Journal Identification = VIR Article Identification = 0474 Date: February 20, 2013 Time: 3:8 pm
revue
C-terminal (acide aminés 181-631). La protéine NS3-4A
est un complexe non covalent formé entre NS3 et 54 acides
aminés du cofacteur NS4A, formellement équivalent à la
protéase NS3-NS2B des flavivirus décrite ci-dessus. Son
activité enzymatique a été bien caractérisée et plusieurs
structures à haute résolution ont été résolues en présence
d’inhibiteurs spécifiques [11]. Le domaine sérine protéase
adopte un repliement de type chymotrypsine stabilisé par
un ion Zn2+. La triade catalytique de la protéase NS3-4A est
formée par His 57, Asp 81 et Ser 139. La partie centrale de
NS4A (acide aminés 21-32) est requise pour le repliement
de NS3 via la formation d’un brin qui est incorporé dans la
partie N-terminale de la structure de NS3. La partie amino-
terminale hydrophobe de NS4A (acide aminés 1-21) forme
une hélice transmembranaire ancrant le complexe NS3-4A
à la membrane, tandis que la partie C-terminale (acide ami-
nés 40-54) interagit avec d’autres composantes du CR. Le
site de liaison du substrat peut accueillir six acides ami-
nés, mais le clivage est plus efficace lorsque les substrats
comprennent dix résidus. Les produits de clivage inhibant la
réaction enzymatique ont constitué la base pour le dévelop-
pement et l’optimisation d’inhibiteurs peptidomimétiques
de la protéase NS3-4A, dont plusieurs viennent d’être mis
sur le marché [2, 3].
La NTPase/hélicase NS3
et le mécanisme de séparation
des brins d’ARN
Le domaine C-terminal de la protéine NS3 des flavivirus
(« NS3hel » résidus 180-618) est une NTPase/hélicase qui
sépare des duplexes d’ARN de fac¸on spécifique. Cette acti-
vité enzymatique de NS3 a vraisemblablement pour rôle
biologique de dissocier les ARN doubles brins synthétisés
par la polymérase NS5 lors de la transcription et la répli-
cation du génome viral. La dissociation de ces duplexes en
brins individuels permet à la polymérase d’accéder au brin
matrice pour de nouveaux cycles de synthèse. Par ailleurs,
le génome viral comporte plusieurs structures secondaires,
dont plusieurs forment des structures de type tige-boucle
(stem loop). Ces structures d’ARN doivent également être
résolues, préalablement à la transcription. Cependant, le
rôle précis de l’activité hélicase de NS3 n’est pas connu ;
c’est-à-dire qu’il n’est pas clair si cette activité est utili-
sée pour la dissociation des segments d’ARN double brin
générés par la polymérase virale lors de la réplication du
génome viral, étant donné que la polymérase virale pour-
rait les dissocier elle-même lors de l’élongation, ou bien
pour dissocier des éléments de structure secondaire d’ARN
afin de permettre la réplication ou la traduction en pro-
téines.
Dans la cellule infectée, l’énergie mécanique nécessaire
pour séparer les brins d’acides nucléiques est fournie par
l’hydrolyse d’ATP effectuée par le domaine ATPase de
NS3. En outre, chez les flavivirus, le domaine NS3hel
possède aussi une activité 5-terminale ARN triphospha-
tase (RTPase) impliquée dans la synthèse de la structure
coiffe de l’ARN viral et NS3hel est donc aussi impor-
tante pour la phase de traduction du génome viral [4].
Des études de mutagenèse et des expériences de compé-
tition enzymatiques suggèrent qu’un même site actif est
responsable à la fois des activités RTPase et ATPase de la
protéine NS3 des flavivirus [12]. En outre, un rôle dans
l’assemblage des particules virales a aussi été postulé pour
la protéine NS3 du virus de la fièvre jaune, indépendamment
de ses fonctions enzymatiques connues [13]. En introdui-
sant des mutations dans le gène codant pour NS3hel par
les méthodes de génétique inverse, on a pu montrer que
des virus de la dengue (flavivirus) et de la diarrhée virale
bovine (pestivirus) ayant une faible activité hélicase ne sont
pas capables de se répliquer, ce qui démontre l’importance
de NS3hel lors du cycle infectieux des Flaviviridae et
confirme que cette protéine peut être ciblée pour le dévelop-
pement de molécules antivirales, même si cette approche
n’a connu jusqu’à présent qu’un succès limité [14, 15].
Le domaine hélicase de la protéine NS3 possède le motif
« DEXH » (avec X = A chez les flavivirus, X = C chez les
hépacivirus et X = Y chez les pestivirus). Cette protéine
appartient à la superfamille « SF2 » des hélicases, selon
la classification fondée sur la présence de certains motifs
de séquences d’acides aminés conservés [16, 17]. Outre la
protéine NS3 de DENV, les activités hélicase/NTPase ainsi
que les structures cristallographiques de plusieurs membres
des flavivirus ont été décrites, notamment pour les virus de
la fièvre jaune et de l’encéphalite japonaise (voir pour revue
[18]). L’activité NTPase de NS3hel implique la liaison du
NTP qui se fait principalement de manière électrostatique
par la reconnaissance du groupe triphosphate, l’hydrolyse
de la liaison ␥-phosphorique anhydride suivie du larguage
du NDP et d’une molécule de phosphate inorganique. De
fac¸on commune à de nombreuses hélicases et aussi à des
protéines motrices de type myosine, les motifs de séquence
d’acides aminés directement impliqués dans l’hydrolyse
du nucléotide sont le motif I, aussi appelé motif « Wal-
kerA»ou«boucle P », qui se lie aux phosphates des
nucléotides ; le motif II (ou DEAH aussi appelé « Wal-
ker B »), impliqué dans la coordination d’un ion métallique
divalent – Mg2+ ou Mn2+ – et responsable de l’activation
d’une molécule d’eau catalytique au cours de la réaction
[19], et le motif VI également impliqué dans la liaison des
phosphates du nucléotide. L’activité NTPase intrinsèque de
NS3hel est faible et est stimulée par la liaison d’un simple
brin d’ARN tel qu’un oligonucléotide PolyU [18]. Cette sti-
mulation est due à un effet allostérique causé par la liaison
Virologie, Vol 17, n◦1, janvier-février 2013 21
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