les força de s’écouler par les flancs ; elle rétablit ainsi le combat, et tint seule la
victoire en suspens jusqu’au moment où, chargée en flanc et en queue par la
cavalerie romaine, il ne lui resta plus qu’à mourir. Les éléphants, de leur côté,
tirent bonne contenance; on voyait ces intrépides animaux, excités par les traits
et les javelots qui leur étaient lancés de toutes parts, se précipiter au plus fort
de la mêlée et enlever des soldats avec leurs trompes; mais leur courage fut
inutile. Les Romains ne se laissèrent pas effrayer par leurs masses; ils les
évitaient avec adresse, et ne s’arrêtèrent que lorsque le succès de la journée fut
assuré. Vingt mille Carthaginois restèrent sur le champ de bataille, vingt mille
furent faits prisonniers; les Romains ne perdirent que deux mille hommes. (203
ans avant J.-C.)
Après ce désastre, Hannibal s’était retiré à Hadrumète suivi de quelques
cavaliers seulement; mais l’anxiété de ses concitoyens ne le laissa pas longtemps
dans cette retraite. Mandé par le sénat et par le peuple, il obéit à ces ordres, et
rentra dans Carthage après vingt-cinq ans d’absence. De toutes parts on se
pressait autour de lui pour l’interroger, pour savoir ce qu’il y avait à craindre, ce
qu’il y avait à espérer. En présence de cet affaissement si profond de sa patrie,
Hannibal n’hésita pas à déclarer que tout était perdu, et proposa, comme une
triste mais indispensable nécessité, de se soumettre aux conditions du vainqueur.
Après de violents débats, le sénat tout entier se rendit à son avis ( Hannibal
devint suffète de Carthage; mais bientôt, poursuivi par la haine de ses
Concitoyens, il se retira auprès d’Antiochus, roi de Syrie, ensuite chez Prousias,
roi de Bithynie, qu’il arma contre les Romains. Mais enfin, craignant ensuite
d’être livré par ce prince à ses ennemis, il s’empoisonna. (183 ans avant J.-C.).
Les conditions du traité furent telles qu’on devait les attendre du génie de
Rome: ce fut la mise en pratique de ce mot célèbre, malheur aux vaincus ! Les
Carthaginois furent obligés de rendre les prisonniers de guerre et les