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comparaison avec leurs coûts de production.
Dans cette optique les DPI constituent l’outil qui permet à leur titulaire de rentabiliser ses
investissements immatériels. Dans ce sens, l’essor des DPI est une conséquence de l’essor des
actifs intangibles. Réciproquement, le renforcement des DPI, en particulier des brevets,
représente un vecteur de l’innovation technologique, de l’extension de l’activité à de nouveaux
marchés, etc. La prééminence notable des investissements intangibles en Europe et aux Etats-
Unis par rapport aux investissements tangibles depuis 1999 (date de la généralisation des DPI
dans la majorité des pays membres de l’Organisation Mondiale du Commerce –OMC -) en est
une preuve. Les DPI représentent un outil qui rencontre les intérêts des innovateurs en termes
d’appropriation des bénéfices économiques de leurs inventions, idées et œuvres avec les
intérêts de la société, en termes de dissémination des connaissances et du savoir. En revanche,
cette relation, dans ses deux sens, reste à nuancer. Toutes les innovations ne sont pas
protégées par des DPI. Pour certains actifs intangibles difficilement reproductibles, les firmes
ont recours à des protections naturelles telles que le secret commercial. D’autre part,
théoriquement, le système des DPI est parfois excessivement renforcé et confère aux
innovateurs un pouvoir de marché abusif. Dans les faits, la protection générée par les DPI
demeure imparfaite dans la mesure où le droit peut être contourné par les concurrents, aussi
bien en termes d’amélioration que de similitude. Le rôle des DPI dans la relance de
l’innovation est donc identifié en fonction d’une multitude de facteurs, en l’occurrence, les
contextes socioéconomiques nationaux et régionaux et, plus spécifiquement, les systèmes
d’innovation. En prenant le cas particulier des inventions, l’attention est attirée sur le
potentiel de protection des brevets, mesurée par l’indice des brevets. L’observation de
l’évolution de cet indice, montre l’accroissement de sa valeur depuis 1995, notamment dans
les pays en développement – PED - évolution expliquée par la signature des accords sur les
aspects des DPI qui touchent au Commerce (ADPIC) en 1994. Entre 1990 et 2005, une
augmentation de 1% de la valeur de cet indice dans les PED et les pays les moins avancés
(PMA) est associée à un accroissement de leurs importations de hautes technologies, soit
respectivement 2% et 1,5% en produits aérospatiaux et produits électroniques, produits de
haute technologie par excellence. De même, cet accroissement génère une augmentation de
l'ordre de 1,1% du nombre de brevets déposés et de 0,9% des dépenses de R&D (en
pourcentage du PIB) ce qui reflète l’accroissement de l’activité d’innovation dans ces pays.
Ainsi, les DPI permettent, à la fois, à leurs titulaires de capitaliser leurs innovations et aux tiers
d’y avoir accès. En revanche, en l’absence d’un système d’innovation solide, bien structuré et
effectif, le rôle des DPI seuls en tant que moteur de l’innovation doit être relativisé.
Les entreprises multinationales, le travail et l’Etat, un trio infernal ?
La table ronde a réuni plusieurs intervenants traitant des transformations récentes du
capitalisme sous trois aspects différents : l'entreprise, le travail (les salariés en particulier) et
l'Etat, quel que soit le niveau d’analyse retenu un double processus est à l’œuvre, celui de la
marchandisation / marchéisation. Les stratégies de l’entreprise américaine, Monsanto
(premier semencier et producteur d’organismes génétiques modifiés – OGM -) en constitue
une illustration tout à fait significative. Monsanto développe ses activités depuis plusieurs
années grâce à un processus de marchandisation du vivant en multipliant les dépôts de
brevets sur les plantes, les gênes, etc. Ces brevets deviennent les matières premières de
nouvelles marchandises, de nouveaux marchés. Les agriculteurs des pays industrialisés et en
développement, sont de plus en plus dépendants de ces entreprises gigantesques qui se
partagent le marché mondial et planifient les besoins des consommateurs. Ces entreprises
participent par leur comportement de prédation (pour reprendre à notre compte le
vocabulaire de J. K. Galbraith) à l’appauvrissement de la diversité biologique, contribuant à la