Nouvelles frontières en procréation
médicalement assistée
MATERNITÉ
Au lendemain du oui démocratique helvétique autorisant l’application
d’une loi sur la procréation médicalement assistée à la fois moderne et éthique, la
Suisse est prête à relever le défi de devenir une des places les plus innovantes en la
matière.
Dr méd. Pascal Mock
médecin de la reproduction au sein de In Vivo Clinic, Baby Impulse Clinique des Grangettes
Procréation
La fertilité diminue avec les ans
Il faut rappeler que notre spécialité s’occupe avant tout du désir complexe d’un homme et
d’une femme parfois irrationnel, celui d’avoir un enfant.
Il y a autant de désirs d’enfant différents que d’individus sur la terre, ai-je l’habitude de
dire à mes patients
Il y a autant de désirs d’enfant différents que d’individus sur la terre, ai-je l’habitude de dire à
mes patients. Avant de leur proposer quelques examens et traitements, par respect pour la
personne, nous devrions tous commencer par reconnaître le caractère unique de ce désir dès la
première consultation et pendant tout le processus du traitement lui-même, que notre patiente
présente au bilan hormonal un taux d’hormone antimüllerienne (AMH) abaissée ou l’âge
fatidique de 43 ans, tous deux étant des facteurs de mauvais pronostic.
Se centrer sur le patient
La réalité avec laquelle nous devons travailler est que plus de 50% d’entre eux n’auront pas
d’enfant et cela avec ou sans diagnostic préimplantatoire (DPI) et qu’un échec de traitement
est équivalent à la perte d’une personne proche sur une échelle de stress tant la douleur
psychique et existentielle est importante.
Les causes d’échec thérapeutique sont souvent complexes et souvent encore mal comprises
malgré les techniques de PMA avancées. Aussi, il serait nécessaire d’opérer un véritable
virage au niveau clinique car, faut-il le rappeler, dans la définition de la santé de l’OMS on
parle aussi de bien-être et pas seulement de guérison bien loin de la réalité pour de
nombreuses maladies chroniques comme l’infertilité.
Aussi, l’innovation en Suisse pourrait venir d’un changement de paradigme au niveau de
notre clinique quotidienne: celui de placer le patient au centre et de l’approcher comme une
personne à part entière, autrement dit comme sujet-corps animé d’émotions avant qu’il ne
devienne une pathologie utérine ou du sperme.
Une des clés pourrait être, comme on l’enseigne en haptonomie,… d’intégrer à tout instant
dans notre pratique l’univers de l’affectivité permettant une rencontre thérapeutique
authentique ainsi qu’un accompagnement mettant en mouvement l’intentionnalité vitale du
patient qui pourra l’amener de manière autonome et digne à dépasser ces expériences souvent
douloureuses.
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