LES RISQUES PRIS PAR LES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES ET LES
ÉTABLISSEMENTS PUBLICS LOCAUX EN MATIÈRE D’EMPRUNT 255
1 - Des produits potentiellement risqués
La bonification du taux d’intérêt applicable en début d’emprunt est
financée par la vente d’une (ou de plusieurs) options par la collectivité.
L’importance de cette bonification dépend, pour l’essentiel, de deux
facteurs : les anticipations d’évolution future du marché concerné par
l’option et la volatilité de ce même marché. Dans ces conditions, plus
l’emprunteur joue contre les anticipations d’évolution future du marché,
et plus la prime est élevée. De la même manière, plus le marché est
volatil, et plus la prime que peut espérer encaisser l’emprunteur est
importante.
Pour l’essentiel, les emprunts dits « structurés » se répartissent en
trois grandes familles, porteuses de risques différents.
a) Les produits à « barrière désactivante »
Le taux fixe bonifié payé est « désactivé » au profit d’un autre
taux, le plus souvent variable, dès qu’un indice de référence dépasse un
seuil (« barrière ») préalablement défini.
Le risque induit par ce type de produit peut être considéré comme
peu important. En cas de franchissement de la barrière, l’emprunteur se
retrouve dans la situation qui aurait été la sienne s’il avait décidé de
souscrire un emprunt à taux variable. En contrepartie, le taux n'est
généralement que faiblement bonifié, souvent voisin du taux de marché.
Ces emprunts ne sont dès lors intéressants que dans des situations
d’assez grande stabilité des taux d’intérêt. A l’inverse, ils présentent la
caractéristique peu courante de cumuler les inconvénients des taux fixes
et des taux variables : en cas de forte baisse des taux, l’emprunteur n’en
profite pas, en cas de hausse importante, son taux d’intérêt est
directement impacté puisqu’il repasse automatiquement en variable.
En 2002, un hôpital avait conclu un emprunt de 5 M€, en trois
tirages: le premier sur un taux d’intérêt ainsi défini : « 2,79 %
(exact/360) si EURIBOR 12 mois post-fixé < 4,25 % ou EURIBOR 12
mois post-fixé sans marge sinon » ; le second tirage sur la base d’un taux
de « 3,68 % (exact/360) si EURIBOR 3 mois < 5 % ou EURIBOR 3 Mois
sans marge sinon » ; le troisième tirage sur un taux fixe de 4,46 %. Pour
justifier ces choix complexes, l'hôpital avait indiqué qu'il avait le souci de
se couvrir contre la hausse des taux, alors que les deux premiers tirages
ne le protégeaient qu’en cas de hausse limitée des taux.