
Mais le jeu est plus subtil ; l’industrie agro-alimentaire, relayée par la publicité et les médias,
dicte nos habitudes alimentaires dans des communiqués qui envoient des messages quasi
subliminaux. Les gosiers sont éduqués par des images, des flashs publicitaires qui conduisent
vers un paradoxe malsain : il faut consommer mais ne pas grossir ! Ainsi, oscillons-nous entre
des messages antagonistes qui nous vantent d’un côté des produits light qu’on peut manger en
toute quiétude sans grossir…et de l’autre des messages qui nous permettent de transgresser le
sacro-saint interdit et de souligner les bienfaits de la junk-food, aliments hypercaloriques prêts
à être engloutis avec délectation mais aussi honte et culpabilité.
Que reste-t-il dans tout cela de la valeur conviviale d’un bon repas, du temps que l’on prend
pour humer, mastiquer, goûter ce que nous mangeons avec plaisir et sans calcul des calories ?
La société se perd dans son étayage, dans sa structure et la façon de s’alimenter n’en est que le
stigmate. Les rituels ancestraux autour de la question de « comment s’alimenter » s’estompent
au profit d’une alimentation « pour soi». Le repas familial se fait rare et bon nombre d’enfants
« porte-clefs » rentrent le soir seuls à la maison et mangent devant la TV ou l’ordinateur de
façon gloutonne et machinale colmatant peut-être par là un mal-être à peine enfoui. Les jeunes
sont de plus en plus sédentaires et victimes de la malbouffe, consommant indistinctement
images et nourriture, … en solitaire.
L’obésité mais aussi les troubles du comportement alimentaire sont les nouvelles maladies
psycho-sociétales, répertoriables parmi les nouvelles addictions : les toxicomanies, les
toxicomanies sans drogue : jeux, images, internet, work-addict, sex-addict ... Elle est le
témoin du mal-être de l’individu dans une culture en mutation au même type que l’explosion
de la suicidalité chez les jeunes, des conduites agies (comportements à risque), de l’hétéro-
agressivité avec passage à l’acte, de l’auto-agressivité (automutilation, …).
Ainsi, luttons-nous contre… au lieu de lutter avec. N’y a-t-il pas, dans un premier
mouvement, un geste d’acceptation, une main à tendre vers ces personnes qui en souffrent ?
Dans ce contexte, p(e)anser l’obésité s’inscrit comme un défi dans le programme de notre
société de demain et passe par des décisions politiques qui visent à entrainer des changements
au niveau social (limiter les inégalités sociales en matière alimentaire) et éducatif (prévention
5