2/3
URL: http://www.hls-dhs-dss.chF8590.php
© 1998-2017 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
support électronique sont soumis aux mêmes règles que les textes imprimés. Droits d'utilisation et modalités de citation (PDF)
trouvent obligés de faire des concessions, spécialement économiques.
Peu avant la Première Guerre mondiale, le Conseil fédéral vit le danger que la guerre économique pourrait
faire courir au pays, en cas de conflit en Europe. Il fit savoir qu'il abandonnerait la neutralité et choisirait son
camp si l'approvisionnement de la Suisse n'était plus garanti. Entre 1914 et 1918, les autorités eurent de
grandes difficultés à assurer un approvisionnement minimum, d'autant plus que le pays n'était pas préparé à
ce type de guerre (Approvisionnement économique du pays). Pendant les deux conflits mondiaux, tous les
secteurs d'activités furent touchés par la guerre économique menée par les belligérants qui décrétèrent des
blocus ou des contre-blocus, la surveillance des importations et des exportations de la Confédération. Il fallut
créer en 1915 la Société suisse de surveillance économique (SSS) et l'Office fiduciaire suisse pour le contrôle
du trafic des marchandises, en 1939 l'Office central de surveillance du commerce extérieur (Economie de
guerre). Après leur entrée en guerre en 1917, les Etats-Unis limitèrent drastiquement leurs exportations vers
les neutres pour renforcer le blocus contre les empires centraux; la Suisse envoya une mission à Washington
pour expliquer ses besoins.
En 1935, la Société des Nations (SdN) décréta des sanctions contre l'Italie fasciste qui avait envahi
l'Abyssinie. En tant que membre de la SdN, la Suisse, qui pratiquait une "neutralité différenciée", interdit les
exportations de matériel militaire vers les deux pays et appliqua les mesures en matière de crédits
d'exportations de biens ayant un intérêt militaire, mais refusa de s'associer au boycott des marchandises
italiennes et à la rupture des relations commerciales, limitant les échanges au "courant normal" de 1934.
Voyant que de nombreux Etats ne "jouaient pas le jeu", Berne leva ces mesures en décembre 1936. La
Suisse, face à la montée des dangers en Europe, en revenait à la "neutralité intégrale".
Entre 1939 et 1945 (Deuxième Guerre mondiale), les autorités suisses, pour couvrir les besoins du pays et
défendre ses intérêts économiques, furent obligées d'exploiter les atouts que représentaient les produits et
les services intéressants, voire indispensables, que la Suisse pouvait offrir aux belligérants (y compris les
armements ou leurs composants), une monnaie convertible et les possibilités d'utiliser des transversales
alpines préparées à la destruction. En 1943-1944, les achats d'or allemand par la Banque nationale suisse
contribuèrent à protéger le pays d'une guerre économique qui aurait pu être fatale.
Auteur(e): Hervé de Weck
3 - De la guerre froide au début du XXIe s.
Après 1945, la guerre froide impliqua une guerre économique constante et multiforme entre le bloc
communiste, qui visait à la conquête du monde, et le bloc occidental, dont les autorités voulaient empêcher
l'adversaire d'accéder aux technologies avancées des démocraties. La Suisse neutre n'échappa pas à des
interdictions, en particulier des Etats-Unis, d'acquérir certains produits sensibles, à des contrôles et à des
interdictions de réexportations de systèmes civils ou militaires, voire de certains produits suisses, sous
menace de mesures de rétorsion qui affecteraient la vie économique du pays (Hotz-Linder-Agreement).
En 1965, l'ONU prit des sanctions contre la Rhodésie, la Suisse, qui n'en était alors pas membre, décréta
l'embargo sur les exportations de matériel de guerre vers Salisbury, soumit à autorisation les importations
vers la Rhodésie et les limita au "courant normal". Elle refusa d'appliquer toutes les sanctions, comme le lui
demandait le secrétaire général des Nations unies, mais elle promit d'empêcher que les sanctions fussent
contournées par le territoire suisse. Ces mesures furent abrogées en décembre 1979. L'ONU décida aussi de
sanctions contre l'Afrique du Sud et son régime d'apartheid. Berne limita les exportations de capitaux au
"courant normal", mais ne prit pas de sanctions économiques. Après l'invasion du Koweït, l'ONU décréta en
août 1990 le boycottage financier, commercial et militaire de l'Irak. Toujours non membre, la Suisse appliqua
les sanctions non militaire, en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations unies.
En 1973, dans la foulée de la guerre israélo-arabe du Kippour, l'arme du pétrole utilisée par les Etats