L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 1 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 2 PLAN • Origine, définitions et objectifs • Démarche de la psychophysique contemporaine • Exemple de loi : la loi de Bouguer-Weber L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE Origine, définitions et objectifs 3 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 4 Origine • Le terme « psychophysique » désigne une discipline de la psychologie dont les premiers travaux ont été réalisés par Weber (1834), principalement sur la sensibilité tactile (cf. le compas de Weber). • Ce terme a ensuite été systématisé par Fechner au milieu du XIX siècle. • Les chercheurs s'accordent pour considérer que l'ouvrage fondateur de cette discipline est l'ouvrage Eléments de psychophysique publié par Fechner en 1860. L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE : Définition G. Fechner (fondateur) 1860 : Publication de l’ouvrage fondateur de la psychologie expérimentale et de la psychophysique . 5 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 6 Définitions • On distingue habituellement deux psychophysiques : o la psychophysique classique (celle des origines) o la psychophysique contemporaine. L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 7 La psychophysique classique (définition) • Dans son sens primitif, le mot psychophysique désigne la science nouvelle que Fechner a fondée. • La première psychophysique (psychophysique classique) se définissait comme « une science de la mesure des sensations » (Nicolas, 1998). • Dans son esprit elle était ‘une science exacte des rapports fonctionnels ou de dépendance entre l’âme et le corps, et, en général, entre le monde corporel et spirituel, physique et psychique (Nicolas, 1998). L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La psychophysique classique (définition) Fechner distinguait deux parties dans la psychophysique : • la psychophysique interne dont l’objet était défini comme « l’étude des rapports de l’âme avec le corps auquel elle est directement attachée, c’est-à-dire les rapports des phénomènes psychologiques avec les phénomènes physiologiques ». • la psychophysique externe dont l’objet était défini comme « l’étude des rapports de l’âme avec le monde physique, c’est-à-dire les rapports des phénomènes psychologiques avec les phénomènes physiques extérieurs ». 8 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La psychophysique classique Ainsi définie, par Fechner, la psychophysique était une théorie de la mesure. « l’organisme, en particulier au moyen de ses systèmes sensoriels, fonctionne comme un instrument de mesure dans l’analyse des informations qu’il traite » (Bonnet, 1991, p. 622). Son objectif principal était d’isoler la sensation comme une donnée élémentaire du psychisme et de dégager des lois générales. À l'origine, l'objectif des psychophysiciens est même de découvrir la loi psychophysique qui permet de mettre en relation l'esprit et la matière. 9 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 10 La psychophysique contemporaine La définition de la psychophysique contemporaine est différente, il ne s'agit plus de mesurer la relation entre l'âme et le monde matériel. Elle se définit comme « la discipline étudiant les relations quantitatives entre les stimulations physiques et les sensations, ou plus généralement les réponses, qu’elles engendrent » (Bonnet, 1991, p. 622). L'objectif principal est donc de "mettre en relation la mesure physique du stimulus avec la mesure quantitative d'un processus psychologique ou d'un comportement" afin d'utiliser cette relation pour comprendre les phénomènes psychologiques (Bagot, p. 18). L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 11 La psychophysique contemporaine La définition de la psychophysique contemporaine est différente, il ne s'agit plus de mesurer la relation entre l'âme et le monde matériel. Elle se définit comme « la discipline étudiant les relations quantitatives entre les stimulations physiques et les sensations, ou plus généralement les réponses, qu’elles engendrent » (Bonnet, 1991, p. 622). L'objectif principal est donc de "mettre en relation la mesure physique du stimulus avec la mesure quantitative d'un processus psychologique ou d'un comportement" afin d'utiliser cette relation pour comprendre les phénomènes psychologiques (Bagot, p. 18). Exemple de question à laquelle la psychophysique tente de répondre : Si j’ai un poids dans ma main d’un poids de 500 g, combien de grammes faut-il ajouter à ce poids pour que je perçoive une différence (seuil différentiel) ? L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La psychophysique contemporaine Champs d'application : • Médical : diagnostic des déficits sensoriels, • Ergonomie : prise d’information en conduite automobile • Etc. Thèmes (Richelle,1991) : • détermination des seuils absolus, • détermination des seuils différentiels et • construction d’échelles de sensations. 12 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 13 La démarche L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 14 Une psychophysique de l’information La psychophysique actuelle est "une psychophysique de l'information". Elle considère que l'on est en présence "d'un flux d'informations qui se transforme et qu'il convient de décrire de manière adéquate au cours de ces transformations. Cette transformation est étudiée et analysée grâce à trois discipline : la physique, la neuropsychologie et la psychologie cognitive. • L'information, d'abord contenue dans le stimulus, est décrite à l'aide des outils de la physique. • Puis, transformée en information nerveuse par les organes sensoriels, elle est décrite à l'aide des outils de la neurophysiologie. • Enfin, pour ce qui est de la construction de nos représentations, elle est décrite à l'aide des outils de la psychologie cognitive." (Bagot, 1999, p. 18) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 15 La psychophysique contemporaine Continuum physique : Exemple : un stimulus lumineux pur et homogène peut être défini sur plusieurs dimensions orthogonales (indépendantes) : • surface : m2 (mètre carré) • durée : s (seconde) • longueur d'onde : nm (nanomètre) • intensité énergétique : w (watt) • luminance : cd/m2 (candela par mètre carré) • contraste / fond: % (pourcentage) • distance au sujet : m (mètre) Continuum sensoriel : - Échelles de sensations - Seuils absolus - Seuils différentiels Source : Bagot (1999) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 16 Trois apports de la psychophysique La psychophysique a permis à la psychologie d’effectuer trois avancées importantes : • Fondation de la psychologie expérimentale et de la psychologie scientifique (cf. historique de la psychologie expérimentale) • Méthodologique : mesure des seuils et des échelles de sensations • Théorique : formulation de lois psychophysiques L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE Apport méthodologique Mesure des seuils et élaboration d’échelles de sensations 17 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 18 Le comportement (réponse de jugement) comme indicateur de la réponse sensorielle Comme on ne peut pas accéder directement aux perceptions et aux sensations d’un individu, le comportement (i.e., les réponses objectives) est utilisé comme un indicateur des perceptions. S Rs Rj Stimulus Réponse sensorielle Réponse de jugement S R Stimulus Réponse (comportement) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 19 Exemple : les images consécutives x Psychologie - niveau comportemental (réponse) : Les participants à des expériences disent voire « un cœur rose avec un X vert au centre » (la couleur est une sensation et non un attribut du stimulus). Ces résultats confirment et complètent les résultats des études neurophysiologiques sur les récepteurs responsables de la vision des couleurs (cônes). L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 20 Établir une échelle de sensations / mesurer des seuils Pour pouvoir établir une correspondance entre le domaine physique et le domaine sensoriel, il faut pouvoir mesurer les sensations. Il faut donc disposer d'une échelle de mesure. « La construction d'une telle échelle sensorielle, avec un point de départ et des graduations, s'appuie sur la notion de seuil." (Bagot, 1999, p. 22). Seuil = limite entre deux états : 1 (détection) et 0 ‘absence de détection) (Bonnet, 1986). La sensibilité varie en sens opposé à celui du seuil : si le seuil augmente, cela signifie que la sensibilité diminue. Réciproquement, une grande sensibilité signifie un seuil très bas. Exemple : relèvement des seuils (i.e., diminution de la sensibilité acoustique) après être allé en discothèque ou avoir écouté de la musique avec un casque L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 21 Deux types de seuils On distingue deux types de seuils : - Le seuil absolu - Le seuil différentiel Attention : ces deux seuils sont définis sur le continuum physique de la dimension étudiée et leurs valeurs s'expriment dans les unités de la grandeur associée au stimulus (ex : grammes, centimètres, etc.). Source : Bagot (1999) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 22 Le seuil absolu (SA) Définition théorique : pour une dimension donnée du stimulus, le seuil absolu (SA) est la valeur minimale du stimulus pouvant provoquer une sensation juste perceptible. Définition opérationnelle : le seuil absolu est la valeur du stimulus qui a une chance sur deux d'être perçue (le stimulus est perçu dans 50% des cas). Il permet de déterminer l'origine (i.e., la première graduation) des échelles. Nota : la sensation correspondant au SA est la plus faible possible pour la qualité sensorielle considérée. Un stimulus inférieur ne provoque pas de sensation. Elle constitue donc l'origine de l'échelle des sensations, la sensation "zéro" qu'on note R0. Source : Bagot (1999) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 23 Le seuil différentiel (SD ou I) Définition théorique : pour une dimension donnée du stimulus, le seuil différentiel (SD) est la quantité minimale dont un stimulus doit varier pour produire une sensation différente (JND : juste noticeable difference). Définition opérationnelle : le seuil différentiel est l'écart entre deux valeurs du stimulus qui a en général 75% de chances d'être perçu. Il s'agit donc d'un écart de la valeur du stimulus par rapport à une valeur initiale. Exemple : si la valeur d’un poids initial est de 400 g, il faut ajouter au moins 20 g (SD = 20 g) pour percevoir une différence. Nota : sur le plan des sensations, aux seuils différentiels correspondent des écarts minimaux entre sensations. Ces écarts minimaux sont généralement appelés JND (juste noticeable differences). La JND constitue la plus petite graduation de l’échelle sensorielle. Un écart plus faible n’est pas perceptible (ex : quand ont soupèse un poids de 400 g puis un poids de 415 g, on ne perçoit pas de différence de sensation) Source : Bagot (1999) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 24 Pour résumer : Correspondance entre le continuum du domaine physique et le continuum correspondant du domaine sensoriel : S1 SA SD1 R0 SD2 JND2 JND1 R1 S3 S2 Continuum physique SD3 JND3 R2 R3 Continuum sensoriel Échelle des sensations Source : Adapté de Bagot (1999, p. 20) SA = Seuil absolu, S = stimulus, R = réponse, SD = seuil différentiel, JND = Just noticeable difference (écart juste perceptible) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE Apport théorique Formulation de lois psychophysiques et de théories 25 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 26 Formulation de lois psychophysiques Le second apport de la psychophysique est d'avoir formulé des théories et d’avoir mis en évidence des lois appelées lois psychophysiques Loi psychophysique : fonction mathématique qui traduit la relation entre les niveaux du stimulus et les niveaux de la variable comportementale mesurée. Exemples de théories : - Théorie de la détection du signal (non traitée dans ce cours) Exemples de lois : - loi de Bouguer-Weber - loi de Fechner - loi de Stevens L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 27 Formulation de lois psychophysiques S Rs Rj Stimulus Réponse sensorielle Réponse de jugement S R Stimulus Réponse (comportement) R = (S) Fonction mathématique qui traduit la relation entre les niveaux du stimulus et les niveaux de la variable comportementale mesurée L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 28 La loi de Bouguer-Weber V = K.V V / V = K L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La loi de Bouguer-Weber (1760 - 1831) La loi de Bouguer-Weber a été découverte en 1760 par Pierre Bouguer puis a été généralisée par Weber en 1831. Weber a : - montré un fait curieux : nous sommes sensibles non pas à des différences absolues mais à des différences relatives ; - formulé l'hypothèse suivante pour expliquer ce phénomène : « la différence de sensation reste égale quand le rapport des excitations reste égal » Fechner a proposé la formule mathématique de cette loi : V = K.V ou V/V=K 29 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 30 La loi de Bouguer-Weber (1760 - 1831) La Weber a montré un fait curieux : nous sommes sensibles non pas à des différences absolues mais à des différences relatives. Par exemple dans une expérience de pesage de poids, si met dans l'une des mains d'un sujet ayant les yeux bandés un poids étalon de 100 g, il faudra mettre dans l'autre main du sujet un poids de 105 g (+ 5 g) pour qu'il se rende compte la différence de poids. On pourrait penser que cet écart reste constant, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'on rajoute la même valeur (5 g), le sujet perçoit à nouveau une différence. Ce n’est pas le cas. Si l'on prend cette fois-ci un poids de référence de 200 g, il faudra mettre dans l'autre main du sujet un poids de 210 g (+ 10 g) pour qu'il ressente une différence. Le seuil différentiel n’est pas constant mais est proportionnel à la valeur du stimulus de référence. L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La loi de Bouguer-Weber 31 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La loi de Bouguer-Weber et la mesure des poids Source : Bagot (1999) 32 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La loi de Bouguer-Weber Source : Bagot (1999) 33 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE La loi de Bouguer-Weber Source : Bagot (1999) 34 L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 35 Seuils différentiels et sensation de poids Si la valeur du poids de référence est respectivement 300, 400, 500 g ou 3 kg, combien de grammes faut-il ajouter à ces poids pour que le sujet perçoive une différence (seuil différentiel) ? Réponse : V = K.V Exemple : si la valeur (V) du stimulus de référence est 300 g, on obtient la valeur du seuil différentiel (V) en multipliant cette valeur par la fraction de Weber (k) = 0.05. 300 x 0.05 = 15 g Il faut donc ajouter 15 g pour que le sujet perçoive une différence de sensation par rapport au stimulus d’origine. 300 g : I = 15 g : le sujet percevra une différence pour un poids de 315 g 400 g : I = 20 g : le sujet percevra une différence pour un poids de 420 g 500 g : I = 25 g : le sujet percevra une différence pour un poids de 525 g Source : Bagot (1999) L1S1 F1 - 2. LA PSYCHOPHYSIQUE 36 RÉFÉRENCES • Bagot, J.-D. (1999). Information, sensation et perception. Paris : Armand Colin (coll. Cursus). • Bonnet, C., (1986). Manuel pratique de psychophysique. Paris : Armand Colin (coll. U). • Fröhlich, W. (1997). Dictionnaire de la psychologie. Paris : Le livre de Poche • Lieury, A.(1997). La psychologie est-elle une science ? Paris : Flammarion (coll. Dominos) • Reuchlin, M. (1983). Psychologie. Paris : PUF • Roulin et coll. (1998). Psychologie cognitive. Rosny : Bréal