African Journal of Neurological Sciences 2006 - Vol. 25, No 2
EDITORIAL
WHO PAYS? (fr)
DECHAMBENOIT Gilbert
Mail to DECHAMBENOIT Gilbert: gdechambenoit@nordnet.fr
Keywords :
Le rapport récent de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS, WHO)) sur « The public-health challenges of
neurological disorders »mérite d’être salué, car il permettra de porter une attention particulière sur les
affections neurologiques, considérées dans la plupart des pays sub-sahariens comme étant marginales.
Toutefois, cette démarche suscite une remarque fondamentale. Le problème de l’accessibilité aux soins
neurologiques est complexe car multifactoriel, impliquant plusieurs acteurs sur fond crucial de nécessaires
allocations de ressources financières. En effet, à la question posée par le LANCET (1) Neurology in sub-
saharian Africa - WHO cares ?, on peut répondre par une autre question : QUI PAYE ? WHO PAYS ?
La focalisation de l’action neurologique à partir du village me paraît irréaliste. En effet, lorsque les indices
diagnostiques auront été relevés au niveau local, le recours à un avis spécialisé sera nécessaire. Or, il existe
une pénurie... mortelle de médecins et plus particulièrement de neurologues, 0.3 pour un million d’habitants.
Il faudra ensuite réaliser des examens complémentaires ( EEG, EMG, CT-Scan, ...), moyens diagnostiques
d’accès exceptionnels et qui ont un coût.En dehors de la République d’Afrique du Sud, on ne compte que 3
IRM dans les hôpitaux publiques dans toute l’Afrique sub-saharienne, soit 600 millions d’habitants, c’est-à-
dire la population de l’Europe et de la Russie réunie ! Le prix d’un examen CT - Scan est d’environ 100 $ et le
budget par habitant est de 1$ par jour pour 90% de la population. Il faudra ensuite payer les médicaments
quand on sait que presque la totalité de la population n’est pas couverte par une assurance-maladie.
Who pays ?
Des solutions de financement existent et il ne s’agit pas de mendicité. Les dépenses de santé par habitant
s’élèvent en moyenne à 3100$ (11% du PIB) dans les pays riches. Elles ne représentent que 81 $ pour les
pays en voie de développement (6% du PIB). Le rapport rédigé sous la direction de Jeffrey SACHS ( 2 ) à la
demande de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Macroéconomie et santé : investir dans la santé
pour le développement économique, 2001 est formel : une augmentation des moyens financiers de 72
milliards d’euros par an dans le domaine de la santé permettrait de dégager au moins 396 milliards de gains
annuels au bout de quinze ans, tout en sauvant 8 millions de vies chaque année. Les engagements
financiers peuvent apparaître très importants, mais le retour sur investissement - outre les vies sauvées - est
considérable.
Ce même rapport précise qu’environ 34 $ par personne et par an sont nécessaires pour couvrir les
interventions essentielles des pays à faibles revenus : le VIH/Sida, le paludisme, la tuberculose, les
pathologies maternelles et périnatales, les causes fréquentes de décès de l’enfant (rougeole, tétanos,
diphtérie, infections respiratoires aiguës, les maladies diarrhéiques), la malnutrition, les autres infections
prévenues par une vaccination, les maladies liées au tabac. La plus grande partie de cette somme devra être
financée par le secteur public. Les clichés, sur la mauvaise gestion de l’aide au développement, en particulier
en direction de l’Afrique sont sans fondement. Une grande partie de l’aide étrangère a été fort bien dépensée
et a donné des résultats spectaculaires. En effet, en 1967, entre 10 millions et 15 millions de personnes de
par le monde étaient victimes de la variole. L’OMS a mis en place son programme d’éradication de la
maladie. Treize ans plus tard, elle était en mesure d’annoncer que l’objectif était atteint. En 1988, 350 000
personnes étaient victimes de la poliomyélite. Trois milliards de dollars ont été investis. Résultat : en 2003,
on ne signalait plus que 784 cas de poliomyélite (51). L’aide doit être poursuivie, et amplifié en particulier
contre la pandémie du SIDA. Dans une logique d’efficacité, les actions doivent être menés, en
PARTENARIAT, directement sur des projets CONCRETS (3) : scholarships, training, lectures, equipment, ....
La créativité doit également être de mise, en utilisant par exemple, les NTIC (4).
http://ajns.paans.org 4