DOSSIER SYNODAL – ÉTUDE BIBLIQUE : « Changer, c’est devenir comme les enfants » « Si vous ne changez et ne devenez comme les enfants vous n’entrerez pas dans le royaume de Dieu » Matthieu 18.1-5 (TOB 2010) Introduction : Dans les Evangiles, le langage du changement est riche et omniprésent. Le lecteur a l’impression d’un mouvement permanent. Jésus marche à la rencontre des gens, les foules viennent à lui. En sa présence, ses interlocuteurs sont invités à un déplacement personnel : physique : « Viens et suismoi ! » (Mat 9.9), intérieur « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent… » (Luc 15.7) ou spirituel « Si vous ne vous convertissez et ne devenez… » (Mat 18.3) Le lieu du changement, c’est le cœur ou la conscience de l’individu. C’est dans l’expérience personnelle et communautaire de la rencontre avec Dieu, par le Christ, que s’opère le changement fondateur, nommé conversion… Mais l’on ne se convertit pas pour « être converti », mais pour devenir différent, changer au travers d’un cheminement permanent. C’est ce que nous enseigne le passage de Matthieu 18. 1-5 (lire l’ensemble 1-14). Note sur Mat 18.3 : Se convertir (strepho, epistrepho) : « Si vous ne vous convertissez (Littéralement : faire demi tour, se retourner. « Celui qui se convertit change de direction et emprunte une voie nouvelle sous l’autorité du Christ. »(Bernard Bolay, « Conversion oblige » ; éd. Semailles et moissons N°10 ; 1997). Devenir (ginomai) : « si vous ne […] devenez comme les enfants… » (Mat 18.3). Ici les deux verbes se convertir et devenir sont associés. Le premier mouvement de conversion est présenté comme un commencement fondateur (et non comme une fin) ; la conversion est un passage vers un devenir en Christ. « comme les enfants » : Dans le judaïsme antique, les enfants n’étaient pas considérés comme êtres humains à part entière. On les considérait comme incapables de comprendre la Torah et donc de juger, ils étaient dépendant en tout des autres. Ainsi, devenir comme les enfants, c’est réaliser que l’on est incapable de comprendre et de juger avec sagesse, de nous suffire à nous-mêmes, que nous dépendons d’un autre. Le texte : « Changer pour devenir comme les enfants » • v.1 : à la question des disciples : « Qui est le plus grand dans le Royaume ? », loin des critères moraux ou légaux, Jésus pose une autre unité de mesure de la véritable grandeur dans le Royaume : Laquelle ? (indice : Selon Mat 5.19, pratiquer la loi c’est être grand dans le Royaume. Ici devenir comme les enfants, c’est être le plus grand. Il y a donc plus grand que la justice légale ou personnelle…) • v.2 « devenir comme les enfants » : En psycho on appelle cela « régresser », mais chez Matthieu c’est le code d’accès du Royaume de Dieu. Remarquez où est placé l’enfant par Jésus. Qu’en déduisez-vous ? • v.3 : Devenir enfant, n’est-ce pas se reconnaître soi-même enfant, enfant du Père céleste ? • v.4 : Qu’est-ce que l’abaissement personnel ? • v.5 : Le verbe « recevoir » éclaire-t-il encore le sens du changement demandé ? Pour nos Églises aujourd’hui : • • • Si le danger de sclérose ecclésiale est souvent le plus redouté, le changement n’est cependant pas présenté dans le NT comme la panacée universelle. La « bougite » n’est ni un critère de vitalité, ni une marque de sagesse pour l’Eglise ! Il ne s’agit pas d’adopter le comportement infantile de gens instables, mais de devenir comme des enfants : à quelle application communautaire du changement nous conduit ce passage de Matthieu ? La conversion-changement est-elle accomplie une fois pour toute ou peut-elle désigner différents moments de la vie chrétienne ? Devenir enfant : n’est-ce pas au fond recevoir, accueillir (v.5) celui qui vient comme un enfant : le Christ ? Quelles mises en œuvre pratiques de cet accueil du Christ pouvons-nous imaginer ensemble ?