Dieu, source de vie. C'est le thème que nous avons choisi pour nous aider à cheminer durant toute la période de l'Avent jusqu'à Noël. Dieu, notre source de vie. En quoi Dieu est-il pour nous source ? Telle est la question que nous avons à nous poser et à laquelle nous sommes invités à répondre. Partant de l’étymologie du terme source, la première réponse qui nous viendra certainement à l’esprit est qu’Il l’est en tant que notre créateur. En effet, s’il est admis, comme nous le révèlent les Écritures Saintes, que c’est par Lui que tout existe, alors, il ne serait pas contre indiqué de l’appréhender également comme source de tout. D’ailleurs, être source et être créateur reviennent au même. La source n’est rien d’autre que le point où jaillit l’eau, ou encore l’eau qui sort naturellement de terre. De ce point de vue, ceux qui croient en Dieu ont tous unanimement accueilli la révélation de Dieu comme créateur de l’univers visible et invisible. Cependant, la révélation de Dieu ne se réduit pas seulement à la création, comme acte unique et définitif. Dieu n’a pas arrêté de créer, car Il s’est également montré comme libérateur. D’ailleurs, c’est à ce titre que nos aînés dans la foi, les croyants juifs L’ont perçu. Leur première expérience de Dieu était et demeure toujours celle de la libération. C’est en tant que libérateur qu’Israël a d’abord connu Dieu avant de se réaliser qu’Il est le créateur. Ainsi, à leurs yeux, ce qui n’est d’ailleurs pas faux, libérer, c’est être sauvé mais également être récrée. On devient un être nouveau. On n’est plus le même quand on est libéré. On passe d’un état à un autre. Dieu est source non seulement parce qu’Il est créateur mais aussi parce qu’Il récrée. Récréer n’a pas ici le sens de créer un deuxième être qui soit le même que le premier, voire différent de lui, mais de continuer à féconder, vitaliser, dynamiser le premier pour qu’il garde toujours l’éclat de la première mouture (passez-moi l’expression). Ainsi en est-il de la source qui ne se contente pas de donner l’impulsion pour jaillir l’eau, pour faire exister quelque chose mais de continuer à ravitailler ce qui vient d’elle. Ainsi, si la source tarit, ce qui vient d’elle en pâtit également. Il y a lieu de nous demander, au regard de ce qui précède comment Dieu continue-t-Il de nous récréer ? Pour ce faire, nous passerons en revue les quatre évangiles prévus pour l’avent. Au premier dimanche, il est question de la seconde venue du fils de Dieu et de l’attitude que nous devons avoir face à elle. Dans la première venue, le Fils nous a nourris par sa parole et sa présence. La seconde venue qui semble coïncider avec la fin de temps se présente comme une sorte de bilan. Qu’avons-nous fait de la parole du Fils et de son message ? Devons-nous vivre comme si cette parole ne nous a pas été annoncée ou que nous l’ignorions complètement comme nous avons oublié Dieu? Devons-nous vivre comme si nous étions les maîtres de l’univers pour l’orienter selon nos vues et non selon celles de Dieu, commettant le mal, détruisant ce qui donne vie ? La réponse est naturellement NON. Pour ce faire, le Fils nous recommande une seule attitude : l’attente de son second avènement, la disponibilité à l’accueillir. C’est cela l’avent. Veiller signifie assumer dans sa vie la parole qui donne vie, ne pas faire comme si cette parole était sans importance et la bafouer pour ne pas se laisser diriger par elle. Agir de la sorte, c’est agir dans l’insouciance, l’imprudence, bref ; c’est jeter Dieu dans les oubliettes. Ce faisant, on se coupe de la source et on tarit. C’est ce qui provoque le déluge du coeur : l’hibernation spirituelle. Un monde sans Dieu n’est qu’un monde potentiellement destructeur. De même un cœur sans Dieu dispose en lui les germes de destruction. Voilà pourquoi Jésus nous recommande de veiller, c’est-à-dire de continuer à être ravitaillés par la source pour porter en soi les germes de la vie à donner et à recevoir, de se mettre en tenue de service » et de garder les lampes allumées, la lampe de la foi, de l'espérance et aussi de la prière. Tout cela se trouve aujourd'hui résumé dans un mot : VEILLEZ. Veiller? C'est être vigilant, prévoyant et attentif ; c'est faire preuve de discernement et prévoir ce qui peut arriver. Le deuxième dimanche révèle Dieu comme source de vie en pardonnant. Pardonner est un acte essentiellement recréateur, régénérateur. Par nos infidélités à Dieu, nous nous éloignons de la source. Conséquence : nous tarissons, séchons et fanons puisque non ravitaillés par elle. Nous nous vouons ainsi à la mort à nous réconcilier avec lui ou Il nous réconcilie avec Lui. Ce faisant, Il nous redonne vie et remonte en nous l’espoir de vivre. Son jugement, c’est-à-dire son opinion ou ses vues sur nous sont ceux de l’amour. Aussi nous juge-t-Il avec justice et dans la vérité. Le prophète Isaïe nous présente le messie tant attendu comme totalement pétri de justice et paix, d’amour et de vérité. Aussi, s’abreuver auprès de lui, donc à la source, c’est se ravitailler de cette justice authentique qui juge avec impartialité, donc par et avec amour. C’est aimer comme Lui nous aime. C’est vivre dans la transparence. C’est VEILLER pour éveiller un monde de paix, de vivre ensemble et de fraternité Le prophète Isaïe nous décrit au troisième dimanche, en des termes appropriés, la nature de la source divine : elle inonde les terres arides, abreuve le désert de la soif et arrose les fleurs asséchées. Une telle action ne peut que conduire à la vie. Voilà pourquoi le prophète nous invite à la joie. S’abreuver à la source de vie, c’est toujours redynamiser la vie, lui donner du tonus. La preuve, c’est que les infirmités spirituelles que nous portons dans nos cœurs et qui nous empêchent de mieux vivre, sont toutes éradiquées. Toute infirmité constitue un obstacle à l’ épanouissement et à l’accomplissement total de celui qui la porte. Dieu nous en libère parce qu’IL est source de vie, de pardon, de justice et de bonté et veut nous voir toujours sauvé, c’est-à-dire, accompli, épanoui. D’ailleurs, dans l’évangile de ce troisième dimanche, Jésus présente une telle libération comme signe de sa présence au monde. Ne pas percevoir une telle présence comme salutaire pour l’humanité est révélateur d’une infirmité spirituelle qui peut se traduire par l’orgueil et son corollaire l’aveuglement. On est tellement imbu de sa personne qu’on ne voit plus les merveilles qui proviennent d’ailleurs. Ce n’est pas en vain que Jésus fait l’éloge de jean Baptiste à cause de sa probité morale et de son humilité. Celle-ci, l’équivalent de la pauvreté évangélique, constitue un terrain favorable à la Bonne Nouvelle. Un des signes de l’imminence du Royaume de Dieu parmi nous, c’est l’annonce de cette source, la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il n’y a pas de vie entièrement accomplie sans enracinement spirituel. Le quatrième dimanche nous révèle Dieu comme source d’Alliance. Tout en Lui est alliance qu’Il tient à conclure avec nous. Cela se traduit par le nom qu’IL se donne : Dieu avec nous, Dieu cheminant avec nous. Il conclut continuellement un pacte avec l’homme et l’humanité de ne jamais les abandonner ni les laisser à leur triste sort. Venant de Dieu, donc de la source intarissable, une telle alliance ne peut en aucun cas se briser. D’ailleurs, Il a tout prévu pour la renouer si, par nos infidélités, elle venait à se rompre. N’avons-nous pas montré qu’Il est aussi source de pardon ? En scellant une alliance avec nous, Il nous a pris pour son partenaire. Voilà pourquoi notre participation à son œuvre est de mise. La collaboration de Marie ainsi que celle de son époux Joseph étaient requise. Dieu ne fait rien sans nous comme aussi nous ne pouvons rien faire de Beau sans Lui, c’est-à-dire sans amour. On ne s’abreuve pas à la source pour rester inactif. Bien au contraire, on se ressource comme on charge une batterie d’un portable (GSM ou PC) pour lui donner l’énergie requise pour son fonctionnement. Nous comprenons alors l’attitude que Jésus nous a recommandée pour attendre son avènement : veiller. Il ne s’agit pas de rester passif ni oisif comme l’ont été les premiers chrétiens mais de vivre normalement en se laissant éclairer par la Parole qui est en même temps source et lumière. D’ailleurs, comme Jésus nous l’a prévenu, le fait de ne pas être fixé sur le moment précis de cet avènement est une raison de plus pour vivre normalement mais dans l’amour. Dans cette perspective, c’est toute notre vie qui est avent : vivre dans l’expectative de l’arrivée du Seigneur en s’abreuvant continuellement à la source qu’est Dieu ou sa parole. Denis Kialuta