Syntaktika, 43 | 2012

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Syntaktika
Bulletin d'information du Centre de recherche en
syntaxe et en sémantique du grec ancien
43 | 2012
La délibération et le subjonctif délibératif dans la
prose grecque classique
Matthias A. FRITZ, Die trikasuellen Lokalpartikeln
bei Homer. Syntax und Semantik.
Historische Sprachforschung 14, Göttingen 2005, 372 p.
Bernard Jacquinod
Éditeur
UMR 5189 - HISoMA
Édition électronique
URL : http://syntaktika.revues.org/96
ISSN : 2272-6187
Édition imprimée
Date de publication : 15 octobre 2012
Pagination : 63-66
ISSN : 1148-2656
Référence électronique
Bernard Jacquinod, « Matthias A. FRITZ, Die trikasuellen Lokalpartikeln bei Homer. Syntax und Semantik.
», Syntaktika [En ligne], 43 | 2012, mis en ligne le 01 octobre 2012, consulté le 02 octobre 2016. URL :
http://syntaktika.revues.org/96
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Matthias A. FRITZ, Die trikasuellen
Lokalpartikeln bei Homer. Syntax
und Semantik.
Historische Sprachforschung 14, Göttingen 2005, 372 p.
Bernard Jacquinod
RÉFÉRENCE
Matthias A. FRITZ, Die trikasuellen Lokalpartikeln bei Homer. Syntax und Semantik. Historische
Sprachforschung 14, Göttingen 2005, 372 p.
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Le point de départ de ces recherches est une dissertation inaugurale faite à l’hiver
1997-98 à Berlin. Les parties introductives occupent 60 pages, le corps de la description
298 pages. S’y ajoutent la conclusion et la bibliographie.
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La partie principale est constituée de sept études, une pour chacune des particules qui en
fonction de préposition sont susceptibles de régir les trois cas (accusatif, génitif, datif)
possibles en syntagme prépositionnel, soit ἀμφί, ἐπί, μετά, παρά, περί, πρός et ὑπό
(systématiquement accentuées ἄμφι, ἔπι, μέτα, πάρα, πέρι, πρός et ὕπο par l’A. dans son
texte allemand ; je reviens dans ce compte rendu à l’accentuation traditionnelle en
dehors des citations de l’A.). La composition générale de chacune de ces parties est fixe ;
elle commence par une courte introduction sur le sens de la « particule » (de quatre à
quatorze lignes). Les divisions de chacune de ces parties contiennent successivement une
étude des syntagmes prépositionnels pour chacun des cas, ensuite les « combinaisons de
la particule avec un verbe » (ce qui est traditionnellement appelé « tmèses ») et enfin les
emplois de la particule comme préverbe. A l’intérieur de ces divisions sur critère
syntaxique se trouvent des sous-divisions sur base sémantique variables dans chaque cas.
Chaque subdivision est introduite par une courte introduction avec un ou deux exemples,
puis viennent la liste exhaustive des emplois ; ils sont classés par ordre alphabétique des
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verbes concernés. Pour chaque verbe est donné son sens et pour chaque exemple une
indication du sens du syntagme (allemand et grec). Il n’y a en général pas le moindre
commentaire. La conclusion étant fort courte, c’est cette énorme partie centrale de près
de 300 pages qui constitue l’essentiel de l’ouvrage et qui se veut exhaustive. C’est donc
son apport dont il faut essentiellement rendre compte.
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La petite partie introductive à chaque particule n’est pas originale. Prenons la première.
On s’accorde pour attribuer à ἀμφί un sens originel « des deux côtés », malgré de
nombreuses évolutions (K.-G. « zu beiden Seite » (II, p. 489), Schwyzer-Debrunner « zu
beiden Seite » (II, p. 437), Chantraine « des deux côtés » (II, p. 87), Humbert « de chaque
côté de » (p. 300)1. L’A. a une présentation différente pour la forme (« La possibilité
d’employer ἄμφι dans un contexte local dépend du fait que l’objet présente deux côtés
symétriques » (p. 73)), mais, pour le fond, il ne s’écarte pas de ses prédécesseurs et,
comme eux tous, il fait le rapprochement avec περί préposition qui l’emporte finalement.
Toutefois il insiste sur une idée de double symmétrie.
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Pour la suite, on retrouve les définitions classiques2 :
Le sens fondamental donné à ἐπί est la localisation au dessus, avec ou sans contact (la
position de ceux qui comme J. Humbert ou C. Ruijgh3 place le contact dans le sens
fondamental est ignorée (p. 104).
• « Pour παρά, le sens fondamental spatial est celui d’un positionnement latéral, mais qui dans
de nombreux cas est affaibli » (p. 227)
• « Le sens fondamental de la particule locale πέρι est ‘tout autour’« (p. 256)
• Comme sens fondamental pour la particule locale πρός l’auteur donne « gegen » (« vers »).
(p. 289). A titre de rappel, on a dans K.-G. II, p. 515 « die Gegenwart der Dinge », chez
Schwyzer-Debrunner II, p. 509 « gegenüber, entgegen, gegen, auzusetzen », Chantraine II,
p. 131 « en face de, contre ».
• L’absence d’originalité est encore plus flagrante avec la dernière préposition. Selon l’A., « Le
sens local fondamental de ὕπο est « dessous » (« unten, unter »). La particule locale
s’emploie pour cela comme indication qu’un objet situé est placé sous le domaine du
référant » (p. 317). C’est le sens que l’on retrouve un peu partout, par exemple K.-G.
« unter » (p. II, p. 521 ; id. Schwyzer-Debrunner II, p. 523). Est ajouté le rappel d’un contraste
avec ἐπί. Mais Chantraine (ainsi que Schwyzer-Debrunner) le met en opposition avec ὑπέρ.
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Sur le sens principal de ces particules locales, donc, rien de nouveau, mais sans doute
n’était-ce pas possible. Qu’en est-il de chaque étude particulière ?
A titre d’exemple, examinons les subdivisions de ἀμφί d’abord avec le datif. Y sont
distingués les cas où le syntagme prépositionnel est une partie du corps, une personne,
une personne étendue ou un objet étendu de tout son long, un objet quelconque avec
deux côtés symétriques, un bruit, la matière d’un sentiment (4 ex.), un objet de pensée ou
de parole, enfin un objet de lutte. Avec l’accusatif, on retrouve les parties du corps, les
personnes, les personnes allongées ou les objets étendus, les bruits, un objet quelconque,
mais aussi des animaux, des lieux, des objets de réflexion (2 ex.). L’emploi du génitif est
limité : il se trouve avec un objet étendu (1 ex.), un fondement de combat (2 ex.), un
thème de chant (1 ex.). Avec -φι, nous n’avons que des parties du corps. Dans ces deux
derniers cas, l’introduction ne fait guère qu’annoncer la liste des sous-titres. On retrouve
des subdivisions comparables pour ἀμφί en tmèse ou servant de préverbe.
Nous voyons sur ce premier exemple l’apport et les limites de l’apport de cet ouvrage. Les
grammaires antérieures détaillaient déjà les domaines d’application de chaque
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préposition avec chaque cas. Le plus intéressant pour la comparaison est la Grammaire
homérique de Chantraine puisqu’elle travaille sur le même corpus. On y retrouve les
parties du corps (avec l’acc. ; avec le datif, les ex. avec parties du corps sont cités, mais la
notion n’est pas mentionnée), l’objet pour lequel on combat, le sujet d’un débat et le sujet
d’inquiétude. Fritz apporte donc une description plus détaillée des notions concernées. Le
problème est toutefois la portée de l’information dans les cas rares, faute d’un
commentaire. Si les subdivisions sont nombreuses, les commentaires pour chaque cas
sont presque inexistants, ce qui est parfois fort gênant. Pour rester dans le cadre de cette
première préposition, la notion de double symmétrie est affirmée à plusieurs reprises,
notamment avec les personnes allongées (« zwei symmetrische Längsseiten », p. 76),
paragraphe où est cité Δ 493 ἤριπε δ´ἀμφ´ αὐτῷ « Leukos s’écroule sur lui » (Un Troyen
atteint Leukos au moment où il cherche à tirer un cadavre : Leukos tombe sur ce cadavre).
Or c’est cet exemple que donne Chantraine pour illustrer les cas où ἀμφί en arrive à
équivaloir à ἐπί. Un commentaire serait le bienvenu pour que l’auteur justifie son point
de vue. Chantraine fait le même commentaire pour Σ 344 ἀμφὶ πυρὶ στῆσαι τρίποδα
« mettre un grand trépied au feu » (trad. Mazon). Cet exemple est classé par Fritz sous la
rubrique « objet quelconque avec deux côtés symmétriques » (p. 78). Là encore, un
commentaire serait souhaitable. Le troisième exemple de Chantraine est, lui, classé, avec
les « personnes » (p. 76) : λ 422-3 τὴν κτεῖνε … | ἀμφ´ ἐμοί « qu’égorgeait sur mon corps
(la fourbe Clytemnestre) » (trad. Bérard), une nouvelle fois dans une subdivision
commentée par « zwei symmetrische Seiten ».
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L’autre particularité notable de ce travail est une redistribution des emplois : une partie
de ce qui est habituellement considéré comme contenant un verbe avec préverbe est
classé avec les syntagmes prépositionnels. Pour certaines subdivisions, le changement
peut être faible, voir nul, mais il peut aussi être considérable. Un exemple notable est
« ἄμφι » avec le génitif. On trouve deux références dans Ebeling, K.-G. et SchwyzerDebrunner : Π 825 et θ 267 ; Chantraine précise que ce sont les deux seuls exemples sûrs
(il signale un troisième cas incertain) (p. 88). Fritz ne conserve que le premier des deux, je
n’ai pas trouvé d’explication à la disparition du second –il n’y a pas d’index, ce qui rend
difficile la recherche d’un passage. Mais ce qui est remarquable, c’est que Fritz ajoute six
références, qui contiennent toutes un verbe préverbé par ἀμφι- et construit avec un
génitif. Le fait est intéressant puisqu’il s’agit de verbes qui, sous leur forme simple, n’ont
pas de rection génitive, sauf avec ἀμφί comme préposition pour le premier : ce sont
ἀείδω, κεάζω, μάχομαι et τρομέω. Il semble bien que le préverbe ait un rôle dans la
rection génitive.
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Ces caractéristiques se retrouvent avec les autres « particules locales » : grand nombre de
subdivisions sémantiques (plus de vingt subdivisions pour ἐπί et le datif), d’où parfois de
très petits effectifs (par exemple, avec πρός et l’acc., une subdivision avec un trois
exemples, deux avec deux et deux avec un seul, et avec πρός et le génitif, deux
subdivisions avec trois verbes, une avec deux et deux avec un seul), redistribution de
certains emplois de la particule comme préverbe avec les emplois comme prépositions, et
absence à peu près totale de commentaire des exemples. En revanche les seules
références des emplois de πρός comme préverbe avec les verbes dire occupent presque
quatre pages.
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Après une telle masse de données, on attendrait une grosse conclusion. Or celle-ci occupe
moins de deux pages. La première fournit la proportion des emplois locaux pour chaque
grande subdivision avec comme seul commentaire statistique que ceux-ci sont
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majoritaires sauf pour ἐπί avec le datif, περί avec le génitif et πρός non prépositionnel. La
seconde page passe à de rapides réflexions plus générales (permanence de la valeur
spatiale, rôle du cas, du référant et de la « particule » dans la construction du sens de la
phrase, le cas et le référant jouant le rôle principal). Peu de contenu, donc ; restent les
introductions.
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En bonne méthode, l’auteur commence par rappeler que cette catégorie de mots qu’il
appelle « particule » fonctionne comme adverbe, préposition (Fritz adopte le terme
« Adposition » au lieu de « Präposition » - cf. n. 5 p. 13) et préverbe. Il raisonne avec trois
éléments : la particule locale (LP), le verbe (V) et le « nom de référence » (BN =
Bezugsnomen), qui désigne l’élément nominal, que la LP soit ou non préposition. Le
regroupement sous la notion de BN justifie que soient regroupés dans le corpus des cas où
la LP est préposition et des cas où elle est préverbe. S’ensuit une description de ces parties
du discours, avec les notions de rection et de modification pour les fonctions adposition
et adverbe, et une réflexion sur l’univerbation pour la fonction préverbe. Ces réflexions
sur ces notions de base sont indispensables dans un ouvrage ce type. Tout aussi classique
est l’aperçu qui suit sur les études antérieures, anciennes (Delbrück, Brugmann, Kieckers,
Hirt, Leumann, Kurylowicz, Krahe, Scherer et Risch) ou récentes (Starke, Dunkel,
Horrocks, Krisch, Hettrich, Luraghi). La partie intitulée « méthode » est fort courte et ne
sert qu’à justifier une étude de la valeur des cas locaux chez Homère. La description de
leurs valeurs locales est on ne peut plus classique (datif du lieu de repos et de destination,
accusatif de direction et d’exension spatiale, génitif du point d’origine), mais peut-on
faire autrement ? Emplois spatiaux et non-spatiaux, classement des verbes en état, procès
et action, et des verbes de mouvement à l’aide des critères directionnels / non
directionnel et télique / atélique, tout cela est de bon aloi sans être très novateur. Un
aperçu au passage sur les prépositions monocasuelles à sens nettement spatial (mais
simplement à titre de rappel), une courte discussion sur la coexistence de l’acc. d’objet
direct et les acc. à valeur spatiale (p. 55-7 avec réfutation de De Boel). Le plus intéressant
serait la fin de l’introduction avec la différence de rôle sémantique entre les
« particules », les cas et le nom concerné, leur participation spécifique à la construction
du sens. Mais cela est ensuite sans application dans la partie principale.
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En conclusion, l’essentiel de l’ouvrage est finalement un relevé exhaustif des emplois de
prépositions tricasuelles ainsi que leur emploi comme préverbe ou comme adverbe. Les
exemples sont relevés sans aucun commentaire. Comme les subdivisions du niveau le plus
bas sont fondées sur des critères sémantiques non prévisibles qui ne figurent pas dans la
table des matières, on regrette l’absence d’index, d’autant plus que certains emplois
préverbés sont classés avec les emplois prépositionnels.
NOTES
1. Abréviations bibliographiques :
Chantraine = P. Chantraine, Grammaire homérique, II, Paris, 1963.
Ebeling = H. Ebeling et alii, Lexicon homericon, Leipzig, 1880-85.
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Matthias A. FRITZ, Die trikasuellen Lokalpartikeln bei Homer. Syntax und Sema...
Humbert = J. Humbert, Syntaxe grecque, 2e éd., Paris 1954.
K.-G. = R. Kühner – B. Gerth, Ausführliche Grammatik der griechischen Sprache, I, Munich, 1898.
Schwyzer =E. Schwyzer- A. Debrunner, Griechische Grammatik, 2 e éd., Munich, 1950.
2. «Die räumlichen Begriffe, die von diesen LP bezeichen werden, sind ‘auf’ (ἔπι), ‘bei’ (πάρα, πρός
), ‘beiderseits (ἄμφι), inmitten (μέτα), ‘rings’ (πέρι) und ‘unter (ὕπο) p. 68.
3. C. Ruijgh, «La préposition ἐπί», Cas et prépositions en gec ancien, éd. B. Jacquinod, Saint-Etienne,
1994, p. 133-148.
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