par le muscle en pyruvate. Ce dernier, en l’absence d’oxygène,
est réduit en lactate. Cette voie intervient avec une durée d’effi-
cacité plus grande que la voie anaérobie alactique, mais avec un
rendement moindre. Il faut souligner que la glycolyse anaérobie
est essentiellement développée dans les fibres musculaires à fort
potentiel glycolytique (type IIb), où elle fonctionne même quand
l’apport en oxygène est satisfaisant. Son principal facteur limi-
tant tient à l’apparition d’une acidose musculaire par accumula-
tion d’acide lactique et épuisement des capacités cellulaires à
tamponner les ions H+.
Lorsque l’exercice se prolonge, la voie aérobie est à son tour sol-
licitée, tout particulièrement dans les fibres musculaires à fort
potentiel oxydatif (type I). Elle n’est possible qu’en présence
d’une quantité suffisante d’oxygène, c’est-à-dire lorsque les adap-
tations respiratoires et cardiovasculaires sont mises en place.
Aussi n’atteint-elle son efficacité maximale que pour des efforts
prolongés au-delà de trois minutes. Elle se caractérise par un fort
rendement et par l’utilisation possible de différents types de sub-
strats énergétiques. Elle comporte plusieurs étapes.
Tout d’abord, la dégradation des nutriments aboutit à la forma-
tion d’acétyl-coenzyme A qui alimente le cycle citrique de Krebs.
Chaque tour de cycle forme deux molécules de CO2et libère des
électrons et des atomes d’hydrogène qui réduisent le nicotina-
mide-adénine-dinucléotide (NAD) et le flavine-adénine-dinu-
cléotide (FAD) en NADH et FADH2(figure2). NADH et FADH2
agissent comme de véritables agents de transfert et vont céder
des électrons à haute énergie et des protons aux complexes de la
chaîne respiratoire (figure3). Cette dernière est constituée d’une
quinzaine de transporteurs localisés dans la membrane interne de
la mitochondrie. Les différentes étapes de cette chaîne sont accé-
lérées par trois gros complexes enzymatiques enchâssés dans la
membrane : l’ubiquinone, les cytochromes et le système de la
cytochrome-oxydase. Le transport des électrons le long de la
chaîne respiratoire libère de l’énergie, qui permet l’exportation
de protons dans l’espace intermembranaire, créant ainsi un gra-
dient électrochimique (mécanisme chimio-osmotique). L’éner-
gie ainsi stockée est utilisée pour :
–activer l’ATP-synthétase qui catalyse la phosphorylation de
l’ADP en ATP et qui est dotée d’un canal à protons ;
–transporter divers métabolites à travers la membrane mito-
chondriale.
Cette énergie permet notamment le fonctionnement de la trans-
locase qui assure l’antiport spécifique ADP-ATP (l’entrée d’ADP
étant couplée à la sortie d’ATP).
À la fin de la chaîne respiratoire, le complexe cytochrome-oxy-
dase assure la réduction de l’oxygène moléculaire, qui représente
l’accepteur final d’électrons. Cette réaction aboutit à la forma-
tion d’eau (figure 3).
Pour assurer les besoins énergétiques cellulaires, le fonctionne-
ment de la chaîne respiratoire est étroitement régulé. C’est le
contrôle respiratoire, assuré par divers mécanismes :
–la disponibilité en ADP et en Piqui module l’intensité respi-
ratoire et la consommation d’O2;
–les rapports intramitochondriaux ATP-ADP qui conditionnent
le fonctionnement de la cytochrome-oxydase (un rapport élevé
étant inhibiteur) ;
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La Lettre du Pneumologue - Volume V - no5 - sept.-oct. 2002
–le monoxyde d’azote (NO) ; à faible concentration, le NO
inhibe la chaîne respiratoire en entrant en compétition avec l’O2
au niveau de la cytochrome-oxydase ;
–enfin, certains signaux intracellulaires, en particulier le taux
de calcium, participent aussi au contrôle respiratoire. Une élé-
vation du calcium libre intramitochondrial active la déshydrogé-
nase du cycle de Krebs, augmente la production de NADH, le
flux d’électrons et, en conséquence, la synthèse d’ATP.
La production mitochondriale d’ATP est ainsi étroitement liée
aux besoins énergétiques de la cellule. La régulation fine des flux
énergétiques implique d’ailleurs diverses structures cellulaires
(consommant ou générant de l’énergie), notamment les myofi-
brilles, les mitochondries et le réticulum endoplasmique. Ces dif-
férents intervenants s’organisent en une véritable “unité fonc-
tionnelle énergétique”, qui permet de réguler non seulement le
niveau de production d’ATP, mais aussi la distribution des mito-
chondries au sein de la cellule (1) (figure 4).
En théorie, les trois types de nutriments (glucides, lipides et pro-
tides) sont utilisables par voie aérobie. En fait, les substrats glu-
cidiques et lipidiques constituent l’essentiel des ressources éner-
gétiques, les protéines n’y participant que de façon négligeable
dans les conditions habituelles d’exercice. Elles représentent
pourtant une réserve potentielle d’énergie, grâce à l’oxydation
de l’alanine et à leur rôle de substrat de la néoglucogenèse. Leur
contribution reste cependant faible, sauf dans les conditions
extrêmes où leur catabolisme peut atteindre 4 à 7 g/h (2).
Les principaux substrats glucidiques assurant la couverture des
besoins énergétiques au cours de l’exercice sont :
–le glycogène, dont les réserves musculaires sont utilisées pré-
férentiellement au stock hépatique ;
–le glucose circulant, qu’il soit d’origine exogène ou hépatique
(glycogénolyse et néoglucogénèse) ;