Laparoscopic management of genital prolapse

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TRAITEMENT LAPAROSCOPIQUE DES PROLAPSUS GENITAUX
J.B. Dubuisson, M.D.
S. Jacob, M.D.
J.M. Wenger, M.D.
J.P. spinosa, M.D.
Hôpitaux Universitaires de Genève
Departement de Gynécologie et Obstétrique
30 Bd de la Cluse
1211 Geneve 14, Suisse
Correspondance et Tirés à part:
Prof JB Dubuisson, médecin-chef
Departement de Gynécologie et Obstétrique
30, bd. de la Cluse – 1211 Genève 14
Tel : +44.22.382.43.22 / Fax : +41.22.382.41.88
[email protected]
1
Les progrès réalisés en chirurgie laparoscopique lors de ces dernières années
permettent de faire maintenant des interventions gynécologiques complexes par
laparoscopie, en particulier les cures de prolapsus génital avec des résultats fort
intéressants.
Nous
rapportons
dans
cet
article
les
principales
techniques
laparoscopiques de cure de prolapsus génital que nous avons l’habitude de réaliser. Il
faut rappeler que les techniques laparoscopiques sont proches des techniques
classiques de laparotomie ayant démontré leur intérêt. Les techniques, que nous allons
décrire, ont l’avantage de réaliser le traitement complet du prolapsus génital, sans
entraîner de cicatrice vaginale, limitant ainsi les risques de dyspareunie chez les
patientes sexuellement actives.
Mots clés/Key words :
Prolapsus génital, cystocèle, hystéroptose, rectocèle, laparoscopie, promontofixation,
suspension utérine latérale, colporraphie.
Genital
prolapse;
cystocele,
hysterocele,
rectocele,
operative
laparoscopy,
sacrocolpopexy, lateral uterine suspension, colporrhaphy.
2
INTRODUCTION
Depuis une quarantaine d’années, de nombreuses techniques de cure de prolapsus
génital ont été publiées. Le but de chacune de ces techniques est de suspendre
correctement le fond vaginal, l’utérus (quand il est encore présent), la vessie et le
rectum, ainsi que de reconstruire le plancher pelvien. Avant les années 1988-1990, les
cures de prolapsus étaient toutes réalisées par voie vaginale ou par laparotomie. Grâce
aux progrès de l’instrumentation, des videocaméras, et avec l’expérience plus grande
des chirurgiens en laparoscopie, les cures de prolapsus génital sont maintenant
réalisables dans d’excellentes conditions par laparoscopie.
La technique laparoscopique la plus fréquemment pratiquée est la promontofixation ou
sacrocolpopéxie avec prothèse, selon la technique classique par laparotomie (1-4). Il
faut rappeler que la promontofixation par laparotomie est jusqu’à ce jour la technique de
réfèrence, en matière de cure de prolapsus. En effet, personne ne conteste les
excellents résultats anatomiques et fonctionnels obtenus avec cette technique.
La technique de suspension latérale laparoscopique avec prothèse a été publiée en
1998 (5), inspirée de la technique de suspension antéro-latérale de Kapandji effectuée
par laparotomie (6). Dans notre technique initiale publiée en 1998, la suspension
latérale colpo-utérine utilisait deux bandelettes de mersilène. Après évaluation des
résultats de ce groupe de patientes, nous avons été amenés à modifier notre technique,
en utilisant une seule bandelette placée en “hamac” transversal, fixée à sa partie
moyenne par quelques points au fascia pubocervical et à l’anneau pubocervical, et
suspendue par ses extrêmités à l’aponévrose du muscle oblique externe. Nous nous
sommes aperçus que la seconde bandelette transversale, postérieure, fixée à sa partie
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moyenne au septum rectovaginal et au torus uterinum, n’apportait aucun bénéfice et
augmentait le risque d’érosion vaginale postérieure par exposition de la prothèse. Nous
avons donc supprimé la seconde bandelette et traitons le compartiment postérieur,
d’une part par un patch de mersilène de dimension adaptée, appliqué sur le septum
rectovaginal, prenant appui sur les muscles lévateurs de l’anus et, d’autre part, par le
réattachement des ligaments utéro-sacrés au torus uterinum. Cette nouvelle technique
est plus simple, et évite le risque d’exposition de prothèse. Par ailleurs, elle assure le
traitement complet du prolapsus génital sans temps opératoire au niveau du
promontoire, évitant ainsi de prendre des risques hémorragiques et de faire des
dépéritonisations étendues. La suspension latérale offre en plus d’excellents résultats
(tableau 1).
La technique de suspension colpo-utérine sans prothèse comporte, d’une part des
plicatures des fascias (colporraphies antérieure et postérieure) et, d’autre part, le
réattachement des ligaments utérosacrés. Cette technique est facile, rapide, n’utilise
pas de prothèse, et est donc sans risque d’érosion muqueuse. Elle reconstruit le
plancher pelvien de façon satisfaisante, à condition que les tissus pelviens soient de
bonne qualité. Elle est intéressante chez la femme sexuellement active en
périménopause, car elle réalise un veritable “lifting “ vaginal, sans cicatrice vaginale et
sans matériel étranger.
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TECHNIQUE OPERATOIRE
PREPARATION DE LA PATIENTE
Toutes les patientes reçoivent en préopératoire une préparation intestinale, comme suit
: régime sans résidu les cinq jours précedents, associé à une dose de Colophos
Solution® (Spirig laboratories, Suisse) per os deux jours avant. Un lavement rectal est
prescrit la veille. Une anesthésie générale avec intubation trachéale est réalisée dans
tous les cas.
LAPAROSCOPIE
La patiente doit être installée en position gynécologique avec les cuisses modérément
écartées et modérément surélevées. Après désinfection et champage appropriés, un
manipulateur utérin est fixé au col (en cas d’utérus présent) (7) pour faciliter l’exposition
des cul-de-sacs et la mobilisation utérine, puis un cathéter de Folley est placé dans la
vessie. Après pneumopéritoine et introduction du vidéolaparoscope de 10 mm dans
l’ombilic (ou au-dessus de celui-ci en cas de gros utérus), trois trocarts suspubiens sont
mis en place. Deux d’entre eux de 5 mm sont insérés latéralement, 3-4 cm au-dessus
des crêtes iliaques ; le troisième est placé à mi-distance entre l’ombilic et le pubis. La
cavité abdominale est alors inspectée avec soin, ainsi que le pelvis. La sévérité du
prolapsus des trois compartiments est précisée, sans négliger la cystocèle latérale,
l’éventuelle entérocèle et la qualité des ligaments utérosacrés est évaluée.
TECHNIQUE OPERATOIRE DE LA PROMONTOFIXATION LAPAROSCOPIQUE
Les différentes étapes sont effectuées par laparoscopie.
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La première étape est la dissection des fascias endopelviens. Le deuxième assistant,
placé entre les membres inférieurs de la patiente, assure l’exposition du cul-de-sac
postérieur à l’aide d’un long tampon monté ou d’une valve malléable; ce qui facilite
grandement le clivage rectovaginal et vésicovaginal.
La paroi vaginale postérieure et le septum rectovaginal sont libérés du rectum. Pour ce
faire, le péritoine est incisé entre la racine des ligaments utérosacrés et le rectum, puis
le rectum est clivé sur la ligne médiane et latéralement. La dissection atteint toujours le
plancher pelvien avec la libération de la face supérieure des muscles lévateurs de
l’anus, en arrière et en dehors de la paroi vaginale postérieure.
La paroi vaginale antérieure et le fascia pubocervical sont alors libérés de la vessie. Il
est important que la libération intéresse toute la surface de la cystocèle, en particulier
latéralement, en contrôlant la situation de l’uretère. Cette dissection peut être délicate
chez la femme ménopausée à paroi vaginale mince.
La deuxième étape est la préparation du promontoire. L’incision du péritoine est faite
sur le promontoire, à droite de l’intestin, après avoir repéré l’uretère droit. Elle se
prolonge toujours verticalement, selon le futur trajet de la bandelette. Les vaisseaux
présacrés sont alors coagulés pour éviter toute hémorragie lors du passage des points
dans le promontoire.
6
La troisième étape est l’hystérectomie, si nécessaire. En présence d’une pathologie
utérine bénigne associée, une hystérectomie peut être indiquée, toujours discutée en
préopératoire avec la patiente. En cas d’indication, si le col est normal, nous pratiquons
préférentiellement une hystérectomie subtotale, plutôt qu’une totale. En effet,
l’hystérectomie totale augmente le risque d’infection et d’érosion secondaire de la
prothèse au niveau du fond vaginal.
La quatrième étape est la promontofixation du fond vaginal et de l’utérus avec une
bandelette prothétique. Une bande de polypropylène de moins de 8 cm de long
(longueur adaptée à la sévérité de la descente du fond vaginal) et de 3 à 4 cm de large
(prolène, Ethicon) est découpée. L’une des extrêmités est coupée longitudinalement de
façon à obtenir deux bras. Après introduction dans l’abdomen par le trocart de 10 mm,
l’un des bras de cette extrêmité est fixé au fascia pubocervical par quelques points de
polyester (Ethibon O, sur aiguille courbe de 26 mm, Ethicon). Le deuxième bras de
cette extrêmité est fixé à la partie postérieure de l’isthme ou au fond vaginal, au fascia
rectovaginal et aux muscles lévateurs de l’anus. L’autre extrêmité de la bandelette est
alors fixée au promontoire par des points séparés (Ethibon). La tension de la bandelette
est ensuite ajustée pour que le fond vaginal et l’utérus soient suspendus au niveau
désiré.
La cinquième étape est la repéritonisation du cul-de-sac vésico-utérin, du cul-de-sac de
Douglas (ou vésicorectale en l’absence d’utérus) et de la région du promontoire. Elles
sont réalisées par des surjets de Vicryl 2-0. Il est important de bien enfouir la bandelette
pour éviter la survenue éventuelle d’occlusion postopératoire.
TECHNIQUE OPERATOIRE DE LA SUSPENSION LATERALE AVEC BANDELETTE
7
La technique inclut les étapes suivantes, toutes réalisées par laparoscopie.
La première étape est la dissection des fascia endopelviens.
La paroi vaginale postérieure et le septum rectovaginal sont disséqués du rectum en
premier. Pour ce faire, le péritoine est incisé entre la racine des ligaments utérosacrés
et le rectum, puis le rectum est clivé sur la ligne médiane et latéralement. La dissection
atteint toujours le plancher pelvien avec la libération de la face supérieure des muscles
lévateurs de l’anus, en arrière et en dehors de la paroi vaginale postérieure.
La paroi vaginale antérieure et le fascia pubocervical sont alors libérés de la vessie. Il
est important que la libération intéresse toute la surface de la cystocèle, en particulier
latéralement, en contrôlant la situation de l’uretère.
La deuxième étape est l’ hystérectomie si nécessaire. Nous préférons, comme pour la
promontofixation, la réalisation d’une hystérectomie subtotale. Il est évident que la mise
en place et la fixation de la bandelette sont plus faciles en l’absence d’utérus.
La troisième étape est la colporraphie antérieure. La colporraphie antérieure consiste en
la réalisation de plicatures du fascia pubocervical par des bourses d’Ethibon O. Le
toucher vaginal permet d’évaluer la qualité de la reconstruction. Les plicatures
renforcent le fascia pubocervical, sur lequel sera appliquée la languette antérieure de la
bandelette. Tous les points doivent être extramuqueux pour prévenir le risque ultérieur
d’érosion et d’infection.
La quatrième étape est la suspension latérale du fond vaginal et de l’utérus avec une
bandelette placée comme un hamac transversal. Une longue bandelette de polyester
de 30 cm de long (mersilène, Ethicon) est préparée. Sa largeur est de 3 cm au niveau
de ses extrêmités, et varie de 3 cm à 12 cm à sa partie médiane, dépendant de la
présence ou non de l’utérus et de la sévérité de la cystocèle er de la rectocèle. La
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bandelette est ensuite introduite dans l’abdomen par le trocart de 10 mm.
En cas d’hystérectomie subtotale (ou totale), la languette postérieure de la partie
moyenne de la bandelette est fixée de chaque côté aux muscles lévateurs de l’anus par
des points séparés d’Ethibon O. La languette postérieure est alors appliquée sur la face
postérieure du vagin et son fascia rectovaginal, fixée par quelques points non
transfixiants d’Ethibon 0.
En cas de conservation utérine, le fascia rectovaginal est renforcé par un patch de
mersilène. Il est découpé selon la surface de la rectocèle (6 à 8 cm de haut et 4 à 6 cm
de large). Ce patch est fixé de chaque côté aux muscles lévateurs de l’anus par des
points séparés non transfixiants d’Ethibon O.
Dans tous les cas, la partie moyenne de la bandelette et sa languette antérieure sont
suturés à la face antérieure de l’isthme utérin et au fascia pubocervical par 2 à 5 points
de polyester (Ethibon 0), ou au fond vaginal en cas d’hystérectomie antérieure.
Le hamac transversal est tendu en sous-péritonéal, puis immobilisé dans la paroi
abdominale antérolatérale en “Tension Free”, selon le principe du TVT. Pour ce faire, il
faut réaliser un tunnel sous-péritonéal de chaque côté allant jusqu’au-dessus des crêtes
iliaques. Une courte incision cutanée de 3 mm est faite 2 cm au-dessus, et 4 cm en
arrière de l’épine antéro-supérieure. Par cette incision, une pince laparoscopique de
type “Manhes” est introduite, perfore l’aponévrose du muscle oblique externe, puis
avance en sous-péritonéal, passe sous le ligament rond homolatéral et sort dans le culde-sac vésical. Cette tunnelisation est facile, sans danger, se faisant sous contrôle
visuel. De chaque côté, l’extrêmité de la bandelette est prise par la pince et tirée dans la
paroi, jusqu’à l’incision cutanée. La tension du hamac est ajustée pour que le fond
vaginal soit au niveau désiré. L’ajustage se fait après exsufflation temporaire du CO2,
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pour se rapprocher des conditions physiologiques. Comme dans le procédé du TVT, la
bandelette appliquée se colle peu à peu à la paroi abdominale et assure la suspension
définitive. A la fin de la laparoscopie, les extrêmités restantes dépassant la peau sont
coupées et enfouies.
Le réattachement de la partie sacrée des ligaments utérosacrés au torus uterinum est
alors fait par quelques points d’Ethibon 0.
La cinquième étape est la repéritonisation du cul-de-sac vésico-utérin et du cul-de-sac
de Douglas (ou vésico-rectale en l’absence d’utérus), par quelques surjets de vicryl 2/0,
afin de bien enfouir la bandelette.
TECHNIQUE OPERATOIRE DES COLPORRAPHIES ET DU REATTACHEMENT DES
LIGAMENTS UTEROSACRES SANS BANDELETTE
Tous les gestes sont pratiqués par laparoscopie.
La première étape est la dissection des fascias endopelviens, comme décrite
précédemment.
La paroi vaginale postérieure et le septum rectovaginal sont dissequés du rectum en
premier. La dissection atteint toujours le plancher pelvien avec la libération de la face
supérieure des muscles lévateurs de l’anus, en arrière et en dehors de la paroi vaginale
postérieure.
La paroi vaginale antérieure et le fascia pubocervical sont alors libérés de la vessie. Il
est important que la libération intéresse toute la surface de la cystocèle, en particulier
latéralement.
La deuxième étape qui consiste à faire une hystérectomie subtotale, plus rarement
totale, est rarement envisagée avec cette technique. Cette technique est, en effet, plutôt
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destinée aux jeunes femmes sexuellement actives.
La troisième étape est la colporraphie antérieure et postérieure.
La colporraphie antérieure consiste en la réalisation de plicatures qui renforcent le
fascia pubocervical, par des bourses d’Ethibon O. Le toucher vaginal permet d’évaluer
la reconstruction antérieure. Les points sont extramuqueux. Ces plicatures réalisent une
véritable plastie vaginale antérieure, ce qui est important chez la femme sexuellement
active.
La colporraphie postérieure consiste à attacher la partie postérolatérale du vagin aux
muscles lévateurs de l’anus, puis de faire quelques plicatures du fascia rectovaginal par
des points non transfixiants d’Ethibon 0.
La quatrième étape est la correction de la descente utérine ou du fond vaginal.
Cette étape inclut d’abord le réattachement des ligaments utérosacrés au torus
uterinum par quelques points d’Ethibon 0. Cette plastie des ligaments utérosacrés suffit
en général pour remonter l’utérus ou pour traiter son hypermobilité.
Dans certains cas, la correction n’est pas suffisante. La suspension colpo-utérine aux
ligaments de Cooper est alors pratiquée. Ce procédé personnel est la suspension de
l’isthme antérieur et des surfaces antéro-supérieures du vagin (cystocèle latérale) à la
partie postérieure des ligaments de Cooper. Il suffit d’ouvrir le péritoine sur 2 cm, entre
le ligament rond et le ligament ombilical, pour accéder directement au ligament de
Cooper. Deux points d’ Ethibon 0 noués sans traction de chaque côté suffisent à
assurer la colposuspension.
La cinquième étape est la repéritonisation vésico-utérine, du cul-de-sac de Douglas, ou
vésico-rectale en cas d’utérus absent.
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Opérations associées
En présence d’une incontinence urinaire d’effort ou lorsque le bilan urodynamique
révèle un important défaut de transmission, un procédé de Burch laparoscopique est
associé. Après dissection de l’espace de Retzius, la colposuspension antérieure est
effectuée à l’aide de 2 sutures d’Ethibon 0 de chaque côté, prenant la paroi antérieure
du vagin près de la jonction urètro-vésicale et la partie antérieure du ligament de
Cooper.
Une antibiothérapie prophylactique est prescrite systématiquement. La patiente est
autorisée à quitter l’hopital dès que le transit intestinal et les mictions sont rétablis
normalement.
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DISCUSSION
Les innovations observées dans l’instrumentation laparoscopique combinées à
l’expérience croissante des chirurgiens ont permis de pratiquer des interventions de
plus en plus complexes par laparoscopie exclusive. Plusieurs auteurs, nous-mêmes en
particulier, ont rapporté leurs résultats à court et moyen terme de la chirurgie
laparoscopique du prolapsus (9-12).
La promontofixation par laparotomie est considérée comme l’intervention de référence
pour le traitement des prolapsus génitaux. Pour cette technique opératoire, la voie
laparoscopique
remplace
peu
à
peu
la
laparotomie.
La
laparoscopie
est
particulièrement indiquée chez les femmes sexuellement actives, en raison du risque
réduit de dyspareunie, du fait de l’absence de cicatrices vaginales (13). Les
complications majeures sont de l’ordre de 2.5 %, fréquence comparable à celle
observée avec la spinofixation. Dans une publication récente de 140 cas consécutifs de
promontofixations avec bandelette par laparoscopie, Higgs et al (15) ont noté un taux
faible de complications incluant 2 cas de perforation vésicale, 2 cas de perforation
intestinale et 1 cas de conversion par laparotomie. Selon le Medline database 19722002, les taux de guérison sont supérieurs à 90 %, plus élevés que ceux obtenus après
spinofixation (14). Cependant, Higgs et al (15) observent une excellente suspension du
fond vaginal dans 92 % des cas, avec toutefois une récidive dans 38 % des cas (autres
compartiments) et avec un taux de réintervention de 16 % avec un suivi 66 mois (66
patientes).
La suspension latérale laparoscopique comporte une colporraphie antérieure, le
réattachement des ligaments utérosacrés à l’isthme ainsi que la suspension latérale de
l’isthme utérin et des fascias vaginaux antérieur (fascia pubocervical) et postérieur
13
(septum rectovaginal) à l’aide d’une bandelette. Cette réparation est conforme aux
objectifs anatomiques de correction des délabrements tissulaires pelviens. Cette
technique qui renforce les structures latérales est compatible avec la théorie des
supports pelviens décrits par De Lancey (16). Les délabrements des niveaux 1 et 2 sont
corrigés par la technique de suspension latérale du vagin et de l’anneau péricervical,
grâce à la bandelette et au réattachement des ligaments uterosacrés. La reconstruction
du support antérieur est assurée par les plicatures du fascia pubocervical (colporraphie
antérieure) et la mise en place de la languette antérieure de la bandelette à son niveau.
La reconstruction du support postérieur est assurée par la mise en place de la languette
postérieure amarrée aux muscles lévateurs de l’anus et au septum rectovaginal.
Il est important de rappeler que ces deux techniques ne peuvent traiter un éventuel
prolapsus rectal vrai associé que si la dissection rectale est menée très latéralement,
avec fixation latérorectale des bandelettes, techniques qui ne concernent pas notre
sujet d’article.
Dans le traitement laparoscopique du prolapsus génital, le choix entre la
promontofixation et la suspension latérale est matière à débat. Les complications
graves, en particulier digestives ou vasculaires, ne sont pas observées avec la
suspension latérale laparoscopique ; le taux global de complications est de 2.8 % dans
notre série. Des complications graves sont décrites avec la promontofixation
laparoscopique, mais elles sont rares. Nezhat et coll. (2) ont rapporté une série de 15
patientes opérées de promontofixation laparoscopique. Une patiente a présenté une
conversion en urgence en laparotomie. Une autre a été victime d’une plaie grave des
vaisseaux présacrés durant la dissection du promontoire. Le risque d’observer une
blessure vasculaire (vaisseaux présacrés, veine iliaque primitive gauche) n’est pas
14
spécifique à la voie d’abord laparoscopique. En effet, cette complication a été observée
avec une fréquence de 1,6 % à 4 % par laparotomie (17-19). Bien qu’aucune
complication
infectieuse
grave
n’ait
été
rapportée
après
promontofixation
laparoscopique, le risque d’ostéite sacrée existe, en théorie. Une telle complication a
été observée après promontofixation par laparotomie (20). Etant donné les résultats
anatomiques et fonctionnels satisfaisants observés après promontofixation (3) et après
suspension latérale (5, 7), nous pouvons confirmer que la voie laparoscopique est une
voie d’abord intéressante pour la cure de prolapsus génital.
L’érosion vaginale provoquée par la bandelette (ou exposition de la bandelette) est une
complication qui peut s’observer après promontofixation laparoscopique (17). Higgs et
coll (15) rapportent un taux d’érosion de 6 % avec le prolène. Récemment, Bensinger et
coll (24) ont publié une étude rétrospective de 121 patientes traitées par
promontofixation avec bandelette par laparotomie, divisées en trois groupes. Dans les
groupes 1 et 2, une hystérectomie y était associée, respectivement subtotale et totale.
Le groupe 3 correspondait aux patientes ayant déjà subi une hystérectomie. Toutes les
érosions sont survenues dans le groupe 2 avec hystérectomie totale (8.2 %, 95 % CI
2.3 %-19.6 %, p = .0389). Ainsi, il y a sept fois plus de risque d’érosion si
l’hystérectomie est totale que si l’hystérectomie est subtotale. Dans notre expérience,
nous avions aussi observé ce type de complications avec notre technique antérieure de
suspension latérale (9), mais depuis que nous faisons notre récente technique (depuis
2003), le taux d’érosion est faible.
La technique de Kapandji a été initialement critiquée, quelle que soit la voie d’abord par
laparotomie (6) ou laparoscopie (23), car le procédé original de Kapandji est une colpoisthmo-cystopexie, c’est-à-dire une suspension antérieure qui augmente le risque de
15
développer une rectocèle ou une élytrocèle (21). Mais le risque de récidive postérieure
est très faible avec notre technique qui est une suspension latérale et non une
suspension antérieure. D’autant plus que nous réalisons le traitement complet du
compartiment postérieur par la mise en place d’un patch rectovaginal amarré aux
lévateurs de l’anus et par le réattachement des ligaments utérosacrés avec occlusion
du cul-de-sac du Douglas. Ces procédés traitent la béance vulvovaginale, souvent
associée à une rectocèle, dont les patientes sexuellement actives se plaignent.
Bien que la promontofixation et la suspension latérale laparoscopiques peuvent
s’associer à une hystérectomie, ces techniques sont particulèrement indiquées chez les
femmes qui désirent un traitement conservateur et garder une activité sexuelle sans
risque de dyspareunie du fait de l’absence de cicatrice vaginale. Les contre-indications
de la voie laparoscopique sont bien définies. Elles concernent essentiellement les
adhérences pelviennes et abdominales sévères, la plupart du temps secondaires à des
laparotomies itératives, à une péritonite pelvienne ou à des interventions intestinales.
L’obésité, les affections cardiaques ou respiratoires entrent aussi en ligne de compte.
En présence de contre-indication à la laparoscopie, la voie vaginale est à envisager,
sous anesthésie loco-régionale. Une contre-indication évidente de la laparoscopie est
l’expérience limitée du chirurgien en chirurgie laparoscopique.
Le choix d’une technique laparoscopique de cure de prolapsus sans bandelette est
aussi un sujet de discussion. Dans la technique sans bandelette, l’un des principaux
temps opératoires est le réattachement des ligaments utérosacrés. Or, ces ligaments
ne sont pas toujours de bonne qualité. Ceci est corroboré par un travail récent
d’évaluation histopathologique de ces ligaments réalisé par Cole et coll. (25). Ces
ligaments ont été disséqués sur 14 hémipelvis féminins provenant de 7 cadavres (6/7
16
avaient subi une hystérectomie). Chez seulement 3 échantillons, des structures
associant collagène et élastine ont été identifiées. Les ligaments sont donc souvent
inconsistants, en particulier chez les femmes âgées ayant déjà bénéficié d’une
hystérectomie. Cette technique ne parait donc indiquée que chez les femmes ayant une
structure pelvienne musculo-ligamentaire d’assez bonne qualité. On peut donc discuter
cette technique chez les femmes en préménopause, ayant un prolapsus modéré, se
plaignant surtout d’un élargissement gênant du vagin. Quoi qu’il en soit, l’existence des
paramètres de haut risque de récidive (obésité, diabète, amaigrissement rapide,
bronchite chronique, prolapsus récidivant) justifie l’utilisation de bandelette.
La conservation de l’utérus au cours d’une cure de prolapsus est aussi matière à
réfléxion. Dans une étude prospective récente, comparant un groupe de patientes
traitées par promontofixation avec conservation utérine et un groupe de patientes
traitées par promontofixation et hystérectomie, Constantini et coll. (26) ont obtenu des
résultats semblables en ce qui concerne la cure de prolapsus. La principale cause du
prolapsus est le délabrement du plancher pelvien et l’utérus n’a pas de rapport direct.
CONCLUSIONS
Le traitement laparoscopique des prolapsus génitaux est maintenant reconnu du fait de
ses avantages précedemment décrits. Il restera encore à évaluer ses indications
spécifiques et ses résultats à long terme.
17
REFERENCES
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21
Tableau 1.
Suspension latérale laparoscopique avec bandelette: paramètres pré et postopératoires
du prolapsus (n=115 patientes, suivi: 9.42+/-6.30 (1-27) mois) (résultats non publiés).
Pre-op
Post-op
Genital prolapse
n
%
n
%
Stage 0
1
2
3
4
8
3
58
45
1
6.9
2.6
50.4
39.2
0.9
112
1
2
0
0
97.4
0.9
1.7
0
0
Hystérocèle Stage 0
1
2
3
4
9
33
52
18
3
7.8
28.7
45,3
15.6
2,6
111
1
3
0
0
96,5
0.9
2,6
0
0
Posterior
Vaginal
Wall
16
37
53
9
0
13.9
32.2
46.1
7.8
0
105
7
2
1
0
91.3
6
1.7
0.9
0
Anterior
Vaginal
Wall
Stage 0
1
2
3
4
22
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