1- La Direction. Diriger en plaquant un plan préétabli et en voulant l’imposer par la force au monde confine
à l’absurdité. La Direction est extraordinaire quand elle est vécue de l’intérieur. C’est une expérience
personnelle profonde qui est celle de la responsabilité.
Lévinas définit la responsabilité comme la réponse à un appel que l’on a ressenti dans les profondeurs de
soi-même. Alors on se met en marche, et on se dirige vers qqch d’essentiel et de profond qui révèle de
plus en plus l’existence. On est vivant dans un monde vivant et on est là pour vivre et amener plus de vie.
On est là pour vivre ce que l’on peut appeler une puissance, une intensité, une joie d’exister. Cette joie
c’est elle qui fait qu’à un moment on peut diriger et on dirige. Diriger c’est avoir une certaine idée de la
vie, de notre rôle, et de nous emmener dans la vie. Qu’est-ce que nous aimons dans la vie ? Que ce soit
chez les artistes, les scientifiques, les moralistes, les écrivains, c’est de savoir s’ils nous emmènent dans la
vie ou pas. Il y a un sens de l’univers qui permet à l’univers d’exister sans étouffer la liberté, c’est la vie
elle-même. Le sens de la vie c’est non seulement la vie mais la gloire de la vie. Un dirigeant c’est qqn qui
m’emmène dans la vie, c’est qqn de vivant, avec lui on sait où on va, on est prêt à le suivre, il va nous
permettre de vivre, il va nous parler à la vie.
Le plus important dans le monde d’aujourd’hui c’est de parler de la vie, de parler de ce qui nous fait vivre,
et de croire que qqch fait vivre. Quand on a qqch de vivant en soi, on a des choses à dire, et on répond à
cette question fondamentale : veux-tu vivre ou pas ? C’est la question extraordinaire que pose le Christ
dans les évangiles quand il fait des miracles : est-ce que tu veux guérir, est-ce que tu veux vivre ? En général
les gens disent oui et le Christ dit ta foi t’a sauvé. Diriger c’est découvrir le vivant qui est en moi et diriger
avec ma vie. Si moi je me dirige dans la vie, je sais où je vais, et les autres savent où ils vont.
2- La Signification : Quand vous faites l’expérience du vivant et de la vie qui est en vous, il y a l’ouverture
de la résonnance poétique. Les choses se mettent à dire qqch. Le Dire récapitule tout l’univers. La tradition
juive explique qu’il y a quatre sens de l’interprétation : le sens littéral, le sens historique, le sens moral, et
le sens mystique. Là on a la totalité de la vie. Vivre c’est respecter tous les niveaux de la réalité de
l’existence. Premièrement ce qui est dit ici concrètement, deuxièmement le contexte dans lequel qqch est
dit, troisièmement nous avec nos interrogations sur les orientations de notre vie, et puis il y a des choses
mystiques, c’est-à-dire uniques, ineffables, extraordinaires qui vont encore plus loin que ce que l’on peut
voir. Là, la vie a du sens.
Moi, je fais l’expérience au du sens au niveau du langage quand j’ai entendu des paroles qui résonnent à
l’infini en moi, qui restent en moi comme une semence qui fait grandir mon arbre de vie intérieur. Je fais,
alors l’expérience de la signification, de qqch qui m’a parlé dans les profondeurs de moi-même. Je pense
que quand les hommes rencontraient le Christ c’est ce type de parole qui résonnait à l’infini en eux, en
réveillant leur être infini. Ainsi la Samaritaine, ayant rencontré le Christ déclare : » il m’a dit qui j’étais ».
Les vraies rencontres de la vie le sont avec des êtres, des paroles, où il y a des choses qui résonnent à
l’intérieur de moi-même et qui nous apprennent qqch sur nous-même.
La joie peut-elle être découverte à l’intérieur de l’entreprise ? Bien sûr dans l’entreprise on reçoit des
leçons de vie de ses collaborateurs et parfois des gens les plus simples. Une entreprise c’est un endroit où
on fait des choses utiles, qui rapportent, ce qui n’est pas du tout méprisable au contraire. On apprend à
vivre et on rencontre des gens qui vous apprennent à vivre.
3- l’Intuition, la sensation, le corps, la chair. L’entreprise produit des choses utiles qui permettent de
vivre, qui rentrent dans notre corps, notre chair et qui nous donnent des sensations, une intuition
profonde. Le plus bel outil du dirigeant, c’est le dirigeant lui-même quand il est vivant, quand il a une
capacité d’écouter, mais aussi quand il a une capacité de sentir, de vivre et d’avoir des sensations et de
pas avoir peur de ses intuitions. Descartes dit « je pense donc je suis «. On a oublié que cela voulait dire
aussi « je sens donc je suis ». Je pense n’est pas seulement qqch d’intellectuel mais aussi d’existentiel.