Communication faite au colloque ICES/ ICUSTA « Sécularisme et Universités catholiques » en octobre 2012 Philippe Quentin Université Bordeaux 1 et Institut Universitaire Pierre Goursat On pourrait poser en guise de sous-titre à cette intervention, la question suivante : quelle est la raison profonde d’étudier les sciences de la nature dans une Université catholique ? Il semble que dans de larges pans de nos sociétés occidentales, (pas partout également, mais singulièrement en France) il importe peu de savoir si Dieu existe ou, à tout le moins, s'il est possible de répondre à une telle question. On se comporterait en fait, comme si la question n'avait tout simplement pas de sens, tant d’un point de vue cognitif que pratique. On serait arrivé ainsi au terme du processus de sécularisation où la question même de Dieu aurait disparu de notre horizon intellectuel. Quand on s'interroge sur les raisons d'un tel évanouissement apparent, il est fréquent qu'on en attribue la cause à la place prééminente, quand elle n’est pas exclusive, qui est attachée à la démarche scientifique dans son approche de la vérité. Hors des sciences, on ne saurait trouver de connaissance qui vaille, comme l’affirmait péremptoirement Bertrand Russell : « Toute connaissance accessible doit être atteinte par des méthodes scientifiques ; et ce que la science ne peut pas découvrir, l’humanité ne peut pas le connaître. »1 1 B. Russell, « Religion and Science » (Oxford University Press, Oxford, 1961), p. 243. La question de Dieu, étant hors d'atteinte de la science, devient donc oiseuse, et il convient d'en débarrasser son esprit. Et elle est même dangereuse dans la mesure où elle se réfère à une autorité extrinsèque, heurtant de ce fait une revendication exclusive d’autonomie de pensée et d’action. Ce qui demeure, néanmoins, c'est l'existence du fait religieux. Sa persistance pose problème dans la mesure où son objet est disqualifié sur le plan cognitif et sa pratique considérée comme attentatoire à une véritable liberté. Aussi le vrai sens positif de l'histoire, le progrès de l'humanité, devrait passer par une pratique des sciences, libérée du joug de toute autorité, tout particulièrement de l’autorité religieuse ainsi que Condorcet le formulait : « S'il fallait prouver par des exemples le danger de soumettre l'enseignement à l'autorité … nous citerions cette décadence où tombèrent tout à coup la raison et le génie chez les romains et chez les grecs, après s'être élevés au plus haut degré de gloire, lorsque l'enseignement passa des mains des philosophes à celles des prêtres. »2 Il conviendrait donc, dans ce cadre de pensée, de libérer par les moyens de la science, l'humanité du joug des religions. Certes, l’issue d’un tel conflit, ne semble pas faire problème, par exemple pour un Bertrand Russell : « Entre la religion et la science, un conflit durable a toujours existé, dans lequel, jusqu’à ces dernières années, la science s’est montrée invariablement victorieuse.”3 On peut concéder que dans ce qui précède, on a forcé le trait. L’utilisation immémoriale des sciences à des fins militaires a pris pendant les guerres qui ont ensanglanté le vingtième siècle une dimension inédite d’usage d’armes de destruction incontestablement massive4. De plus, s’y est ajoutée la prise de conscience progressive de la fragilité de la biosphère terrestre au regard des développements techniques rendus possibles, si non permis, par les avancées des connaissances scientifiques. Ce contexte sociétal fait que l’homme du vingt-et-unième siècle porte sur la science un regard plutôt ambigu. Pour le plus grand nombre, en effet, elle est devenue le seul accès à une connaissance incontestable, le seul magistère 2 Marie-Jean-Antoine-Nicolas Caritat, marquis de Condorcet, « Rapport et projet de décret relatifs à l'organisation générale de l'instruction publique » présenté à l'Assemblée législative (Paris) les 20 et 21 avril 1792. 3 B. Russell, ibidem, p. 7. 4 On pense ici aux gaz de combat pendant la première guerre mondiale et aux armes utilisant la fission nucléaire pendant la seconde guerre mondiale. véritable. Mais, dans le même temps, ce maître suscite une crainte plus ou moins justifiée devant l’épanouissement d’une sorte d’apprenti sorcier. Le chrétien, tenant d’une approche équilibrée de la vérité, se situant entre foi et raison5, puisant en outre les raisons de son espérance6 dans sa foi en un Dieu créateur amoureux d’une oeuvre excellente, fait donc face à une double tâche d’évangélisation de la culture scientifique. Il se doit, en effet, de situer les sciences à leur juste place dans leur dimension cognitive, mais, dans le même temps, il lui faut valoriser leur impact sur le développement intégral de l’homme. De même, il est contraint, tout d’abord, d’affirmer la légitimité a priori de sa démarche personnelle et collective de croyant, mais, par ailleurs, il doit démontrer la pertinence de sa foi par rapport à l’ensemble des enjeux culturels et éthiques de son temps. Il est donc hors de question de s’inscrire ici dans une opposition factice, bloc contre bloc, ni même, malgré l’intérêt de la chose, d’entretenir un dialogue entre foi et sciences. La présente contribution veut plutôt montrer en quoi la pratique approfondie des sciences de la nature offre de réelles opportunités pour conduire à la confession d’un Dieu Créateur. Pour ce faire, nous dégagerons, dans une première partie, de façon délibérément ramassée, faute de temps, quelques raisons générales permettant d’étayer l’affirmation précédente. La seconde partie sera consacrée à suggérer en quelques points, la façon de mettre en œuvre une pédagogie qui s’en inspire. Notre propos vise, au premier chef, Le service des étudiants scientifiques de nos universités mais il peut rejoindre aussi, plus largement, tous ceux qui réfléchissent sur les enjeux philosophiques et spirituels d’une culture mondialisée qui au-delà de l’Occident qui l’a vue naître pour une grande part, est fortement influencée par les développements des sciences et des techniques. Pourquoi ? 1. La démarche scientifique depuis Aristote7 se définit explicitement comme un mouvement circulaire permanent entre l’universalité du concept et la diversité des faits. Les deux pôles que constituent l'hypothèse d'une part, 5 On pense ici, bien sur, à l’image des « deux ailes » du magnifique prologue de l’Encyclique « Fides et Ratio » de Jean Paul II (§ 1) ou au thème du « co-cheminement » du Bienheureux Père Antonio Rosmini-Serbati. 6 I Pierre 3 15. 7 De ce point de vue, le combat novateur d’un Galilée contre les tenants de la Physique d’Aristote au mépris -et le plus souvent dans l’ignorance des faits dans le domaine de la mécanique par exemple- le rendait en réalité, bien plus aristotélicien que nombre de ses contradicteurs qui s’en réclamaient. l'expérience ou l'observation d'autre part, sont reliés par les deux mouvements inverses bien que différents de nature, de l'induction et de la déduction. C’est dire que le scientifique suivant un rythme et des modalités propres à sa discipline et sa pratique particulières, n’œuvre comme scientifique que dans la mesure où sa contemplation du réel (sa « theoria ») accepte la confrontation avec les données de l’expérience ou de l’observation. Ceci reste vrai, même si une telle rencontre demeure en attente des conditions de sa réalisation concrète, mais elle se doit d’être possible dans son principe. Karl Popper réfléchissant dans son travail de thèse8 sur la structure logique de l’approche scientifique du réel, a montré que cette dernière se caractérise par la possibilité a priori de voir les affirmations universelles qu’il formule, appelées ici conjectures, être réfutées par les faits. Il oppose l'impossibilité théorique de poser en sciences des affirmations universelles, qu'Emmanuel Kant avait soulignée9, à la possibilité pratique de mettre en évidence son contraire logique, une négation singulière. Il met donc en scène, un rapport complexe entre le discours théorique et la réalité qu'il tente de décrire, dans une approche où cette dernière se dit par ce qu'elle n'est pas. La science est donc, pour reprendre un terme cher à Nicolas de Cuses10, une sorte de « docte ignorance », bannissant donc tout dogmatisme au sein d'une véritable approche scientifique (première leçon). 2. Les sciences expérimentales dressent constamment l’altérité du fait en face de la tentation toujours présente d’une réduction subjective de la réalité étudiée. Cette attitude de décentrement est renforcée par le processus le plus souvent collectif, et toujours contradictoire, de l’établissement de la connaissance scientifique. Donc, dans son ordre propre, le relativisme est lui aussi banni d’une approche scientifique véritable (seconde leçon). C’est pourquoi la pratique des sciences fournit un utile rappel du fait incontestable que ma liberté de penser est tout simplement limitée par ce que les choses sont, quoi qu'il en soit de ma capacité concrète à dire ce qu'elles sont. 3. Depuis la fin du XVIe siècle environ, il est apparu de façon de plus en plus massive, qu'il était possible de déchiffrer le livre de la nature suivant 8 K. Popper, « La logique de la découverte scientifique » (Payot, Paris, 1978), trad. N. Thyssen-Rutten et P. Devaux. 9 E. Kant, « Critique de la raison pure », trad. A. Tremessaygues et B. Pacaud (Alcan, Paris, 1909), introduction de la seconde édition, p. 41. 10 Dans un contexte un peu différent, néanmoins. « la langue des mathématiques », pour parler comme Galilée11. Or, à première vue, les mathématiques apparaissent comme une pure construction intellectuelle, sans rapport immédiat avec une quelconque expérience. Ceci mériterait néanmoins d'être approfondi, comme l'exemple des géométries non-euclidiennes l’a montré, puisque, dans ce cas, l'abandon de postulats qui semblaient cohérents avec notre expérience du monde s'est avéré ouvrir, in fine, une porte prometteuse dans notre compréhension de la cosmologie. Il n'en demeure pas moins, que cette capacité de la raison à embrasser cet « autre que moi » du monde physique constitue un très grand sujet d’étonnement, autant qu’une porte ouverte sur une fructueuse méditation métaphysique. On cite souvent à ce propos, et fort justement, Albert Einstein qui disait que : « l'éternel mystère de ce monde est sa compréhensibilité ».12 Certes, notre compréhension du monde est imparfaite. Elle est néanmoins plutôt performante (notamment sur le plan des applications techniques). Il s’ensuit que ma subjectivité n’est pas nécessairement condamnée à l’arbitraire de l’opinion : elle est potentiellement accordable avec la réalité (troisième leçon). 4) Il est essentiel de souligner fortement que la démarche scientifique est limitative dans son objectif et sa méthode. Elle réduit la réalité aux seuls aspects qui lui semblent pertinents, par rapport à la question qu’elle se pose, question elle-même qui ne concerne qu’une fraction de l’objet global de l’étude. La science en tant que telle ne saurait donc prendre position sur des sujets qui sont hors de son champ propre de compétence et d’action. Ceci exclut en particulier qu’elle ait, en son nom propre, une parole pertinente à prononcer sur la réduction moniste qui exclurait un ordre spirituel de réalité tout autant que sur son contraire d’ailleurs. Pour illustrer les impasses d’une telle prétention, Jürgen Moltmann faisait remarquer avec justesse que : « La raison non plus, dans son combat pour les Lumières, contre ce qu’elle appelait la foi, n’a pas tenu ses promesses ; elle a au contraire développé des formes extrêmement irrationnelles de croyance naïve »13. 11 G. Galilée, « L’Essayeur » ( Les Belles lettres, Paris, 1980), trad. C. Chauviré, t. I, p. 232. A. Einstein « Physics and Reality”, original dans “The Journal of the Franklin Institute”, vol. 221, N° 3, March 1936 in “Ideas and Opinions » (Wings Books, Random House, New York, 1980) p. 292. 12 Donc la science est laïque dans l’acception la plus accueillante du terme (quatrième leçon). 5) La valorisation spirituelle et théologique de ce qui précède est évidente. Elle repose sur l’accueil d’une réalité qui est « envisagée » (dans une sorte de face à face), qui est théorisée au sens contemplatif du terme. En même temps cette réalité entre en résonance au plus intime de celui qui la contemple. La perception scientifique du cosmos rencontre en l'homme une précompréhension qui suggère, comme l’écrivait Blaise Pascal que : « l'homme passe infiniment l’homme »14. On est amené comme naturellement, dès lors, à une prise de position lucide sur la signification profonde d’une telle démarche cognitive autant que sur les raisons de son succès au moins partiel. Comment ? 1) Tout d’abord valoriser la démarche expérimentale. Le développement d'un formalisme mathématique est depuis Galilée, comme on l'a vu, un passage obligé pour toute description scientifique de la matière. Mais, s'arrêter là dans l'apprentissage des sciences, ferait apparaître la démarche scientifique comme une activité purement subjective, où la réalité physique serait plus un prétexte qu'un objectif d’étude. Il ne s'agirait plus là de vraie science, au sens moderne du terme puisqu’on en reviendrait à l'attitude pré-galiléenne où l'on tenait souvent plus à dire ce que le réel devait être, que de chercher à découvrir ce qu'il est. En outre, s'il en était besoin, certains développements formels, comme les théorèmes d’incomplétude de Gödel, montreraient l'inanité d'une telle entreprise envisagée comme recherche d’un discours ultime sur le réel. Comme l’écrivait Hans Küng, par exemple : 13 J. Moltmann , « Theologie in der Welt der modernen Wissenschaften” in “Perspektiven der Theologie. Gesammelte Aufsätze” (C. Kaiser, Munich, 1968) cité et traduit dans H. Küng, “Petit traité du commencement des choses” (Seuil, Paris, 2008), trad. J.-L. Schlegel, p. 55. 14 B. Pascal « Pensées » (Ed. Brunschvig, fr.434). « La physique des quanta et les discussions sur le fondement des mathématiques renvoient à une incomplétude et à une pluralité des niveaux de connaissance humaine »15. 2) Démontrer l’articulation entre un formalisme mathématique, un protocole expérimental et une axiomatique qui les relient. On peut prendre la mécanique quantique comme exemple emblématique16. On y définit d'une part des objets mathématiques (espace linéaire, métrique, opérateurs sur cet espace, etc.) et d'autre part on y adjoint leur signification dans le monde réel, c'est-à-dire celui où l'on effectue des expériences ou des observations. C'est ce passage entre mathématiques et protocole expérimental qui est le point plus problématique, dans la mesure où il présuppose une certaine compréhension du monde réel qui le rend opératoire. Comme on le sait, l'interprétation philosophique de la mécanique quantique, reste un chantier largement ouvert. Mais des questions analogues se posent dans des domaines apparemment moins complexes, de ce point de vue, que la physique quantique. Il n’est pas inutile, même du seul point de vue de la productivité scientifique, d’éveiller l’étudiant, voire le chercheur, à l’épaisseur philosophique des disciplines étudiées. En effet, le temps Popperien de la conjecture, qui est le temps de la créativité scientifique, se nourrit non seulement d’une culture proprement scientifique mais également de conceptions philosophiques plus ou moins conscientes. Est-il nécessaire d’évoquer ici à titre d’exemples, parmi tant d’autres, G. Galilée, I. Newton, N. Bohr, A. Einstein etc. ? 3) Présenter, sur certains point-clés, la démarche heuristique dans son développement historique. Il est très tentant pour un enseignant de se limiter au seul énoncé de résultats scientifiques bien établis. Même si cela est inévitable pour l’essentiel, en pratique, faute de temps, il est très instructif de laisser un peu d’espace pour raconter de façon succincte l’histoire d’une théorie ou d’un concept. Cela permet de prendre conscience du parcours souvent chaotique de la découverte scientifique. 15 16 H. Küng, op. cit., p. 60. Cf. par exemple M. Jammer, « The Philosophy of Quantum Mechanics » (Wiley, new York, 1974), p. 10. La science en effet est une sorte de chantier permanent, un exode historiquement situé non pas seulement au niveau de la discipline concernée mais aussi au plan de la culture ambiante en général. 4) Insister sur la rationalité de l’hypothèse d’un Dieu Créateur. On a déjà évoqué le fait que l’expérience étonnante de la connaissance du monde qui m’entoure, suppose une sorte de précompréhension. Platon, dans le Ménon, la fonde dans la croyance des anciens, « des hommes et des femmes habiles dans les choses divines »17 qui le conduit à la théorie de la réminiscence. Pour sa part, le chrétien y voit plutôt la trace de l'homme créé à l'image de Dieu. Il connaît le monde parce que pour lui : « c'est l'ouvrière de toutes choses, qui [l]'a instruit, la Sagesse »18. Cette connivence entre le connu et le connaissant ouvre une option sur la foi en un Dieu créateur. La science peut contribuer puissamment à formuler les termes d’un tel choix d’interprétation. Pour autant, elle ne saurait trancher dans un sens comme dans l’autre. Considérons à titre d’exemple la question de la possibilité du miracle. On pourrait définir le miracle phénoménologiquement comme un évènement qui échappe, éventuellement pour un certain temps, à une explication d’ordre scientifique. De ce fait, la science n’a rien à en dire, éventuellement pour un certain temps, et il n’est donc pas incohérent pour un scientifique de croire à la possibilité du miracle. La distinction en théologie chrétienne des ordres de réalité (ce monde et le Royaume des cieux) permet même d’en fournir une explication rationnelle dans le cadre de la foi chrétienne. On peut penser, en effet, qu’il constitue une suspension provisoire et limitée des lois de l’ordre naturel, en vue d’un bien plus grand dans l’ordre des réalités du Royaume des cieux. Saint Thomas d’Aquin écrivait, à ce sujet : « Dieu inscrit dans les choses un certain ordre, en se réservant cependant d’agir autrement pour une raison spéciale »19. 17 Platon, « Ménon », XIV, in « Protagoras¸ Euthydème, … » (Garnier-Flammarion, Paris, 1967), trad. E. Chambry, pp. 342 et suivantes. 18 Sagesse 7 21b. 19 Saint Thomas d’Aquin, « Somme Théologique », 4 tomes (Cerf, Paris, 1984), trad. M.-J. Nicolas, I a, q. 105, a.7, ad 3m. On voit sur cet exemple que la foi chrétienne est un choix intellectuellement libre, c'est-à-dire non conduit par un ordre démonstratif contraignant, et pour autant totalement rationnel. 5) Creuser le désir d’embrasser l’altérité du monde de la nature. Revenons sur l’existence d’une précompréhension comme condition nécessaire d’une connaissance du monde physique. Ainsi, le réel est autre mais il ne m’est pas totalement étranger. Il engendre donc en moi un désir, l’ « appetitus » intellectuel thomiste. Il est essentiel d’entretenir chez l’étudiant et le chercheur cette soif de « com-prendre », de s’approprier cette réalité d’un autre que je contemple. En tant que cette réalité est autre, je sais que je ne la peux saisir que pour une part. Mais en tant qu’elle réside aussi au plus intime de mon être créé, sa quête peut me satisfaire réellement même si c’est partiellement. 6) Enfin, corréler le désir de comprendre les réalités physiques créées avec le désir du Créateur qui les fonde. In fine, au terme de tout processus d’évangélisation qui se fonde sur une expérience partagée de vie, il convient de nommer Celui qui pour le chrétien lui donne sens20. Le désir qui anime la recherche scientifique est pour le croyant un des aspects du désir de Dieu. Désirer la connaissance des réalités du monde physique peut conduire naturellement au désir de connaître Celui qui les fonde dans l’être. La « theoria » aimante du Créateur se concrétise dès lors : - d’une part dans la louange franciscaine pour ce qui est créé tout simplement parce que c’est là - d’autre part dans le service de ce qui est créé pour qu’il remplisse cette vocation même qui l’a conduit à être là. Amenées à leur terme, les sciences de la nature en deviendraient théologie au sens précis où « theologia non est scientia de Deo, sed scientia Dei ». 20 Paul VI, « Evangelium Nuntiandi » (1975), par. 22.