2010
T2
Un vent de printemps souffle sur l’économie mondiale
ARON GAMPEL, VICE-PRÉSIDENT ET ÉCONOMISTE EN CHEF ADJOINT, GROUPE BANQUE SCOTIA
La récession s’est révélée relativement profonde,
bien qu’une bonne partie du repli ait été
concentrée dans les derniers trimestres de 2008
et au début de 2009. Sous l’impulsion du regain de
croissance économique enregistré pendant la seconde
moitié de l’an dernier, les États-Unis devraient arriver en
tête des pays du G7 avec une progression moyenne de
leur production de 3,6 % en 2010. Au Canada, nous
prévoyons que le PIB réel augmentera en moyenne de
3,3 % cette année, tout juste derrière celui des États-
Unis. Cet écart est attribuable à l’incidence négative
sur nos échanges commerciaux du ralentissement des
ventes de maisons et de voitures chez nos voisins du
Sud, de la concurrence étrangère accrue et du huard
qui avoisine la parité avec le dollar américain.
Cependant, l’économie intérieure du Canada affiche
une croissance largement supérieure à celle des
États-Unis. Fait important, l’ensemble des secteurs
enregistrent des gains, notamment ceux du détail, de
la fabrication, de la construction et des ressources.
Un nombre effectivement important et grandissant
de sous-secteurs ont renoué avec la croissance, ce
qui démontre la durabilité de la reprise.
Quant à notre autre partenaire de l’ALÉNA, le Mexique,
sa production devrait croître en moyenne de 4,2 %
cette année. À l’échelle internationale, on s’attend à
ce que la Chine occupe de nouveau le premier rang
au chapitre de la croissance, avec une progression
moyenne de 9,5 %. Parmi les autres grands gagnants
cette année, nommons l’Inde et le Brésil, avec des
croissances prévues du PIB de 7,5 % et de 5,5 %,
respectivement. Pour leur part, les régions en
développement des Amériques poursuivront, cette
année et l’an prochain, leur forte remontée depuis
le ralentissement mondial. Le Brésil, le Pérou et le
Mexique mèneront le bal, suivis de près par la
Colombie. Le Chili a affiché une reprise rapide, avant
de connaître des ratés à la suite du tremblement de
terre de février, mais l’activité économique sera
revigorée par d’importants programmes de
reconstruction au cours des prochains mois.
Plusieurs facteurs contribuent à la remontée. D’abord,
les mesures de relance monétaire et budgétaire
fortement synchronisées et sans précédent à l’échelle
mondiale ont contribué à stabiliser les marchés
financiers, à restaurer la confiance et à stimuler la
croissance économique. De plus, les valves du crédit se
sont lentement ouvertes, ce qui facilite le financement
du commerce mondial qui reprend. Par ailleurs, le
regain des ventes a donné de l’aplomb à l’activité
industrielle en incitant les entreprises à reconstituer
leurs stocks. Enfin, le rééquilibrage en cours dans de
nombreux pays en développement en vue de raffermir
leur économie intérieure a contribué à soutenir la
hausse de la demande et des prix des produits de
base ainsi qu’à accroître les importations de produits
manufacturés et de services provenant de partout
dans le monde.
Dans la foulée d’une reprise mondiale vigoureuse, un
nombre croissant de pays commenceront à ramener
leurs très bas taux d’intérêt à des niveaux plus normaux
et à réduire leurs déficits budgétaires imposants par
des compressions de dépenses et des hausses d’impôts,
ce qui nuira à la croissance. La Banque du Canada
entreprendra de normaliser ses taux d’intérêt à court
terme exceptionnellement faibles en réaction aux
pressions inflationnistes engendrées par la croissance
économique canadienne plus forte que prévu. Nous
prévoyons une hausse cumulative de 275 points de
base d’ici le troisième trimestre de 2011, ce qui portera
le taux cible du financement à un jour à 3,00 %. La
Réserve fédérale devrait emboîter le pas à la Banque
du Canada environ un trimestre plus tard et relever le
taux des fonds fédéraux à 2,50 %, ce qui représenterait
une augmentation cumulative de 225 points de base.
Canada 2009 2010p 2011
Performance économique (moyenne annuelle)
PIB réel (variation en %) -2,6 3,3 2,8
Prix à la consommation (variation en %) 0,3 1,9 2,3
IPC de base (variation en %) 1,8 2,0 2,2
Taux de chômage (%) 8,3 8,2 8,0
Mises en chantier (milliers d’unités) 149 190 175
Ventes de véhicules automobiles (milliers d’unités) 1 461 1 525 1 570
Balance commerciale (G$ CA) -4,3 5,0 8,0
Taux d’intérêt (%, fin de la période)
Taux cible du financement à un jour 0,25 1,50 3,00
Obligations du gouv. du Canada à 2 ans 1,47 2,50 3,10
Obligations du gouv. du Canada à 10 ans 3,61 4,85 4,55
États-Unis
Performance économique (moyenne annuelle)
PIB réel (variation en %) -2,4 3,6 2,8
Prix à la consommation (variation en %) -0,3 2,3 2,4
IPC de base (variation en %) 1,7 1,3 2,2
Taux de chômage (%) 9,3 9,6 9,0
Mises en chantier (millions d’unités) 0,55 0,68 1,00
Ventes de véhicules automobiles (millions d’unités) 10,4 11,5 12,2
Balance commerciale (G$ US) -517 -636 -711
Taux d’intérêt (%, fin de la période)
Taux cible des fonds fédéraux 0,25 1,25 2,50
Obligations du Trésor à 2 ans 1,14 2,70 2,45
Obligations du Trésor à 10 ans 3,84 4,90 4,80
Devises (fin de la période)
Dollar canadien ($ US/$ CA) 0,95 1,03 1,05
Yen (¥/$ US) 93 92 88
Euro ($ US/) 1,43 1,38 1,45
Yuan (VNY/$ US) 6,8 6,4 6,0
Pétrole WTI (prix moyen annuel, $ US/baril) 61,8 83,0 87,0
Gaz naturel Nymex (prix moyen annuel, 4,15 4,75 4,75
$ US/million BTU)
p : Prévision selon le bulletin Prévisions mondiales actualisées d’Études économiques Scotia (9 avril 2010).
Source : Études économiques Scotia; Statistique Canada; U.S. Dept. of Commerce; U.S. Bureau of Labor Statistics; Bloomberg.
Survol de l’économie et des marchés 2010-2011
Stratégie boursière canadienne
Pourquoi le marché est-il prudent?
GARETH WATSON, CFA – DIRECTEUR GÉNÉRAL, GROUPE CONSEIL EN PORTEFEUILLES
Depuis le creux atteint en mars 2009, l’indice
S&P/TSX avait gagné environ 3 300 points jusqu’au
début de septembre 2009. Cependant, au cours
des sept mois subséquents, le marché est demeuré dans
une fourchette d’environ 1 200 points et a peiné à
dépasser le niveau des 12 000 points. Nous exposons
ci-après certains obstacles importants qui, selon nous,
ont freiné l’élan de la reprise.
Les solides données économiques se
maintiendront-elles longtemps?
Récemment, de nombreux pays ont
connu une croissance économique
grâce à une combinaison de
politiques monétaires (faibles taux
d’intérêt) et budgétaires (dépenses
à des fins de relance). Même si de
nombreux plans de relance ont été
mis en place il y a plus d’un an, nous
ne commençons à en constater
l’incidence qu’aujourd’hui. Nous
n’avons donc pas été surpris que la
croissance du PIB des économies
canadienne et américaine ait été
supérieure à 5 % au quatrième
trimestre de l’année dernière.
Toutefois, ces données sont-elles durables? Bien sûr
que non. À mesure que nous approcherons de la fin de
l’année 2010, les dépenses de relance seront réduites. La
question n’est pas de savoir quand le taux de croissance
du PIB fléchira, mais de combien. Du point de vue
économique, le Canada a relativement bien tiré son
épingle du jeu au cours de la crise financière, mais il ne
sortira pas indemne des compressions budgétaires. Les
investisseurs sont conscients que les taux de croissance
redeviendront plus normaux et ils ne veulent pas tabler
sur des prévisions de croissance excessives.
Les taux d’intérêt AUGMENTERONT
La question au sujet des taux d’intérêt n’est pas de savoir
« s’ils augmenteront », mais « quand ils augmenteront ».
À ce jour, le taux cible du financement à un jour de la
Banque du Canada est demeuré à 0,25 % pendant près
d’un an. Études économiques Scotia croit que les taux
pourraient amorcer leur hausse dès le 1er juin, et prévoit
que le taux cible du financement à un jour s’établira à
1,5 % (augmentation de 125 points de base) à la fin de
l’année et à 3,0 % (bond de 275 points de base) à la fin
2011. Même si nous n’envisageons pas une débandade
des marchés boursiers au moment de la hausse des taux,
puisque celle-ci est déjà grandement anticipée, le coût des
emprunts s’accroîtra dans bon nombre de pays, dont le
Canada. Ainsi, les investisseurs attendront peut-être de
constater l’incidence de la hausse des taux sur la
croissance économique avant de faire grimper les cours.
Les plans de relance, c’est excellent, mais qui
paiera la note?
Au cours du premier trimestre de cette année, la Grèce a
fait la manchette des journaux en raison de ses dépenses
excessives. Nous croyons toutefois que les investisseurs
adoptent une vue d’ensemble, à savoir que bon nombre
de pays connaissent des difficultés budgétaires. Bien que
ces difficultés ne signifient pas que nous sommes au bord
d’un effondrement mondial, elles rendent une croissance
économique durable beaucoup plus difficile à réaliser.
Les plans de relance sont une bonne chose et étaient
nécessaires après les événements de 2008, car il faut
investir dans l’économie afin que celle-ci puisse croître.
Cependant, ils doivent être limités pour être efficaces.
Donc, pendant que plusieurs gouvernements ont tenté de
relancer leur économie en y investissant, les investisseurs
surveillent attentivement la situation pour s’assurer que
ces investissements sont limités et efficients.
Le présent document est publié à titre d’information seulement. Il ne doit pas s’interpréter comme un guide de placement ni comme une offre de vente ou une sollicitation d’achat des titres qui y
sont mentionnés. L’auteur est au service de ScotiaMcLeod, une division de Scotia Capitaux Inc. (« SCI »), mais le choix et l’analyse des données ainsi que les opinions qui y figurent sont ceux de
l’auteur seulement et non de SCI. L’auteur a pris toutes les mesures usuelles et raisonnables pour vérifier que les renseignements qui y figurent sont tirés de sources considérées comme fiables et que
les procédures utilisées pour les résumer et les analyser sont fondées sur les pratiques et les principes reconnus dans le secteur des placements. Toutefois, les forces du marché sous-jacentes à la
valeur des placements sont susceptibles d’évoluer de façon soudaine et importante, et la disponibilité des données varie d’un moment à l’autre. Par conséquent, ni l’auteur ni SCI ne peuvent donner
quelque garantie que ce soit en ce qui concerne l’exactitude ou l’intégralité de l’information, de l’analyse et des opinions qui y figurent ou leur utilité ou pertinence dans une situation donnée. Vous
ne devriez pas effectuer de placement ni procéder à une évaluation de portefeuille ou à une autre opération en vous fondant sur le présent document, mais devriez au préalable consulter votre
conseiller en gestion de patrimoine, qui peut analyser tous les facteurs pertinents à un placement ou à une opération proposés. SCI et l’auteur se dégagent de toute responsabilité de quelque nature
que ce soit à l’égard de tout préjudice découlant de l’utilisation de ce document ou de son contenu contrairement à la présente clause.
MD Marque déposée de La Banque de Nouvelle-Écosse, utilisée par ScotiaMcLeod sous licence. ScotiaMcLeod est une division de Scotia Capitaux Inc. Scotia Capitaux Inc. est membre du Fonds canadien
de protection des épargnants. 833 9567-246F 04/10
Le marché boursier américain connaît une avancée
remarquable depuis un an et cette tendance devrait se
poursuivre au cours de l’été. Les conditions préalables
à une nouvelle progression demeurent les taux d’intérêt
historiquement bas, l’amélioration constante de l’économie
mondiale, la faible inflation et le redressement des bénéfices
des entreprises. Toutefois, comme les marchés n’évoluent
jamais de façon linéaire, du moins pendant une période
prolongée, nous prévenons les investisseurs d’être prudents
à court terme. Au plan technique, le marché semble être
suracheté et de nombreux investisseurs cherchent des raisons
de réaliser des profits. Même si l’économie prend rapidement
du mieux en 2010, nous pourrions entrer dans une longue
période de croissance inférieure à la tendance dès 2011, ce
qui aurait des incidences négatives sur les marchés boursiers.
L’économie mondiale reprend du terrain, comme le montre le
bond appréciable de la production industrielle et du commerce
mondial. En fait, la croissance de l’économie américaine cette
année risque davantage d’être supérieure aux prévisions plutôt
qu’inférieure. Les pressions déflationnistes permettent aux
banques centrales des pays du G7 de maintenir leur taux
directeur respectif à des niveaux extrêmement bas, ce qui
est favorable à l’expansion économique et à la réévaluation
continue des actifs risqués. Le regain de confiance des
consommateurs et des entreprises, la reconstitution des
stocks et la reprise cyclique des dépenses d’investissement
des entreprises vont vraisemblablement stimuler la croissance
au cours des mois à venir. L’économie poursuivra son ascension
et les cours boursiers grimperont, tant et aussi longtemps que
les taux demeurent à des niveaux très expansionnistes.
Tôt ou tard, la Réserve fédérale devra resserrer sa politique
monétaire, ce qui pourrait entraîner une brève correction
généralisée du marché boursier. Par la suite, le marché devrait
renouer avec sa tendance haussière, dans quel cas nous
serions intéressés à acheter. Un marché baissier ne débute
généralement pas avant que le resserrement de la politique
monétaire des banques centrales tire à sa fin.
Bien que nous soyons optimistes à l’égard des actions
américaines pour les trois à six prochains mois, les pronostics à
long terme sont assombris par des inquiétudes concernant la
dette publique croissante et une rechute du marché américain de
l’habitation. Au cours des 18 derniers mois, l’endettement du
secteur privé a été remplacé par l’endettement du secteur public.
Les ratios dette/PIB de la plupart des pays du G7 sont maintenant
à des niveaux inacceptables et sans doute insoutenables. Une
plus grande austérité budgétaire et des augmentations d’impôts
seront nécessaires pour ramener les déficits à des niveaux
acceptables. Les conséquences pourraient être une croissance
économique inférieure à la tendance, une concurrence accrue
et une baisse des revenus et des marges bénéficiaires, aucune
n’étant de bon augure pour les marchés boursiers.
Nous sommes aussi préoccupés par la situation du marché
américain de l’habitation et ses incidences sur le secteur
bancaire. Le nombre de saisies se situe toujours à des niveaux
records, les mesures fiscales du gouvernement pour les
acheteurs d’une première maison prendront bientôt fin et
les taux des prêts hypothécaires à 30 ans sont en hausse.
À notre avis, deux éléments importants de notre stratégie de
portefeuille devraient procurer des rendements supérieurs aux
investisseurs au-delà de 2010. D’abord, comme la part des
revenus de dividendes devrait représenter une part sans cesse
croissante du rendement total, elle devrait être accentuée dans
les portefeuilles. Ensuite, nos perspectives à long terme ne sont
pas favorables à une stratégie « d’achat et de conservation » –
les investisseurs doivent adopter une approche plus tactique. Ce
second élément va à l’encontre du vieux principe selon lequel
il ne faut pas chercher à anticiper l’évolution des marchés.
Toutefois, l’histoire nous enseigne qu’il n’est pas dans l’intérêt
des investisseurs d’être entièrement investis dans les actions en
tout temps. La répartition de l’actif constitue un déterminant
crucial, le plus important en fait, du rendement à long terme
des placements.
Stratégie boursière américaine
Mise à jour de la stratégie
PAUL DANESI, CIM – DIRECTEUR GÉNÉRAL, GROUPE CONSEIL EN PORTEFEUILLES
1 / 4 100%