connaissent
pas les quadrupèdes.
Vous pourrez trouver l’intégralité de cet article
dans la lettre SSPP du mois de juillet 2009 sur
notre site.
Une procédure pragmatique de préparation des ischio-jambiers peut s’articuler de la façon
suivante :
1 - Démarrer tout renforcement par du talon-fesse “quadriforme” comme échauff ement local préalable
au travail : pieds en canard, II- pieds rentrés, III- cheville en fl exion puis, IV- en extension, pour
concerner les diff érents chefs du groupe musculaire et à diff érents niveaux. Ce protocole est une
mise en température du groupe musculaire de façon plus complète
2 - Restituer les longueurs musculaires après chaque exercice de renforcement : étirements post-eff ort
systématiques.
3 - Si l’on utilise le "banc à ischio", le travail d’une jambe isolée après l’autre est le gage d’un équilibre
dynamométrique droite/gauche. De plus, le travail alterné jambe tendue/jambe fl échie sous la charge
replace l’eff ort dans une coordination intermusculaire propre à la course. A cet appareil au début, les
ischio-jambiers montrent toute leur faiblesse : les charges y seront très légères (10 à 15 kg).
4 - Le travail concentrique précède celui de l’excentrique (freinateur en allongement) pour assurer au
muscle une température nécessaire aux exigences du régime excentrique.
5 - Compléter le travail de force des ischio-jambiers par des séries de talon-fesse rapides (en accéléra-
tion), afi n de replacer ce groupe musculaire sous haute fréquence de contractions.
6 - Enfi n, le travail pliométrique des ischio-jambiers est obtenu dans les gammes de course réalisées
en qualité et à haut niveau d’intensité : course en jambes tendues (ciseaux ou pas d’oie), course en
rebond d’appuis (pas de sioux) pour lesquelles la puissance des rebonds passe par le gainage du
bassin et une juste coordination intra comme intermusculaire.
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