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fait scientifiquement, expérimentalement acquis. On sait aujourd’hui que tout ce qui est
nécessaire au développement embryonnaire et à son déroulement est contenu dans l’œuf
fécondé. C’est donc un individu et cet individu est un être humain puisqu’il est fils de l’homme.
Et, de fait, les professeurs Axel Kahn (célèbre et actuel généticien français), Jacques Testard
(actuel biologiste français)… ont à plusieurs reprises déclaré que des affirmations contraires
n’étaient utilisées qu’à des fins utilitaristes, afin de disposer, pendant un certain nombre de jours,
de matériel pour la recherche.
L’embryon est un être humain, c’est une donnée scientifique. Est-il une personne ? Cette
question qui relève de la philosophie doit-elle être posée ? Certains pensent que cela n’est pas
nécessaire, le bon sens ne distinguant pas entre être humain et personne. Il semble pourtant que
le concept de personne ajoute, à la connaissance biologique d’un être humain, le fondement
objectif du devoir de respect de l’inviolabilité de la vie humaine, en faisant de l’être humain, un
sujet de droits. D’autres craignent que quitter le domaine de l’expérience pour celui de la
philosophie réduise la force de l’argumentation, ils assimilent en fait philosophie et opinion.
Ceci traduit à l’évidence une perte du sens du degré de certitude auquel parvient la philosophie.
Enfin, cette réflexion sur le concept de personne est devenu inévitable après qu’une décision du
Conseil Constitutionnel, en 1994, a fait, non plus du respect de la vie, mais du respect de la
dignité de la personne, un principe constitutionnel. Cela n’était pas innocent : plus on prenait
conscience de l’évidence expérimentale que l’embryon est un être humain, plus on a dû chercher
des justifications à l’avortement, à la recherche etc. en portant le débat sur le concept de
personne.
Boèce définit la personne comme « un individu de nature rationnelle ». La rationalité
suppose une âme spirituelle. Ame est pris ici dans son sens étymologique : « ce qui anime »
(âme végétative pour les plantes, ou sensitive pour les animaux). L’homme, capable d’avoir des
idées, est doté d’une âme intellectuelle
A la différence des matérialistes nous affirmons que l’esprit ne peut naître de la matière ;
ce qui suppose une intervention immédiate de Dieu, car seul Dieu crée à partir de rien. A la
procréation, qui conduit à l’apparition d’un être humain, est donc nécessairement liée la création
de l’âme spirituelle. Il y a une connexion nécessaire entre la procréation, acte d’individualisation
et la création de l’âme par Dieu
En affirmant ce lien logique rigoureux, nous n’exprimons pas une exigence
chronologique : personne ne pourra jamais démontrer la présence de l’âme dès la fécondation.
Certes toutes les découvertes de la science confortent notre intuition de cette présence. Mais
aussi forte soit-elle, ce ne peut être qu’une intuition. Les théologiens n’ont pas tous le même
avis ; si la plupart pensent que l’infusion de l’âme a lieu à la fécondation, certains pensent
qu’elle ne peut se réaliser que quelques jours après4 et le Magistère ne s’est pas prononcé.
Néanmoins, et ce point est capital, tous les Pères de l’Eglise, tous les Docteurs et le Magistère
affirment qu’il y a une règle morale certaine : l’embryon doit être traité et respecté comme
une personne. Cette affirmation repose notamment sur les deux arguments suivants.
- Le premier argument est lié au respect de l’ordre inscrit dans la nature et au lien
nécessaire que nous évoquions, entre procréation et création, entre l’acte d’individualisation et
celui de personnification, ce qui faisait dire à Tertullien : il est déjà un homme celui qui le sera.
- D’autre part, il y a une argumentation beaucoup plus simple que ne néglige pas Jean-Paul
II dans Evangelium Vitae : « L’enjeu est si important, dit-il, que du point de vue de l’obligation
morale, la seule probabilité de se trouver en face d’une personne suffirait à justifier la plus nette
interdiction de toute intervention conduisant à supprimer l’embryon humain. Précisément pour
ce motif, au delà des débats scientifiques et même des affirmations philosophiques à propos
desquelles le Magistère ne s’est pas expressément engagé, l’Eglise a toujours enseigné et
4 cf. Le zygote est-il une personne humaine ? du P. Pascal Ide.
Association Notre Dame de Chrétienté