véritable. Mais, dans le même temps, ce maître suscite une crainte plus ou
moins justifiée devant l’épanouissement d’une sorte d’apprenti sorcier.
Le chrétien, tenant d’une approche équilibrée de la vérité, se situant entre
foi et raison5, puisant en outre les raisons de son espérance6dans sa foi en
un Dieu créateur amoureux d’une oeuvre excellente, fait donc face à une
double tâche d’évangélisation de la culture scientifique. Il se doit, en effet,
de situer les sciences à leur juste place dans leur dimension cognitive, mais,
dans le même temps, il lui faut valoriser leur impact sur le développement
intégral de l’homme. De même, il est contraint, tout d’abord, d’affirmer la
légitimité a priori de sa démarche personnelle et collective de croyant, mais,
par ailleurs, il doit démontrer la pertinence de sa foi par rapport à
l’ensemble des enjeux culturels et éthiques de son temps.
Il est donc hors de question de s’inscrire ici dans une opposition factice,
bloc contre bloc, ni même, malgré l’intérêt de la chose, d’entretenir un
dialogue entre foi et sciences. La présente contribution veut plutôt montrer
en quoi la pratique approfondie des sciences de la nature offre de réelles
opportunités pour conduire à la confession d’un Dieu Créateur.
Pour ce faire, nous dégagerons, dans une première partie, de façon
délibérément ramassée, faute de temps, quelques raisons générales
permettant d’étayer l’affirmation précédente. La seconde partie sera
consacrée à suggérer en quelques points, la façon de mettre en œuvre une
pédagogie qui s’en inspire.
Notre propos vise, au premier chef, Le service des étudiants scientifiques de
nos universités mais il peut rejoindre aussi, plus largement, tous ceux qui
réfléchissent sur les enjeux philosophiques et spirituels d’une culture
mondialisée qui au-delà de l’Occident qui l’a vue naître pour une grande
part, est fortement influencée par les développements des sciences et des
techniques.
Pourquoi ?
1. La démarche scientifique depuis Aristote7se définit explicitement comme
un mouvement circulaire permanent entre l’universalité du concept et la
diversité des faits. Les deux pôles que constituent l'hypothèse d'une part,
5On pense ici, bien sur, à l’image des « deux ailes » du magnifique prologue de l’Encyclique « Fides et Ratio »
de Jean Paul II (§ 1) ou au thème du « co-cheminement » du Bienheureux Père Antonio Rosmini-Serbati.
6I Pierre 3 15.
7De ce point de vue, le combat novateur d’un Galilée contre les tenants de la Physique d’Aristote au mépris -et
le plus souvent dans l’ignorance des faits dans le domaine de la mécanique par exemple- le rendait en réalité,
bien plus aristotélicien que nombre de ses contradicteurs qui s’en réclamaient.