Les infections respiratoires aiguës

publicité
1
Les infections respiratoires aiguës (rhinopharyngite, angine, sinusite, otite,
bronchite, pneumonie) sont très fréquentes, surtout chez l’enfant, avec une forte
probabilité de guérison spontanée.
Cependant, elles représentent un problème de santé publique, avec des
retentissements sociaux individuels et collectif importants : 10% du taux
mondial de morbidité et de mortalité (6).
Les risques de complications graves (ostéites, méningites), de séquelles
(surdité), ou de passage à la chronicité, nécessite de plus en plus l’emploi
d’antibiotiques.
C’est ainsi que beaucoup d’efforts sont consentis pour la mise en place
d’une thérapeutique efficace.
Mais la fréquence, la gravité, le passage à l’état chronique, dénotent des
insuffisances de la prise en charge de ces infections liées :
- d’une part, aux difficultés d’identification formelle des germes en
cause,
- d’autre part, à l’apparition et à la dissémination de souches résistantes
et multirésitantes aux antibiotiques.
Face à ces difficultés, de nouvelles alternatives au traitement probabiliste
ont été conduites, afin de surveiller l’évolution de la résistance des germes aux
antibiotiques.
Notre étude s’inscrit dans ce cadre et avait pour objectifs principaux :
d’isoler et d’identifier des bactéries (Streptococcus pneumoniae,
Streptococcus pyogenes, Haemophilus inflenzae, Moraxella catarrhalis),
afin de définir leur place dans l’étiologie des infections respiratoires
aiguës,
et, surtout, d’étudier le profil de sensibilité des bactéries précitées vis- à vis des antibiotiques.
2
I/ L’APPAREIL RESPIRATOIRE
I-1 LES VOIES AERIENNES SUPERIEURES
Elles comprennent les fosses nasales, le larynx et la cavité oropharyngée.
Elles sont en communication avec le sinus osseux du massif craniofacial, ainsi
qu’avec l’oreille moyenne, par la trompe d’Eustache. L’ensemble est également
désigné sous le terme de sphère Oto-Rhino-Laryngologique ou sphère O. R. L.
(49).
I-2 LES VOIES RESPIRATOIRES BASSES
Elles sont formées par la trachée artère, les bronches et le parenchyme
pulmonaire.
II/ LES PRINICPALES INFECTIONS (49, 76, 82)
- Rhinopharyngite : C’est une inflammation des muqueuses nasales et
du cavum.
- Angine : C’est une inflammation des amygdales. L’inflammation est surtout
virale, mais certaines bactéries peuvent être en cause (Streptocoques du
groupe A).
- Otite : C’est une atteinte de l’oreille moyenne, consécutive à une infection
du nasopharynx qui s’étend à l’oreille moyenne, entraînant une otite aiguë .
- Sinusite : C’est une inflammation d’un ou de plusieurs sinus de la face. Elle
survient souvent au cours d’une infection ORL, s’accompagnant d’une
composante allergique.
- Trachéites : elles sont souvent d’origine virale et sont associées à une
laryngite et / ou une bronchite aiguë.
3
-
Bronchite aiguë :c’est une inflammation aiguë des bronches et des
bronchioles chez un sujet sain. Elle est souvent précédée d’une atteinte des
voies aériennes supérieures.
-
Pneumonie : c’est une infection du parenchyme pulmonaire d’origine
aiguë.
III/ LES BACTERIES
III-1 LES STREPTOCOQUES
III-1-1 Taxonomie et nomenclature (50)
Les streptocoques peuvent être responsables d’infections et comportent
plusieurs genres :
- Streptococcus et Enterococcus rencontrés très souvent en pathologie
humaine ;
- Aerococcus, Gemella, Leuconostoc, bactéries opportunistes et rarement
signalées en pathologies humaines.
Le genre Streptococcus renferme beaucoup d’espèces (commensales ou
pathogènes) qui peuvent être classées en fonction de critères immunologiques,
de caractères métaboliques et bactériologiques
4
Tableau I : Caractères biochimiques de Streptococcus pneumoniae et
Streptococcus pyogenes (50)
Test
VP ESC ADH BHS ARA MAN SOR TRE RAF SOS INU LAC RIB AMI GLY
S. pneumoniae
-
-
d
-
-
-
-
+
+
d
d
+
-
-
d
S. pyogenes
-
-
+
-
-
-
-
+
-
-
-
+
-
-
-
VP
:
réaction Voges-Proskaüer
ADH :
Arginine dihydrolase
ESC :
Esculine
ARA :
L-Arabinose
BHS :
Bouillon Hypersalé
SOR :
Sorbitol
TRE :
Tréhalose
RAF :
Raffinose
SOS :
Sorbose
INU :
Inuline
LAC :
Lactose
RIB :
Ribose
AMI :
Amidon
GLY :
Glycérol
(-)
=
Caractère négatif (0 à 25%) des souches
(+)
=
Caractère positif (71 à 90%) des souches
(d)
=
Caractère variable (26 à 70%) des souches
5
III-1-2 Streptococcus pneumoniae
III-1-2-1 Caractères bactériologiques (50)
• Examen microscopique
Streptococcus pneumoniae se présente sous forme de diplocoques en
flamme de bougie, regroupés en courtes chaînettes. La coloration de Gram
montre des cocci Gram (+).
• Culture bactérienne
Le pneumocoque est un germe exigeant. Les milieux employés sont des
milieux enrichis au sang. Sur ces milieux (gélose au sang cuit), le germe
développe une hémolyse alpha-viridans.
• Aspect biochimique
Le pneumocoque ne possède ni catalase, ni peroxydase, ce qui entraîne
l’accumulation de peroxyde d’hydrogène responsable en partie de son autolyse.
La sensibilité à l’optochine et la lyse par les sels biliaires sont spécifiques
aux pneumocoques.
III-1-2-2 Epidémiologie (51, 65)
L’homme est l’hôte habituel. La flore commensale du nasopharynx est
relativement constante chez le sujet sain.
Le plus souvent, il s’agit de souches peu virulentes de sérotypes 23, 6, 14
et 19.
La colonisation du nasopharynx se modifie au cours du temps et peut être
influencée par la vie en collectivité (crèche, jardin d’enfants) et l’âge (enfants et
vieillards).
6
Les pneumocoques sont responsables d’infections très sévères, surtout
chez les nourrissons et les vieillards (otites, sinusites).
III-1-1-3 Facteurs de virulence ( 2, 9, 68)
La capsule
Peu immunogène, la capsule constitue chez les pneumocoques le facteur
essentiel de virulence. Elle empêche l’opsonisation et l’ingestion du germe par
les cellules phagocytaires, en masquant les récepteurs pariétaux où se fixent les
fragments C3b du complément.
Les pneumocoques non capsulés ne sont pas virulents.
La pneumolysine
Elle est responsable de l’hémolyse alpha observée sur gélose au sang.
Cette pneumolysine constitue aussi un facteur de pathogénicité. Elle a
deux modes d’action :
- une action cytotoxique, par activation du complément ;
- une modification de la fonction des cellules de l’immunité.
La pneumolysine induit également une baisse des battements ciliaires des
cellules épithéliales.
La protéine A de surface
La protéine A est présente sur la plupart des souches de Streptococcus
pneumoniae. Sa virulence découle de son pouvoir à lier le facteur H du système
complémentaire, qui est une protéase active sur le composé C3 du complément.
7
III-1-3 Streptococcus pyogenes
III-1-3-1 Caractères bactériologiques (50)
• Examen microscopique
Streptococcus
pyogenes
présente
la
morphologie
classique
des
streptocoques. Ce sont des coques sphériques ou ovoïdes regroupés en
chaînettes.
A la coloration de Gram, les souches jeunes apparaissent sous forme de
cocci Gram (+).
• Culture bactérienne
Streptococcus pyogenes cultive sur milieu au sang sous un pH ne
dépassant pas 7,8. Les milieux de culture utilisés sont des milieux nutritifs
supplémentés de 5% de sang défibriné de mouton, de lapin ou de cheval.
Sur gélose au sang ordinaire, le germe développe une hémolyse de type
bêta.
• Caractères biochimiques
Le streptocoque du groupe A ne présente ni catalase, ni péroxydase.
L’utilisation de microméthode (galerie micro CSB) permet l’identification
biochimique de la bactérie.
L’identification peut être complétée par la détermination de la sensibilité
à la bacitracine et du groupage antigénique par un antisérum.
III-1-3-2 Epidémiologie (51, 65, 23)
L’homme est le principal hôte de la bactérie, chez qui elle colonise le
rhinopharynx, la peau et l’intestin.
8
Le streptocoque du groupe A est remarquable par les infections
suppuratives et les complications qu’il entraîne (Rhumatisme Articulaire Aigu,
Glomérulo Néphrite Aiguë).
III-1-3-3 Facteurs de virulence (2, 24)
Un grand nombre de constituants somatiques et de substances diffusibles
cellulaires rendent compte de la virulence du germe.
Les constituants somatiques
La paroi
- La protéine M
Elle a un rôle antiphagocytaire. Elle induit la production d’anticorps
immunisants et protecteurs.
- La capsule
Elle est non immunogène.
Les enzymes extracellulaires
Elles sont au nombre de deux (endo S et Spe B). Elles agissent sur les
Immunoglobulines G du système immunitaire de l’hôte.
La fibronectine de surface
Elle agit par recrutement de collagène. Le germe est ainsi protégé de
l’adhérence des polynucléaires, en présence d’anticorps intervenant dans
l’opsonisation .
9
Les substances diffusibles
La streptolysine
Elle se lie au cholestérol cellulaire, entraînant la lyse de la membrane des
cellules
sanguines
(érythrocytes,
leucocytes,
thrombocytes).
Elle
est
immunogène et induit la production d’anticorps antistreptolysine (ASLO).
La streptolysine S
Elle provoque la lyse des membranes cellulaires. Elle est responsable de
l’hémolyse bêta sur gélose au sang. Elle n’est pas immunogène.
La hyaluronidase et la streptokinase
Ce sont des enzymes dont les mécanismes favorisent la diffusion de
l’infection.
Les toxines érythrogènes et pyogènes
Ce sont les toxines A, B, C, D immunogènes qui induisent un état
d’hypersensibilité retardée, avec production d’anticorps neutralisants. Elles sont
responsables des éruptions érythémateuses et de la fièvre.
III-2 HAEMOPHILUS INFLUENZAE
III-2-1 Nomenclature et classification (8)
Appartenant à la famille des Pasteurellacae et au genre Haemophilus,
Haemophilus influenzae est l’espèce type à côté de 15 autres espèces d’origine
humaine ou animale. Ces 16 espèces sont classées suivant leur exigence en
facteurs X (hémine) et V (NAD).
10
Les espèces exigeants les facteurs X et V
• Haemophilus influenzae ,
• Haemophilus aegyptius,
• Haemophulis haemolyticus
Les espèces exigeants le facteur X seul
• Haemophilus haemoglobinophilus,
• Haemophilus ducreyi
Les espèces exigeants le facteur V seul
• Haemophilus parainfluenzae
• Haemophilus paraticamolyticus
• Haemophilus pleuropneumoniae
• Haemophilus paracuniculus
• Haemophilus segnis
• Haemophilus parasuis
• Haemophilus paragallinarium
• Haemophilus avium
Haemophilus aphrophilus présente une exigence en facteurs variable.
III-2-2 Caractères bactériologiques (8, 11, 9)
- Examen microscopique
Haemophilus influenzae est un bacille à Gram négatif, polymorphe,
pouvant se présenter sous forme de coccobacilles. La bactérie est aéro-anaérobie
facultative.
11
- Culture bactérienne
Haemophilus influenzae aimant le sang, elle ne poussent que sur gélose au
sang. L’espèce Haemophilus influenzae présente des exigences en facteurs X et
V qui sont tous les deux apportés par le sang cuit (15 minutes à 75 – 80°C). Le
germe pousse donc sur gélose au sang cuit à la température de 35 à 37°C.
- Caractères biochimiques (9, 41)
Haemophilus influenzae possède une oxydase, une nitrate réductase, une
uréase et produit de l’indole.
En effet, huit biotypes ont été définis pour l’espèce, à partir des caractères
métaboliques suivants : production d’indole, activités enzymatiques (uréase et
ornithine décarboxylase).
Le biotypage se fait à l’aide de milieux usuels supplémentés ou de
microméthode (API – NH) avec un inoculum lourd.
Le biotype II d’Haemophilus influenzae est le plus souvent impliqué dans
l’étiologie des infections broncho-pulmonaires et les otites.
12
Tableau II : Caractères biochimiques d’Haemophilus influenzae (19)
Test
Synthèses porphirines
Exigences en facteur V
Hémolyse
D-glucose
D-fructose
d-xylose
d-ribose
d-mannose
d-galactose
Maltose
Mélibiose
Tréhalose
Raffinose
SH2
Hémagglutination
Besoin CO2
Phosphatose alcaline
Saccharose
Lactose
(-) = caractère négatif des souches
(+) = caractère positif des souches
Résultats
+
+
+
+
+
+
+
-
13
III-2-3 Epidémiologie (65, 70)
Haemophilus influenzae est un commensal des voies respiratoires
supérieures et de la cavité buccale de l’homme (11% de la flore pharyngée du
sujet normal).
Toutefois, les souches non capsulées plus fréquemment isolées de
sécrétions nasopharyngées, sont principalement incriminées dans les infections
des muqueuses (otite, bronchite)
III-2-4 Facteurs de virulence (60, 80)
Plusieurs facteurs font que Haemophilus influenzae accuse des infections
sévères décrites à tous les âges (pneumonies, otites, sinusites, méningites ….).
- La capsule
Elle est présente chez certaines souches encapsulées. La grande majorité
des pathologies invasives chez l’enfant (méningite, épiglottite, arthrite,
septicémie) est due aux souches encapsulées de type B, résistantes à la
phagocytose et à l’action lytique du complément.
Les infections de la sphère ORL, par contre, sont dues aux souches non
capsulées appartenant aux autres sérotypes (a, c, d, e, f).
- Pili ou fimbriae
Ils participent à l’adhésion de la bactérie à la muqueuse nasopharyngée.
Leur rôle apparaît surtout dans la phase initiale de la colonisation.
14
- Les protéines membranaires
Les protéines HMW1 et HMW2 sont identifiées comme des facteurs
d’adhésion .
Les protéines de membrane externe (PEM) représentent des facteurs de
virulence, surtout chez les souches non capsulées d’Haemophilus influenzae ;
elles sont très immunogènes. Elles sont hétérogènes et leurs sérotypes sont utiles
en épidémiologie .
- Les lipoligosaccharides
Leur lyse entraîne la libération de lipide A, qui possède une activité
endotoxinique.
- Immunoglobine A protéase
C’est une enzyme secrétée par la bactérie. Elle empêche la production
d’Immunoglobuline
A
sécrétoire,
entraînant
ainsi
la
propagation
de
l’inflammation.
III-3 MORAXELLA CATARRHALIS
III-3-1 Nomenclature et classification (71)
Le genre Moraxella appartient à la famille des Neissericeae à côté d’autres
genres Neisseria, Acinetobacter, Kingella, Oligella.
L’espèce Moraxella catarrhalis est la seule espèce du genre Moraxella
isolée chez l’homme.
15
III-3-2 Caractères bactériologiques (12)
- Examen microscopique
Moraxella se présente sous forme de diplocoques à Gram négatif. La
morphologie est identique à celle de Neisseria ; ils sont aérobies strictes.
- culture bactérienne
Moraxella catarrhalis pousse sur gélose au sang cuit supplémentée
(polyvitex®, Isovilatex® ) à la température de 35 à 37°C, pendant 18 à 24 heures.
Ils cultivent sur les milieux des Neisseria.
Toutefois, les souches de Moraxella catarrhalis peuvent tolérer des
températures plus basses : elles poussent bien à 28°C.
Les colonies de Moraxella catarrhalis apparaissent rosâtres à marron
opaques, de consistance friable, avec une surface rugueuse (3).
- Caractères biochimiques
Moraxella catarrhalis respirent les nitrates en anaérobiose. Ils possèdent un
cytochrome oxydase et une catalase.
Moraxella catarrhalis n’acidifie pas les sucres ; ceci est un critère essentiel
pour le diagnostic différentiel avec Neisseria meningitidis et Neisseria
gonorrhae.
16
Tableau III : Caractères biochimiques de Moraxella catarrhalis (72)
Oxydase Catalase Hydrolyse de
Synthèse
de ONPG Réduction ADN Hydrolyse pigment
polysaccharides
de
Glu Mal Fru Sac
+
+
-
-
(-)
: réaction négative
(+)
: réaction positive
Glu
: glucose
Mal
: maltose
Fru
: fructose
Sac
: saccharose
-
-
NO3 NO2
-
-
+
+
+
+
ONPG : O-nitrophényl-bêta-D galactopyranoside
NO3
: nitrite
NO2
: nitrate
ADN : acide désoxyribonucléique
III-3-3 Epidémiologie (2, 49)
Moraxella catarrhalis est responsable d’infections respiratoires hautes et
broncho-pulmonaires. Il est souvent associé à Haemophilus inflenzae et / ou à
Streptococcus pneumoniae, dans certaines infections en ORL (otite, sinusite).
III-3-4 Facteurs de virulence (3, 71)
Les mécanismes par lesquels Moraxella catarrhalis entraîne des infections
ne sont pas connus. Pour le moment, il n’a pas été mis en évidence de facteurs
de virulence.
-
17
Mais la survenue d’infections nécessite plusieurs étapes :
- l’adhésion bactérienne grâce à la présence de Pili ;
- la colonisation et l’ invasion de la muqueuse ; .
- l’apparition de manifestations cliniques signant une multiplication
importante des bactéries au niveau du site infectieux.
De plus, producteur de bêta-lactamases, Moraxella catarrhalis protégerait
d’autres pathogènes de l’action des antibiotiques (bêta-lactamines), entraînant la
prolongation de l’infection et la sélection de souches résistantes, malgré un
traitement à priori suffisant.
IV/ PROFIL DE SENSIBILITE DES BACTERIES
IV-1 NOTION DE SENSIBILITE ET DE RESISTANCE
IV-1-1 Définition de la résistance
La résistance des bactéries aux antibiotiques est soit naturelle, soit acquise.
La résistance naturelle d’une espèce ou d’un genre est :
- une caractéristique propre, concernant l’ensemble des souches de
l’espèce ou du genre ;
- portée par un chromosome, donc toujours transmissible à la
descendance : transmission verticale ;
- un caractère permettant de définir le phénotype sauvage ou sensible de
l’espèce ;
- une aide à l’identification de l’espèce.
La résistance acquise, pour sa part ,
ne concerne qu’une proportion plus ou moins importante, variable
dans le temps, de souches, d’une espèce ;
18
résulte d’une modification génétique par mutation ou par
acquisition
de
plasmides
ou
transposohs
(résistance
extrachromosomique) transmissible horizontalement, parfois entre
espèces différentes ;
définit des phénotypes « résistants ».
Les résistances croisées s’expriment, elles, au sein d’une même classe
d’antibiotique et sont dues au même mécanisme de résistance.
IV-1-2 Mécanisme de résistance
La résistance des bactéries aux antibiotiques peut s’expliquer par trois
mécanismes principaux, à savoir :
- la modification de la cible des antibiotiques,
- la synthèse d’enzymes inactivant les antibiotiques (bêta-lactamases,
pénicillinases),
- la baisse de la perméabilité bactérienne aux antibiotiques.
Au plan génétique, la résistance acquise peut survenir par mutation
ponctuelle, par remaniement du génome ,ou par acquisition d’un matériel
génétique étranger.
IV-1-3 Streptococcus pneumoniae
IV-1-3-1 Résistance aux bêta-lactamines
Certaines souches de pneumocoques présentent une sensibilité diminuée à
la pénicilline G.
En 1977, des souches possédant un haut niveau de résistance à la
pénicilline G et des souches multirésistantes sont décrites en Afrique du Sud
(16).
19
La résistance aux céphalosporines de troisième génération est plus récente.
Ces résistances ne sont pas seulement dues à une production de bêta-lactamases.
Elles sont plutôt d’origine chromosomique et résultent de modifications dans les
protéines cibles de la bactérie : les protéines liant la pénicilline (80).
Les modifications structurales de ces PLP entraînent une résistance croisée
à toutes les bêta-lactamines. Cependant, l’augmentation des concentrations
minimales inhibitrices est fonction de la bêta-lactamine et de la modification de
la PLP.
De plus , l’étude des mécanismes de résistance a mis en évidence
l’existence d’échanges génomiques entre les pneumocoques, ou entre les
pneumocoques et autres espèces de streptocoques commensales du nasopharynx
fréquemment exposées aux antibiotiques, auxquels pourraient s’ajouter des
mutations ponctuelles. Ceci souligne le rôle des antibiotiques dans l’émergence
des mécanismes de résistance (47).
IV-1-3-2 Résistance aux macrolides (33)
La résistance aux macrolides est de type MLSB constitutif. Plusieurs
mécanismes sont à la base de cette résistance.
- Une modification de la cible sous-unité 50 S du ribosome par une
méthylase ribosomale croisée par le gène ermB. Ce gène est associé à la
résistance de haut niveau aux macrolides, lincosamides et streptogramines
B. Ces germes résistants par ce gène expriment le phénotype MLSB
constitutif (cMLSB) ou inductible (iMLSB).
- Un efflux actif de l’antibiotique hors de la cellule bactérienne lié au gène
mefA. Ce genre est responsable de la résistance de bas niveau aux
macrolides et détermine le phénotype M.
Les souches résistantes par ce gène sont sensibles à la clindamycine et aux
streptogramines B.
20
D’autres mécanismes ont été récemment décrits. Il s’agit :
- d’un mécanisme de résistance médié par le gène ermA (erm TR) ;
- d’altérations des protéines ribosomales L4 et L22 , et de mutations de l’ARN
ribosomal 23 S.
IV-1-3-3 Résistances aux autres antibiotiques (21, 53, 54)
- Le développement d’une résistance à la télithromycine a été observé in vitro,
après une exposition répétée d’un germe à l’antibiotique. Le mécanisme
évoqué est une modification de la cible, notamment une diméthylation de
l’ARNr par le gène erm E .
- La résistance au chloramphénicol est liée à une enzyme inactivatrice : le
chloramphénicol acétyl transférase.
- La résistance au fluoroquinolone est surtout due à des mutations des gènes
codant pour les enzymes : la topo-isomérase et l’ADN gyrase.
- La résistance aux sulfamides est liée à la présence d’un gène suld codant
pour une dihydropteroate - synthéase altérée.
-
La résistance au triméthoprime est due à une dihydropteroate réductase
altérée.
- La résistance aux tétracyclines :
Elle est due à un phénomène d’efflux de l’antibiotique hors de la
membrane.
Il a été également découvert chez des souches résistantes le gène tetM
responsable de la synthèse d’une protéine liant les ribosomes empêchant ainsi
l’antibiotique de se fixer au niveau de son site d’action .
21
IV-1-4 Streptococcus pyogenes
Comme tous les streptocoques , Streptococcus pyogenes présente une
résistance aux aminosides. Il n’a pas été signalé de résistance à la vancomycine.
IV-1-4-1 Résistance aux bêta-lactamines
Des cas de tolérance à la pénicilline ont été signalés (la CMB est au moins
32 fois plus élevé que la CMI). Mais il n’a pas été noté de résistance à la
pénicilline G.
IV-1-4-2 Résistance aux macrolides
Cette résistance est médiée par les gènes mef A, erm A et erm B avec des
mécanismes identiques à ceux du pneumocoque (22).
IV-1-4-3 Résistance aux autres antibiotiques
- La résistance aux kétolides, influencée par ces molécules, ont une excellente
activité, aussi bien sur les souches sensibles que sur les souches résistantes
ermA et mef A de Streptococcus pyogenes.
La télithromycine est inactive sur les souches résistantes ErmB par des
mécanismes inconnus (7, 59).
- La résistance au fluoroquinolone est due à la mutation d’une enzyme :
la topo- isomérase.
- La résistance aux tétracyclines, elle, est fréquente (50 à 70%).
22
IV-1-5 Haemophilus influenzae
L’espèce Haemophilus influenzae est naturellement résistante aux
lincosamines et peu sensible à l’action des macrolides et de la pénicilline G.
IV-1-5-1 Résistance aux bêta-lactamines (20)
Les bêta-lactamines représentaient, jusque dans les années 1970, la
thérapeutique de référence. Mais de plus en plus, on note la production par
l’espèce de bêta-lactamases.
Ainsi le germe est résistant à l’ampicilline, par production d’une enzyme
de type TEM1 plasmidique. Sur le même plasmide, une résistance à
différents antibiotiques est associée, en particulier à la Kanamycine
tétracycline, sulfamide, triméthoprime, chloramphénicol.
La résistance à l’amoxicilline peut être observée chez les souches non
productrices de bêta-lactamases. Cette résistance peut être due à une
altération d’origine chromosomique des protéines de liaison aux
pénicillines ou à une diminution de la perméabilité de la membrane
externe aux antibiotiques.
IV-1-5-2 La résistance au chloramphénicol
Elle est de nature plasmidique, liée à la production d’une enzyme, le
chloramphénicol acétyl transférase (CAT), qui inactive l’antibiotique.
IV-1-5-3 Résistance à la tétracycline
Elle est associée à celle de l’ampicilline. Il s’agit d’une résistance
plasmidique liée à l’insuffisance de concentration intracellulaire d’antibiotique,
23
due à un efflux excessif de l’antibiotique hors de la membrane cytoplasmique du
germe (52).
IV-1-6 Moraxella cartarrhalis
Elle est en règle sensible aux antibiotiques (fluoroquinolone, macrolides,
tétracycline, chloramphénicol).
Résistance aux bêta-lactamines (12)
La résistance est due à la sécrétion de bêta-lactamases hydrolysant le cycle
bêta-lactame.
Les souches de Moraxella catarrhalis, productrices de bêta-lactamases,
sont résistantes à l’ampicilline et aux céphalosporines de 1ère génération.
Toutefois, la ticarcilline, les ureido-pénicillines, la céfoxitine, les
céphalosporines de 3ème génération sont actifs et sont insensibles aux
pénicillinases de Moraxella catarrhalis.
Téléchargement