Pour que le traitement du cancer colorectal ne soit plus

publicité
www.cnrs.fr
COMMUNIQUÉ DE PRESSE NATIONAL I PARIS I 23 MARS 2011
Pour que le traitement du cancer colorectal ne soit
plus synonyme d'hypersensibilité au froid
Mettre des gants avant d'ouvrir le réfrigérateur. Éviter le rayon frais des supermarchés.
Voici la réalité pour la quasi-totalité des patients atteints de cancer colorectal et traités par
chimiothérapie avec de l'oxaliplatine. Cet effet secondaire, une hypersensibilité au froid,
pourrait être prévenu suite aux travaux coordonnés par Emmanuel Bourinet, directeur de
recherche CNRS à l’Institut de génomique fonctionnelle (CNRS/Inserm/Universités
Montpellier 1 et 2). Une molécule déjà commercialisée en France pour traiter l’angine de
poitrine permet en effet de restaurer le seuil normal d'excitabilité des neurones sensibles
au froid. Ces résultats sont publiés le 23 mars dans la revue EMBO Molecular Medecine.
Le cancer du côlon est le troisième cancer le plus fréquent en France, avec près de 40 000 nouveaux cas
estimés en 2010. Son traitement par chimiothérapie est, entre autre, basée sur l'administration
d'oxaliplatine. Mais pour 95% des patients, cette molécule induit dès les premières perfusions une
hypersensibilité aux températures fraîches et froides, entraînant des picotements dans les extrémités des
membres. Cet effet indésirable prévisible est si incommodant que certains patients réduisent, voir cessent,
leur chimiothérapie. Aucun traitement préventif n’existe en effet à ce jour.
Une équipe de chercheurs montpelliérains1, en collaboration avec leurs collègues clermontois2 et niçois3
ont montré que, comme chez l'homme, l'oxaliplatine provoquait chez la souris une hypersensibilité au froid.
Basé sur une approche comportementale, ce résultat a été confirmé in vitro par imagerie sur les neurones
sensoriels isolés. L'étude moléculaire de ces neurones a mis en évidence une différence au niveau des
canaux ioniques qui régulent le courant électrique véhiculant l’information 4. Les neurones prélevés sur les
animaux traités à l'oxaliplatine ont moins de canaux inhibiteurs et plus de canaux excitateurs que les
neurones issus d'animaux témoins, expliquant ainsi leur plus forte excitabilité.
L'implication des canaux ioniques excitateur dans cette hypersensibilité au froid a été confirmée par
l'utilisation d'une molécule inhibitrice de ces canaux : l'ivabradine. In vivo et in vitro, l'ivabradine a restauré
1
A l’Institut de génomique fonctionnelle (CNRS/Inserm/Montpellier 1 et 2)
A l’Université d’Auvergne (Pharmacologie fondamentale et clinique de la douleur)
3
A l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire (CNRS/Université de Nice)
4
Les canaux ioniques contrôlent les échanges d'ions de part et d'autres de la membrane des neurones. Ce
sont ces échanges qui régulent la création, ou non, du courant électrique véhiculant l’information entre les
neurones.
2
www.cnrs.fr
le seuil normal d'excitabilité des neurones activés par le froid. Et ce, sans effets sur les autres populations
de neurones sensitifs tels que les récepteurs du toucher. Cette molécule, déjà employée en clinique pour
traiter l’angine de poitrine, pourrait se révéler être intéressante comme traitement préventif de la
neurotoxicité aiguë de l’oxaliplatine chez les patients atteints de cancer colorectal.
Bibliographie
Oxaliplatin-induced cold hypersensitivity is due to remodeling of ion channel expression in nociceptors,
Juliette Descoeur, Vanessa Pereira, Anne Pizzoccaro, Amaury Francois, Bing Ling, Violette Maffre, Brigitte
Couette, Jérôme Busserolles, Christine Courteix, Jacques Noel,Michel Lazdunski, Alain Eschalier, Nicolas
Authier, Emmanuel Bourinet. EMBO Molecular Medecine, publication en ligne le 23 mars 2011.
Contact
Chercheurs CNRS l Emmanuel Bourinet l T 01 34 35 92 48 l [email protected]
Presse CNRS l T 01 44 96 51 51 l [email protected]
Téléchargement