
Introduction
C’était un 15 septembre de l’année 2015, une date banale pour
beaucoup - pour l’immense majorité même - que le destin d’un jeune archi-
tecte que nous nommerons A. bascula. Et avec le sien beaucoup d’autres :
celui des Parisiens, des Français, de voyageurs venus du Monde entier...et
le nôtre.
A. ferma les yeux, inspira profondément et se laissa transporter. Lors-
qu’il les rouvrit, il vit la France, une toute autre France, celle de 2035.
Durant deux décennies, Paris avait vibré sous l’organisation des Jeux
Olympiques, Paris avait été transportée, subjuguée par l’Exposition Univer-
selle. Elle avait pourtant dû faire face à des enjeux de taille pour en arriver
là et échapper à la saturation qui la guettait, au foncier qui s’amenuisait.
Lassée de restructurations coûteuses et à court d’idées pour retraiter ses
friches ferroviaires et ses sites abandonnés, elle avait embrassé sa place de
clé de voûte de la croissance nationale.
Et c’est en prenant son envol que notre architecte comprit cette
France, à travers Paris. Il la vit de plus haut, là-haut même où les immeubles
n’étaient plus. Tel un chirurgien, A. s’imagina recoudre Paris, panser ses
plaies, les recoudre une à une, appliquer son aiguille pour unier la ville,
puisqu’alors rien n’était plus simple. Les fractures qu’il imaginait avaient dis-
paru. Si longue et coûteuse qu’avait été l’opération, elle avait fonctionné.
Lorsque A. nous raconta ce qu’il vit, il sembla tout particulièrement
troublé par un point d’ampleur à l’échelle d’une ville, d’un pays : la gare du
Nord était recouverte. Toute l’emprise de ses voies ferrées n’était plus. Elle
avait littéralement disparu de la carte. Seule la majestueuse gare trônait en-
core au coeur de Paris. Tout cela était - aux dires de A. - le résultat d’un ingé-
nieux mélange entre dalle et bâtiments ponts qui se jouaient de contraintes
ô combien difciles à concilier.
Cette offrande de foncier qui surgissait des dédales de la ville offrait
l’occasion de bouleverser la vision contemporaine que l’homme et la socié-
té ont des typologies d’actif immobilier. Elle était le centre des technolo-
gies les plus ambitieuses et l’expression accomplie des architectes les plus
talentueux de notre ère.
Et alors même que nous ne pûmes nous résoudre à y croire, il nous
fut impossible de ne pas investiguer, pour imaginer ce recouvrement des
voies ferrées… et si A. disait vrai ?
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