340 Pathologie mammaire non malignes et sein masculin
Technique de l'examen clinique du sein
Il s'effectue dans une pièce éclairée sur une patiente
en position orthostatique puis assise les bras relevés.
Le médecin examine visuellement les seins, en
notant une asymétrie, un méplat, une rétraction ou
une inversion unilatérale du mamelon, il recherche
un écoulement mamelonnaire, des signes inflamma-
toires (rougeur, chaleur) et à la palpation des signes
associés tels qu'un freinage cutané ou un œdème
[ 4 ]. Avant la ménopause, l'examen des seins est
optimal durant la semaine suivant les règles car l'en-
gorgement glandulaire est moindre. En décubitus
dorsal avec le bras homolatéral relevé, le médecin
palpe soigneusement le tissu mammaire dans ses dif-
férents plans superficiel, intermédiaire et profond. Il
examine l'aisselle, la région sus-claviculaire, cervi-
cale et la paroi thoracique. Puis il évalue la taille, la
texture et l'emplacement de la masse (quadrant
horaire et distance au mamelon).
L'augmentation de la durée de l'examen clinique
améliore sa sensibilité (plus de 3 minutes par sein)
tout comme une technique rigoureuse (par exemple,
en pratiquant un modèle systématique d'exploration,
en faisant varier la pression à la palpation et en utili-
sant trois doigts qui effectuent des mouvements cir-
culaires) [ 2 ]. L'efficacité de l'examen clinique pour
distinguer des signes de bénignité ou de malignité
dépend de l'expertise et de l'expérience de l'examina-
teur [ 5 ]. Une anomalie du sein est définie comme
une modification localisée de la texture mammaire
qui apparaît très différente du reste du tissu environ-
nant et cela comparativement à la zone correspon-
dante dans le sein controlatéral. L'utilisation de gel
d'échographie facilite le glissement des doigts lors de
la palpation et optimise le recueil des informations
sur la consistance et les limites de la lésion. Les masses
dures, fixées à la peau et aux tissus mous avec des
marges mal définies sont suspectes.
Mastodynies chroniques
Étiologie des douleurs d'origine
mammaire
Mastopathie cyclique
C'est la forme la plus fréquente. La douleur est le
plus souvent continue avec une recrudescence
prémenstruelle.
Le phénomène douloureux pourrait être lié à
l'œdème, résultant de la stimulation œstrogénique.
Cela fait apparaître le lien fréquent mais non constant
entre mastodynie et mastopathie fibrokystique.
Les douleurs sont plus volontiers bilatérales et mar-
quées dans le prolongement axillaire. Qualifiées assez
souvent de fonctionnelles, ces mastodynies pourraient
s'expliquer par des réactions tissulaires locales hormo-
nales plutôt que par la concentration plasmatique de
ces mêmes hormones. L'élément déclenchant serait
plus l'hyperestrogénie que le déficit lutéal.
Les patientes souffrant de cette pathologie pré-
sentent un certain profil : tabagisme (OR 1,53),
consommation de caféine (OR 1,53) et stress (OR
1,7) [ 6 ]. Chez les femmes âgées de moins de
35 ans, le recours à la mammographie diagnos-
tique est plus fréquent que chez les patientes
témoins (20,2 % versus 9,9 %) [ 1 ]. La principale
question est le lien avec la pathologie cancéreuse,
particulièrement dans le contexte de traitements
hormonaux. Cette notion déjà ancienne faisait
soupçonner ce risque : RR 2,12 ; 95 % IC : 1,31–
3,43 [ 6 ]. Cette donnée n'est cependant pas unani-
mement reconnue.
Le phénomène douloureux, associé à la densité plus
élevée du parenchyme mammaire pourrait être à
l'origine d'une diminution des performances de la
mammographie : sensibilité chez les patientes présen-
tant une mastodynie 60 % (48–72 %) versus 75,6 %
(72–79 %) [ 7 ].
Leur traitement est souvent à base de progestatifs,
soit sous une forme percutanée du 16
e au 25
e jour,
soit associé à un traitement général. Il vaut mieux
alors utiliser une séquence antigonadotrope en l'ad-
ministrant du 5
e au 25
e jour. Certains auteurs [ 8 ]
n'ont pas montré de relation significative entre uti-
lisation de progestatifs seuls avant la ménopause et
risque de cancer du sein, néanmoins une augmenta-
tion du risque a été mise en évidence en cas d'utili-
sation prolongée supérieure à 4,5 ans après l'âge de
40 ans (RR 1,44 : 95 % IC : 1,03–2,00) [ 9 ].
Diverses thérapeutiques ont été utilisées pour trai-
ter les mastodynies, aucune à l'heure actuelle n'a
fait ses preuves, la grande majorité des mastodynies
vont disparaître spontanément grâce à un discours
explicatif, des examens rassurants, des conseils
hygiéno-diétiques et le port de sous-vêtements
exerçant un soutien efficace mais non contendant.
Parfois l'application locale sur la zone douloureuse
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