Un exemple de recherche pour chaque discipline La recherche en anthropologie Cette discipline des sciences humaines est de nos jours particulièrement attentive aux questions concernant les représentations profondément intégrées dans les cultures et les mentalités des collectivités. Elle a en effet élargi son champ de recherche en appliquant aux sociétés contemporaines les méthodes d’enquête qu’elle utilisait pour étudier les sociétés dites primitives. Les questions relatives aux mythes ou à la mythification, par exemple, peuvent aisément être abordées par la voie de l’anthropologie, qui comporte également un versant clinique de plus en plus marqué. À la différence de la sociologie, l’anthropologie, dans son versant ethnologique, privilégie les enquêtes de longue durée, insistant davantage sur la dimension qualitative des phénomènes humains. Elle analyse ainsi le déroulement de notre vie quotidienne et les mécanismes culturels qui nous façonnent. Malgré sa constante transformation découlant d’une prise en compte des mondes contemporains et des objets usuels de la vie quotidienne, l’anthropologie conserve tout de même ses centres d’intérêts stratégiques. C’est notamment le cas de la question des peuples autochtones du Québec, souvent oubliée des débats médiatiques et sociétaux. L’Université Laval a établi un groupe de recherche multidisciplinaire, à savoir le Centre interdisciplinaire d’études et de recherches autochtones (CIÉRA), qui rassemble un grand nombre de chercheurs internationaux en anthropologie. Le site Internet de ce centre renferme une grande quantité d’informations et permet la diffusion des recherches en cours et à venir. Il présente également une liste des membres et un calendrier d’événements qui peuvent s’avérer précieux lorsque vient le temps d’établir des contacts avec des experts sur un sujet précis. Le Centre interdisciplinaire d'études et de recherches autochtones (CIÉRA) © 2010 Chenelière Éducation inc. 1 La recherche en géographie La géographie est la discipline des sciences humaines qui, à partir de dimensions physiques et humaines, traite de l’espace et de son impact sur les rassemblements humains. De pair avec la cartographie et la géologie, la géographie balise le territoire humain dans ses nombreux aspects. Ses principales notions plus largement partagées en sciences humaines sont l’espace, le territoire, le lieu et la frontière, une grande part de son organisation académique relevant d’une analyse physique de l’espace. Par ailleurs, l’analyse du développement des bidonvilles ou des communautés enclavées constitue un exemple où les géographes soulignent l’importance des interactions complexes existant entre certaines conditions socioéconomiques et l’espace. Ainsi, au-delà de ses dimensions géophysiques et de ses intérêts pour la cartographie de tout ordre, la géographie s’intéresse aussi aux représentations du développement et de ses impacts environnementaux au sein de nos sociétés contemporaines, en étudiant, par exemple, le tourisme de masse et son incidence sur les populations et leur espace. Plusieurs institutions universitaires ou gouvernementales contribuent à l’essor de la recherche en géographie sur le territoire québécois. Le réseau interuniversitaire en études urbaines et régionales Villes Régions Monde (VRM), par exemple, réunit les chercheurs québécois travaillant sur l’organisation territoriale, l’environnement, les localités et l’urbanité. Son site Internet présente l’ensemble de ses activités de recherche et renferme également une médiathèque qui facilite la recherche de documents et d’informations sur certains sujets. Le réseau Villes Régions Monde (VRM) La recherche en histoire L’histoire interroge le passé dans le but de le comprendre et de l’expliquer. Elle s’intéresse à l’évolution des individus et des sociétés, de même qu’au temps et à l’espace. La recherche fondée sur le long terme et sur des données quantitatives est très présente. Les historiens ont recours à diverses sources, dont des manuscrits ou des imprimés produits à l’époque étudiée, des archives et d’autres documents conservés au sein d’une institution en raison de leur caractère brut et de leur valeur historique, juridique, politique ou économique. Ces documents sont soumis à la critique interne, qui s’assure de leur authenticité, ainsi qu’à la critique externe, qui s’assure de leur fiabilité et de celle de leur contenu latent. © 2010 Chenelière Éducation inc. 2 Aujourd’hui, plusieurs écoles sont présentes sur le plan de la recherche, comme la microhistoire, qui se réfère à l’individu en tant qu’acteur et défend l’étude du court terme. On assiste aussi à une renaissance de l’histoire politique, qui souligne que la politique joue un rôle déterminant dans l’histoire et qu’il faut donc en réhabiliter l’étude. La multiplicité des approches caractérise donc l’histoire actuelle : celle-ci s’intéresse aussi bien à l’histoire du genre et des représentations qu’à l’histoire des relations internationales, voire transnationales. Au Québec, la recherche porte autant sur l’histoire culturelle et de ses représentations que sur l’histoire des relations internationales, principalement politiques et militaires. Ainsi, le phénomène de l’intégration des immigrants allophones sur le marché québécois du travail au XXe siècle pourrait être un sujet traité par des historiens de la nouvelle histoire. Un historien se réclamant de la nouvelle histoire politique pourrait quant à lui choisir de consulter des archives afin d’évaluer l’incidence de certains groupes lobbyistes sur les politiques relatives à l’intégration de ces immigrants allophones. Le Groupement interuniversitaire pour l’histoire des relations internationales contemporaines (GIHRIC) réunit des professeurs d’histoire de plusieurs universités (UQAM, Université de Montréal, Université Laval, Université Concordia, Université McGill, CMR de Kingston, Université de Sherbrooke, UQO), dont le domaine de recherche porte principalement sur l’histoire des relations internationales contemporaines. Il constitue un lieu de réflexion et d’échange pour le développement de la recherche en histoire des relations internationales et sa promotion dans le milieu. Le Groupement interuniversitaire pour l'histoire des relations internationales contemporaines (GIHRIC) La recherche en psychologie La psychologie, qui étudie le comportement et les processus mentaux, regroupe plusieurs disciplines. Ainsi, la psychologie organisationnelle, par exemple, dispose aujourd’hui d’une expertise clinique de plus en plus fondée sur la psychométrie et sur la recherche expérimentale. La psychologie cognitive, de par la nature expérimentale de ses protocoles de recherche sur la mémoire et sur la perception, contribue également à alimenter la recherche sur le plan méthodologique. Quant aux récents perfectionnements technologiques en imagerie cérébrale, ils sont plus que jamais au service de la neuropsychologie, puisqu’ils viennent aujourd’hui confirmer les modèles actuels du fonctionnement de la pensée humaine. Au Québec, les progrès dans ce domaine de la neuropsychologie portent principalement sur la compréhension du sommeil et de ses troubles, ainsi que sur les nouvelles voies de © 2010 Chenelière Éducation inc. 3 traitement des maladies dégénératives, comme les maladies de Parkinson et d’Alzheimer. Pour étudier le phénomène de l’intégration et des performances des immigrants, un psychologue organisationnel pourrait, pour sa part, évaluer la santé mentale, l’estime de soi ou la motivation des employés d’une entreprise à l’aide de tests afin d’aider les dirigeants à réévaluer leurs méthodes d’intégration des nouveaux employés. Il existe de nombreux groupes de recherche qui participent activement au développement de la recherche disciplinaire en psychologie. C’est le cas du Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP), regroupement interuniversitaire et interdisciplinaire de chercheurs qui contribuent à la compréhension du développement des difficultés d'adaptation sociale chez les enfants et les jeunes, ainsi qu’à l'identification des moyens les plus efficaces pour les prévenir. Le Groupe de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant (GRIP) La recherche en sciences administratives Les sciences administratives s’inscrivent d’emblée dans une démarche multidisciplinaire, puisqu’elles résultent d’un ensemble de disciplines (économie, psychologie, sociologie, etc.) et de techniques (ingénierie, comptabilité, cybernétique, management, etc.) portant spécifiquement sur la question de la gestion des entreprises et des organisations. C’est la raison pour laquelle les sciences administratives peuvent toucher à des domaines corporatistes très variés (actuariat, comptabilité, urbanisme, etc.) de même qu’à des statuts professionnels très larges (administrateurs, fonctionnaires, gestionnaires, etc.). Au Québec, c’est à partir des travaux de Henri Mintzberg, de l’Université McGill, que les sciences administratives se sont répandues dans une multitude de domaines reliés à l’organisation de la vie sociale et bureaucratique, tel le management stratégique, qui vise l’intégration des différentes activités liées à l’organisation du travail. Plus récemment, la recherche a su réinvestir ses objets de prédilection afin de répondre aux enjeux contemporains en matière de gouvernance. C’est le rôle de l’Observatoire de l’administration publique, groupe de recherche associé à l’École nationale d’administration publique, qui se penche périodiquement sur les transformations influant sur le modèle québécois en matière de gestion publique, en abordant des thèmes comme le rôle de l’État, les dynamiques régionales ou les mouvements favorisant la participation citoyenne. © 2010 Chenelière Éducation inc. 4 L’Observatoire de l’administration publique de l’École Nationale d'Administration Publique La recherche en science économique La science économique vise à déterminer et à expliquer les phénomènes et les lois qui régissent la production, la distribution et la consommation des richesses. Elle est d’abord marquée par des recherches en économie libérale et en économie politique. Après la Deuxième Guerre mondiale, toutefois, les chercheurs ont surtout eu recours à l’économétrie, c’est-à-dire à l’utilisation des mathématiques et des statistiques, dans le but de prévoir des scénarios économiques et de déterminer ainsi les éventuelles périodes de récession. Aujourd’hui, certains chercheurs développent des approches hybrides qui s’intéressent à la fois à l’État et aux acteurs individuels. La science économique est ainsi marquée à la fois par un retour à l’économie politique et à l’économétrie. Au Québec, les recherches concernent à la fois l’histoire de la pensée économique, les effets de la mondialisation, l’économie sociale et les modèles économétriques de développement. Un tenant de l’économie institutionnelle pourrait donc, par exemple, tenter de dégager les rôles de chacun en étudiant et en comparant les mesures mises en place par un gouvernement et par l’entreprise privée pour intégrer les immigrants. De son côté, un microéconomiste pourrait étudier la participation des nouveaux arrivants à l’économie d’un pays. Le Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISES) La recherche en science politique Les objets d’étude de la science politique, soit l’État et le pouvoir, couvrent plusieurs facettes. La science politique s’intéresse en effet à tout ce qui est relatif à l’État et au gouvernement, que ce soit sur le plan des relations internationales, des institutions, des affaires publiques, des manières de gouverner et d’accéder au pouvoir ou encore des gouvernants et des gouvernés. Au Québec, les chercheurs s’intéressent particulièrement à l’intégration européenne, qu’ils observent selon des schèmes transnationaux. Une autre tendance observée chez les chercheurs en science politique est une orientation de plus en plus grande vers l’évaluation des politiques qui sont menées et vers l’opinion publique. La chaire RaoulDandurand en études stratégiques et diplomatiques est un organisme dynamique dont © 2010 Chenelière Éducation inc. 5 l’objectif est de mobiliser les connaissances actuelles dans le domaine de la recherche, de diffuser ses savoirs après des divers organismes et des institutions, et de former les futurs chercheurs et décideurs. La chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques La recherche en sociologie La sociologie vise principalement à décrire, à expliquer et à comprendre les phénomènes sociaux et parfois à proposer des solutions à des problèmes concrets. C’est l’étude scientifique des formes ou des configurations sociales des comportements humains. Plus particulièrement, la sociologie étudie l’action individuelle et collective, les représentations, les structures et les institutions sociales. Ses objets de recherche sont donc très variés, les sociologues s'intéressant à l’environnement humain dans son ensemble (travail, famille, médias, rapports entre les individus et les groupes, etc.). En tant que pratique scientifique, la sociologie est à l’origine d’une série de méthodes d’investigation à la fois originales et rigoureuses, comme l’analyse statistique, le sondage, le récit de vie ou l’observation. Plusieurs types de sociologie ont vu le jour, dont la sociologie du droit, la sociologie de l’immigration, la sociologie des sciences et des techniques ou encore la sociologie de l’art. Des objets d’études plus récents ont également favorisé une certaine reconfiguration disciplinaire autour des enjeux relatifs à la construction individuelle des pratiques sociales. C’est le cas, par exemple, de l’ethnométhodologie, qui insiste sur la capacité des individus à construire et à interroger de manière pragmatique les significations sociales, ou encore de la sociologie de la médiation, qui s’est développée autour de la pratique musicale et artistique. Il existe aujourd’hui de nombreux groupes qui continuent d’alimenter la recherche en sociologie. Au Québec, on peut citer le Collectif de recherche sur l'itinérance, la pauvreté et l'exclusion sociale, qui a pour but de décrire, d’expliquer et de comprendre les processus contemporains d'exclusion sociale (délinquance, toxicomanie, itinérance, prostitution, etc.). Le Collectif de recherche sur l'itinérance, la pauvreté et l'exclusion sociale © 2010 Chenelière Éducation inc. 6