Médecine du Maghreb 2000 n°81
Les lap a rotomies itérat ives et rap p ro chées interve n a i e n t
également dans le pronostic. Le taux de mortalité qui était
de 50 % pour une seule laparotomie passait 75 % pour plus
de 2 ré-interventions (tableau 6).
Tableau 6 : La mortalité en fonction
du nombre de laparotomies
DISCUSSION
Les infections péritonéales post-opérat o i res chez le sujet
âgé sont gravissimes entraînant une mortalité élevée (6).
L’involution progressive des diverses fonctions physiologi-
ques et l’association fréquentes de pathologies intercurren-
tes sont responsables de la fragilité de cette population.
La présentation clinique est poly m o rphe à l’ori gine d’un
retard de diagnostic. Les signes cliniques spécifiques d’une
péritonite sont absents ou tardifs (8). En effet pour KUNIN
(5) e
t pour notre part, le tableau clinique dominant a été le
s y n d rome douloureux abdominal. Pour cet auteur, la dou-
leur spontanée a été retrouvée dans 95 % des cas. La fièvre
est un signe assez fréquent en postopérat o i r e et dont les
causes extra-digestives sont nombreuses. Toutefois, la sur-
ve n ue d’une fi è v re au décours d’une ch i ru r gie dige s t ive
impose la re ch e r che systématique d’un foyer intra - ab d o -
minal (8). A l’opposé, l’absence de la fi è v re ne doit pas
éliminer le diagnostic d’une infection intra - p é ri t o n é a l e.
Dans la série de KUNIN, 60 % des malades étaient apyré-
tiques (5). Par contre, pour LEVY (6), les PPO chez le sujet
âgé ne sont pas asthéniques, elles ont une expression clini-
que identique à celle de la population jeune. Ainsi sur 89
cas de PPO chez les sujets âgés, cet auteur trouve que cha-
que signe est présent chez le vieillard avec la même
fréquence que chez le sujet jeune. Par ailleurs, la sympto-
matologie peut se résumer à une défaillance viscérale iso-
lée ou des signes trompeurs (troubles neuropsychiques) (9).
L’hyper-leucocytose est fréquente en postopératoire. Nous
l’avons noté chez 68 % de nos patients. les autres anoma-
lies biologiques ne permettent pas d’orienter le diagnostic
avant le stade de défaillances viscérales(9).
La mortalité globale des PPO est très variable d’une série à
l’autre. Elle est de l’ordre de 30à 40 % (8). Les PPO chez
le sujet âgé sont caractérisées par la survenue précoce des
défaillances viscérales et par une mortalité élevée (1). Les
facteurs déterminant la mortalité sont liés au terrain et à la
pathologie.
L’âge à lui seul a une influence significative sur le pronos-
tic (7, 10). Ainsi LEVY a rapporté une progression linéaire
de la mortalité avec l’âge. Les mêmes déductions sont rap-
p o rtées par MONTRAVERS (8, 9). En effet, l’âge inter-
vient dans la quasi-totalité des scores de gravité (7).
C ependant pour certains auteurs, l’âge influence d’autant
moins le pronostic que la pathologie est plus lourde (7).
L’âge n’est pas le seul facteur de pronostic. Il est indispen-
s a ble de pre n d r e en compte l’état antérieur du pat i e n t .
Ainsi dans notre étude et celle de LEVY ; les antécédents
c a rd i o - va s c u l a i res ont une incidence signifi c at ive sur la
mortalité. Pour KUNIN, la calcification ASA, le sexe, les
antécédents cardiovasculaire, rénal ou biliaire sont corrélés
à une mortalité élevée (1, 3, 4).
Indépendamment du terrain, la mortalité varie selon le type
de la péritonite. Ainsi la gravité de la péritonite biliaire est
reconnue à tout âge. Elle s’accompagne d’une mortalité de
44,70 % (5).
Les lap a rotomies réalisées en urgence ont une incidence
s i g n i fi c at ive sur la mortalité. Ainsi pour LEVY lors q u e
l’intervention est effectuée en urgence, la mortalité est de
48 % contre 36 % lorsque l’intervention causale est effec-
tuée à froid (6). L’urgence détermine un risque de mortalité
2,5 supérieur à celui observé en cas de ch i ru rgie élective
(2). Dernièrement REISS a déterminé 6 catégories prédicti-
ves de mortalité à savoir, l’âge, l’intervention à froid ou en
u rge n c e, la cl a s s i fi c ation des systèmes vitaux, l’étiologi e
maligne et la constatation per opératoire (5,11).
La sémiologie clinique des PPO est non spécifique. Cette
atypie de la clinique est responsable d’un retard de reprise
chirurgicale (5). En effet il existe une relation directe entre
le délai opérat o i re et la mortalité (6). Nous avons éga l e -
ment fait la même constatation. La survenue de défaillance
viscérale est précoce chez le sujet âgé, dont l’impact sur le
LES PERITONITES… 21
Nombre Mortalité %
1 50
2 74
3 100