contre lui, de Gaulle appelle les Français à se prononcer. Une crise politique s’en suit (renversement du
gouvernement Pompidou, dissolution de l’Assemblée) dont de Gaulle sort finalement victorieux. En 1965, il est
réélu, mais cette fois-ci par les Français. Tout semble aller pour le mieux car les institutions ont trouvé
l’aboutissement de leur logique.
Pourtant, la crise de mai 1968 va montrer qu’une certaine usure du pouvoir gaulliste se manifeste en
France (http://www.ina.fr/video/AFE86004143/les-actualites-francaises-edition-du-29-mai-1968-video.html ).
La crise est d’abord une crise de la jeunesse étudiante. Partie de l’université de Nanterre en mars 1968, la
contestation gagne les universités de Paris et de province et se traduit par des affrontements violents avec les
forces de l’ordre. Les étudiants réclament une évolution des attitudes et des mentalités, on continue en effet à
les regarder encore comme des personnes irresponsables à une époque marquée dans le monde occidental
par l’émancipation de la jeunesse sur fond de rock n’roll et de mouvement hippy.
La contestation gagne dans ce contexte de violence l’ensemble de la société française. Mi-mai, la
France entre en grève générale qui paralyse totalement l’activité dans le pays. De Gaulle se révèle incapable de
reprendre la main, c’est le Premier ministre Georges Pompidou qui conduit les négociations avec les syndicats.
En dépit de la conclusion d’accords, les fameux accords de Grenelle, qui accordent de nombreux avantages
sociaux, les grévistes refusent de reprendre le travail.
La crise est en effet devenue une véritable crise politique. C’est toute la pesanteur de la France
gaullienne qui est rejetée par beaucoup des Français. Le départ de de Gaulle apparaît comme une nécessité et
la gauche se déclare, par la voix un peu trop empressée de François Mitterrand, à assurer le pouvoir dans ce
qui apparaît comme une crise de l’Etat et des institutions. Pourtant, le 30 mai, avec une allocution à la radio où
il annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et de nouvelles élections législatives, de Gaulle renverse la
situation. Celles-ci donneront une majorité relative aux partisans de de Gaulle. La crise de mai 68 a montré
que les institutions pouvaient résister à une forte contestation de la rue.
Mais pourront-elles continuer une fois de Gaulle disparu ? C’est ce qu’on peut voir dès l’année suivante
après que de Gaulle ait démissionné (avril 1969) suite à l’échec d’un référendum. Contrairement à ce que
beaucoup pensait, les institutions survivent à leur créateur. Pompidou, un Gaulliste, puis Giscard d’Estaing,
situé au centre-droit mais pas Gaulliste, se coulent sans problème dans le rôle présidentiel fort dessiné en
1958 tout en lui donnant parfois des aspects nouveaux liés à leur personnalité propre.
B) Un personnel politique et administratif renouvelé
1) Les partis et les hommes politiques
La Libération bouleverse le paysage politique du pays. L'épuration touche essentiellement la droite,
tandis que les trois grandes tendances de la Résistance forment des partis puissants : PCF, SFIO (socialistes) et
MRP (mouvement républicain populaire = chrétiens démocrates) ; ces trois partis gouvernent ensemble à
partir de 1945 (tripartisme). Mais à partir de 1947, la guerre froide conduit à une rupture entre le PCF et ses
alliés. Dans le même temps, le général de Gaulle constitue son propre mouvement politique, le RPF, qui refuse
toute participation aux coalitions de gouvernement. De là des majorités qui désormais doivent se construire
avec l’apport de petites formations politiques du centre. C’est ce qui explique la permanence du personnel
ministériel (François Mitterrand est ainsi membre de la moitié des gouvernements de la IVème République) et
l’instabilité (telle petite formation en situation de « pivot » dans une coalition peut en se retirant faire chuter
celle-ci). L'instabilité gouvernementale n'empêche pas l'émergence de grandes figures comme celle de Pierre
Mendès-France (1954-55) mais on y fait appel seulement lorsque le pays apparaît en difficulté.
Sous la Vème République, se constituent des partis plus structurés. L'utilisation du scrutin majoritaire
(système électoral attribuant les sièges en jeu au candidat ayant obtenu le plus grand nombre de voix) crée
une nette bipolarisation du paysage politique, la droite affrontant une gauche souvent divisée entre
communistes et socialistes (la SFIO devient le PS en 1969). Mais jusqu’en 1981, c’est le parti de la droite
gaulliste qui domine l'Assemblée: UNR (union pour une nouvelle république), UDR (Union de défense de la
république) puis RPR (Rassemblement pour la république) lorsque Jacques Chirac en prend la tête.