Le rôle majeur de la femme dans la famille
Dans une société longtemps patriarcale, la femme juive était tenue à l’écart des responsabilités
publiques et de la prêtrise. Isolée dans le temple, elle était déclarée inapte à l’étude de la Torah. Et
pourtant c’est elle qui nouait et renouait sans cesse l’union de la famille. Pour le Talmud, c’est la femme
qui transmet la qualité de juif et joue un rôle fondamental dans les fêtes et les rites juifs. Elle tisse le
lien entre les générations, entre les membres de la famille. C’est la femme juive qui allume la lumière
de l’avenir. La mère a préparé le repas de fête. La maison resplendit. La cendrillon harassée, irritable,
dans sa robe élimée, son peignoir effrangé, les savates trouées, les rides creusées, se métamorphose
soudain en Princesse Shabbat. « Lekha Dodi, allons mon ami à la rencontre de la Fiancée. »
C’est à elle que revient la joie d’allumer les deux bougies d’alliance du Shabbat. La première, appelée
« souviens-toi », éclaire la tradition, l’héritage divin. La seconde, nommée « observe », (mets en
pratique les mitsvot) est la prière-avoda, l’œuvre de justice et d’avenir. Les deux bougies représentent
les deux faces de la parole du Sinaï : « Souviens-toi du jour du Shabbat, pour le sanctifier ». Souviens-
toi mais aussi prépare l’avenir, la sanctification du temps. Les deux bougies, marquent la vocation des
femmes juives et de toutes les femmes d’alliance : unir le passé et l’avenir. Éclairer, inventer sans
cesse, le temps et l’amour. Choisir la vie.
L’ouverture de la famille à chaque autre
Le disciple d’un maître hassidique lui demanda un jour : « Pourquoi donc la cigogne est-elle dite impure
non casher, alors qu’elle est appelée hassida en hébreu ce qui signifie la pieuse ? Alors qu’elle est
toujours fidèle et qu’elle aime tellement les siens ? Et le rabbi répondit : Parce qu’elle n’aime que les
siens. »
Le judaïsme insiste sur l’ouverture des portes aux autres, aux malheureux, aux vagabonds. Ils prennent
souvent le visage du prophète Élie, qui d’après la tradition parcourt villes et campagnes dans ses
haillons, pauvre parmi les pauvres. C’est ainsi que chaque soir de shabbat et chaque séder de Pâque, la
maîtresse de maison met toujours une assiette de plus sur la table de fête. C’est l’assiette du prophète
Élie, de l’étranger, de l’autre. Le lévitique 19, 18, : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ne
peut se comprendre que si on le compare au lévitique 19, 33-34 : « Si un étranger vient habiter parmi
vous, aimez-le comme vous-mêmes car vous-mêmes vous étiez étrangers ». J’aimerai l’étranger, mon
lointain, l’autre là-bas, pour qu’il devienne mon frère, mon prochain.
Oui je suis le gardien de mon frère, de mon prochain mais aussi de mon lointain. Je suis responsable de
leur liberté et de leur avenir. Je ne peux refermer la porte sur mon tout, le tout de l’égoïsme personnel,
mais aussi de l’égoïsme familial ou national trop souvent considéré comme sacré.
Le dépassement du paraître
Le second livre de Samuel décrit la danse de David devant l’Arche : « David dansait en tournoyant de
toutes ses forces devant l’Éternel. Il avait ceint un simple pagne de lin… Mikhal la femme de David, fille
de Saül, sortit à sa rencontre et dit : Comme il s’est fait honneur aujourd’hui le roi d’Israël ! Il s’est
dénudé aujourd’hui au regard des serviteurs comme un homme de rien ! » (2 Samuel 6, 14 et s.)
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