Historique du dispositif d`annonce

publicité
Dossier
D ossier
Historique du dispositif d’annonce : de la parole
des malades à la transformation des pratiques
DAA story: word of the patients to the transformation of the practices
IP N. Dohollou*
L
es premiers États Généraux de la Ligue contre le Cancer
de 1998 et 2000 ont donné la parole aux patients et permis la rédaction d’un livre blanc qui soulignait pour les
malades l’importance de la première consultation. En 2000, il
est identifié dans le plan Gillot-Kouchner comme “une consultation d’annonce”, soulignant la spécificité de cette première
consultation pour les patients porteurs d’un cancer.
En 2001, le réseau des malades de la Ligue contre le cancer,
met en place un groupe de travail qui va tenter d’élaborer des
recommandations pour cette première consultation d’annonce, s’appuyant pour cela sur une enquête réalisée à la fois
auprès des patients, mais également auprès des médecins. Ces
recommandations étant à la fois positives et négatives : ce qu’il
faut faire et surtout ce qu’il ne faut pas faire lors de cette première consultation.
En 2002, le Plan Cancer est élaboré puis présenté début 2003
par le président de la République, Jacques Chirac. Il s’articule
autour de 70 mesures.
Le 7 octobre 2003, le cahier des charges, support de l’expérimentation du dispositif d’annonce (mesure 40 du Plan Cancer), est validé, à la fois par la DHOS (Direction de l’hospitalisation et de l’organisation des soins) et par la Ligue contre le
cancer ainsi que par différentes fédérations.
L’expérimentation débute en mars 2004 dans le cadre de 37
projets sélectionnés associant 58 établissements de santé dans
15 régions ayant répondu au cahier des charges.
Initialement, le cadre général de ce dispositif comprenait trois
temps principaux (dont deux médicaux) : l’annonce du diagnostic, la proposition d’une stratégie thérapeutique définie
lors d’une consultation pluridisciplinaire et la mise à disposition d’une équipe soignante (infirmière, psychologue, assistante sociale…). Les objectifs de l’évaluation, établie par une
société d’audit externe (Ineum consulting, en janvier 2005),
avaient porté sur cinq axes :
– l’impact organisationnel du dispositif au sein des services ;
– les aspects médicaux économiques (coût de la mise en place
du dispositif) ;
– la perception des personnels impliqués dans l’expérimentation ;
– la perception des médecins généralistes des patients bénéficiaires du dispositif.
– le vécu et le ressenti des malades.
L’analyse a montré que la toute première annonce peut avoir
lieu dans des points très divers : cabinet de ville du spécialiste,
du généraliste, clinique ou hôpital plus ou moins spécialisé,
soulignant donc ce que nous savions déjà : il n’y a pas une an* Polyclinique de Bordeaux Nord-Aquitaine, 15, rue Claude-Boucher, 33000 Bordeaux.
nonce, mais une succession d’annonces. L’analyse du coût par
patient pour la mise en place du dispositif d’annonce était globalement de 108 €, et de 68 € hors consultation médicale.
La généralisation de la mise en place du dispositif d’annonce a
débuté en janvier 2006, avec un budget de 15 millons d’euros.
La généralisation s’appuie sur deux grands principes : tout patient atteint de cancer doit pouvoir bénéficier, au début de sa
maladie et/ou en cas de récidive, d’un dispositif d’annonce ;
la coordination interprofessionnelle, la communication en direction des patients et de leurs proches ainsi que la souplesse
dans la mise en œuvre seront pour beaucoup dans la réussite
de ce dispositif qui comporte actuellement quatre temps :
 Temps médical : il correspond à une ou plusieurs consultations
dédiées à l’annonce du diagnostic, puis à la proposition de stratégie thérapeutique définie lors de la réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP). La décision thérapeutique, comprise et
acceptée par le patient, est ensuite formalisée par écrit et remise
sous la forme d’un plan personnalisé de soins (PPS).
 Le temps d’accompagnement soignant.
 L’accès à une équipe impliquée dans les soins de support.
 Un temps d’articulation avec le médecin de ville.
CONCLUSION
La mise en œuvre de ce dispositif est certainement une grande
avancée pour les patients atteints de cancer, car elle va leur offrir
de nouveaux temps de discussion et d’explication sur la maladie,
les traitements permettant ainsi de diffuser une information
adaptée et progressive. Cette information sera alors certainement
mieux vécue et mieux comprise et permettra une meilleure
adhésion et implication des patients à leur traitement.
Une seule interrogation, les médecins ne seraient-ils pas les grands
oubliés du Plan Cancer ? En effet, les temps de consultation médicale n’ont pas été réévalués financièrement, seuls les établissements
reçoivent un forfait par patient pour la mise en œuvre du dispositif
(temps paramédical, psychologue, assistante sociale…).
n
La Lettre du Sénologue - n° 37 - juillet-août-septembre 2007
Téléchargement