Lycée Français de Singapour
Ludite ! Devenez légionnaire
L’instructeur va vous donner votre première leçon. Retrouvez le sens de ces ordres :
Jules César avait inventé un code secret pour que ses messages, même interceptés par
l’ennemi, restent indéchirables : il remplaçait chaque lere du message original par la
3ème leƩre qui la suivait dans l’alphabet. A vous de décrypter !
KDQQLEDO D ORQJWHPSV YDLQFX OHV RUPDLQV
KDQQLEDO D ORQJWHPSV YDLQFX OHV RUPDLQV
DGarde à vous !
EHalte !
JEn avant ! Marche !
GSilence !
HRassemblement !
I SilenƟum !
II Legio expedita !
III Signa inferre ! Perge !
IV Convenire ad signa !
V Consistere !
SoluƟon des jeux : les ordres I G,,D,,,JIV HV E
code secret : Hannibal a longtemps vaincu les Romains .
Les 3èmes AB Les 3èmes DE
Les 4èmes ABC Les 4èmes DEF
Les latinistes du collège
Fabriquez un costume de soldat
romain pour vos personnages
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VOX
VOX
ROMANA
ROMANA
Le journal des latinistes du LFS
Lycée Français de Singapour Numerus VIII — MMXIII
Les guerres puniques
Mythe, arts et littérature
par les laƟnistes de 5èmes et de 1ères
Le mythe de Didon et Enée est raconté par le poète lan Virgile
au chant IV de son épopée L’Enéide. Après la prise de la ville de Troie
par les Grecs, le prince troyen Enée, ls d’Anchise et de Vénus, prend la
fuite avec d’autres survivants. Il porte son vieux père sur ses épaules et
emmène également son jeune ls Ascagne (ou Iule). Le desƟn d’Enée
est de naviguer sur les mers an de trouver une terre propice à la fon-
daon d’une nouvelle ville, qui deviendra plus tard Rome. Après bien
des péripées, une tempête pousse la oe d’Enée vers les côtes afri-
caines où se trouve la puissante ville de Carthage. A la vue du beau et
noble Enée, Didon (ou Elissa), la reine de Carthage, tombe follement
amoureuse et fait tout pour retenir le héros troyen dans sa ville. Didon
et Enée vivent une passion très intense jusqu’au jour où les dieux olym-
piens rappellent le prince troyen à sa desnée. Enée informe Didon,
pleine de rage, elle lui reproche sa cruauté et son insensibilité. Lors-
qu’Enée quie Carthage, Didon, incapable de supporter son départ,
choisit de se donner la mort. Plus tard dans son périple, quand Enée
descend aux Enfers, il rencontre le fantôme de la belle Didon mais celle-
ci refuse de lui adresser la parole et s’éloigne. Le mythe de Didon est
d’Enée demeure le symbole d’un amour tragique. Ce récit a inspiré de
nombreux arstes : Scarron, au XVIIème siècle écrit une parodie du
mythe, au XVIIIème siècle, Marmontel écrit le livret d’un opéra.
Cependant la reine Didon
Perdait sa face de dondon
Pour prendre celle d’une éthique,
Tant amour forcené la pique
En vain, pour ce feu violet,
Causé par un désir follet,
La pauvree boit à la neige
Son chaud tourment point ne s’allège.
L’insensée a beau boire frais,
Elle ne se fait que des frais.
Tantôt d’Aeneas (Enée) le mérite
Fait sa poitrine une marmite
Que fait brûler bûche et son ;
Et tantôt la bonne maison
De ce ravissant personnage
Donne l’assaut à son veuvage ;
Et puis son visage charmant
Vient lui troubler l’entendement.
Cee pauvre reine des folles
S’arrête à ses moindres paroles,
Toute seule s’en entreent,
Puis elle dit : "Mon cœur en ent,
Mon cœur à l’amour si rebelle,
Et ma franchise en a dans l’aile.
Hélas ! que ne l’ai-je paré,
Le rude coup qu’on m’a ré !
Scarron, Virgile travesƟ, Livre IV, 1653
DIDON.
Il est par, ma sœur. O toi, qui me condamnes,
Ombre de mon époux, cesse de murmurer.
(Aux prêtres.)
Qu'on prépare un autel ; je veux échir ses
mânes.
Que le bûcher s'élève ; et que sans diérer
J'y brûle d'un ingrat les dépouilles profanes.
Sur ce bûcher, ma sœur, que je veux allumer,
Pour détruire à jamais un souvenir funeste,
Nous allons du Troyen déposer ce qui reste,
Et l'y voir consumer.
(A ses Femmes.)
Qu'on m'apporte en ce lieu ses dépouilles, ses
armes;
Je veux, sur le bûcher, les placer de ma main.
Marmontel, Didon, Acte III, Scène 8, 1783
Enée et Didon, P.-N. Guérin, 1815, insecula.com
L’armée romaine
par les laƟnistes de 4èmes
A l’origine, l’armée romaine est
constuée de soldats citoyens puis elle
devient une armée de méer recrutant
de nombreux mercenaires. C’est l’une
des plus puissantes du monde anque
par son organisaon et son l’équipement militaire. La majeure pare
des soldats romains sont des légionnaires. On disngue ainsi les
hastaƟ, lanciers, au premier rang, les principes, expérimentés et bien
armés au deuxième rang, les triarii ou vétérans qui combaent au troi-
sième rang et viennent en aide aux soldats moins expérimentés.
La panoplie militaire comprend un armement oensif : la lance
(hasta) mesurant 2 à 3 mètres, le javelot (pilum) qui peut être envoyé
jusqu’à 60 mètres, le glaive (gladius), une épée courte à deux
tranchants, ou la hache, ule pour pouvoir traverser l’armure de
l’adversaire. Et un armement défensif : le bouclier (scutum), la cuirasse
recouvrant le buste et le dos, le casque (cassis), surmonté éventuelle-
ment d’un panache indiquant le grade, laisse les oreilles dégagées pour
pouvoir entendre les ordres, les jambières de bronze et les sandales en
cuir (caligae). L’équipement et le sac militaire du soldat qui conƟent sa
gamelle, des vivres et ses eets personnels pèsent jusqu’à 40 kg !
Les Romains sont d’habiles stratèges. Une bataille commence dès
que le signal est donné par les trompees (tubicines), les soldats
lancent leur javelot et entame le combat au corps à corps. La technique
de marche oensive la plus connue est la « tortue » (testudo) où les
soldats marchent serrés avec leur bouclier au-dessus de leur tête .
L’équipement militaire le plus impressionnant est celui des
machines de guerre : la catapulte (catapulta) est la plus grosse machine
de jet. Elle peut lancer des projecles de plus de 100 kg à longue
distance. La baliste (balista) uƟlise la force de tension d’un arc tendu
grâce à deux manivelles et re des
boulets de pierre. Le scorpion (scorpio)
est un gros arc qui re un lourd javelot
pouvant empaler plusieurs hommes sur
sa trajectoire. Plus surprenant encore,
l’armée ulise des animaux de guerre
comme les molosses, féroces chiens de
combat lancés contre l’ennemi, et même
des cochons incendiaires (porci) recou-
verts d’huile enammée !
Reconstuon moderne, Roman Army TacƟcs, Scar-
borough Castle, Royaume-Uni, 2007. Crédit D. Friel
Reconstuon de baliste, Crédit leg8.org
EDITORIAL
L’étendue impressionnante de l’imperium Romanum (empire
romain) à son apogée au IIème siècle de notre ère démontre assez à
quel point les Romains sont passés maîtres dans l’art militaire. Et la
formule du stratège Végèce (IVème siècle) « Igitur qui desiderat pacem,
praeparet bellum » (Qui désire la paix doit préparer la guerre) traduit
la nécessité d’entretenir des forces armées performantes pour résister
aux menaces extérieures et assurer la pax romana (paix romaine).
L’armée romaine demeure une référence incontournable dans
l’histoire militaire européenne et l’épisode des guerres puniques aux
IIIème et IIème siècles avant J-C. consƟtue une véritable épopée
stratégique qui met face à face les deux superpuissances méditerra-
néennes de l’époque : Rome contre Carthage. Le conit est ouvert,
« Vae vicƟs » (Malheur aux vaincus) ! J.-F.C. L.L.
Etymologie par les laƟnistes de Tle
Éléphant (n-m) : du laƟn elephantus lui-même
emprunté au grec ancien ἐλέφας (elephas)
signiant « éléphant » ou « ivoire ». Le mot
« éléphant » a supplanté, en ce sens, variante
populaire de l’ancien français « olifant ». Il
désigne un très grand mammifère herbivore, à
peau rugueuse, à grandes oreilles plates, au nez
allongé en trompe et à défenses d’ivoire.
Polémique (n-f ; adj. qual.) : emprunté au grec ancien πολεμικός
(polemikos) qui signie « relaƟf à la guerre ». D'où le sens du terme
actuel : « Débat par écrit, vif ou agressif » ; « qui manifeste une aƫtude
criƟque ou agressive ».
HosƟlité (n-f) : le mot vient du laƟn hosƟlitas qui désigne l’acte d’un
ennemi ou un état de guerre. Il est à raƩacher au mot laƟn hosƟs,
l’ennemi, et plus parƟculièrement l’ennemi public. L’« hosƟlité »
désigne une disposiƟon hosƟle, inamicale.
Carthaginois (n-c. ; adj. qual.) : le terme désigne les habitants de
Carthage. Le mot « Carthage » vient lui-même du phénicien Qart-Adast,
signiant "nouvelle ville".
Punique (adj. qual.) : du laƟn punicus, « carthaginois », venant de
poenus issu du grec ancien Φοῖνιξ (phoînix), « phénicien, carthagi-
nois ». Punicus avait en laƟn un sens négaƟf et signie liƩéralement
« le perde carthaginois ». Le mot français renvoie à Carthage.
Couverture : Arista Romano, baƩaglia di Zama, 1570-1600, domaine public.
Monnaie phénicienne, crédit
viewzone.com
Posions des ennemis en -264, crédit Ursus.
L’histoire de la République,
qui dure presque cinq siècles
(-509 ; -27) est dominée par
des lues poliques et par des
guerres d’extension et de con-
quêtes. Les guerres puniques
sont trois guerres entre les
Romains et les Carthaginois
de 264 à 241 av. J.-C., puis de
21 à 20 av. J.-C. et enn de
149 à 146 av. J.-C. . Ces deux peuples se disputent la dominaƟon de la
mer Méditerranée occidentale. On appelle ces guerres puniques car en
lan, le mot « phénicien » se dit poeni, Carthage était en eet une
colonie fondée par les Phéniciens.
Non sans mal, Rome triomphe de Carthage, elle s'empare de la
Sicile et de l'Espagne suite aux deux premières guerres puniques. Car le
Carthaginois Hannibal faillit mener Rome à sa perte en envahissant
l’Italie avec son armée et ses éléphants. Cependant, cinquante ans après
sa douloureuse défaite lors de la deuxième guerre punique, Carthage est
de nouveau prospère. An d’éliminer dénivement son ennemi, Rome
pousse Massinissa, le roi de Numidie, à aƩaquer Carthage. Pour se
défendre, Carthage ne demande pas l'avis des Romains et rompt ainsi
les condions de la paix de 202 av. J.-C. L’armée romaine commandée
par Scipion Émilien intervient et met trois ans à réduire la résistance
punique qui capitule en 146 av. J.-C.
Cee fois-ci, Rome est inexible. La ville est rasée. Le port est
comblé par les matériaux de la destrucon. Les habitants sont réduits en
esclavage et le site de Carthage est déclaré maudit, donc inhabitable.
Bella punica - guerres puniques
Le port de Carthage, image créée pour un jeu vidéo, Total War 2, crédit edge-online.
9 2
Un arontement qui a inspiré ce lm italien de
1937, ouƟl de propagande fasciste pour l’invasion
de l’Afrique du Nord, crédit Allociné.
Deux ennemis de la deuxième
guerre punique
par les laƟnistes de 2ndes
Un Carthaginois : Hannibal, de son nom complet Hannibal Barca
(-247 ; -183) est le ls du général carthaginois Hamilcar Barca, général
carthaginois. Chef de l’armée carthaginoise lors de la deuxième guerre
punique (-219 ; -202), Hannibal est reconnu comme l’un des plus grands
stratèges de l’histoire militaire. Elevé dans la haine de l’ennemi romain
par son père, Hannibal désire plus que tout laver l’honneur carthaginois
en combaant Rome sur son propre territoire après avoir conduit son
armée sur des milliers de kilomètres. Le général punique mène ainsi ses
soldats à travers l’Espagne et les Pyrénées et arrive enn en Italie.
Malgré d’éclatantes victoires, Hannibal et son armée sont nalement
vaincus par les Romains sur le sol africain à Zama en 202 av. J-C.
Hannibal choisit de s’exiler en
Bithynie (région de l’actuelle
Turquie). A l’âge de 64 ans, il nit
par se suicider en buvant une
coupe de poison an d’échapper
aux Romains qui le poursuivent.
Un Romain : Publius Corne-
lius Scipio Africanus est un général
et homme d’Etat romain né vers
235 av. J-C qui apparƟent à la
célèbre famille des Scipions, une
branche de la gens Cornelia. Tribun
militaire de la seconde légion, il
parcipe très jeune à la bataille de
Cannes (en 216 av. J-C) pendant la
deuxième guerre punique (-219 ; -202). Quelques années plus tard, son
oncle et son père, tous deux généraux, sont tués par les Carthaginois. A
l’âge de 24 ans, Scipion prend le commandement des troupes romaines
en Espagne. Devenu consul en 205 av. J-C, il fait adopter par le Sénat le
projet de débarquement en Afrique. Avec 50 vaisseaux de guerre et 400
navires de transport, Scipion quie la Sicile et se dirige vers les côtes
africaines. L’armée romaine forte de 20 000 à 30 000 soldats s’empare
de la ville de Carthage et bat l’armée punique dirigée par Hannibal à
Zama en 202 av. J-C. Les Romains donnent à leur néral le surnom
d’ « Africanus », l’Africain. Scipion se rere alors de la vie publique et se
consacre aux arts et aux leres contribuant ainsi à répandre la culture
grecque (inuence appelée « hellénisme ») dans le monde romain.
Caricature extraite de The Comic History of Rome ,
by Gilbert AbboƩ A BeckeƩ, 1850.
DU LATIN DANS LE TEXTE
La traversée des Alpes
par les laƟnistes de 3èmes
Tite-Live (Titus Livius), est né vers
59 avant J.C. dans une riche
famille plébéienne, dans la ville
de Padoue (Paduvium), il
restera jusqu'à la n des guerres
civiles. Il retournera ensuite à
Rome. Il est décédé en 17 après
J.C. dans sa ville natale. Historien
de la Rome anƟque, il est l’auteur
de la monumentale œuvre longue
de 142 livres de l’Histoire
romaine (Ab Urbe condita libri),
qu’il commença à écrire en - 27.
Tite-Live, Ab urbe condita, extraits, XXI.
Nono die in iugum Alpium
peruentum est per inuia pleraque
et errores, quos aut ducenƟum
fraus aut, ubi des iis non esset,
temere initae ualles a coniectanƟ-
bus iter faciebant. Biduum in iugo
staƟua habita fessisque labore ac
pugnando quies data miliƟbus ;
iumentaque aliquot, quae prolap-
sa in rupibus erant, sequendo
uesƟgia agminis in castra
peruenere. Fessis taedio tot
malorum niuis eƟam casus,
occidente iam sidere Vergiliarum,
ingentem terrorem adiecit. Per
omnia niue oppleta cum signis
prima luce moƟs segniter agmen
incederet pigriƟaque et despera-
Ɵo in omnium uoltu emineret.
On fut neuf jours à aƩeindre le
sommet des Alpes, à travers des
chemins non frayés l'on
s'égarait souvent, soit par la
perdie des guides, soit par les
conjectures de laance même,
qui engageait au hasard les
troupes dans des vallons sans
issue. On s'arrêta deux jours sur
ces hauteurs, pour donner aux
soldats épuisés le repos néces-
saire après tant de faƟgues et de
combats : là, plusieurs bêtes de
somme, qui avaient glissé le long
des rochers, regagnèrent le camp
sur les traces de l'armée. Déjà des
maux sans nombre avaient jeté les
esprits dans l'accablement le plus
profond ; bientôt, surcroît de
terreur ! On voit tomber une
neige abondante ; c'était l'époque
du coucher de la constellaƟon des
Pléiades. On n'aperçut que mon-
ceaux de neige, lorsque, au point
du jour, on se remit en marche ;
les Carthaginois avançaient à pas
lents ; l'abaƩement et le déses-
poir étaient peints sur les visages.
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