Session des psychiatres et psychologues cliniciens 2 La bouche et les dents : aspects psychologiques Véronique MIALOT Psychologue clinicienne Caroline DEMEULE Docteur en Psychopathologie, psychologue clinicienne Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale (P. Goudot), unité de psychologie clinique, psychothérapie et psychanalyse (H. Guilliardi). Hôpital de la Salpêtrière (Paris) Avoir quelques repères d’ordre psychologique en stomatologie, odontologie, chirurgie maxillo-faciale et implantologie paraît essentiel pour une prise en charge globale optimale du patient, car toute intervention dans la bouche et sur les dents ne se résume pas seulement à un acte de soin mais touche aussi à son intégrité corporelle et psychique. La bouche joue en effet un rôle tout particulier dans le développement psychologique humain. L’oralité est ainsi le premier mode de découverte et d’appréhension du monde. C’est aussi par la bouche que se développe la première forme de relation à l’autre à travers le nourrissage. L’oralité est également à la base du processus psychique fondamental de l’identification, mécanisme par lequel se construit la personnalité. La bouche ne constitue donc pas seulement un organe fonctionnel pour l’être humain. Elle a également une forte valeur symbolique et cumule trois fonctions : autoconservatrice, langagière et libidinale. Les différentes atteintes buccales, souvent violentes, mobilisent ainsi des mécanismes psychiques archaïques : un symptôme qui touche cette zone du corps n’est jamais anodin sur le plan psychologique. Les dents sont des organes très investis sur le plan psychique : symboles de séduction et objets précieux de valorisation narcissique, leur extraction ou leur chute suscitent parfois une vive angoisse de castration. La perspective d’une nouvelle dentition grâce à l’implantologie, notamment en tant que dernière étape d’une reconstruction, représente donc pour le patient la possibilité d’une réhabilitation fonctionnelle et esthétique, voire d’une forme de restauration narcissique. Des cas cliniques illustreront l’intérêt de prendre en compte ces différents enjeux psychiques dans la prise en charge des patients. 2 Symptôme, acte médical et chirurgical, acte analytique. Paolo LOLLO Psychanalyste Chercheur associé à l’UTRPP (Université Paris 13) Membre du CR de la Revue Insistance Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale (P. Goudot), unité de psychologie clinique, psychothérapie et psychanalyse (H. Guilliardi). Hôpital de la Salpêtrière (Paris) Quelle fonction ont la psychothérapie et la psychanalyse auprès des patients hospitalisés ? Est-il possible, à la lumière de l’expérience clinique actuelle, de reformuler la question de la Conversion posée par Charcot et Freud, ici à la Salpêtrière, il y a plus d’un siècle ? 2 La pose de l’implant dentaire : une prise en charge lourde Adèle CLEMENT Service de stomatologie et chirurgie maxillo-faciale (P. Goudot), unité de psychologie clinique, psychothérapie et psychanalyse (H. Guilliardi). Hôpital de la Salpêtrière (Paris) Longue, contraignante, couteuse, parfois dérangeante, la pose d’un implant dentaire impose au patient un parcours de soin complexe, souvent semé d’embûches, qui peut remettre en jeu voire en cause son engagement initial. En effet, bien qu’informé des étapes nécessaires et des risques associés à la pose de l’implant, le patient est confronté à de nombreuses difficultés (modification de l’aspect esthétique, de l’élocution, douleurs, complications, longueur et répétition des interventions...) qui vont influer sur son état psychique (angoisses, modalités dépressives, refus d’en passer par certaines étapes...) et sur ses relations aux autres (isolement, ruptures professionnelles, rejets...). Ces difficultés sont susceptibles de porter atteinte à la compliance aux soins et ainsi à la réussite du traitement, mais aussi à la satisfaction du patient à la suite de celui-ci et aux complications qui peuvent apparaitre. Face à cela, il semble primordial de prendre en compte les remaniements psychiques auxquels le patient sera exposé et de les accompagner par un suivi psychologique en parallèle de la prise en charge chirurgicale.