n° 10 P. Bonfils*, M. Devars du Maine*, P. Faulcon*, D. Malinvaud* fiche technique Sous la responsabilité de son auteur Exploration d’un trouble de l’odorat R C A T É D À L’exploration fonctionnelle d’une dysosmie repose sur les tests olfactifs subjectifs. Les potentiels évoqués olfactifs, seul test objectif, sont du domaine de la recherche, et leur réalisation est d’une grande complexité. Les tests olfactifs subjectifs consistent à faire sentir au patient des odeurs calibrées. Plusieurs tests sont disponibles en Europe, avec des odeurs adaptées à la culture européenne : le test Biolfa ® (2, 3) [figure 1] et le Sniffin’ E L’exploration fonctionnelle d’une dysosmie H E Les étiologies des dysosmies sont nombreuses et variées. L’explo- ration radiologique ne doit pas être réalisée en première intention à titre systématique. Les demandes doivent être justifiées ; elles sont fondées sur des hypothèses diagnostiques et étiologiques élaborées par l’exploration clinique. Ainsi, la demande d’IRM cérébrale visant à éliminer l’hypo­ thèse d’un méningiome olfactif n’a pas lieu d’être systématique. Les examens tomodensitométriques des cavités naso-sinusiennes seront demandés devant des pathologies de l’aéroportage et devant une cacosmie. L’examen IRM sera demandé devant une crainte de pathologie endocrânienne dominée par les tumeurs méningées et cérébrales (lire l’article p. 5). F * Département d’ORL et de chirurgie cervico-faciale, hôpital européen Georges-Pompidou, faculté de médecine Paris-Descartes, université Paris-V, unité de recherche CNRS CeSeM (Centre d’études de la sensori-motricité), UMR 8194, Paris. L’exploration radiologique d’une dysosmie H L’analyse de la nature de la dysosmie est un point crucial de l’exploration d’un trouble de l’odorat. Les dysosmies peuvent être quantitatives (augmentation ou diminution de la perception olfactive) et qualitatives (1) . Parmi les dysosmies quantitatives, ce sont l’hyposmie et l’anosmie qui dominent ; l’hyperosmie est rarissime. Il existe trois types de dysosmies qualitatives. La cacosmie est la perception d’une mauvaise odeur effectivement présente dans l’organisme et qu’une personne extérieure peut percevoir ; elle est d’origine naso-sinusienne (sinusite d’origine dentaire, aspergillose sinusienne), d’origine dentaire, ou liée à un reflux gastro-œsophagien. La parosmie est la perception d’une odeur souvent qualifiée de désagréable (odeur de brûlé, d’excréments), lorsque le sujet est soumis à une odeur habituellement agréable. Par conséquent, la parosmie suppose la présence de molécules odorantes, mais la sensation ressentie par le patient n’a aucun rapport avec l’odeur attendue. La phantosmie est la perception d’une odeur qui n’existe pas ; elle est le plus souvent d’origine psychiatrique ou tumorale (tumeur cérébrale, excepté le méningiome olfactif). Une fois la nature de la dysosmie définie, il importe d’aborder le diagnostic topographique et étiologique. L’analyse topographique repose sur la différenciation des étiologies liées à un trouble de l’aéroportage, des événements périrécepteurs, de la transduction et des voies olfactives centrales C L’exploration clinique d’une dysosmie (lire l’article p. 15) . Les troubles de l’aéroportage et des événements périrécepteurs ont une origine nasale. Ils sont le plus souvent associés à des signes rhinologiques : obstruction nasale, rhinorrhée, pesanteurs et douleurs faciales. L’exploration fibroscopique de la cavité nasale est essentielle au diagnostic. Les troubles de la transduction et des voies olfactives centrales sont d’origine neurosensorielle. I L’ analyse d’un trouble de l’odorat se fait en trois étapes : étudier la nature de la dysosmie, établir un diagnostic topographique puis étiologique, quantifier la dysosmie et en apprécier le retentissement. Une telle analyse impose une exploration clinique, une exploration radiologique et une exploration fonctionnelle rigoureuses. n° 317- avril-mai-juin - avril-juin 2009 2010 34 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 321 f i c h e t e c h n i q u e n ° 10 Figure 1. Le test Biolfa® comporte des flacons contenant des odeurs calibrées à stimulation olfactive et non trigéminale. Figure 2. Le Sniffin’Sticks test® comporte des sticks contenant des odeurs calibrées. Plusieurs sticks permettent de déterminer les seuils olfactifs, d’explorer la mémorisation et l’identification des odeurs. Sticks test ® (4) [figure 2] . Le test Biolfa ® comporte des flacons contenant les liquides odorants que l’on fait sentir au patient. Deux séries de flacons sont utilisées : la première pour une étude des seuils olfactifs avec trois odeurs, la seconde pour une étude semi-qualitative. Le Sniffin’ Sticks test ® est un test d’origine allemande, très sophistiqué, permettant une étude des seuils olfactifs, de la reconnaissance et de l’identification des odeurs, et des tests de mémorisation. Il est constitué de sticks à odeur (figure 2). Dans tous ces tests, le choix des molécules odorantes a consisté à sélectionner des odeurs induisant une stimulation olfactive, excluant les molécules ayant un effet trigéminal. Ces tests sont longs à réaliser, et Biolfa® impose des appareils d’extraction des odeurs. Ils sont surtout utiles à des fins de recherche clinique, mais n’ont pas trouvé leur place en clinique quotidienne (5). ■ Références bibliographiques Abonnez-vous en ligne ! www.edimark.fr Bulletin d’abonnement disponible page 39 F I C H E À D É T A C H E R 1. Bonfils P. Physiologie, exploration et troubles de l’olfaction. Encyclopédie médicochirurgicale, ORL. Paris : Elsevier, 2007, 20-285-A-10, 12 pages. 2. Lecanu JB, Faulcon P, Werner A, Bonfils P. Un nouveau test olfactif : Biolfa®. Données normatives. Ann Otolaryngol Chir Cervico-fac 2002;119:164-9. 3. Bonfils P, Faulcon P, Avan P. Screening of olfactory function using the Biolfa® olfactory test: investigations in patients with dysosmia. Acta Otolaryngol. 200;124:1063-71. 4. Landis BN, Stow NW, Lacroix JS, Hugentobler M, Hummel T. Olfactory disorders: the patients’ view. Rhinology 2009;47:454-9. 5. Bonfils P, Faulcon P, Malinvaud D. Examen clinique d’un patient avec une dysosmie. Ann Otolaryngol Chir Cervico-fac 2006;122:256-8. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 321 - avril-mai-juin 2010 | 35