Publication APST-BTP-RP, BP 1, 92340 Bourg la Reine Numéro spécial « GRIPPE AVIAIRE » L'intérêt médiatique pour la grippe aviaire et la pandémie redoutée incite chacun d'entre nous à s'interroger sur ce sujet. Même si, à ce jour, la grippe aviaire est surtout une maladie animale, le risque demeure et constitue pour ceux qui nous gouvernent une préoccupation constante. Dans l'hypothèse d'une pandémie, la préparation technique à tous les niveaux et le comportement adéquat de la population seront déterminants pour faire face à la situation. Cette préparation s'est déjà matérialisée par une série d'actions, notamment l'élaboration d'un plan gouvernemental, régulièrement actualisé, de lutte contre le risque pandémique, la constitution de stocks (masques, traitements anti viraux, vaccins), la formation des professionnels de santé à l'organisation du dispositif de soins. Parmi les actions engagées citons également une campagne d'information incluant les écoles et les professionnels de santé sur les gestes « barrières » face aux risques respiratoires infectieux dans le but de promouvoir le développement d'une culture de prévention et de gestion du risque au sein de la population générale. Comme l'a souligné Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des Solidarités, dans un discours prononcé le 15 septembre 2006, un des grands défis est de mobiliser la population et ses relais d'opinion dans la durée, face à un risque potentiel, au-delà des réactions purement émotionnelles. Il s'agit d'adopter une communication rationnelle et raisonnable, pour informer sans paniquer ni déresponsabiliser. RAPPEL SUR QUELQUES NOTIONS FONDAMENTALES LA GRIPPE Cette maladie infectieuse et contagieuse est une des maladies les plus anciennes que l'on connaisse. Elle est due aux Myxovirus influenzae A, B et C. Ces virus, totalement distincts, ne présentent pas d'immunité croisée. Leur principale caractéristique est leur grande labilité génétique : les gènes codant pour les protéines de surface se modifient constamment par des mécanismes mal connus (recombinaison, délétion, insertion, mutation). Les différentes souches sont nommées selon leur type antigénique, l’hôte d’origine s’il n’est pas l’homme, leur origine géographique, le numéro de la souche, l’année d’isolement pour les souches A, la nature des antigènes. La transmission est directe, interhumaine et se fait par voie aérienne. Une épidémie atteint entre 30 et 60 % des individus non immunisés d’une population. LA GRIPPE AVIAIRE Provoquée par des virus grippaux de type A, en particulier les sous-types H5, H7 et H9, elle peut toucher presque toutes les espèces d'oiseaux, sauvages ou domestiques. Généralement asymptomatique chez les oiseaux sauvages, elle peut devenir fortement contagieuse et entraîner une mortalité extrêmement élevée dans les élevages industriels de poulets et de dindes. Le virus influenza aviaire peut parfois infecter d'autres espèces animales comme le porc et d'autres mammifères, dont l’homme. Les dernières épizooties de grippe aviaire n'ont cessé de s'étendre depuis 2003, du Sud-est asiatique vers l'Europe. Ces flambées épidémiques chez les oiseaux sont dues à un virus hautement pathogène, le virus H5N1 qui a provoqué plus de 250 cas d'infection chez l'homme. La propagation de l’infection chez les oiseaux augmente la probabilité de l’apparition d’un nouveau virus grippal « HxNy » dans la population humaine. La grippe aviaire H5N1 chez l'homme La transmission de la grippe aviaire à l’homme reste un phénomène rare. La contamination de l'homme par voie aérienne est possible essentiellement lors de contacts étroits, prolongés et répétés avec les oiseaux malades, notamment les sécrétions respiratoires et les matières fécales. Les pandémies de grippe prennent souvent naissance en Extrême-Orient où la population très dense vit en contact étroit avec les animaux. Le mode de contamination La transmission s'effectue par le biais de fines poussières contaminées par les déjections ou les sécrétions respiratoires des oiseaux, essentiellement par voie respiratoire, mais aussi par projection sur les muqueuses oculaires et par contact avec des mains contaminées (oeil). Selon l'agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA), le risque de contamination de l'homme par des viandes infectées doit être considéré comme faible, voire négligeable : les virus influenza aviaires ne résistent à 60°C que pendant 5 minutes (1 minute à 100°C). Le virus est détruit par le pH acide gastrique. Il n'y a pas, à ce jour de transmission interhumaine avérée du virus H5N1 LE RISQUE DE PANDÉMIE Il est lié à la possibilité d'une recombinaison du virus H5N1 avec une souche virale humaine ou d'une mutation de ce virus, lui conférant une réelle capacité de transmission interhumaine. Le risque de dissémination deviendrait alors important compte tenu de l'absence d'immunité de la population vis-à-vis de cette nouvelle souche de virus. La grippe aviaire : une préoccupation de santé publique UN VASTE PROGRAMME DE SURVEILLANCE L'OMS (Organisation mondiale de la santé) a développé depuis 1947 un programme mondial de contrôle et de surveillance de la grippe qui vise à coordonner les actions globales et nationales, à centraliser et analyser les données recueillies afin de gérer les épidémies annuelles et se préparer à une éventuelle pandémie. En 2002, les instances de l'OMS ont élaboré et adopté un programme mondial de préparation des états à l'arrivée d'une pandémie grippale. En raison de la persistance et de l'extension de la circulation du virus aviaire H5N1, des plans nationaux se sont mis en place dans les pays développés, en particulier la France. LE PLAN GOUVERNEMENTAL FRANÇAIS Fondé sur l'état actuel des connaissances scientifiques, ce plan a pour objet d'assurer la mise en place d'un dispositif visant à prévenir l'apparition et à contenir la diffusion d'un nouveau virus grippal en phase prépandémique, d'organiser une réponse adaptée du système de santé à l'augmentation massive et rapide des besoins de prise en charge et d'en limiter l'impact global sur la société. Les objectifs sont définis selon 3 grande phases : phase pré-pandémique sans transmission interhumaine contenir la diffusion du virus chez l'animal, l'éradiquer et prévenir toute transmission à l'homme. phase pré-pandémique avec transmission interhumaine limitée contenir la diffusion du virus humain et l'éradiquer, prendre en charge les cas possibles. phase pandémique prendre en charge les cas possibles, les personnes contacts et les malades, freiner la transmission du virus sur le territoire national, renforcer l'organisation des soins. A consulter sur : www.sante.gouv.fr Mesures générales de protection sanitaire des personnes Les stratégies préventives ont pour objectifs : de protéger le plus possible les personnes au voisinage d’un malade atteint par le virus pandémique, ainsi que les professionnels ayant des contacts fréquents ou importants avec des produits avicoles contaminés par un virus de l’influenza aviaire hautement pathogène, de réduire les effets d’une contamination par le virus qui peut se transmettre principalement par la voie aérienne mais également par contact par les mains ou avec des surfaces (objets, mobilier, vêtements...) Elles reposent en premier lieu sur les règles d'hygiène Elles concernent principalement : l’attitude que doit avoir un malade lorsqu’il tousse, éternue, se mouche ou crache, le lavage des mains, la gestion des déchets et l’entretien des objets d’un malade et ceux des personnes de son voisinage. Le respect des règles d’hygiène doit être systématique Des règles d’hygiène particulières sont à respecter lors de contact avec des oiseaux (concerne particulièrement les entreprises qui ont une activité directement liée aux oiseaux). Les mesures « barrières » sanitaires Compte tenu des modes de contamination possibles, des critères permettant de définir les facteurs complémentaires de risque majeur d’exposition ont été retenus par les experts du Conseil supérieur d’hygiène publique de France (CSHPF) : proximité de moins de deux mètres d’une personne malade, densité de personnes dans ce rayon de proximité, proportion de personnes infectées ou d’agents infectieux dans ce rayon de proximité, confinement, absence de remplacement (turn-over) des personnes dans ce rayon. Pour réduire les risques de transmission interhumaine, plusieurs équipements peuvent être utilisés, notamment des masques (anti-projections, filtrants), des gants, des lunettes, des vêtements de protection (de type surblouses). Pour le détail des recommandations, se reporter aux fiches C1, C2, C3 et C4 consultables en ligne et téléchargeables, sur le site du Plan gouvernemental «Pandémie grippale», LA PRÉPARATION AU RISQUE DE PANDÉMIE GRIPPALE GRIPPE AVIAIRE ET RISQUES PROFESSIONNELS L'organisation des soins, les mesures de protection Face à un tel risque sanitaire, il est important de se doter de repères, pour s'informer régulièrement et pour décider des actions à mener si la situation l'exigeait. Des documents spécifiques sont à la disposition des professionnels de santé, qui couvrent tous les champs de lutte contre une pandémie grippale. La réglementation relative à la prévention du risque biologique est applicable, dès lors que la nature de l'activité peut conduire à exposer les travailleurs à des agents biologiques. Ces dispositions de prévention du risque biologique, y compris des zoonoses, sont fondées sur le classement des agents biologiques en quatre groupes, selon l'importance des risques d'infection qu'ils présentent pour les travailleurs et pour la collectivité (article R. 231-61-1 du code du travail). LES RECOMMANDATIONS AUX ENTREPRISES pour la continuité des activités économiques et la prévention sanitaire en période d'endémie Par l’ampleur de ses conséquences, la grippe pandémique peut constituer une menace redoutable, non seulement sur le plan humain mais aussi sur le plan de l’organisation de la société et de la vie économique. Un objectif fondamental sera alors de concilier la continuité des activités du secteur privé (comme du secteur public) et la protection de la santé des salariés, dans l’intérêt du bon fonctionnement de la société dans son ensemble. Face à une pandémie dont les conséquences sanitaires seraient limitées, l’objectif sera d’assurer un fonctionnement de l’entreprise ou de l’administration le plus proche possible des conditions normales. Il appartiendra à chacun, du chef d’entreprise ou de service à l’ensemble des employés, d’adopter un comportement solidaire afin que l’activité soit aussi peu perturbée que possible. Une démarche d'anticipation est préconisée, passant par l'élaboration d'un « PLAN DE CONTINUITÉ » Cette démarche doit prévoir à la fois les modes d'organisation spécifiques et la protection des personnels présents sur les lieux de travail. Elle concerne aussi bien les grandes entreprises que les PME et les TPE, d'autant que les petites entreprises seront souvent plus sensibles à un environnement perturbé. Fortement recommandée pour les collectivités territoriales et les entreprises, l'élaboration du plan de continuité est obligatoire pour les administrations de l'État. Le plan de continuité doit être fondé sur un examen des conséquences vraisemblables de la pandémie sur l’activité habituelle, sur l’identification et la hiérarchisation des missions devant être assurées en toutes circonstances, de celles pouvant être interrompues pendant une à deux semaines et de celles pouvant l’être de 8 à 12 semaines. Les ressources nécessaires à la continuité des activités indispensables seront ensuite évaluées : moyens humains (en termes d’effectifs et de compétences) et moyens matériels, affectations financières, conseil juridique, etc. Une part essentielle du plan sera consacrée aux mesures de protection de la santé des personnels. Pour en savoir plus consulter en ligne la fiche G1 du Plan gouvernemental Pour la santé humaine, les influenzavirus de type A sont actuellement classés dans le groupe de danger 2 pour l'homme. Ce classement, déjà ancien, n'a pas prévu l'émergence d'agents biologiques nouveaux tels que l'agent du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) ou maintenant le virus influenza aviaire hautement pathogène H5N1 transmissible à l'homme. Comme cela a été fait à l'instigation de l'OMS pour le Coronavirus responsable du SRAS, il est prudent - dans l'attente d'un éventuel arrêté de classement en groupe 3 d'appliquer au virus influenza H5N1 les mesures de prévention visant les agents biologiques du groupe 3, en particulier les mesures de prévention des risques professionnels lors de d'isolement des oiseaux ou volailles contaminés ou susceptibles de l'être. En pratique, ce sont les entreprises qui ont une activité directement liée aux oiseaux qui sont visées, néanmoins les entreprises du BTP peuvent être concernées lorsque des salariés interviennent sur des lieux fréquentés par les oiseaux (couvreurs, poseurs antennes...) En cas d'épizootie, appliquer les conseils de prudence vis-à-vis des oiseaux malades ou morts. On peut s'inspirer de la fiche pratique « Que faire lors de la découverte d'un oiseau mort ». LES CONSEILS AUX VOYAGEURS – L'OMS ne recommande aucune mesure restrictive pour les voyages vers les zones touchées par la grippe aviaire à virus H5N1. Cependant, elle conseille aux voyageurs d'éviter les environnements à haut risque dans les pays affectés. – Les salariés partant pour une mission de courte durée doivent être informés, avant leur départ, des mesures préventives lors de leur séjour ainsi que de la conduite à tenir lors de leur retour en France en cas de doute. rappel de l'importance du respect des mesures d'hygiène habituelles (en particulier lavage soigneux et fréquent des mains à l'eau et au savon) rappel des consignes concernant les EPI: combinaison à usage unique, protection respiratoire de niveau P2 adaptée à la tâche à effectuer, lunettes ou visière de protection, charlotte, gants et surbottes à usage unique (mise en place, usage, retrait, nettoyage– désinfection et circuit d'évacuation des déchets). Dossier complet à consulter en ligne sur le site de l'INRS ou dans le DMT N° 106 – 2ème trimestre 2006 GLOSSAIRE Epizootie : épidémie atteignant l'animal Zoonose : maladie animale transmissible à l'homme Les salariés partant en expatriation bénéficient avant leur départ d'une visite médicale d'aptitude et sont informés des risques sanitaires locaux. LE RÔLE DU MÉDECIN DU TRAVAIL Les missions du médecin du travail sont classiques et reprennent les actions habituelles d'évaluation des risques, d'information et de conseil auprès des chefs d'entreprises et des salariés ayant des activités exposant potentiellement à des agents biologiques pathogènes. Ces missions accompagnent les mesures détaillées dans le document interministériel : «Prévenir les risques liés à l'influenza aviaire » (www.grippeaviaire.gouv.fr) Identifier les activités professionnelles exposant à un risque de contamination, Évaluer les postes à risque et actualiser si nécessaire la fiche de poste, Informer le responsable de l'entreprise et les membres du CHSCT ou les DP des résultats de l'évaluation et des mesures à prendre, Conseiller le responsable d'entreprise pour établir la liste des travailleurs concernés et mettre en place l'information et les formations nécessaires, Conseiller et protéger les travailleurs identifiés : – mise en place du suivi médical adapté – prescription des EPI nécessaires Epidémie : augmentation significative du nombre de cas d'une même maladie au-delà des attentes habituelles Pandémie : forte augmentation du nombre de cas d'une même maladie, limitée dans le temps mais dans une zone géographique très étendue (continentale ou mondiale) Incidence : pourcentage de la population atteinte dans une période de temps donnée (en général une année) Mortalité : fréquence des décès dans une population donnée Létalité : proportion des malades atteints d'une maladie qui sont décédés de celle-ci Influenza aviaire : maladie animale qui peut toucher presque toutes les espèces d'oiseaux sauvages ou domestiques. SITES et RESSOURCES DOCUMENTAIRES Institut National de Recherche et de Sécurité www.inrs.fr Ministère de la Santé et des Solidarités www.sante.gouv.fr Groupes Régionaux d'Observation de la Grippe (GROG) www.grog.org Institut de veille sanitaire (INVS) www.invs.sante.fr Institut national de prévention et d’éducation pour la santé www.inpes.fr Ministère de l’Agriculture et de la Pêche www.agriculture.gouv.fr Agence française de sécurité sanitaire des aliments www.afssa.fr Organisation mondiale de la santé : www.who.int/fr