Utilitéet nécessitéde l’évaluation des psychothérapies
psychodynamiques ?
Dès les années 1940, Knight (1941) précise que si la psychanalyse veut
atteindre pleinement sa place de thérapie de valeur parmi les thérapeutiques
médicales, ses chefs de file doivent reconnaître la nécessitéd’expliciter la
technique utilisée et les résultats obtenus. Dans les années 1990, plusieurs
auteurs (Bachrach et coll., 1991 ; Barber et Lane, 1995) rappellent le déve-
loppement de nombreux traitements psychothérapeutiques (basés sur des
modèles comportementaux, biologiques, cognitifs, psychodynamiques, systé-
miques et sociaux) dans les dernières décades et donc la nécessitéde posi-
tionner l’indication de la méthode psychanalytique dans un contexte oùla
psychothérapie est considérée comme un traitement médical. Cela implique
que les symptômes soient le premier indicateur différentiel du traitement.
Mais le débat subsiste et pour d’autres auteurs, la psychothérapie n’est pas une
simple application de technique pratiquéedefaçon prescrite pour arriver à
une fin particulière. En outre, les résultats se situent souvent ailleurs que làoù
ils sont attendus. Enfin, plus récemment, des auteurs (Fonagy, 1999 ; Sandell
et coll., 2001 ; Leuzinger-Bohleber, 2002 ; Botella, 2003) ont souligné
l’intérêt de la recherche empirique ou clinique de démonstration (différente
de la recherche fondamentale d’investigation du psychisme par la psychana-
lyse), susceptible : d’étudier l’efficacitéthérapeutique de la psychanalyse et de
montrer sa pertinence scientifique;devérifier la validitéd’une hypothèse,
d’un concept ou d’une notion controversée parmi les analystes ; de construire
des interfaces de dialogue avec des disciplines proches (psychiatrie, psycho-
logie, sciences cognitives, linguistique, sociologie et neurosciences).
L’évaluation des psychothérapies psychodynamiques
est-elle possible et sur quelles bases ?
La question de savoir si une évaluation des résultats des psychothérapies
psychanalytiques est possible a étéabordée depuis que ces psychothérapies
existent (Freud, 1916 ; Knight, 1941 ; Edelson, 1984 ; Shulman, 1990 ;
Bachrach et coll., 1991 ; Krawitz, 1997 ; Waldron, 1997 ; Vaughan et coll.,
2000). La difficultéméthodologique de cette évaluation est évidente. Les
principaux éléments de cette difficultésoulignés par les «pionniers »sont
récapitulés dans le tableau 5.I.
La qualitéméthodologique des travaux réalisés, loin d’être homogène, n’a
cesséde s’améliorer, tout particulièrement depuis une vingtaine d’années.
Barber et Lane (1995) distinguent quatre grandes étapes dans cette progres-
sion : des d’études peu élaborées issues de cas uniques ; des revues quantita-
tives générales àpartir des résultats d’études de cas ; des études de recherche
d’efficacitépar rapport àl’absence de thérapie, dans un contexte de remise en
Aspects méthodologiques de l’approche psychodynamique (psychanalytique)
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ANALYSE